31 mars 2011

ARTE Reportage - Japon , Russie , Libye

http://videos.arte.tv
(France, 2011, 42mn)
ARTE


Le Japon malade du nucléaire
Depuis quelques jours, dans un Japon à nouveau meurtri, les survivants d'Hiroshima, font entendre leur voix.
Les "Hibakushas" étaient quasiment les seuls anti-nucléaires du pays, mais aujourd'hui, leur parole entre en résonance avec les inquiétudes des Japonais dans leur ensemble.
Ce reportage, à la rencontre d'un Japon de plus en plus inquiet, débute au centre de traitement contre les radiations de cette ville, qui va recevoir les irradiés de Fukushima... Il se poursuit, à Kaminoseki, où la population se mobilise fortement contre un projet de centrale nucléaire, puis à Kobe, ville martyre du tremblement de terre de 95 et à Hamaoka, où se trouve une centrale nucléaire touchée par le dernier séisme et ses répliques, mais loin d’être détruite comme Fukushima. Cette centrale est la plus controversée du Japon : elle a été construite selon les spécialistes sur l'épicentre du futur « big one »…
Ce périple s'achève au plus près de Fukushima, toujours très instable. L’équipe d’ARTE Reportage tente de comprendre les questions que se posent aujourd'hui les Japonais en matière d'avenir nucléaire. Des Japonais qui, jusqu'à présent, entre pragmatisme et discipline, en avaient accepté la nécessité.

Russie : Ozersk, ville secrète nucléaire
Vingt ans après la dissolution de l'URSS, deux millions de Russes vivent encore au secret, comme à l'époque soviétique, dans 42 villes closes dites "ZATO". Des villes liées à l'industrie militaire ou à la production d'énergie nucléaire.
Reliquat de l'époque soviétique, les habitants, soumis à des règlements particuliers pour tous leurs déplacements, se voient pourtant comme des privilégiés, protégés du monde par de hautes grilles. Mais d'autres se battent contre un système qui maintient le secret autour d'installations nucléaires déficientes, au mépris des populations locales, et de l'environnement.
Ozersk et son complexe Makak forment un bel exemple. La région de Mayak, qui produisait tout le plutonium de la guerre froide, est aujourd'hui une poubelle nucléaire. Protégée par son statut de ZATO.
Le secret est tel qu'il a permis d'occulter, pendant près de 30 ans, le premier accident nucléaire au monde : l'explosion en 1957 d'une cuve de déchets, suite à une panne du circuit de refroidissement. Le nuage radioactif avait alors affecté près de 300 000 personnes, sur 23 000 km²… 22 villages avaient été évacués.
50 ans plus tard, les victimes et les "liquidateurs", obligés à nettoyer la région, attendent toujours de l'aide. D'autres sont irradiés jour après jour par les émanations des usines de retraitement d'uranium de Mayak. Et la population est sans défense.
Nadiejda y a fondé Planète Espoirs, pour défendre les droits à la liberté et à un environnement décent pour les gens de la région. Et elle défend les victimes des restrictions à la circulation comme celles de la radioactivité.

Temps de Pose : Libye : des sandales et des canons
Philip Poupin est né dans l’Ouest de la France en 1982. Il apprend la photographie en autodidacte. Lorsqu’il propose en 2004 à l’Institut de Géopolitique de réaliser un mémoire de maîtrise sur la guerre du Darfour en cours, on le croit fou. Cependant quelques mois plus tard, il revient avec son enquête et son premier reportage photographique sur les jeunes guerriers du Darfour. Reportage qui lui vaudra de recevoir le Grand Prix Paris Match du photoreportage étudiant. En 2005, il part pour la Cisjordanie et Gaza, réalise un photoreportage sur les «Mahadjirines» au Tchad pour le Figaro Magazine, un autre sur l’esclavage au Niger pour Paris Match et un documentaire TV « Darfour, l’enfer oublié » pour ARTE. En 2006, après avoir suivi en France le mouvement anti-CPE, il part pour la Cisjordanie puis l’Afghanistan où il travaille pour le New York Times et le magazine américain US News and World Report. L’année suivante, il franchit l’Atlantique voir ce qui constitue la réalité de l’Amazonie, son trafic de bois illégal et ses mines d’or. Perrine Poupin – février 2008
Distribué par l'agence de presse photographique Cosmos, Philip Poupin vit actuellement à Kaboul où il collabore avec l'ensemble des titres de la presse française et étrangère.

30 mars 2011

Un peuple sur mesure

par Alain Garrigou
pour http://blog.mondediplo.net

C’est parti pour 2012. Les sondages fleurissent tout au long d’une campagne permanente. Une répétition un peu lassante. Elle ne sert pas la démocratie. Bien sûr, cette expression n’est pas plus directe que les corps intermédiaires que George Gallup voulait reléguer. Les sondages posent les questions que posent ceux qui les paient. Ils finissent par étouffer tout débat d’idées et de projets tant ils font de la politique une lutte de personnes. C’est une course de chevaux, une pauvre opposition de candidats ramenés à leurs egos, leurs sourires, leurs vies privées. A coup sûr, ils ont des programmes, ils ont peut-être même des convictions qui vont au-delà de leur personne. Le feuilleton les efface. Il est un moment où l’apparence élimine la substance.

