5 octobre 2009

Réfugiés de la faim

Jean Ziegler

La nuit était noire, sans lune. Le vent soufflait à plus de 100 kilomètres à l’heure. Il faisait se lever des vagues de plus de 10 mètres qui, avec un fracas effroyable, s’abattaient sur la frêle embarcation de bois. Celle-ci était partie d’une crique de la côte de Mauritanie, dix jours auparavant, avec à son bord 101 réfugiés africains de la faim. Par un miracle inespéré, la tempête jeta la barque sur un récif de la plage d’El Medano, dans une petite île de l’archipel des Canaries. Au fond de la barque, les gardes civils espagnols trouvèrent les cadavres de trois adolescents et d’une femme, morts de faim et de soif.

La même nuit, quelques kilomètres plus loin sur la plage d’El Hierro, un autre rafiot s’échoua : à son bord, 60 hommes, 17 enfants et 7 femmes, spectres titubants à la limite de l’agonie (1).

A la même époque encore, mais en Méditerranée cette fois-ci, un autre drame se joue : à 150 kilomètres au sud de Malte, un avion d’observation de l’organisation Frontex repère un Zodiac surchargé de 53 passagers qui – probablement par suite d’une panne de moteur – dérive sur les flots agités. A bord du zodiac, les caméras de l’avion identifient des enfants en bas âge et des femmes. Revenu à sa base, à La Valette, le pilote en informe les autorités maltaises, qui refusent d’agir, prétextant que les naufragés dérivent dans la « zone de recherche et de secours libyenne ». La déléguée du Haut Commissariat des réfugiés des Nations unies Laura Boldini intervient, demandant aux Maltais de dépêcher un bateau de secours. Rien n’y fait. L’Europe ne bouge pas. On perd toute trace des naufragés.

Quelques semaines auparavant, une embarcation où se pressaient une centaine de réfugiés africains de la faim, tentant de gagner les Canaries, avait sombré dans les flots au large du Sénégal. Il y eut deux survivants (2).

Des milliers d’Africains, y compris des femmes et des enfants, campent devant les clôtures des enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta, dans le Rif aride. Sur injonction des commissaires de Bruxelles, les policiers marocains refoulent les Africains dans le Sahara (3). Sans provisions ni eau. Des centaines, peut-être des milliers d’entre eux périssent dans les rochers et les sables du désert (4).

Combien de jeunes Africains quittent leur pays au péril de leur vie pour tenter de gagner l’Europe ? On estime que, chaque année, quelque 2 millions de personnes essaient d’entrer illégalement sur le territoire de l’Union européenne et que, sur ce nombre, environ 2 000 périssent en Méditerranée, et autant dans les flots de l’Atlantique. Leur objectif est d’atteindre les îles Canaries à partir de la Mauritanie ou du Sénégal, ou de franchir le détroit de Gibraltar au départ du Maroc.

Selon le gouvernement espagnol, 47 685 migrants africains sont arrivés sur les côtes en 2006. Il faut y ajouter les 23 151 migrants qui ont débarqué sur les îles italiennes ou à Malte au départ de la Jamahiriya arabe libyenne ou de la Tunisie. D’autres essaient de gagner la Grèce en passant par la Turquie ou l’Egypte. Secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, M. Markku Niskala commente : « Cette crise est complètement passée sous silence. Non seulement personne ne vient en aide à ces gens aux abois, mais il n’y a pas d’organisation qui établisse ne serait-ce que des statistiques rendant compte de cette tragédie quotidienne (5). »

Pour défendre l’Europe contre ces migrants, l’Union européenne a mis sur pied une organisation militaire semi-clandestine qui porte le nom de Frontex. Cette agence gère les « frontières extérieures de l’Europe ».

Elle dispose de navires rapides (et armés) d’interception en haute mer, d’hélicoptères de combat, d’une flotte d’avions de surveillance munis de caméras ultrasensibles et de vision nocturne, de radars, de satellites et de moyens sophistiqués de surveillance électronique à longue distance.

