28 mai 2012

La transformation du public en masse (de Charles Wright Mills)

Pour http://www.acrimed.org
le 18 Mai 2012

Charles Wright Mills, sociologue américain décédé en 1962, a travaillé sur la place des élites aux États-Unis. Véritable icône de la gauche intellectuelle, il a publié « L’élite au pouvoir » en 1956. L’éditeur Agone a eu la bonne idée de traduire et de rééditer cet ouvrage en 2012. Nous vous proposons quelques extraits consacrés aux médias. (Acrimed)
La transformation du public en masse nous intéresse particulièrement, car elle nous fournit un indice essentiel pour comprendre l’élite au pouvoir. Si cette élite est vraiment responsable devant une communauté de publics, ou même si son existence est simplement reliée à cette communauté, elle a une signification tout à fait différente de celle qu’elle a si ce public se transforme en une société de masse. Et il faut étudier au moins quatre dimensions si l’on veut saisir les différences entre public et masse.

1. Il y a d’abord le rapport numérique entre les donneurs d’opinion et les receveurs ; c’est la façon la plus simple d’évaluer la signification sociale des médias de communication organisés. C’est la transformation de ce rapport, plus que tout autre facteur, qui représente l’élément essentiel des problèmes du public et de l’opinion publique dans l’évolution récente de la démocratie. À une extrémité de l’échelle des communications, on a deux hommes qui parlent personnellement l’un avec l’autre. À l’extrémité opposée, on a un porte-parole qui parle impersonnellement, par l’intermédiaire d’un réseau de communications, à des millions d’auditeurs et de spectateurs. Entre ces deux extrêmes, il y a les rassemblements et les réunions politiques, les sessions parlementaires, les débats des tribunaux, les petits cercles de discussion dominés par un homme, les cercles de discussion ouverts dans lesquels la parole circule librement entre cinquante personnes, etc.

2. La deuxième dimension dont nous devons nous occuper est la possibilité de répondre à une opinion par une autre sans craindre de représailles internes ou externes. Les conditions techniques des moyens de communication, en imposant un rapport numérique plus faible entre les parleurs et les auditeurs, peuvent supprimer la possibilité de répondre librement. Il peut exister des règles non officielles, reposant sur la sanction des conventions et sur la structure non officielle des groupes qui mènent l’opinion, pour décider qui peut parler, quand et pendant combien de temps. Ces règles peuvent être compatibles ou non avec les règles officielles et avec les sanctions institutionnelles qui régissent le processus de communication. A la limite, nous pouvons concevoir un monopole absolu des communications s’adressant à des groupes soumis de consommateurs de médias qui ne peuvent pas répondre, même « en privé ». A l’extrême inverse, il peut exister des conditions et des règlements favorisant le développement vaste et symétrique de l’opinion.

3. Il nous faut aussi considérer la relation qui existe entre la formation de l’opinion et sa réalisation sous forme d’action sociale, la facilité avec laquelle l’opinion peut influencer les décisions capitales. Bien entendu, la possibilité qu’ont les hommes de mettre collectivement en pratique leurs opinions est limitée par la position qu’ils occupent dans la structure du pouvoir. Cette structure peut être telle qu’elle limite de façon décisive leur capacité d’agir ; elle peut au contraire permettre ou même favoriser une telle action. Elle peut confiner l’action sociale au domaine local, ou elle peut élargir le champ des possibilités ; elle peut rendre l’action intermittente, ou lui donner une plus ou moins grande continuité.

4. Enfin, il faut se demander à quel point l’autorité institutionnelle, avec ses sanctions et ses moyens d’action, pénètre dans le public. Le problème ici est de connaitre le degré d’autonomie véritable dont le public dispose vis-à-vis de l’autorité instituée. À un extrême, aucun agent de l’autorité officielle ne se manifeste dans le public autonome. A l’extrême inverse, le public est terrorisé et uniformisé par l’infiltration de mouchards et la méfiance universelle. […] À la limite, la structure officielle du pouvoir coïncide, pour ainsi dire, avec le mouvement libre des discussions, et par conséquent le supprime. En combinant ces divers points, nous pouvons construire de petits modèles ou diagrammes de plusieurs types de sociétés. Comme le « problème de l’opinion publique », tel que nous le connaissons, est posé par l’éclipse du public bourgeois classique, nous ne nous occupons ici que de deux types, le public et la masse.