Aucun fondateur de la démocratie ne renierait l’idéal d’un peuple de citoyens autonomes faisant un choix de destin et non un choix de personnes auxquelles remettre son destin. Les plus prudents y mettaient sans doute des conditions d’aptitude. Les plus enthousiastes rêvèrent même d’un mandat impératif impossible à réaliser. Les sondages tirent massivement la politique vers le contraire, la remise de soi à l’autorité, la confiance aveugle à des chefs. Ce n’est pas le moindre paradoxe que l’instrument de l’expression directe des fondateurs des sondages contribue à ce point à restaurer une autocratie plébiscitaire. Associés à des institutions comme l’élection du prince, ils contribuent à ramener les citoyens à un statut de mineur. Car, est-ce autre chose que de demander si on est favorable ou défavorable, quel avenir on voit, si on a plutôt confiance ou plutôt pas confiance en un tel ou une telle ? Et de demander si l’élection avait lieu demain pour quelle personne on voterait, en sachant que l’élection n’a pas lieu demain et qu’on ne connaît même pas le nom des candidats entre lesquels on aura à choisir…

Au moins peut-on espérer ramener les sondeurs à un usage plus respectueux des gens et de la démocratie. Il serait si heureux que la profession s’impose une discipline. Vain espoir si on se fie aux résultats de l’action des instances professionnelles européenne (Esomar) ou française (Syntec). Elles ont été incapables de lutter efficacement contre les dérives, c’est-à-dire contre la logique du profit qui est celle de toute entreprise économique. Alors, il faut se tourner vers les règlementations publiques, même si la première loi a fait la démonstration de son échec. Il faut surtout se tourner du côté de citoyens critiques. Or, si le sondo-scepticisme est largement répandu, il est souvent mal fondé, par exemple lorsqu’on approuve les « bons » sondages et réprouve les « mauvais » selon qu’ils font plaisir ou dérangent. Le travail d’éducation scientifique est nécessaire à la citoyenneté.

On ne prétendra pas convaincre les réticents qui affirmeront encore que « les autres » l’ont fait avant, qu’ils ont fait pire, voire qu’il en a toujours été ainsi. Nul n’est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir. Combien sont-ils qui préfèrent être dupes que renoncer à leur opinion ? Les arrière-pensées sont transparentes et les dénégations pauvres. Il faut faire droit cependant à une objection. Ce n’est pas celle du « rien de nouveau sous le soleil », puisque justement, la rationalisation du travail politique, avec ses méthodes et ses dépenses de plus en plus importantes, montre suffisamment que les choses changent. Par contre, les objectifs auxquelles prétendent répondre les méthodes rationalisées du marketing politique viennent de loin. Alexis de Tocqueville l’avait formulé avec subtilité à propos de l’instauration du suffrage universel discernant « un effort immense pour apprivoiser le nouveau maître ». Il s’agissait alors de former les citoyens à la discipline électorale. Il n’était pas évident d’abandonner les pulsions de la révolte et de modérer les passions. Nous en sommes les produits. Cela ne suffisait pas. Comment encore et toujours obtenir le consentement ? Il est devenu difficile de répudier le maître par la contrainte. Il restait la persuasion. Apprivoiser l’ancien maître, tel est le programme que se sont données les spécialistes de la propagande, dont l’efficacité dépend d’abord de la dénégation de cette propagande, c’est-à-dire des procédés grossiers et parfois subtils utilisés à satiété par les dictatures.

On comprend que le développement de la réflexion en marketing ait donné à ses stratèges la certitude de détenir la formule. Croyance nécessaire sans doute pour convaincre des clients et vendre ; confiance confortée par de nouveaux instruments. La mesure, telle est la clef de la domestication des dominés selon cette autre expression paradoxale de Max Weber qui subsume le paradoxe démocratique : un maître dominé par des dirigeants qui n’ont d’autre légitimité que de le servir. Il existe une certaine continuité entre l’opération électorale, qui consistait à compter les voix pour instituer le nombre en souverain, et les opérations de marketing, qui insinuent le nombre dans toutes choses, avec la segmentation de la population en catégories, cibles, clientèles, pour mieux s’adresser à chacune. Jusqu’au discours intime et faussement personnalisé du storytelling, démentant l’opération d’objectivation par laquelle il a été construit, pour mieux saisir les attentes, pour exhiber ensuite le consentement massif auquel il serait difficile et quelque peu impudent de résister.

Autant la disciplinarisation des électeurs peut passer pour une condition nécessaire d’une lutte politique pacifiée, autant la formule est un danger pour la démocratie. Elle suppose de réintroduire le mécanisme censitaire au cœur de la compétition, non sous sa forme légale de limitation du droit de vote aux riches, mais comme capacité à ériger l’argent en arbitre de la performance. Cela n’est pas encore réalisé, objectera-t-on avec raison, même dans les pays où la ploutocratie électorale est la plus avancée comme aux Etats-Unis. Il ne suffit pas (encore ?) de dépenser des fortunes en publicité électorale pour l’emporter. Il faut aussi des méthodes plus subtiles, comme ne manqueraient pas de le faire remarquer les spin doctors. En oubliant presque qu’ils se font payer aussi et contribuent à la montée du rôle de l’argent.

Les méthodes rationalisées du marketing politique représentent un autre danger qui est celui de l’objectivation. Le paradigme de la mesure consiste en effet à objectiver le peuple dans ses catégories, strates, segments utiles, c’est-à-dire utiles pour le contrôler. En somme, un peuple sans cesse mesuré devient un peuple sur mesure. Cela transforme la perception même du peuple. L’objectivation va de pair avec le cynisme. Il faut entendre les spin doctors parler des citoyens : forcément, les manipulateurs méprisent les manipulés.

La formule a une fragilité objective car elle ne procède pas d’une connaissance bien sophistiquée même si elle se réclame de la science. Ce sont plutôt des recettes approximatives qu’il faut magnifier pour mieux les vendre et que l’on vend faute d’autre chose. Si les professionnels disposaient de meilleurs outils pour domestiquer le peuple, ils les utiliseraient. La distanciation des représentants par rapport aux représentés, associée à la professionnalisation politique, accentue au contraire le besoin des méthodes rationalisées de gagner les soutiens. Moins les politiciens ont de contacts directs et concrets avec les citoyens et plus il leur faut recourir aux sondages, plus il leur faut recourir à la publicité et plus il leur faut rationaliser leur relation aux représentés.