Frontex maintient aussi sur sol africain des « camps d’accueil » où sont parqués les réfugiés de la faim, qui viennent d’Afrique centrale, orientale ou australe, du Tchad, de la République démocratique du Congo, du Burundi, du Cameroun, de l’Erythrée, du Malawi, du Zimbabwe… Souvent, ils cheminent à travers le continent durant un ou deux ans, vivant d’expédients, traversant les frontières et tentant de s’approcher progressivement d’une côte. Ils sont alors interceptés par les agents de Frontex ou leurs auxiliaires locaux qui les empêchent d’atteindre les ports de la Méditerranée ou de l’Atlantique. Vu les versements considérables en espèces opérés par Frontex aux dirigeants africains, peu d’entre eux refusent l’installation de ces camps. L’Algérie sauve l’honneur. Le président Abdelaziz Bouteflika dit : « Nous refusons ces camps. Nous ne serons pas les geôliers de nos frères. »

Organiser la famine et criminaliser ceux qui la fuient

La fuite des Africains par la mer est favorisée par une circonstance particulière : la destruction rapide des communautés de pêcheurs sur les côtes atlantique et méditerranéenne du continent. Quelques chiffres.

Dans le monde, 35 millions de personnes vivent directement et exclusivement de la pêche, dont 9 millions en Afrique (6). Les poissons comptent pour 23,1 % de l’apport total de protéines animales en Asie, 19 % en Afrique ; 66 % de tous les poissons consommés sont pêchés en haute mer, 77 % en eaux intérieures ; l’élevage en aquaculture de poissons représente 27 % de la production mondiale. La gestion des stocks de poissons dont les déplacements s’effectuent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des zones économiques nationales revêt donc une importance vitale pour l’emploi et la sécurité alimentaire des populations concernées.

La plupart des Etats de l’Afrique subsaharienne sont surendettés. Ils vendent leurs droits de pêche à des entreprises industrielles du Japon, d’Europe, du Canada. Les bateaux-usines de ces dernières ravagent la richesse halieutique des communautés de pêcheurs jusque dans les eaux territoriales. Utilisant des filets à maillage étroit (interdits en principe), elles opèrent fréquemment en dehors des saisons où la pêche est autorisée. La plupart des gouvernements africains signataires de ces concessions ne possèdent pas de flotte de guerre. Ils n’ont aucun moyen pour faire respecter l’accord. La piraterie est reine. Les villages côtiers se meurent.

Les bateaux-usines trient les poissons, les transforment en surgelés, en farine ou en conserves, et expédient du bateau aux marchés. Exemple : la Guinée-Bissau, dont la zone économique abrite un formidable patrimoine halieutique. Aujourd’hui, pour survivre, les Bissagos, vieux peuple pêcheur, sont réduits à acheter sur le marché de Bissau – au prix fort – des conserves de poisson danoises, canadiennes, portugaises.

Plongés dans la misère, le désespoir, désarmés face aux prédateurs, les pêcheurs ruinés vendent à bas prix leurs barques à des passeurs mafieux ou s’improvisent passeurs eux-mêmes. Construites pour la pêche côtière dans les eaux territoriales, ces barques sont généralement inaptes à la navigation en haute mer.

Et encore… Un peu moins d’un milliard d’êtres humains vivent en Afrique. Entre 1972 et 2002, le nombre d’Africains gravement et en permanence sous-alimentés a augmenté de 81 à 203 millions. Les raisons sont multiples. La principale est due à la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne.

Les Etats industrialisés de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont payé à leurs agriculteurs et éleveurs, en 2006, plus de 350 milliards de dollars au titre de subventions à la production et à l’exportation. L’Union européenne, en particulier, pratique le dumping agricole avec un cynisme sans faille. Résultat : la destruction systématique des agricultures vivrières africaines.

Prenons l’exemple de la Sandaga, le plus grand marché de biens de consommation courante de l’Afrique de l’Ouest. La Sandaga est un univers bruyant, coloré, odorant, merveilleux, situé au cœur de Dakar. On peut y acheter, selon les saisons, des légumes et des fruits portugais, français, espagnols, italiens, grecs, etc. – au tiers ou à la moitié du prix des produits autochtones équivalents.