Dans un public, comme nous le comprenons :

a. il y a pratiquement autant de gens qui expriment des opinions que de gens qui en reçoivent ;
b. les communications publiques sont organisées de telle sorte qu’on a la possibilité immédiate et réelle de répondre à toute opinion exprimée en public ;
c. l’opinion formée par une discussion de ce genre aboutit facilement à une action réelle, dirigée même, si c’est nécessaire, contre le système d’autorité existant ;
d. les institutions d’autorité ne pénètrent pas dans le public, qui fonctionne donc de façon plus ou moins autonome. Quand ces conditions se trouvent réunies, nous avons le modèle pratique d’une communauté de publics, et ce modèle se conforme de très près aux divers principes de la théorie démocratique classique.

À l’extrémité inverse, dans une masse  :

a. il y a beaucoup moins de donneurs d’opinion que de receveurs – en effet, la communauté de publics devient un assemblage abstrait d’individus qui reçoivent leurs impressions des médias de masse ;
b. les communications sont organisées de telle sorte qu’il est difficile ou impossible à un individu de répondre immédiatement et de façon efficace ;
c. la réalisation de l’opinion sous forme d’action est dirigée par des autorités qui organisent et canalisent cette action ;
d. la masse n’a aucune autonomie vis-à-vis des institutions – au contraire, les agents des institutions autorisées pénètrent dans la masse et réduisent toute autonomie qu’elle pourrait avoir dans la formation d’une opinion par discussion.

Pour distinguer le public et la masse, le plus facile est de comparer leurs modes de communication dominants : dans une communauté de publics, la discussion est le moyen de communication primordial, et les médias de masse, s’ils existent, ne font qu’élargir et animer la discussion, en reliant un public primaire aux discussions d’un autre. Dans une société de masse, les médias organisés sont le type de communication dominant, et les publics se transforment en marchés de médias, formés de tous les hommes exposés au contenu des divers médias. Quel que soit le point de vue adopté, nous nous rendons compte, quand nous regardons le public, que nous avançons à grands pas vers la société de masse.

[…Et] à bien des égards, la vie publique actuelle ressemble plus à une société de masse qu’à une communauté de publics. Pour décrire l’évolution qui s’est produite, nous pouvons une fois de plus employer le parallèle historique entre le marché économique et le public d’opinion. En résumé, c’est la transformation de pouvoirs petits et disséminés en pouvoirs concentrés, et la tentative de monopole faite par des centres puissants qui, étant partiellement cachés, sont des centres d’autorité mais aussi de manipulation. La petite boutique qui sert les habitants du quartier est remplacée par l’anonymat de la compagnie d’importance nationale. La publicité de masse remplace l’influence personnelle de l’opinion dans les relations entre le marchand et le client. Le dirigeant politique branche son discours sur un réseau national et parle, en mettant la note personnelle appropriée, à un million d’hommes qu’il n’a jamais vus et ne verra jamais. Certaines catégories professionnelles, certaines industries « travaillent dans l’opinion » et sont payées pour manipuler impersonnellement le public.
Dans le public primaire, la compétition d’opinions se déroule entre des hommes défendant certaines idées qui correspondent à leurs intérêts et à leur mode de pensée. Mais dans la société de masse formée de marchés de médias, la compétition, si elle existe se déroule entre les manipulateurs et leurs médias de masse d’une part, et d’autre part les hommes qui subissent cette propagande. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’apparaisse une conception de l’opinion publique considérée comme une simple réaction – nous ne pouvons pas l’appeler « réponse » – au contenu des médias de masse. Selon cette idée, le public est simplement une collectivité d’individus dont chacun subit passivement l’action des médias de masse et accepte sans se défendre les suggestions et les manipulations issues de ces médias. La manipulation à partir de postes de commandement centralisés constitue pour ainsi dire une expropriation de l’ancienne multitude de petits producteurs et consommateurs d’opinion fonctionnant dans un marché libre et équilibré. Dans les milieux officiels, le terme même de « public » a pris un sens fantomatique, qui révèle de façon frappante le déclin de cette notion. Du point de vue de l’élite, on peut identifier certains des hommes qui se revendiquent à cor et à cri comme « syndicalistes », d’autres comme « hommes d’affaires », et d’autres encore comme « agriculteurs ». Ceux qu’on ne peut pas identifier aussi facilement forment « le public ». Dans cette acception, le public se compose des gens non identifiés et non partisans dans un monde gouverné par les intérêts définis et partisans. Socialement, il se compose d’intellectuels salariés – principalement des professeurs des premiers cycles universitaires ; d’employés non syndiqués – principalement des cols blancs ; et aussi de membres des professions libérales et de petits commerçants ou industriels. Dans ce faible écho de la notion classique, le public est formé de vestiges des classes moyennes, ancienne et nouvelle, dont les intérêts ne sont pas explicitement définis, organisés ou exprimés sous forme de revendications. Par une application curieuse du terme, le « public » devient souvent l’« expert indépendant » qui, tout en étant bien informé, n’a jamais pris publiquement une position nette sur les controverses soulevées par les groupes d’intérêts organisés. Les hommes de cette espèce sont les représentants du « public » dans les conseils d’administration, les comités, les commissions. Par conséquent, ce que représente le public, c’est souvent une politique floue (baptisée « ouverture d’esprit »), une absence de passion pour les affaires publiques (baptisée « modération ») et une indifférence de professionnel (baptisée « tolérance »). […]