Une autre fragilité est une condition essentielle de la domination : son opacité. Jamais une domination n’est plus efficace que lorsqu’elle est démentie comme domination et se pare de la volonté divine, de la nature et aujourd’hui de la dénégation même de la séparation entre les dirigeants et le peuple. Il suffit de déceler les mécanismes de la domination pour qu’elle perde de son efficacité. C’est sans doute la spécificité et la valeur de la démocratie que de permettre ces opérations de désacralisation, mais c’est aussi le propre de toute démocratie que de les menacer au nom de la liberté, un nom pour désigner le débat, mais aussi le droit de réintroduire la puissance de l’argent dans les débats et les limiter – sinon les interdire. On comprend mieux pourquoi les sujets sensibles et ceux qui s’y risquent soient en butte aux menaces. Ils dévoilent et sont donc dangereux. Il faut au moins les contenir. Par la guerre des idées, assurent leurs adversaires pour faire croire à un combat loyal, mais surtout par tous les moyens dont ils disposent exclusivement, l’argent et l’Etat. Les enjeux sont trop importants pour qu’on s’en prive. Au moins, les critiques scientifiques savent-ils ce qu’ils risquent et ne doivent pas s’en plaindre, sauf à paraître naïfs. Au moins sont-ils un peu rassurés de savoir qu’ils servent à quelque chose.

Nuage Mortel (Documentaire)

http://videos.arte.tv
(Royaume Uni , 2006, 48mn)
ARTE F


Le 8 juin 1783, le volcan Laki entre en éruption. Son nuage mortel anéantit plus d'un quart de la population islandaise et les trois quarts de son bétail, avant de dériver à travers l'Atlantique Nord vers l'Europe continentale, semant sur son passage souffrance et dévastation. Les huit mois d'émission de gaz sulfurique provoquent l'une des plus importantes perturbations climatiques et sociales du dernier millénaire.
Poussé par les vents, le nuage toxique atteint la Norvège, l'Allemagne, la France et l'Angleterre. Plusieurs années de suite, des hivers longs et rigoureux ruinent les récoltes. L'Islande est ravagée par la famine la plus grave de son histoire. Ailleurs, la faim et le froid font aussi monter la mortalité en flèche. L'éruption du Laki pourrait même avoir hâté la Révolution française et causé des disettes jusqu'en Chine et au Japon !
Des études géologique, climatologique et médicale menées pour ce documentaire permettent d'avoir une vision très précise de cette catastrophe mondiale inégalée. Des témoignages sous forme de coupures de presse, lettres et journaux intimes, ainsi que des scènes reconstituées retracent le quotidien bouleversé des populations. Et des images de synthèse permettent de comprendre la nature du phénomène et la manière dont il s'est manifesté. Le tableau précis d'une "année de cendres" et de ses conséquences, éclairé par les explications des chercheurs.

Sous les ordures, la Chine (Documentaire)

http://videos.arte.tv
(Allemagne, 2010, 27mn)
ZDF


En octobre 2010, la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui avait lieu à Tianjin, dans l'est de la Chine, a permis au gouvernement de la République populaire d'affirmer au monde entier sa bonne volonté en matière de défense de l'environnement. Il n'empêche que ses priorités sont claires : développer l'économie et le niveau de vie de la population. Et que malgré les projets de doublement des énergies vertes d'ici à 2020, le photovoltaïque en particulier, la Chine reste le producteur n° 1 de gaz à effet de serre. Pour un village-modèle qui pratique le développement durable dans la province du Zhejiang, combien d'industries polluantes et d'exploitations agricoles utilisant abusivement les engrais et pesticides ? Le reportage de Diana Zimmermann montre que les Chinois désireux d'agir contre le désastre écologique déjà en marche risquent davantage la prison que les honneurs de la presse.

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28 mars 2011

Le régime d’opinion

Par Alain Garrigou
pour http://blog.mondediplo.net

« Démocratie d’opinion », entend-on répéter dans les médias ou les dîners en ville. Sorte de sésame des Bouvard et Pécuchet d’aujourd’hui. On n’est pas sûr de bien saisir s’il s’agit d’un pas en avant de la démocratie ou si cela en désigne une forme abâtardie. C’est probablement ce qui fait la valeur du propos. On ne fâche personne, ni les optimistes ni les pessimistes : on a dit l’inverse, mais entre gens de bonne compagnie, l’important est de montrer qu’on est en bonne compagnie. L’ascension vers les hauteurs de la théorie fait l’affaire. Après tout, on se saurait être trop exigeant sur la qualité des propos tenus entre le fromage et la poire. Qui n’a jamais fauté ? Cela est plus ennuyeux quand ce sont des commentateurs à prétention scientifique qui lancent sur les plateaux et sur le papier les idées reçues. Que veulent-ils dire alors ? Pour le savoir, car on chercherait vainement une définition de l’expression, il faut remarquer qu’ils en parlent à propos des sondages ou d’Internet. En somme, ils ne font que recycler la vieille idée de George Gallup de sondages qui court-circuiteraient les corps intermédiaires et institueraient les mécanismes de la démocratie directe. Internet est venu à point pour réactiver les passions tristes des petits prophètes médiatiques.

Démocratie d’opinion, donc. Il faut refuser l’évidence pour assurer en effet que l’opinion publique bénéficie aujourd’hui d’une ubiquité nouvelle. Ce n’est pas simplement un fétiche qu’on invoquait quand on prétendait avoir une certaine lucidité sur le monde, à l’exemple des salons du XVIIIe siècle, mais des informations chiffrées, celles des sondages, sans cesse invoqués pour justifier les prises de position politique. Il faudrait être un esprit chagrin pour s’en plaindre.

L’opinion peut-être… La démocratie non. Ce n’est pas une humeur en effet que d’observer que cette omniprésence de l’opinion ne favorise pas forcément la démocratie et même qu’elle la pervertit. Quelle est cette opinion qu’on nous inflige à longueur de sondages ? Plutôt que de la formuler en termes abstraits selon les récurrents débats de philosophie médiatique de comptoir, observons la chose et non l’idée. En somme, comment les sondages objectivent-ils l’opinion ?