Quelques kilomètres plus loin, sous un soleil brûlant, le paysan wolof, avec ses enfants, sa femme, travaille jusqu’à quinze heures par jour… et n’a pas la moindre chance d’acquérir un minimum vital décent.

Sur 52 pays africains, 37 sont des pays presque purement agricoles.

Peu d’êtres humains sur terre travaillent autant et dans des conditions aussi difficiles que les paysans wolof du Sénégal, bambara du Mali, mossi du Burkina ou bashi du Kivu. La politique du dumping agricole européen détruit leur vie et celle de leurs enfants.

Revenons à Frontex. L’hypocrisie des commissaires de Bruxelles est détestable : d’une part, ils organisent la famine en Afrique ; de l’autre, ils criminalisent les réfugiés de la faim.

Aminata Traoré résume la situation : « Les moyens humains, financiers et technologiques que l’Europe des Vingt-Cinq déploie contre les flux migratoires africains sont, en fait, ceux d’une guerre en bonne et due forme entre cette puissance mondiale et de jeunes Africains ruraux et urbains sans défense, dont les droits à l’éducation, à l’information économique, au travail et à l’alimentation sont bafoués dans leurs pays d’origine sous ajustement structurel. Victimes de décisions et de choix macroéconomiques dont ils ne sont nullement responsables, ils sont chassés, traqués et humiliés lorsqu’ils tentent de chercher une issue dans l’émigration. Les morts, les blessés et les handicapés des événements sanglants de Ceuta et de Melilla, en 2005, ainsi que les milliers de corps sans vie qui échouent tous les mois sur les plages de Mauritanie, des îles Canaries, de Lampedusa ou d’ailleurs, sont autant de naufragés de l’émigration forcée et criminalisée (7). »

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L’Arctique nucléaire

Philippe Rekacewicz — juillet 2000

Grand format

Géopolitique de l’Arctique : la course pour les ressources
(Carte publiée en 2007 sur le site Cartographier le présent )


Sources : Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE-GRID Arendal) ; Institut polaire norvégien et Institut de recherche en sciences sociales : Norut (Tromsø) ; Agence européenne pour l’environnement (Copenhague) ; ministères des affaires étrangères norvégien et finlandais ; Amap Assessment Report : Arctic Pollution Issues, Arctic Monitoring and Assessment Programme (AMAP), 1998, Oslo.

Des morts par milliers aux portes de l’Europe

Olivier Clochard et Philippe Rekacewicz — décembre 2006

Plusieurs associations tiennent à jour la liste des victimes, immigrés et réfugiés, de la « forteresse Europe ». Se fondant sur des rapports de presse et des signalements effectués par des organisations locales, elles tentent d’en établir une comptablilité aussi précise que possible. Seuls les décès précisément documentés - plus de 7 000 entre 1993 et 2006, soit 3 000 sur la seule période allant de décembre 2003 à 2006 - figurent donc sur ces cartes, représentations a minima d’une hécatombe ignorée.

1993-2004 , plus de 4 000 morts aux frontières

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Sources - carte 2006 : Olivier Clochard (Migrinter), Alain Morice (CNRS, Paris), United for Intercultural Action, Gibraltar : Association des familles de victimes de l’immigration clandestine (AFVIC), police aux frontières (PAF) des ports de Nantes et de la Rochelle, Jean Christophe Gay, Les discontinuités spatiales, Economica, Paris, 1995, Le Monde, AFP, Reuters, AP, Eleftherotypia (Athènes).

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Une approche globale du commerce triangulaire

Par Marcel Dorigny

Pratiqué dès l’Antiquité, l’esclavage donna lieu à trois traites spécifiques en Afrique. La dernière, organisée par des puissances européennes, s’inscrivait dans un commerce triangulaire avec les Amériques. Des recherches historiques récentes précisent l’enjeu humain mais surtout économique de ce trafic.

Tant dans les milieux scientifiques que militants et associatifs, l’histoire des traites négrières a fait l’objet de nombreuses controverses. Attesté dès la plus haute antiquité, le commerce des hommes et femmes d’Afrique a commencé bien avant que les Européens de l’époque moderne n’explorent les côtes du continent noir. Ainsi, il est essentiel de bien distinguer trois grandes formes de traite esclavagiste ayant fait de la population noire la source principale, sinon unique, d’approvisionnement en captifs : la traite dite orientale, la traite intra-africaine, la traite coloniale européenne. Ces trois traites ne sont pas apparues aux mêmes périodes et n’ont pas eu la même durée, mais elles se sont superposées à l’époque coloniale.