Les tendances institutionnelles qui engendrent la société de masse sont en très grande partie provoquées par une évolution impersonnelle, mais les vestiges du public sont aussi soumis à certaines forces « personnelles » et intentionnelles. Avec l’élargissement de la base politique dans un contexte folklorique de décision démocratique, et avec l’augmentation des moyens de persuasion disponibles, le public de l’opinion publique est désormais l’objet d’efforts intenses visant à le tenir en main, à le diriger, à le manipuler et, de plus en plus, à l’intimider. Dans les domaines politique, militaire et économique, le pouvoir se trouve plus ou moins mal à l’aise devant les opinions attribuées aux masses, et par conséquent l’orientation de l’opinion devient une des techniques nécessaires pour conserver ou obtenir le pouvoir. L’électorat minoritaire composé de propriétaires et de gens instruits est remplacé par le suffrage universel, et par les campagnes intensives visant à s’assurer des voix. La petite armée professionnelle du XVIIIe siècle est remplacée par l’armée de masse fondée sur la conscription, avec les problèmes que posent le moral et le patriotisme des troupes. Le petit atelier est remplacé par la production de masse et par la publicité nationale. Les efforts des faiseurs d’opinion se sont élargis et centralisés comme les institutions. En fait, les moyens d’orienter l’opinion se sont développés parallèlement aux autres institutions plus vastes qui donnent naissance à la société de masse. Par conséquent, l’élite moderne, en plus de ses moyens élargis et centralisés d’administration, d’exploitation et de violence, a en main des instruments de gestion et de manipulation psychiques jusqu’alors inconnus, qui englobent l’enseignement universel obligatoire en même temps que les médias de communication de masse. […]

Les observateurs pensaient jadis que l’augmentation en portée et en intensité des moyens de communication organisés donnerait au public primaire plus d’ampleur et plus d’animation. Dans ces théories optimistes – énoncées avant l’apparition de la radio, de la télévision et du cinéma –, on considère les médias organisés comme de simples moyens de multiplier la portée et le rythme des discussions personnelles. […] Les nouveaux moyens de communication favoriseraient la dynamique des discussions chère à la démocratie classique, et avec elle le développement de la personnalité libre et raisonnable. Personne ne connaît vraiment toutes les fonctions des médias de masse, car ces fonctions dans leur intégralité sont probablement si envahissantes et si subtiles que les moyens de recherche sociale disponibles ne peuvent les saisir entièrement. Mais nous avons, dès à présent, de bonnes raisons de croire que les médias ont servi moins à élargir et à animer les discussions des publics primaires qu’à transformer ceux-ci en un ensemble de marchés de médias dans une société à caractère de masse. Je ne me réfère pas seulement ici à la banalisation violente et stéréotypée de nos organes des sens qui constitue le langage employé par ces médias pour se disputer notre « attention ». Je pense à une sorte d’analphabétisme psychologique que ces médias facilitent, et qui s’exprime de plusieurs façons. Dans ce que nous croyons savoir des réalités sociales du monde, bien peu de choses nous viennent d’une connaissance de première main. La plupart des « images que nous avons en tête », nous les avons tirées de ces médias – au point même que souvent nous ne croyons pas vraiment ce que nous voyons avant de l’avoir lu dans le journal ou de l’avoir entendu à la radio. Non seulement les médias nous donnent des informations, mais ils dirigent notre expérience même. Ce sont ces médias, et non nos expériences fragmentaires, qui tendent à fixer nos critères de crédulité, nos critères de réalité. Par conséquent, même si l’individu a une expérience directe et personnelle des événements, elle n’est pas vraiment directe et primaire : elle est organisée en stéréotypes. Il faut tout un apprentissage long et compliqué pour extirper ces stéréotypes et permettre à l’individu de voir les choses avec fraîcheur, d’une façon non stéréotypée. On pourrait supposer, par exemple, que si tous les hommes subissaient une crise économique ils en « feraient l’expérience » et que, par rapport à cette expérience, ils démoliraient, rejetteraient, ou du moins réfracteraient, ce qu’en disent les médias. Mais pour que l’expérience d’un tel changement structurel compte vraiment dans la formation de l’opinion, il faut qu’elle soit organisée et interprétée. […]

Tant que les médias ne sont pas entièrement monopolisés, l’individu peut faire jouer les médias l’un contre l’autre ; il peut les comparer, et par conséquent résister à ce que l’un d’eux lui raconte. Plus la concurrence est réelle entre les divers médias, plus l’individu est susceptible de leur résister. Mais dans quelle mesure cela est-il vrai ? Les gens comparent-ils réellement les divers comptes rendus des événements et des décisions politiques, en opposant le contenu des différents médias ? La réponse est : non, rares sont ceux qui le font.