A partir de ce qu’il appelait un « rebut » des sondages, les non-réponses, Pierre Bourdieu avait élaboré des analyses classiques de la compétence politique statutaire, constatant d’abord que la probabilité de réponse était inégalement distribuée selon le genre (les hommes plus que les femmes) et la catégorie sociale (les classes élevées plus que les classes populaires). L’opinion n’était donc pas une propriété personnelle, naturelle et universelle, mais une capacité socialement distribuée. Les haussements d’épaule moquant aujourd’hui cette évidence font sourire, car voilà trente ans, les mêmes hurlaient d’indignation devant le « sociologisme ». Il s’agit ici de remarquer qu’un sociologue aurait bien du mal à réfléchir sur de telles données. Les sondages n’en donnent plus. Quels étaient les pourcentages sur lesquels travaillait Pierre Bourdieu ? Dans un sondage Sofres sur les relations de la France, de l’Algérie et du tiers-monde de 1971, pas moins de 16 %, autant de femmes que d’hommes, ne répondent pas à une question sur l’effort de la France pour loger les travailleurs étrangers. A une autre question sur les relations avec les pays sous-développés, la proposition selon laquelle la France devrait s’intéresser aux pays qui ont un régime démocratique « obtient », si l’on peut dire, 26 % de non-réponse chez les hommes mais 41 % chez les femmes (La Distinction, p. 471). Dans les sondages d’aujourd’hui, les NR sont réduites à des chiffres négligeables. Elles le sont d’ailleurs si bien que des sondages oublient de les signaler.

Les Français auraient-ils gagné en compétence ou en confiance pour répondre à toutes les questions ? Il suffit de se pencher sur le dispositif de production des chiffres pour savoir que les sondages n’enregistrent pas passivement les chiffres comme une photo instantanée, selon un autre cliché, faux mais répété en dépit de toutes les démonstrations.

La surévaluation de la généralité de l’opinion est d’abord le produit de la relation d’enquête. Comment sont interrogés les sondés ? La plupart des sondages sont effectués par téléphone, et de plus en plus en ligne, à la suite de la difficulté croissante à trouver des sondés. Trouver des gens qui acceptent conduit forcément à surévaluer la capacité ou la disposition à dire son opinion. Pour accepter de répondre à un enquêteur, plus souvent une enquêtrice, il faut supposer avoir quelque chose à dire. Le sondé n’aurait-il rien à dire, il s’est placé lui-même dans la situation d’obligation de répondre, de ce qu’on pourrait appeler le devoir d’opinion – assez proche d’une relation pédagogique, sauf qu’il met en œuvre un risque de honte ou de perdre la face faute d’avoir réponse à tout.

Si le sondé avoue ne pas avoir d’opinion, les consignes de l’enquêteur lui intiment de pousser à la réponse en répétant, en encourageant son interlocuteur. Autre mécanisme d’incitation à forcer les réponses, cette condition pour être rémunéré de ne pas recourir plus de trois fois à la non-réponse. Une sorte de joker que les enquêteurs essaient de repousser à la fin des questionnaires pour ne pas échouer. Si un sondé déclare ne pas avoir d’opinion sur le sujet, l’enquêteur prétend alors ne pas avoir cette case sur son écran d’ordinateur.
A l’opposé de cet alibi technique, la relation d’enquête entre un travailleur précaire et un enquêté bienveillant conduit à jouer de ressorts affectifs. L’enquêteur joue souvent du sentiment pour obtenir une réponse, allant jusqu’à supplier en évoquant explicitement le fait d’être payé ou pas selon la bonne volonté du sondé : petit chantage affectif de l’enquête. Les sondés sont généralement compatissants, une fois la relation établie. Enfin, il faut bien évoquer la pratique banale du bidonnage, puisque c’est le seul moyen, pour des travailleurs précaires sous-payés, de gagner modestement leur vie. On est bien loin de la légende d’enquêteurs heureux de contacter des sondés qui leur disent tout leur bonheur d’être enfin interrogés. Un propos de sondeurs qui avait d’autant moins de chances d’être démenti que l’on n’invitait guère dans les médias les critiques et les enquêteurs. Les premiers étaient accusés de mentir quand ils évoquaient une hausse des refus de répondre aux enquêtes d’opinion, et les seconds n’avaient pas travaillé dans une bonne entreprise, comme l’était forcément celle du sondeur invité à s’exprimer.

Quant à l’enquête en ligne, il suffit de dire que le questionnaire est auto-administré, selon le terme consacré. L’internaute volontaire se doute qu’il n’a aucune chance d’obtenir les gratifications promises s’il multiplie les non-réponses… Comment pourrait-il ne pas comprendre qu’on le sollicite pour qu’il donne des opinions ? On sait qu’il se comporte d’ailleurs largement en stratège pour maximiser ses chances de gagner. Et il n’y a effectivement pas, ou très peu de non-réponses dans ces questionnaires en ligne. Le résultat manifestement erroné sur tous les sujets, mais dont l’erreur apparaît manifestement sur des questions électorales : il n’y a pas d’abstentions.

Il est juste d’affirmer que les sondages fabriquent de plus en plus l’opinion. Depuis l’article de Pierre Bourdieu « L’opinion publique n’existe pas », on savait que les sondages agrégeaient des opinions inégalement constituées allant de l’opinion mobilisée jusqu’au simple artefact. Les prudences d’antan on été oubliées. Aujourd’hui, il s’agit seulement de donner des chiffres. Peu importe leur valeur. On ne peut assimiler la prolifération de mesures aussi falsifiées avec une « démocratie d’opinion » sans une immense crédulité. On ne s’intéresse que depuis peu à la réalité du travail d’enquête [1]. Il faut vouloir croire pour ne pas perdre sa foi dans les sondages. En même temps, on comprend mieux l’effort des sondeurs pour contrôler les médias. Dans cette lutte, politique s’il en est, il s’agit d’empêcher les critiques de s’exprimer, de les déconsidérer, de les encadrer, de les circonvenir.