La traite orientale s’inscrit dans la continuité des pratiques esclavagistes des sociétés de l’Antiquité classique : l’Egypte ancienne, la Mésopotamie, l’Empire romain, notamment, ont abondamment eu recours aux esclaves africains pour le travail agricole et la construction des édifices publics et des routes, mais également pour la domesticité. Héritier du monde romain, l’empire byzantin a poursuivi cette pratique jusqu’au cœur du Moyen Age. Edifiés en grande partie sur le territoire de l’Empire byzantin, les empire arabes, à partir du VIIe siècle, ont continué ce transfert de populations africaines asservies jusqu’aux centres des nouveaux pouvoirs, vers Bagdad et Mossoul par exemple.

Le travail agricole était alors la principale activité assurée par ces esclaves, mais ils étaient également affectés aux tâches domestiques et aux harems. Les circuits d’approvisionnement de ces grands empires sont restés presque immuables durant plusieurs millénaires : par voie terrestre à travers le Sahara, le désert arabique, la haute vallée du Nil, puis à travers le Sinaï, l’Anatolie, les vallées du Tigre et de l’Euphrate, et encore par l’Asie centrale et les confins de l’Empire russe dès la fin du XVIIe siècle ; par voie maritime, par la mer rouge et le golfe persique à partir des côtes orientales de l’Afrique, voire de Madagascar pour la traite arabe.

Des chiffres
vivement
controversés

Cette pratique de très longue durée a survécu aux nombreux changements politiques et aux bouleversements religieux : du paganisme antique à l’islam, en passant par le christianisme tant grec que latin, l’esclavage des Africains s’est maintenu dans ces sociétés et a été alimenté par un commerce régulier en provenance d’Afrique orientale, de Zanzibar à l’Abyssinie, en passant par la région des Grands lacs. S’il est impossible de mesurer l’ampleur de la traite antique et byzantine, faute de sources fiables, des tentatives de chiffrage de la traite appelée musulmane (ou arabe) – terminologie qui ne fait pas l’unanimité – ont été effectuées. On estime qu’entre 7 et 12 millions de personnes ont été arrachées au continent du VIIe au XIXe siècle. Mais ces chiffres restent l’objet de vives controverses (lire « Conséquences sur l’Afrique »).

La traite intra-africaine, principalement fondée sur la mise en esclavage des prisonniers de guerre, a existé sur une période plus longue encore, dont il est extrêmement difficile de fixer la durée faute de sources. Sous des formes diverses, l’esclavage et le commerce des humains ont été des pratiques répandues dans la plupart des sociétés africaines bien avant l’arrivée des navigateurs européens et indépendamment des circuits des traites orientales. Des chiffres ont pu être avancés faisant de la traite intra-africaine – dont l’existence reste contestée par certains intellectuels africains – l’équivalent de la traite orientale, mais étalée sur une période beaucoup plus longue encore. Mais – différence essentielle –, alors que la traite orientale privait l’Afrique d’une partie de sa population, la traite intra-africaine maintenait intact le potentiel humain du continent.

Enfin, et là réside le cœur des controverses actuelles, la traite négrière coloniale européenne présente des caractéristiques radicalement nouvelles, à la fois qualitatives et quantitatives. A la différence des précédentes, elle fut massivement racialisée : seuls les Noirs d’Afrique en furent les victimes, au point de faire du mot « nègre » un synonyme d’esclave dans la langue française du XVIIIe siècle. Cette racialisation de l’esclavage a abouti au transfert d’une importante population africaine sur le continent américain et aux Antilles dont les descendants forment aujourd’hui une composante importante, voire majoritaire aux Antilles.