1. Nous savons que les hommes ont fortement tendance à choisir les médias dont le contenu s’accorde avec leurs idées. Il se produit une sorte de sélection des opinions nouvelles en fonction des opinions anciennes. Personne ne semble rechercher les contre-affirmations que d’autres médias peuvent proposer. Les émissions de radio, les magazines et les journaux ont souvent un public assez cohérent, et ils peuvent ainsi renforcer leurs messages dans l’esprit de ce public.

2. L’idée de faire jouer les médias les uns contre les autres suppose que les médias ont vraiment des contenus différents. Elle suppose une véritable concurrence, qui n’existe généralement pas. Les médias se donnent une apparence de variété et de concurrence, mais si l’on y regarde de près, leur concurrence se fait sous forme de variations sur quelques thèmes standardisés, et non sous forme de conflits d’opinion. Il semble que la liberté de soulever réellement les problèmes soit de plus en plus l’apanage exclusif des petits groupes d’intérêts qui ont continuellement et facilement accès à ces médias.

3. Non seulement les médias se sont infiltrés dans notre expérience des réalités externes, mais ils ont pénétré jusque dans l’expérience que nous avons de notre moi. Ils nous ont donné de nouvelles identités et de nouvelles aspirations vers ce que nous voudrions être et vers ce que nous voudrions paraître. Dans les modèles de comportement qu’ils nous proposent, ils offrent un ensemble de critères nouveau, plus vaste et plus souple, pour évaluer notre moi. En utilisant les termes de la théorie moderne du moi, nous pouvons dire que les médias mettent le lecteur, l’auditeur, le spectateur en contact avec des groupes de référence plus vastes et plus haut placés – groupes réels ou imaginés, perçus directement ou par personne interposée, connus personnellement ou d’un coup d’oeil distrait – qui servent de miroir à son image de lui-même. Les médias ont multiplié le nombre de groupes auprès desquels nous cherchons une confirmation de l’image que nous avons de notre moi.

Allons plus loin :
— les médias disent à l’homme de la masse qui il est : ils lui donnent une identité ;
— ils lui disent qui il veut être : ils lui donnent des aspirations ;
— ils lui disent comment y arriver : ils lui donnent une technique ;
— ils lui disent comment avoir l’impression d’y être arrivé même quand il n’a pas réussi : ils lui donnent l’évasion. Le fossé qui sépare l’identité et l’aspiration conduit à la technique et/ou à l’évasion. C’est probablement la formule psychologique fondamentale des médias de masse à notre époque. Mais cette formule n’est pas en harmonie avec le développement de l’être humain. C’est la formule d’un pseudo-univers que les médias inventent et entretiennent.

4. Les médias de masse, et surtout la télévision, empiètent souvent sur la discussion en petit groupe et détruisent la possibilité d’un échange d’opinions raisonnable, réfléchi et humain. Ils sont en grande partie responsables de la destruction de la vie privée au vrai sens humain de ce mot. C’est pour cette raison majeure que, non seulement ils ne peuvent pas avoir une influence éducative, mais ont même une influence néfaste : ils ne formulent pas pour le spectateur ou pour l’auditeur les sources générales de ses tensions et de ses angoisses intimes, de ses mécontentements informulés et de ses espoirs à demi conscients. Ils ne permettent pas à l’individu de transcender son milieu étroit ni de préciser la signification intime de ce milieu.