Il faut un présupposé d’universalité de l’opinion : tout le monde en aurait une sur tous les sujets. Tant pis si c’est manifestement faux. C’est un dogme auquel il est difficile de s’attaquer, sauf à être taxé d’hostilité à la démocratie, de même que discuter les dogmes religieux dans un temps passé exposait aux bûchers de l’Inquisition. On risque aujourd’hui beaucoup moins. Le dogme de l’universalité conduit aux interrogations les plus surprenantes pour peu que l’on rompe avec l’évidence de la banalité. Ainsi, en pleine affaire du Mediator, ce médicament du laboratoire Servier accusé d’avoir tué plusieurs centaines de personnes, on interrogeait des sondés sur les responsabilités quelques jours avant que l’IGAS rende son rapport. On objectera qu’il ne s’agissait pas de substituer un rapport d’opinion à une enquête d’experts : il n’empêche. En voulant évaluer le sentiment public, pour vendre du papier, pour les conseils en communication politique, on fait comme si les registres vulgaires et experts étaient homologues. D’ailleurs, des sondages peuvent se permettre de soumettre le jugement des experts à la non-expertise des sondés. On peut continuer à interroger sur le Mediator des gens qui n’ont pas lu le rapport de l’IGAS, comme on peut interroger sur le réchauffement climatique des sondés qui ne savent pas ce qu’est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Il ne s’agit pas d’opposer un principe de compétence scientifique à un principe démocratique, mais de marquer combien le principe d’opinion s’immisce dans des sujets qui relèvent d’autres registres. Les scandales offrent un autre exemple de la confusion. Dans l’affaire Woerth-Bettencourt, les sondeurs ont demandé à leurs échantillons représentatifs si le ministre Eric Woerth devait démissionner ; question reproduite pour les vacances en Tunisie de Michèle Alliot-Marie. On pourrait penser que c’est une affaire de droit et de responsabilité politique. En faire une affaire d’opinion est sans doute intéressant pour les politiques et les commentateurs, mais tend à objectiver un droit d’opinion équivalent à tout autre autorité.


On ne s’étonnera pas alors de l’invocation généralisée de l’opinion dans les commentaires journalistiques. Le point de vue se fonde alors sur la souveraineté de l’opinion collective. Chacun peut en tirer une conséquence pour soi, avec la souveraineté de l’opinion personnelle qui se déploie à longueur de forums Internet où tant de réactions ne s’encombrent ni de justification ni de démonstration : c’est ainsi parce que je le pense. Dans d’autres arènes, même savantes, des interventions commencent facilement par des formules qui indiquent moins la prudence que la légitimité du jugement. « Moi, je crois », « moi, je pense », amorcent les points de vue les plus catégoriques. Ils n’ont pas besoin de se fonder en raison. Le régime d’opinion est une expression non pas démocratique mais plutôt narcissique, qu’un slogan publicitaire avait décliné par cette formule : « Parce que je le vaux bien ». Ce régime est une nouvelle forme d’obscurantisme, puisqu’il suffit de croire pour s’opposer à toutes les démarches de la raison.

Notes

[1] Il faut signaler l’excellent livre de Rémy Caveng, Un laboratoire du « salariat libéral ». Les instituts de sondage, Editions du Croquant, Bellecombe-en-Bauges, 2011, 262 pages.

Sécurité nucléaire, les risques de la dérégulation

Par Gilles Balbastre
pour http://www.monde-diplomatique.fr

Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que la catastrophe de Fukushima, au Japon, déclenche en France un débat sur la pertinence et l’avenir de l’atome. Faut-il ou non sortir du nucléaire, faut-il ou non un référendum sur la question, faut-il ou non développer les énergies renouvelables ? Qu’importe à la presse l’importance du débat : l’émotion suffit à légitimer son inscription en tête des priorités politiques. Subordonner la vie démocratique au rythme des catastrophes et des faits divers est un procédé à double tranchant. Il peut conduire à une délibération informée sur l’avenir énergétique d’un pays, mais aussi au vote d’une loi sécuritaire. Par exemple, un « débat » sur la récidive lancé à l’été 2007 après l’enlèvement d’un garçonnet à Roubaix par un pédophile préluda à l’adoption d’une législation liberticide.
Au nombre des arguments sur l’avenir du nucléaire avancés par la plupart des protagonistes de cette controverse – politiques, éditorialistes, experts –, un a manqué à l’appel : la dérégulation du marché de l’électricité, entreprise en France et en Europe depuis une vingtaine d’années. Le processus débute en juin 1996 avec la directive européenne ouvrant le marché de l’électricité à la concurrence pour les professionnels. Il se poursuit par la loi du 10 février 2000, votée par le Parlement à majorité socialiste, qui transpose la directive de 1996, puis par la loi d’août 2004 qui privatise partiellement Electricité de France (EDF). Enfin, la loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité (NOME) de novembre 2010 oblige EDF à céder à ses concurrents une partie de sa production. Entre-temps, une deuxième directive européenne, lancée lors du Conseil européen de Barcelone de mars 2002 et approuvée par le premier ministre et le président de la République française de l’époque, MM. Lionel Jospin et Jacques Chirac, ouvre à la concurrence la fourniture d’électricité au consommateur.
Les conséquences de la disparition du monopole de service public d’EDF sont loin d’être négligeables tant pour les usagers – hausse incessante des prix (1), dégradation du service – que pour les salariés et, finalement, pour la sûreté des centrales nucléaires. Etablissement public transformé en société anonyme en 2004 et coté en Bourse, ce « service public » doit désormais rémunérer ses actionnaires (2). De ce débat-là, peu ont entendu parler. Premier producteur mondial privé d’électricité, le propriétaire de la centrale de Fukushima, Tokyo Power Electric Company (Tepco), a falsifié des rapports d’inspection de réacteurs nucléaires durant plusieurs décennies pour couvrir près de deux cents incidents dans les centrales de Fukushima et de Kashiwazaki-Kariwa.
Les circonstances particulières de l’accident survenu au Japon – un tremblement de terre suivi d’un tsunami – focalisent l’attention sur la fiabilité technologique de la production nucléaire. Or la sûreté de cette industrie ne dépend pas uniquement, comme l’avancent souvent ses opposants, d’une technique plus ou moins efficiente. Elle repose aussi sur la qualité de la tâche effectuée par les salariés qui y travaillent. Ainsi, pour M. Michel Lallier, représentant de la Confédération générale du travail (CGT) au Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité du nucléaire et ancien secrétaire du Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la centrale de Chinon, la sûreté de la production de l’électricité issue du nucléaire repose sur trois piliers : technologique, social, humain. « Comme pour un tabouret à trois pieds : si vous mettez à mal un de ses pieds, le tabouret ne tient plus vraiment, et les deux autres peuvent céder. C’est ce qui arrive aujourd’hui dans les centrales nucléaires. La sûreté nucléaire a reposé durant des décennies sur un cadre social bien défini pour un personnel qualifié, par la vigilance et le travail de ce personnel et par la cohérence humaine de ce collectif de travail. Or la dérégulation du marché de l’électricité, puis la privatisation partielle d’EDF avec sa course aux économies mettent à mal depuis les années 1990 tout cet édifice. Et, au final, le dernier pied technologique ne peut qu’être menacé à son tour. »
Depuis la loi de juin 2006 sur la transparence et la sûreté nucléaire, chacune des dix-neuf centrales françaises doit dresser un rapport annuel sur les incidents et accidents en matière de sûreté nucléaire, de radioprotection, de rejet dans l’environnement. Le texte rédigé par la direction est suivi d’un « avis » du Comité d’hygiène, de sécurité et de conditions de travail (CHSCT) dont nous publions ci-dessous des extraits avec, à chaque fois, un lien vers le document PDF sur le site de l’opérateur (3). Ces signaux d’alarme, envoyés par les salariés dans une indifférence médiatique d’autant plus inexplicable que ces rapports sont publics, éclairent l’attaque menée par la direction d’EDF contre les deux piliers sociaux et humains qui soutiennent l’édifice nucléaire français. Ils renseignent par conséquent sur la menace qui pèse sur le troisième.

