Ecrit par Onnik Krikorian · Traduit par Suzanne Lehn
Traduction publiée le 14 Décembre 2011
Pour http://fr.globalvoicesonline.org
Traduction publiée le 14 Décembre 2011
Pour http://fr.globalvoicesonline.org
Eclipsés par la guerre en ex-Yougoslavie presque concomitante, les trois conflits qui se sont déroulés dans le Caucase du Sud au début des années 1990 se heurtent toujours à la même indifférence de la part des média internationaux. Plus d'un million de personnes ont été contraintes de fuir de chez elles lorsque l'Arménie et l'Azerbaïdan se sont fait la guerre pour le territoire disputé du Haut-Karabakh, tandis que la moitié de ce nombre a été déplacé lorsque la Géorgie a perdu le contrôle de ses deux régions sécessionnistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud toujours à la même période.
Certes, une recrudescence des combats pour l'Ossétie du Sud culminant dans la guerre russo-géorgienne d'août 2008 a bien pu faire les grands titres à l'international, mais c'est rarement le cas pour le fardeau des réfugiés et déplacés dans le Caucase du Sud, une fois les accords de cessez-le-feu signés.
En même temps, en Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie, comme dans les territoires sécessionnistes d'Abkhazie, Ossétie du Sud et Nagorno Karabakh, les médias locaux traitent rarement des problèmes des réfugiés et déplacés, à moins qu'ils ne puissent être utilisés à la propagande contre l' ‘ennemi.'
En revanche, ce sont généralement les organisations internationales humanitaires et de développement qui informent elles-mêmes sur les questions des réfugiés et déplacés, habituellement dans l'optique de mobiliser les donateurs. Aucun des trois conflits ne donne pourtant le moindre signe de solution dans le futur proche, ce qui assombrit plus avant le sort de ceux qui ont été chassés par la guerre.
Cependant, alors que les nouveaux média et médias sociaux donnent de nouveaux moyens aux populations de la région, ne serait-ce qu'en termes d'accès à l'information, des voix de réfugiés et déplacés eux-mêmes finissent par apparaître en ligne. On en trouve un exemple avec iDP Voices, un projet soutenu par le Conseil Norvégien des Réfugiés, Le Centre de Suivi des Déplacés Internes, et Panos.
Contenant les récits de 29 personnes déplacées d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie collectées par des enquêteurs et présentée au format texte et audio, une version électronique au format PDF est aussi disponible pour téléchargement.
Le premier a été écrit en anglais avant d'être traduit bénévolement en arménien, azerbaïdjanais et russe :
Originellement écrit en russe, mais aussi traduit et disponible en anglais, un billet co-rédigé par deux journalistes, azerbaïdjanais et arménien, jette un éclairage sur les espoirs des réfugiés et déplacés en leurs pays :
Malgré tout, des vidéos avec des histoires de réfugiés et déplacés, comme celles sur le conflit Arménie-Azerbaïdan collationnées par Global Voices ici et ici [en anglais], se trouvent tout de même en ligne. Malheureusement toutefois, les quelques projets existants pour valoriser les réfugiés et déplacés eux-mêmes par les nouveaux média et médias sociaux ne paraissent pas avoir été couronnés de succès. En tous cas, avec l'accroissement de la pénétration d'Internet, le potentiel est là.
Certes, une recrudescence des combats pour l'Ossétie du Sud culminant dans la guerre russo-géorgienne d'août 2008 a bien pu faire les grands titres à l'international, mais c'est rarement le cas pour le fardeau des réfugiés et déplacés dans le Caucase du Sud, une fois les accords de cessez-le-feu signés.
En même temps, en Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie, comme dans les territoires sécessionnistes d'Abkhazie, Ossétie du Sud et Nagorno Karabakh, les médias locaux traitent rarement des problèmes des réfugiés et déplacés, à moins qu'ils ne puissent être utilisés à la propagande contre l' ‘ennemi.'