Les médias nous proposent beaucoup d’informations et de renseignements sur ce qui se passe dans le monde, mais ils permettent rarement à l’auditeur ou au spectateur d’établir un véritable lien entre sa vie quotidienne et ces réalités plus vastes. Ils ne relient pas les informations qu’ils donnent sur les problèmes publics aux difficultés ressenties par l’individu. Ils ne facilitent pas l’analyse rationnelle des tensions, celles de l’individu ou celles de la société qui se reflètent dans l’individu. Au contraire, ils le distraient et l’empêchent de comprendre son moi ou son monde, en fixant son attention sur des agitations artificielles qui, dans le cadre de l’émission, se résolvent soit par une action violente soit par ce qu’on appelle humour. Bref, elles ne sont jamais résolues pour le téléspectateur.
La principale tension des médias, et leur principal élément de distraction, est le conflit entre le désir de posséder certains biens de consommation ou certaines femmes considérées généralement comme belles, et le fait qu’on ne les possède pas. Il y a presque toujours une atmosphère générale de distraction animée, d’agitation dramatique, mais elle ne mène nulle part et ne débouche sur rien. Mais les médias, tels qu’ils sont organisés et dirigés, sont bien plus qu’une cause essentielle de la transformation [des démocraties] en sociétés de masse. Ils comptent aussi parmi les plus importants moyens de pouvoir accrus dont dispose l’élite de la fortune et du pouvoir ; en outre, certains agents supérieurs de ces médias font eux-mêmes partie de l’élite ou en sont les distingués serviteurs.
À côté de l’élite, ou immédiatement au-dessous d’elle, se trouvent le propagandiste, l’expert en publicité, le spécialiste des relations publiques, qui voudraient diriger la formation même de l’opinion publique, afin d’en faire une nouvelle donnée utilisable pour les calculs visant à rendre le pouvoir efficace, à accroître le prestige, à assurer la richesse. Depuis le début l’entre-deux guerres, l’attitude de ces manipulateurs vis-à-vis de leur tâche a traversé une sorte d’évolution dialectique. Au début, ils avaient foi dans le pouvoir des médias de masse. Les mots font gagner les guerres et vendre les savons ; ils font agir les hommes, ils empêchent les hommes d’agir. « Seul le prix de revient, proclame le publicitaire des années 1920, nous empêche d’orienter l’opinion publique dans n’importe quelle direction sur n’importe quel problème. » La foi que le faiseur d’opinion proclame dans les médias considérés comme persuasion de masse va presque jusqu’à la magie – mais il ne peut croire en l’omnipotence des communications de masse que si le public lui garde sa confiance. Or le public se méfie. Les médias de masse disent tant de choses, font tellement assaut d’exagérations : ils banalisent leur message et s’annulent réciproquement. La « phobie de la propagande », en réaction contre les mensonges de la guerre et le désenchantement de l’après-guerre, ne facilite pas les choses, même si les hommes ont la mémoire courte et soumise aux déformations officielles. Cette méfiance envers la magie des médias se traduit chez les faiseurs d’opinion sous forme d’un slogan. Sur leurs bannières ils inscrivent : « La Persuasion de Masse Ne Suffit Pas » ! Frustrés dans leurs espoirs, ils se mettent à raisonner, et en raisonnant ils finissent par accepter le principe du contexte social. « Pour transformer l’opinion et l’activité des autres, disent-ils entre eux, nous devons faire très attention à tout le contexte et à toute l’existence des hommes que nous voulons diriger. À côté de la persuasion de masse, il faut utiliser d’une façon ou d’une autre l’influence personnelle. Il faut toucher les gens dans le contexte de leur vie, et par l’intermédiaire d’autres gens, leurs compagnons de tous les jours, ceux en qui ils ont confiance : il faut les toucher par une certaine forme de persuasion “personnelle”. Il ne faut pas montrer notre présence trop directement ; au lieu de donner simplement des conseils ou des ordres, nous devons manipuler. » […]

Mais les hommes ne sont-ils pas plus instruits à notre époque ? Pourquoi ne pas insister sur le développement de l’instruction plutôt que sur les effets croissants des médias de masse ? La réponse est, en résumé, que l’instruction de masse est devenue, à bien des égards, un autre moyen de communication de masse…


C. Wright Mills

Extrait de L’Élite au pouvoir (Agone, 2012)
Préface de François Denord
Traduit de l’anglais par André Chassigneux
Chap. XIII « La société de masse », p. 448-471

Le 4e Dialogue Stratégique et Économique entre les États-Unis et la Chine

Par Alfredo Jalife-Rahme
25 mai 2012
pour http://www.voltairenet.org





Quiproquo : la vente de banques US à la Chine et la réévaluation du yuan

Le quatrième cycle de négociations sino-états-uniennes s’est déroulé dans l’euphorie de nouvelles apparentes concessions de Beijing : investissements financiers massifs aux USA et réévalution du yuan par rapport au dollar, comme Washington le réclamait depuis longtemps. Il ne faut toutefois pas se tromper sur le sens des événements, observe Alfredo Jalife-Rahme : la Chine n’a pas consenti ces sacrifices pour se soumettre aux États-Unis, mais pour inhiber leur impérialisme. Beijing use de ses armes financières et monétaires pour neutraliser l’agressivité de Washington tandis qu’il entame la construction d’une vaste zone de libre-échange, avec des États jusqu’ici sous influence US, la Corée du Sud et le Japon.

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La Chine neutralise les États-Unis en se rendant indispensable à leur économie. De gauche à droite : le secrétaire US au Trésor Timothy Geithner, la secrétaire d’État Hillary Clinton et le vice-Premier ministre Wang Qishan (Beijing, 3 mai 2012).
 