La traite coloniale, organisée par les Etats les plus structurés de l’Europe moderne, a fait l’objet d’une législation minutieuse (fiscalité, commerce, administration, sanitaire). Les archives publiques et privées abondent et ont permis aux historiens, depuis plus de trois décennies, d’analyser avec rigueur les mécanismes mis en œuvre par les armateurs, capitaines des navires, fournisseurs des marchandises destinées à l’achat des captifs sur les côtes d’Afrique, planteurs des colonies acheteurs de cette main-d’œuvre servile, administrateurs chargés de la gestion et de la défense des colonies... Il est admis que la traite européenne a prélevé en Afrique entre 12 et 13 millions d’êtres humains, toutes destinations confondues, dont environ un tiers de femmes. La mortalité au cours de la traversée a été très inégale selon les expéditions, mais le nombre de morts au cours des traversées – soigneusement consignés sur les registres de bord – s’est élevé à environ 15 % du total des captifs embarqués, soit entre 1,6 million et 2 millions de disparus en mer, faisant de l’Atlantique le « plus grand cimetière de l’histoire » ; auxquels il faut ajouter les victimes – presque aussi nombreuses – parmi les équipages. De l’ordre de 30 % au XVIe siècle, la mortalité des captifs est descendue à 12 % à la fin du XVIIIe siècle grâce à la diminution de la durée des traversées et à l’incontestable amélioration de l’hygiène et de l’alimentation des captifs, pour remonter à plus de 15 % au XIXe siècle pendant la période de la traite illégale.

Autre spécificité de la traite coloniale, sa durée fut beaucoup plus courte que la traite orientale et intra-africaine : elle s’est déployée de la fin du XVe siècle jusqu’aux années 1860. Le XVIIIe siècle représente à lui seul 60 % des expéditions, le XIXe siècle – période où la traite était pourtant devenue illégale – en assura près de 33 %, alors que les XVIe et XVIIe siècles assurèrent à peine 7 % du total. Mais l’intensité maximale de la traite européenne, qui lui donna toute sa spécificité historique, s’est en réalité concentrée sur une période beaucoup plus brève encore puisque 90 % des esclaves africains déportés vers les colonies européennes des Amériques et de l’océan Indien l’ont été entre 1740 et 1850, soit à peine plus d’un siècle. C’est bien ce caractère brutal, inscrit en un laps de temps très court, qui a profondément marqué les esprits et heurté les consciences de beaucoup de contemporains : entre 1780 et les années 1820, près de 100 000 Africains furent achetés chaque année, chiffre qu’aucune autre traite négrière n’a jamais atteint ni même approché.

La hiérarchie des puissances négrières est établie à partir des statistiques de la traite elle-même : le Portugal a effectué le transfert aux Amériques de plus de 4,6 millions d’esclaves. Ayant inauguré celle-ci dès le milieu du XVe siècle, il a assumé l’essentiel de la traite illégale au XIXe siècle. La Grande-Bretagne vient en deuxième position, avec plus de 2,6 millions de déportés, dont une partie furent vendus dans les colonies espagnoles, voire françaises malgré l’interdiction légale. L’Espagne, malgré l’immensité de son empire américain, n’arrive qu’en troisième place, surtout en raison de l’activité de Cuba au XIXe siècle, point de départ de bon nombre de navires de traite clandestine. Une grande partie des approvisionnements en esclaves des colonies espagnoles fut assurée par les Britanniques. La France occupait le quatrième rang, avec environ 1,2 million de déportés sur ses navires, dont près de 80 % furent destinés à Saint-Domingue (Haïti), premier producteur mondial de sucre à la fin du XVIIIe siècle.

La géographie de l’Europe négrière est bien connue : les grands ports négriers furent concentrés dans un triangle allant de Bordeaux à Liverpool et à la Hollande. Cette façade nord-ouest de l’Europe organisa plus de 95 % des expéditions négrières européennes. Par ordre d’importance, les grands ports négriers ont été Liverpool, avec 4 894 expéditions identifiées, suivi de Londres (2 704), Bristol (2 064), Nantes (1 714), Le Havre-Rouen (451), La Rochelle (448), Bordeaux (419), Saint-Malo (218)... Le cas du Portugal doit être signalé. Premier pays négrier, loin devant l’Angleterre et la France, ce pays eut une pratique différente : les circuits ne partaient pas systématiquement de Lisbonne, mais faisaient le commerce des esclaves entre le Brésil – de loin la principale destination des captifs – et les côtes de l’Angola, de la Guinée ou du Mozambique, à travers l’Atlantique sud.