La pratique du métier mise à mal

« Quelle efficacité humaine avec des horaires de travail dépassant de façon quasi quotidienne les 12 heures par jour ? » (Chinon, 2008)
« La recherche perpétuelle d’arrêts de tranche [arrêt d’un réacteur pour rechargement et maintenance] de plus en plus courts qui combine augmentation de la pression du temps et réduction des budgets et des ressources. » (Chinon, 2008).
« En matière de maintenance, on sait facilement ce qu’on économise en sous-traitant, en externalisant, en ayant recours à des personnels parfois moins formés, moins qualifiés, soumis à forte pression pour redémarrer la production dans les délais prévus. » (Saint-Alban, 2009)
« Les conditions de cette externalisation se traduisent par une montée des accidents parmi les salariés de cette sous-traitance. Beaucoup de ses salariés ont été affectés à ces activités, sans formation et pour la plupart sans connaissance des règles de sécurité fondamentales inscrites dans le recueil des prescriptions au personnel. » (Nogent-sur-Seine, 2009)

La souffrance au travail

« Acculés à faire leur travail malgré tout, les salariés peuvent être amenés à devoir travailler d’une façon qu’ils réprouvent, c’est à dire de “non-qualité”. La honte de cela va alors les ronger, les culpabiliser, car travailler devient pour eux “mal travailler” (…)  ». (Civaux, 2009)
« Les dégradations des conditions de travail, la surcharge de travail due au manque d’effectif, les objectifs inatteignables, augmentent la souffrance au travail. Ces risques psychosociaux ont un impact direct sur le niveau de sûreté et sur les conditions d’exploitation (…)  ». (Cattenom, 2009)
« Des politiques de management construisent à marche forcée l’excellence à coups de politiques d’indicateurs déconnectés du travail réel. » (Gravelines, 2009)
« Etats de souffrance, épisodes dépressifs notables, états réactionnel aigus, démobilisation professionnelle, troubles du sommeil (…)  ». (Paluel, 2009)

La sûreté nucléaire en question

« Après un redressement de courte durée, sans doute lié à certaines décisions et au changement de direction, les choses à nouveau se dégradent avec une cinétique inquiétante dans le domaine de la sécurité, de l’organisation matérielle et technique du travail. Le nombre global d’accidents a triplé en trois ans. » (Nogent-sur-Seine, 2009)
« Concernant l’environnement, malgré le respect des seuils réglementaires, nous continuons à déplorer des quantités non négligeables de rejets. Nous souhaitons que le site continue à diminuer ses rejets afin que son impact environnemental se réduise encore. » (Saint-Alban, 2009)
« Pour information, lors de l’incendie des transformateurs au pyralène tranche 3, les sapeurs pompiers sont arrivés sur site en trente minutes, ce qui a contraint les équipes de seconde intervention EDF à attaquer l’incendie, et ainsi à mettre en péril leur propre sécurité. En effet, les équipes de seconde intervention ont attaqué l’incendie sans que les lignes 400 000 volts aient été déconnectées. Pour rappel, déconnecter les lignes 400 000 volts a été le premier geste des sapeurs pompiers, ce qui démontre s’il en était besoin la nécessité de disposer de professionnels du feu. » (Blayais, 2010)
« A ce jour, la tranche 2 fonctionne depuis plusieurs mois avec une fuite hydrogène, certes surveillée et inférieure aux critères d’arrêt. » (Saint-Alban, 2009)

(1) Une des conséquences de la loi NOME est de faire grimper la facture d’électricité de 5 % par an jusqu’en 2015.
(2) Malgré une baisse en 2010 de son résultat net de plus de 70 %, EDF a versé à ses actionnaires la même somme que l’année précédente, soit 2,1 milliards d’euros.
(3) Ces textes sont disponibles sur le site d’EDF. Toutes les recommandations des CHSCT reproduites ci-dessous proviennent des rapports 2009 (2008 dans le cas de Chinon). Le nom entre parenthèse est celui de la centrale ; il s’agit d’un lien vers le fichier PDF du rapport correspondant. Une liste d’incidents est également en ligne sur le site Internet de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Gilles Balbastre

Réalisateur et coauteur de Journalistes au quotidien et Journalistes précaires (tous deux sous la direction d’Alain Accardo), Le Mascaret, Bordeaux, respectivement 1995 et 1998.