Une quatrième rencontre pour le « Dialogue Stratégique et Économique entre les États-Unis et la Chine » [1] vient de se tenir à Pékin, les 3 et 4 mai 2012. C’est le sommet bilatéral le plus important au monde, et il en ressort un certain nombre de résultats significatifs, selon China Economic Net [2], ce qui manifeste une détente remarquable, après une étape de brutale détérioration des relations entre les deux puissances.

Les media officiels chinois ont consacré bien plus d’importance à ce succès que la presse états-unienne, qui est muette sur le sujet.

Les trois moments significatifs dans cette distension ont été :
- 1. La troisième accession à la présidence de Vlady Poutine, auquel la presse chinoise est acquise, parce que cela atténuera la pression des USA sur le Chine [3], au moment même où chacun a remarqué l’absence du "tsar" au sommet du G8, configuration désormais inopérante, face au G20, plus hybride et multipolaire ;
- 2. L’annonce du projet de traité de libre échange entre les trois plus grandes puissances géoéconomiques du Nord-Ouest asiatique : Chine, Japon et Corée du sud [4] ;
- 3. La révélation bizarre et concomitante du Dalaï Lama au sujet d’un complot pour le faire assassiner [5]. Les USA seront-ils capables de vendre le Dalai Lama pour un yuan, alors qu’un homicide le ciblant de façon choquante contrarierait énormément la Chine ?

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À peine terminé le 4e « Dialogue Stratégique et Économique entre les États-Unis et la Chine », la Chine a annoncé son intention de créer une zone de libre-échange qui fasse basculer la Corée du Sud et le Japon dans sa zone d’influence. De gauche à droite : le président de la République de Corée Lee Myung-bak, le Premier ministre chinois Wen Jiabao, et le Premier ministre japonais, Yoshihiko Noda (Beijing, 13 mai 2012).
 
Trois propositions géo-financières d’application immédiate ont été élaborées dans les « opérations donnant-donnant » de la quatrième rencontre Chine-USA :

- 1. La réévaluation accélérée du yuan, ce qui a suscité les éloges du secrétaire US au Trésor, Timothy Geithner ;
- 2. L’autorisation par la Réserve fédérale (la « Fed ») pour l’installation sur le territoire des États-Unis de trois banques chinoises publiques :
• Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), la banque la plus prospère au monde, qui a déjà acheté 80 % de la très états-unienne Bank of East Asia, avec 13 succursales à New York et en Californie [6]
• China Bank, la troisième en importance, ouvre une succursale à Chicago,
• et Banque Agricole de Chine, le n° 4, en ouvre une à New York
- 3. La Chine abaisse à nouveau son taux de réserve en proportion de ses dépôts bancaires (à hauteur de 50 points base) afin d’injecter plus de liquidités dans le marché [7].

Mieux encore, la Fed a permis à une série d’entités financières chinoises (ICBC, Central Huijin Investment et le fonds souverain China Investment Corp) d’opérer comme un « holding d’entreprises bancaires ».

On est loin de l’étape bushienne, quand sous l’apothème pharisaïque de la souveraineté (sic) économique, il avait interdit à l’entreprise d’État pétrolière chinoise CNOOC d’acquérir Unocal, qui a fini par se faire digérer et emballer comme un vague déchet par Chevron.
Il ne faut pas minimiser l’ouverture du secteur financier super-stratégique des USA à l’imposant secteur bancaire chinois, même s’il ne s’agit pour le moment que de mesures symboliques.
Les banques chinoises finiront-elle par arriver à Mexico, sur ordre de Washington, avant qu’une volonté nationale se manifeste en ce sens chez nous ? Allons-nous assister bientôt au rachat d’entreprises US par les banques chinoises, selon le schéma défusions [8]- acquisitions (M&A, selon leurs sigles en anglais) ? Y a-t-il eu d’autres opérations de troc géopolitique ourdies dans les coulisses ?

Autre sujet sur lequel les États-Unis acceptent une ouverture spectaculaire : la fin de l’embargo sur l’exportation technologique à caractère civil en direction de la Chine.
En contrepartie, l’un des changements politiques les plus profonds est la décision de la Chine de permettre l’investissement étranger (en fait, US) à hauteur de 49 %.

Le président chinois Hu Jintao s’est félicité de cette quatrième rencontre, tandis que la secrétaire d’État Hillary Clinton, plus amazone et noctambule que jamais, rassurait les grincheux alarmés de ce retour des USA en Chine, en répétant que Washington souhaite une Chine forte, prospère et triomphante : qui oserait en douter ?