En revanche, ce sont généralement les organisations internationales humanitaires et de développement qui informent elles-mêmes sur les questions des réfugiés et déplacés, habituellement dans l'optique de mobiliser les donateurs. Aucun des trois conflits ne donne pourtant le moindre signe de solution dans le futur proche, ce qui assombrit plus avant le sort de ceux qui ont été chassés par la guerre.
Cependant, alors que les nouveaux média et médias sociaux donnent de nouveaux moyens aux populations de la région, ne serait-ce qu'en termes d'accès à l'information, des voix de réfugiés et déplacés eux-mêmes finissent par apparaître en ligne. On en trouve un exemple avec iDP Voices, un projet soutenu par le Conseil Norvégien des Réfugiés, Le Centre de Suivi des Déplacés Internes, et Panos.
Contenant les récits de 29 personnes déplacées d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie collectées par des enquêteurs et présentée au format texte et audio, une version électronique au format PDF est aussi disponible pour téléchargement.
Quand avez-vous écouté pour la dernière fois une personne déplacée et saisi les effets du déplacement ? Avez-vous jamais pensé à ce que c'est que de perdre de la famille proche dans une guerre, de perdre tout ce qui vous appartient et d'être déraciné de son lieu d'origine ? […] Ces voix sans intermédiaire ont le pouvoir de franchir les préjugés et les agendas politiques, elles parlent pour elles-mêmes.Une de ces voix, c'est Teah, une Géorgienne de 30 ans qui a fui l'Abkhazie et dit “rêver d'une “vie ordinaire” pour tous les Géorgiens et Abkhazes, qui doivent “se pardonner mutuellement” tout.”
L'accent est sur les expériences et réactions humaines universelles, et non les questions politiques particulières. En lisant ce que les personnes déplacées elles-mêmes ont à nous dire, nous pouvons apprendre ce qui est important pour elles et quelles sont les problèmes qui les préoccupent en particulier. […] Cela nous permet de glaner la réalité derrière les notions générales de déplacement. Les récits tiennent tout seuls sans y ajouter beaucoup d'explication : leur puissance est d'offrir des images, une voix, des sensations, sentiments, espoirs et rêves. […]
[…] J'essaie de parler tant aux Géorgiens qu'aux Abkhazes. Il est impossible de se haïr ; nous avons commis assez de fautes pour ne pas encore ajouter celle-là ! Nous devrions nous pardonner les uns aux autres et à nous-mêmes aussi. Et encore autre chose : il faut la volonté des deux côtés pour arriver à plus de confiance et de bonnes relations. Un côté ne peut rien résoudre à lui seul.De tels récits entièrement à la première personne sont pourtant rares, même s'il y a des exceptions. Par exemple, des donateurs internationaux ont financé des émissions sur la question des réfugiés par des radios locales, bien que souvent éphémères, et un jeune réfugié d'origine azérie a écrit deux textes invités pour son projet personnel, éléments par ailleurs de la couverture par Global Voices des Voix du conflit du Caucase.
Je pense que ces frontières [entre Abkhazie et Géorgie] devraient être ouvertes pour que les gens puissent communiquer les uns avec les autres. D'abord le dialogue, qui peut mener à la confiance…
[…] Ce n'est qu'en parlant de nos propres tragédies que nous apprenons vraiment les uns des autres et commençons à nous aimer. Il a fallu du temps pour se faire confiance.
C'est lorsque nous avons cru comprendre notre douleur les uns des autres, quand ce moment est venu, que nous avons pu nous asseoir et parler ouvertement, sans agression, sans accusations.