Un aspect particulier du commerce négrier : le paiement des esclaves sur les côtes d’Afrique, auprès des royaumes côtiers qui s’étaient structurés autour de ce commerce lucratif, ne se faisait qu’exceptionnellement par des métaux précieux, et bien plus par des marchandises fabriquées : tissus, fers, vaisselle, armes blanches et à feu, alcools, bijoux... Ces marchandises dites de traite n’étaient pas – comme on l’a trop dit – de mauvaise qualité ou de piètre valeur : elles correspondaient à la demande des vendeurs qui n’auraient pas accepté longtemps d’être dupés par les Européens. En échange de captifs (le plus souvent à la suite de guerres ou de razzias), les rois africains qui contrôlaient la traite en amont obtenaient des instruments de prestige leur assurant un pouvoir souvent très étendu.

Les exigences
d’une clientèle
nombreuse

Néanmoins, et pour l’Europe l’essentiel était là, cet échange d’une force de travail destinée à ses colonies contre des productions elles-mêmes issues de l’activité manufacturières de ses villes et de ses campagnes était hautement profitable. Non seulement l’achat d’esclaves contribuait aux activités manufacturières les plus diverses et souvent éloignées des ports négriers eux-mêmes, mais ces esclaves vendus aux colonies étaient la main-d’œuvre indispensable à la production des denrées coloniales – sucre, café, cacao... – tant recherchées par une Europe en plein essor. Ces denrées coloniales, transformées sur le continent européen, étaient exportées loin des ports d’arrivée et rapportaient des profits importants : la France, alors grande exportatrice de sucre, équilibrait sa balance du commerce grâce à ses coloniesà esclaves.

De plus, et c’était alors capital, le « troc » d’esclaves contre des marchandises évitait toute sortie de métaux précieux d’Europe, à la différence du fameux commerce des comptoirs de l’Inde qui exportaient des tissus en Europe en les payant avec des pièces d’argent issues des mines du Pérou.

Sans entrer dans les controverses sur la rentabilité de la traite négrière – qui aurait généré des taux de profit de 8 à 10 % seulement –, on peut tout de même affirmer que c’est la totalité du circuit négrier qui doit être prise en compte : en amont, les activités développées par un flux continu d’armement de navires pour ce commerce, lourdement chargés de marchandises manufacturées, la construction navale, l’équipement et l’entretien des navires ; en aval, l’existence des colonies de la zone tropicale et leurs productions agricoles de très haute valeur aux yeux d’une clientèle de plus en plus nombreuses et exigeante.

Ces colonies furent non seulement sources d’immenses profits, tant pour les planteurs que pour les négociants des ports, mais elles étaient considérées comme les signes les plus visibles de la puissance des métropoles. Au XVIIIe siècle, les guerres franco-anglaises eurent toutes pour arrière-plan la rivalité pour la suprématie coloniale. Or, sans la main-d’œuvre acheminée par la traite négrière, ces colonies n’eurent été que terres vaines...

Ainsi, la traite négrière fut-elle au cœur de la richesse et de la puissance coloniales des grandes nations de l’Europe aux XVIIe et XVIIIe siècles principalement. Sa violence en fit la cible principale de la contestation naissante du système colonial. Le mouvement antiesclavagiste et abolitionniste, d’abord structuré aux Etats-Unis au moment de la déclaration d’indépendance, puis en Angleterre et en France à la fin des années 1780, mit la suppression de la traite au premier rang de ses objectifs politiques. La première étape devait être son interdiction par un accord entre les grands pays ; de là découlerait une transformation des conditions mêmes de l’esclavage, ouvrant la voie à la suppression progressive de la servitude sans heurts et sans effondrement économique.

Pour le mouvement abolitionniste international, l’esclavage n’était qu’une conséquence du crime initial que représentait la traite – le crime absolu. Sa disparition aurait un double effet bénéfique : d’une part, l’extinction programmée de l’esclavage, remplacé par le salariat ; d’autre part, la fin du dépeuplement de l’Afrique...