Après la complaisance suspecte dans l’oscillation entre concurrence et coopération, ce dénouement heureux a débouché sur la première visite au Pentagone, depuis neuf ans et à l’improviste, du ministre de la Défense nationale, Liang Guanglie.

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Au même moment apparaissent dans les media des chantres de la coopération bilatérale au détriment des partisans de la concurrence à la limite de la Guerre froide, tel l’apaisant Jeffrey Bader, qui est l’ancien conseiller d’Obama pour la Chine et l’Asie au Conseil de sécurité nationale et l’auteur du livre Obama et l’ascension de la Chine : un récit interne de la stratégie US en Asie [9].

Selon Jeffrey Bader, les relations entre Washington et Pékin se tissent autour de la table des négociations, et non pas sur des champs de bataille. Cette approche est dans le droit fil de celle de huit présidents états-uniens successifs, à commencer par Richard Nixon, à peine ternie par quelques écarts mineurs [10].

Obama n’est nullement l’exception, affirme t-il, et il conclut que sa politique repose sur trois principes fondamentaux :

• la reconnaissance et le respect face à la montée en puissance de la Chine et de ses légitimes intérêts ;
• l’insistance sur les normes internationales et le respect de la loi qui doivent encadrer cette montée en puissance ;
• l’intention de stabiliser celle-ci en fortifiant des alliances régionales et des partenariats.

À son avis, la relation bilatérale est quelque chose de tout à fait raisonnable, vu que les Chinois ont coopéré avec les USA sur les questions de la Corée du Nord et de l’Iran, et que Taïwan n’a même pas été une source de tensions. Il donne à entendre que le seul sujet sur lequel en théorie il pourrait y avoir conflit, c’est Taïwan, jusqu’à un certain point, parce que la vente d’armes à Taïwan a constitué une provocation et un facteur prépondérant de tension. Il ajoute que le sujet irritant des droits de l’homme et du contentieux de la Mer du sud constituent un obstacle à la coopération. Les différents défis proviennent de l’accélération de l’ascension de la Chine pendant la dernière décennie, et de son rôle grandissant à l’échelle mondiale. Les US en ont le tournis !

L’idée que la Chine a déjà supplanté les USA, ou le fera bientôt, dans son leadership sur les autres pays, n’a rien à voir, selon lui, avec les faits, car il existe un fossé entre pouvoir et revenus per capita.
En effet, les relations militaires ont été rétablies lors de la visite du précédent secrétaire à la Défense, Robert Gates, dit-il, et il rejette comme simple légende l’idée d’une nouvelle politique US d’endiguement (containement). Cependant, il admet le risque de crise sécuritaire entre les USA et la Chine : chacun est destiné à considérer les pas que fait l’autre pour sa propre défense comme une action offensive à son égard.

Mais selon son raisonnement, la défiance mutuelle peut être surmontée dans le cadre du « Dialogue Stratégique et Économique » [11].

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Liang Guanglie, ministre chinois de la Défense nationale, accompagné d’une imposante délégation de 24 généraux, s’est rendu à l’impromptu, le 7 mai 2012 au Pentagone, pour désamorcer les conflits avec les États-Unis. Les discussions ont porté sur la Corée du Nord, les disputes en mer de Chine, le cyberespace, la défense antimissile, et les opérations humanitaires.
 
Brendan O’Reilly [12] estime quant à lui que la stratégie de la Chine se fonde sur le développement économique et l’intégration. Ainsi le commerce bilatéral atteint 450 milliards de dollars par an, ce qui constitue un record absolu dans l’histoire des relations entre deux pays : la Chine met donc en œuvre une tactique subtile pour répondre efficacement à la supériorité militaire et politique des US, au moyen d’une plus grande intégration entre les deux économies respectives.
O’Reilly allègue que la Chine, ne pouvant atteindre le niveau militaire des USA à moyen terme, souhaite les désarmer, au plan de l’avantage tactique, en créant une situation de dépendance mutuelle et économique presque totale.

Ainsi donc, la Chine chercherait à instaurer un nouvel ordre mondial dans lequel le conflit militaire entre les plus grandes puissances se trouverait périmé par l’effet de l’intégration économique. Le pourra-t-elle ?