Les projets secrets pour le Yémen

Par F. William Engdahl*
pour http://www.voltairenet.org

Le 25 décembre 2009 les autorités états-uniennes arrêtaient un Nigérian, Abdulmutallab, à bord du vol de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit ; il était accusé d’avoir tenté de faire exploser l’avion avec une bombe qu’il avait dissimulée à l’embarquement. Les jours suivants, de nombreuses dépêches se succédaient sur CNN, dans le New York Times et dans d’autres medias selon lesquelles il était « soupçonné » d’avoir suivi un entraînement au Yémen pour cette mission terroriste. C’est ainsi que le monde a vu émerger une nouvelle cible de la Guerre contre le terrorisme états-unienne, un État isolé et démuni de la péninsule arabique : le Yémen. En observant de plus près le contexte d’apparition de cette supposée menace, l’agenda secret du Pentagone et des services secrets états-uniens pour le Yémen apparait plus clairement.



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Le détroit de Bab el-Mandab, qui se partage entre le Yémen, l’Érythrée et Djibouti, vu de l’espace
Depuis quelques mois, le monde assiste à l’intensification soutenue des opérations militaires états-uniennes au Yémen, un pays désespérément pauvre, voisin de l’Arabie Saoudite par sa frontière septentrionale, de la mer Rouge à l’ouest, et du golfe d’Aden au sud qui donne accès à la mer d’Arabie, bordant un autre pays désolé ayant également fait la une des médias récemment : la Somalie. Les preuves collectées portent à croire que le Pentagone et les services secrets états-uniens positionnent des unités militarisées autour de l’un des goulots d’étranglement stratégiques du trafic mondial de pétrole, Bab el-Mandab. Profitant des actes de piraterie en Somalie et des annonces faites à propos de la réémergence de la menace d’Al-Qaïda depuis le Yémen, les États-Unis visent à militariser l’une des voies d’acheminement de pétrole les plus vitales. Plus encore, les réserves de pétrole non-exploitées au Yémen et en Arabie Saoudite seraient les plus importantes au monde.
Le Nigérian âgé de 30 ans, accusé de la tentative d’attentat ratée, Abdulmutallab, aurait avoué que cette mission lui avait été confiée par Al-Qaïda pour la péninsule arabique (AQAP), basée au Yémen. Cette déclaration opportune permet de tourner l’attention de l’opinion publique sur le Yémen en le faisant apparaitre comme le nouveau centre névralgique de ce que l’on désigne comme l’organisation terroriste Al-Qaïda.
C’est précisément ce que soutient sur son blog Bruce Riedel (un ancien agent de la CIA durant trente ans, qui a conseillé le président Obama pour élaborer la politique du surge en Afghanistan) en évoquant les liens supposés entre le terroriste présumé et le Yémen : « La tentative de destruction du vol 253 de la Northwest Airlines entre Amsterdam et Détroit le jour de Noël démontre l’ambition grandissante de la branche d’Al-Qaïda au Yémen, qui, partie d’un programme d’action auparavant centré sur le Yémen, joue depuis un an un rôle dans le jihad islamique mondial. Le gouvernement affaibli du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui n’est jamais parvenu à contrôler entièrement le pays et qui fait à présent face à d’innombrables problèmes, aura besoin d’un fort soutien des États-Unis pour contrer l’AQAP. » [1]

Éléments introductifs à la géopolitique du Yémen

Avant de poursuivre notre propos au sujet de cet incident, il faut regarder de plus près la situation actuelle du Yémen. Plusieurs éléments s’avèrent déconcertants dès lors qu’ils sont mis en parallèle avec les annonces répétées de Washington quant à la résurgence de la menace d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique.
Dès le début de l’année 2009, les pièces se sont mises en mouvement sur l’échiquier yéménite. Tariq al-Fadhli, un ancien chef de guerre jihadiste, originaire du Sud-Yémen, brisait l’alliance qu’il avait passée quinze ans auparavant avec le gouvernement yéménite du président Ali Abdallah Saleh. Tariq al-Fadhli annonçait alors qu’il rejoignait la large coalition d’opposition réunie dans le Mouvement du Sud. À la fin des années 1980, Tariq al-Fadhli participait au mouvement des Moudjahidine en Afghanistan. Sa rupture avec le gouvernement de Saleh fut annoncée dans les médias yéménites et arabes en avril 2009. La prise de distance de Tariq al-Fadhli avec la dictature yéménite donna un nouveau souffle au Mouvement du Sud. Al-Fadhli est d’ailleurs devenu l’une des figures majeures de la coalition.
Le Yémen est un agrégat artificiel, créé après la dislocation de l’URSS en 1990, alors le principal soutien de la République démocratique populaire du Yémen (Sud-Yémen). L’unification de la République arabe du Yémen (Nord-Yémen) et du Sud-Yémen généra un optimisme rapidement étouffé par la courte guerre civile de 1994. Les factions de l’armée du Sud-Yémen avaient alors organisé une révolte dénonçant la corruption et le caractère oligarchique du pouvoir du président Ali Abdallah Saleh. Celui-ci dirige seul le pays depuis 1978, d’abord au titre de président de la République arabe du Yémen, puis en tant que président du Yémen unifié depuis 1990. La rébellion menée par l’armée du Sud-Yémen échoua après l’alliance du président Saleh avec Tariq al-Fadhli, avec d’autres leaders salafistes yéménites, partisans d’une interprétation conservatrice de l’Islam, et avec des jihadistes. Cette manœuvre fut exécutée pour peser face à l’héritage marxiste du Parti socialiste du Sud-Yémen.
Avant 1990, Washington et le Royaume d’Arabie Saoudite soutenaient et apportaient leur aide à Saleh dans sa politique d’islamisation ; ils faisaient alors le pari de contenir les ambitions communistes du Sud-Yémen [2]. Depuis lors, Saleh s’est appuyé sur les puissantes mouvances salafistes jihadistes pour affermir son pouvoir despotique. La rupture d’al-Fadhli avec le pouvoir et son ralliement au groupe d’opposition du sud aux côtés de ses anciens ennemis socialistes portèrent un sérieux revers au président Saleh.
Le 28 avril 2009, immédiatement après l’annonce du ralliement d’al-Fadhli à la coalition du Mouvement du Sud, les mouvements de protestation se sont intensifiés dans les provinces de Lahij, Ad Dali et Hadramaout. Des dizaines de milliers de personnes, exerçant dans le civil ou dans l’armée, s’estimant abandonnées, manifestèrent pour réclamer de meilleurs salaires et davantage de protection sociale. Ces manifestations ne cessent de se multiplier depuis 2006. Pour la première fois, al-Fadhli fit une apparition publique lors des manifestations d’avril 2009. Sa présence a transformé le mouvement socialiste du Sud-Yémen, alors moribond, en une puissante vague nationaliste. Elle a également poussé le président Saleh à l’action, et celui-ci, inquiet des conséquences possibles du mouvement dans toute la péninsule arabique, demanda l’aide de l’Arabie Saoudite et des autres États du Conseil de coopération du Golfe.
Dans le nord du Yémen, Saleh fait face à une rébellion chiite d’obédience zaydite menée par al-Houthi, ce qui complique encore un peu plus la situation de ce pays manqué, comme le qualifient certains. Le 11 septembre 2009, lors d’une interview pour Al-Jazeera, Saleh accusait le leader de l’opposition chiite d’Irak, Moqtada al-Sadr, ainsi que l’Iran, d’apporter leur soutien aux rebelles du Nord-Yémen appartenant à la mouvance chiite ralliée à al-Houthi. Le président Saleh déclarait : « Nous ne pouvons pas accuser l’administration officielle iranienne, mais des Iraniens nous ont confié qu’ils étaient préparés à établir une médiation. Ceci signifie que l’Iran a des contacts avec [les partisans d’al-Houthi], étant donné que les Iraniens veulent intervenir entre le gouvernement yéménite et ces rebelles. De même, Moqtada al-Sadr, depuis Nadjaf en Irak, demande à être choisi comme médiateur. Cela montre qu’ils sont tous en contact les uns avec les autres. » [3]
Les autorités yéménites ont annoncé la découverte de caches d’armes obtenues via l’Iran. De leur côté, les partisans d’al-Houthi affirment avoir mis la main sur des équipements de l’armée du Yémen portant la marque d’une fabrication en Arabie Saoudite ; ils donnent ainsi un fondement à l’accusation qu’ils prononcent contre le gouvernement de Sanaa (la capitale du Yémen et le siège de l’ambassade des États-Unis) d’être aux ordres de l’Arabie Saoudite. L’Iran a démenti la découverte d’armes iraniennes dans le Nord-Yémen, qualifiant d’infondées les accusations qui font de l’Iran un soutien aux rebelles. [4]