Ce schéma, idéalisé à l’extrême par les plus fervents antiesclavagistes – l’abbé Grégoire et Mirabeau en France, Thomas Clarkson et William Wilberforce en Angleterre –, ne s’est en fait jamais réalisé sous cette forme. En France, la première abolition de l’esclavage, le 4 février 1794, a été imposée par l’insurrection des Noirs de Saint-Domingue (Haïti) à une Convention qui ne souhaitait certainement pas aller aussi vite. Or la suppression de la traite n’avait pas précédé cette abolition révolutionnaire. En Angleterre, où le mouvement abolitionniste était très puissant, la traite fut abolie par une loi en 1807, tout comme aux Etats-Unis.

En 1815, au congrès de Vienne, les puissances s’accordèrent pour mettre la traite négrière hors la loi. Pourtant, nulle part on ne vit s’ensuivre le dépérissement de l’esclavage. Il est vrai qu’une traite illégale maintint longtemps en place les circuits d’approvisionnement des grandes plantations du Brésil, de Cuba et même des Etats-Unis. Partout l’abolition de cette exploitation fut la seule façon de mettre un terme à une pratique que la seule interruption de l’arrivée des captifs africains ne menaçait pas.

Ainsi, les traites négrières ont été une des sources les plus violentes d’approvisionnement en esclaves. Il ne faut cependant pas diluer ce qui fit la spécificité de la traite coloniale : d’abord sa racialisation initiale, puis son organisation administrative par des Etats puissants qui avaient proclamé l’interdiction de l’esclavage sur leur propre sol, tant en Angleterre qu’en France, enfin, l’ampleur même du prélèvement humain opéré au détriment de l’Afrique, littéralement vidée de ses forces vives.

Opération coup de poing à Durban

jeudi 1er octobre 2009, par Philippe Rivière

On n’avait plus vu cela depuis les années 1990. Largement manipulées par le pouvoir blanc de l’apartheid, les violences politiques qui accompagnèrent de 1987 à 1994 le cheminement de l’Afrique du Sud vers la démocratie avaient vite disparu une fois Nelson Mandela installé à la présidence. Depuis, les conflits sociaux se jouaient le plus souvent dans des manifestations pacifiques et devant les tribunaux. Mais, au Kwazulu-Natal, tout cela vient de déraper.

C’est dans le camp de squatteurs de Kennedy Road, à Clare Estate dans la banlieue de Durban (province du Kwazulu-Natal), que se situe le noyau dur d’Abahlali baseMjondolo (ABM), l’un de ces mouvements sociaux mobilisant les résidents des bidonvilles pour des conditions de vie plus dignes [1]. Le 26 septembre, ce camp de sept mille habitants fut attaqué par une milice armée de bâtons, de couteaux et d’armes à feu. Toute la nuit, destructions méthodiques et tabassages en règle se poursuivirent, sans que la police n’intervienne. Au nombre d’une quarantaine, ces nervis revinrent les nuits suivantes continuer leurs opérations. La police, cette fois présente sur les lieux, n’intervint pas. « Les M’pondos ont envahi Kennedy. Kennedy appartient aux Zulus ! », criaient les attaquants, d’après les témoignages des résidents diffusés par ABM. Les logements des membres du mouvement ont été particulièrement visés. L’opération s’est soldée par « quatre morts, de nombreux blessés et des milliers de personnes déplacées [2] ».

Des intellectuels sud-africains, au nombre desquels l’ancien rapporteur des Nations Unies pour la Palestine John Dugard, ont signé une déclaration commune dans laquelle ils indiquent : « Il semble, malheureusement, que les efforts pacifiques d’Abahlali baseMjondolo pour organiser et mobiliser les communautés en faveur du changement et pour résister aux expulsions du camp de Kennedy Road menacent d’importants intérêts fonciers et politiques locaux. C’est vraisemblalement pour cette raison qu’ils se trouvent confrontés à une répression violente qui rappelle la période de l’apartheid. Nous sommes particulièrement choqués par les imputations de complicité de la police dans ces attaques [3]. »

Des cadres locaux du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) sont ensuite venus prendre le contrôle du camp, et ont commencé à vérifier les cartes d’appartenance au parti, imputant la responsabilité des attaques aux membres d’ABM. Plusieurs des dirigeants de ce mouvement sont en fuite ; leur président, M. S’bu Zikode, a fait une déclaration vidéo dans laquelle il se déclare « exilé dans son propre pays [4] ».