Traduction
Maria Poumier
[1] U.S.–China Strategic and Economic Dialogue / 中美战略与经济对话
[2] « ’Significant’ results gained in China-US dialogue », China Economic Net, 5 mai 2012.
[3] « Putin’s return may ease US pressure on China », Global Times, 13 mai 2012.
[4] « La Chine, le Japon et la République de Corée lanceront les négociations sur une Zone de libre-échange cette année », Xinhua, 13 mai 2012.
[5] « Dalai Lama reveals warning of Chinese plot to kill him » et « Dalai Lama : What do I really fear ? Being eaten by sharks », par Dean Nelson, The Telegraph (UK), 12 et 13 mai 2012. Et le commentaire chinois« Dalai Lama’s claims of assassination slammed » par Xu Tianran, Global Times, 14 mai 2012.
[6] « Questions After the First U.S. Bank Takeover by a Chinese State-Controlled Company », par Charles Wolf, Jr., Brian G. Chow, Gregory S. Jones et Scott Harold, Rand Corporation, 15 mai 2012.
[7] « La Chine abaissera le taux de réserves obligatoires de 0,5 point de pourcentage », Xinhua, 12 mai 2012
[8] "Defusion" : néologisme anglais se rapportant à l’injection soudaine et à la diffusion envahissante de nouvelles idées.
[9] Obama and China’s Rise : An Insider’s Account of America’s Asia Strategy, Brookings Press, mars 2012.
[10] « US-China ties revolve around debating table, not battlegrounds », par Jeffrey A. Bader, Global Times, 13 mai 2012
[11] Un volet particulier dit du « Dialogue sur la stratégie de sécurité » (Strategic Security Dialogue) a été ajouté au Dialogue stratégique économique, lors de la seconde rencontre, à Beijing, les 24 et 25 mai 2010.
[12] « Hu oils cogs to lock the US Asia ’pivot’ », par Brendan O’Reilly, Asia Times, 9 mai 2012.

27 mai 2012

La NSA peut espionner Google mais pas seulement

Pour http://www.voltairenet.org
18 Mai 2012
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L’agence de renseignement étasunienne NSA (National Security Agency, en français « Agence de sécurité nationale) n’a pas l’obligation de révéler la nature de ses liens avec Google a confirmé le 11 mai la justice US.

La cour d’appel de Washington a jugé que les statuts spéciaux de l’Agence de sécurité nationale lui permettaient de garder secret tout arrangement avec le géant de l’internet.

« Toute information se rapportant à la relation entre Google et la NSA révèlerait des informations protégées sur la NSA », a tranché la juge Janice Rogers Brown.

Cette décision répond à une requête d’une association qui défend la confidentialité des données privées sur internet. Le Centre d’Information sur les données Privées Électroniques (EPIC) souhaitait que les accords entre Google et la NSA soient rendus publics, au nom du droit des citoyens de savoir s’ils sont surveillés.

Officiellement, l’alliance des deux entités a pour but de repérer les faiblesses de Google face aux pirates et d’évaluer leur degré de sophistication, pour déterminer si les défenses mises en place sont adéquates, mais les défenseurs du respect de la vie privée craignent que cette union secrète expose les internautes à des violations de leurs données personnelles.

En réalité tous les utilisateurs de services Google à travers le monde sont susceptibles de voir leur données récupérées par l’agence d’espionnage US. Comme l’avait révélé le magazine allemand WirtschaftsWoche, Google est depuis longtemps sollicité pour transmettre les données de ses utilisateurs aux services de renseignements US.

Comme toutes les entreprises étasuniennes, la firme de Mountain View est contrainte, selon la loi « anti-terroriste » Patriot Act, de divulguer ses données aux autorités, notamment à la National Security Agency.

La présence des serveurs sur le sol européen ne garantit pas la confidentialité de ces données vis-à-vis de l’État US, qui dispose du droit « d’accéder également aux données stockées en dehors des États-Unis ».  [1]

De la même façon, la NSA dispose d’un accès total aux données des utilisateurs de Windows, l’agence ayant directement collaboré avec Microsoft pour le développement de Windows 7, comme l’a reconnu officiellement Richard Schaeffer, le 17 novembre 2009. [2]

Afin de traiter la masse de données à laquelle elle a accès, la NSA construit pour 2013 le plus grand centre d’espionnage informatique et de stockage de données du monde (100 000m²) dans les montagnes de l’Utah. [3]

L’objectif de la NSA serrait notamment d’être en capacité de décrypter AES (Advanced Encryption Standard ou Standard de Chiffrement Avancé). Cet algorithme de cryptage protège actuellement les transactions financières, les emails des multinationales, les accords économiques et les échanges diplomatiques internationaux.

La NSA sera donc prochainement en capacité d’intercepter, stocker, décrypter et analyser l’ensemble des communications mondiales.
[1] « Google-Server in Europa vor US-Regierung nicht sicher », par Thomas Stölzel, WirtschaftsWoche, 6 août 2011.
[2] « La NSA a participé au développement de Windows 7 », Réseau Voltaire, 24 novembre 2009.
[3] « The NSA Is Building the Country’s Biggest Spy Center (Watch What You Say) », par James Bamford, WIRED, 15 mars 2012.

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