Le premier a été écrit en anglais avant d'être traduit bénévolement en arménien, azerbaïdjanais et russe :
[…] Je n'avais que quatre ans quand j'ai quitté l'Arménie, mais quand je regarde en arrière je ne sais pas si c'est heureux ou pas, puisque je suis incapable de me rappeler tout ce que j'ai laissé derrière moi. Mais je me souviens bien de notre maison, notre jardin, du terrain de jeu, de mes amis, mon pommier et du coq que j'aimais tant.Mais si la plupart des réfugiés et déplacés sont privés de voix en Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie, leurs histoires sont au moins relayées de temps en temps sur des projets de médias indépendants en ligne. Exemple, un récent projet par blog mené par le Centre International sur les Conflits et la Négociation (ICCN) et le Centre Européen pour les Questions des Minorités (ECMI)-Caucase.
Arrivée en Azerbaïdjan je rêvais de notre maison et que je marchais dans les ruines de notre village. Et puis, à un moment donné, tout s'est simplement évanoui. Malgré tout, ma famille n'a jamais perdu sa foi qu'un jour nous allions rentrer chez nous. Nous croyons que deux voisins qui ont vécu ensemble pendant des siècles seront à nouveau réunis même si le mal ne les a jamais quittés et continue à instiller la haine.
[…]
En Azerbaïdjan, nous nous sommes tenus à l'écart de la culture locale pendant de longues années et n'arrivions pas à nous réadapter à nos racines ethniques. Etre traités en étrangers a encore accru la difficulté. Les Azerbaïdjanais d'Arménie se sont donc isolés du reste et s'unissaient entre eux. La discrimination contre nous était partout. Il y en avait au jardin d'enfants où j'allais, à l'école primaire, et même dans notre vie sociale.
[…]
Cette guerre a fait de moi une médiatrice, bien que je sois une novice dans ce domaine. Ma lutte est cependant plus compliquée, parce que d'un côté je dois aider ceux qui sont en conflit, et de l'autre, m'aider moi-même.
Originellement écrit en russe, mais aussi traduit et disponible en anglais, un billet co-rédigé par deux journalistes, azerbaïdjanais et arménien, jette un éclairage sur les espoirs des réfugiés et déplacés en leurs pays :
“Le bon voisinage,” m'a dit un réfugié de la zone d'installation de Dashalti au Nagorno-Karabkah, “c'est quand les gens vivent non pas ‘de l'autre côté’ et sont séparés par une ligne, mais proches et à côté les uns des autres, quand ils fondent une famille, ils se fréquentent et l'identité nationale n'a aucune espèce d'importance. Pendant des siècles la conviction était que la terre appartient à ceux qui y vivent, qui la travaillent. Le reste est une invention des politiciens. […]Un sentiment qui n'est pas particulier aux réfugiés et déplacés d'Azerbaïdjan et que l'on entend souvent chez leurs homologues arméniens eux aussi forcés de fuir pendant les expulsions de représailles et le nettoyage ethnique mutuel qui ont caractérisé le conflit du Karabakh. Cependant, ces récits restent peu connus du fait de la pénétration et de l'utilisation relativement faibles d'Internet dans la région. La télévision, principale source d'information pour la plupart des individus, reste totalement fermée à des récits alternatifs sur le conflit.
L'expérience nous montre que ceux qui ont vu de leurs yeux le chagrin et le souci et senti dans leur coeur les peines de leur pays natal n'accepteront jamais qu'il soit perdu. Mais en même temps ils ne veulent jamais répéter les mêmes horreurs, et ils n'aspirent jamais à la guerre. Tous les réfugiés qui nous ont parlé en Azerbaïdjan veulent revenir sur leur petite terre natale et vivre en paix avec les Arméniens.
Malgré tout, des vidéos avec des histoires de réfugiés et déplacés, comme celles sur le conflit Arménie-Azerbaïdan collationnées par Global Voices ici et ici [en anglais], se trouvent tout de même en ligne. Malheureusement toutefois, les quelques projets existants pour valoriser les réfugiés et déplacés eux-mêmes par les nouveaux média et médias sociaux ne paraissent pas avoir été couronnés de succès. En tous cas, avec l'accroissement de la pénétration d'Internet, le potentiel est là.
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