A la veille de la Coupe du monde de football, la grande affaire de l’année 2010 qui devrait déverser sur l’Afrique du Sud les mannes du tourisme et les projecteurs des médias, il est probable que certains politiciens pressés cherchent à mettre au pas les pauvres des camps de squatteurs, qui entendent pour leur part profiter de l’événement comme d’une tribune pour leurs revendications.

Si l’on ne peut imaginer que cette attaque ait été décidée au plus haut niveau, l’épisode montre de façon alarmante le retour en politique de la « carte raciale », sur laquelle M. Jacob Zuma a appuyé son accession à la direction de l’ANC et à la présidence du pays, en endossant lors de la campagne, qui l’a opposé à M. Thabo Mbeki, les habits traditionnels de chef zulu.

L’instrumentalisation politique de tensions présentées comme « ethniques » (Zulus contre Xhosas, nationaux contre immigrés, etc.) reste le talon d’Achille d’une « nation arc-en-ciel » extrêmement inégalitaire et qui ne réussit pas à intégrer les plus pauvres de ses citoyens.

L'Essonne inaugure la délation par email

par Olivier Chicheportiche

Anonymat garanti, promet la police nationale du département... La fin justifie-t-elle les moyens ?

Sous pression, la police nationale doit améliorer au plus vite ses résultats afin de faire baisser les chiffres de la délinquance. L'objectif a été clairement affiché au plus haut niveau de l'Etat, Nicolas Sarkozy regrettant presque de ne plus être ministre de l'Intérieur...

Alors comment faire à moyens équivalents ? La police nationale du département de l'Essonne s'est creusé la tête et pense avoir trouvé la solution. Certaines villes surveillent leurs habitants à l'aide de caméras de surveillance, dans l'Essonne on appelle à la délation grâce à Internet.

Un site dédié vient d'être lancé. "Aidez la police nationale dans son action au service des citoyens. Vous pouvez transmettre vos renseignements (témoignage, photos, vidéos) à l'adresse suivante...". "Confidentialité garantie" assure le communiqué placardé dans des mairies et commissariats du département.

"Police d'une autre époque"

Appel à témoignage ou à civisme pour les uns, cette initiative ressemble plus à une incitation à la délation pour les autres, qui y voient le retour des pratiques nauséabondes d'une certaine police de l'Etat français pendant l'Occupation.

Car ce genre d'appel attire impitoyablement tous les frustrés, les jaloux, les faux témoignages et les calomnies. Mais pour la police départementale, appeler à la délation par email, "c'est vivre avec son temps" (sic).

"Pourquoi la police ne pourrait pas recevoir des informations par mail alors que tout le monde en reçoit (...) Est-ce qu'on aurait dit qu'il ne faut pas que la police utilise le téléphone parce qu'il va y avoir de la délation ?" ose affirmer Jean-Claude Borel-Garin, directeur départemental de la sécurité publique dans l'Essonne. "Il s'agit d'être plus réactifs, ce n'est pas de la délation".

Même les syndicats de police rejettent cette pratique. "C'est une police d'une autre époque et je ne vois pas comment nos collègues pourront faire et trier les bonnes ou mauvaises informations ainsi recueillies", a déclaré à l'AFP Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance police nationale.

Du côté des politiques, les avis divergent. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), maire de Yerres et connu pour ses positions conservatrices estime que"c'est une bonne initiative si c'est bien encadré". Cadre qui justement n'a pas été précisé par la police départemental...

Gérald Hérault, maire (PS) de Montgeron, craint de son côté "des effets pervers". Evoquant la loi du silence qui régnerait dans certains quartiers, Georges Tron, le député-maire (UMP) de Draveil, estime, lui, qu'il est "normal que les gens puissent témoigner sans représailles".

Les corbeaux n'ont pas fini de faire parler d'eux...

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