Que dire d’Al-Qaïda ?

Le portrait qui se dégage à présent du président Saleh est celui d’un dictateur aux abois, soutenu par les États-Unis, en perte fulgurante de pouvoir, après deux décennies de despotisme dans le Yémen unifié. L’économie du pays a connu une phase de ralentissement spectaculaire en 2008, lorsque le prix du pétrole s’est effondré. Près de 70% des richesses du Yémen proviennent de l’exploitation du pétrole. Le gouvernement central de Saleh est installé à Sanaa, dans le nord du pays, tandis que le pétrole se trouve dans le sud du Yémen. Pourtant, c’est bien Saleh qui contrôle les flux de capitaux issus du pétrole. Pour Saleh, l’amoindrissement des bénéfices provenant du pétrole a rendu inévitable la redite de l’option à laquelle il a l’habitude de céder : celle de corrompre les groupes d’opposition.
C’est dans ce contexte intérieur chaotique, qu’est intervenue, en janvier 2009, l’annonce, abondamment reprise sur des sites Internet soigneusement sélectionnés, selon laquelle Al-Qaïda, la supposée organisation terroriste créée par le Saoudien, autrefois entraîné par la CIA, Oussama ben Laden, aurait développé une branche importante au Yémen dédiée aux opérations en Arabie Saoudite et au Yémen.
Le 20 janvier 2009, Nasir al-Wahayshi, le chef d’Al-Qaïda au Yémen, annonçait, via les forums jihadistes en ligne, la formation d’un groupe unique à ses ordres pour la péninsule arabique. Selon al-Wahayshi, ce nouveau groupe, Al-Qaïda pour la péninsule arabique, serait composé des membres d’Al-Qaïda au Yémen, rejoints par ceux du réseau démantelé d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite. Il est intéressant de constater que la presse a alors affirmé que le Saoudien Abu-Sayyaf al-Shihri, un ancien détenu de Guantanamo (n° 372) officierait en tant qu’adjoint d’al-Wahayshi.
Quelques jours plus tard, une vidéo était mise en ligne par al-Wahayshi, sous le titre alarmant : « Nous partons d’ici, et nous nous retrouverons à Al-Aqsa ». Al-Aqsa fait référence à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, que les Juifs nomment le Mont du Temple, le site où s’élevait le temple de Salomon, et que les Musulmans appellent Al-Haram Al-Sharif. Dans cette vidéo, des menaces sont d’abord formulées contre les dirigeants musulmans – dont le président du Yémen Saleh, la famille royale saoudienne et le président égyptien Moubarak. La vidéo affirme ensuite la volonté de l’organisation terroriste d’exporter le jihad du Yémen vers Israël afin de « libérer » les sites sacrés de l’Islam et la bande de Gaza, des opérations qui pourraient déclencher un troisième conflit mondial si certains sont assez fous pour aller jusque-là.
Outre les propos de l’ex-détenu de Guantanamo al-Shihri, la vidéo citent ceux d’Abu Hareth Muhammad al-Awfi, présenté comme un chef militaire, et qui aurait été le détenu n°333 à Guantanamo. Étant entendu que la torture échoue à récolter des confessions fiables, certains analystes ont envisagé que l’objectif réel des interrogatoires menés par la CIA et le Pentagone à Guantanamo depuis 2001 était d’utiliser des techniques brutales afin d’entraîner ou de recruter des cellules terroristes dormantes, activées sur ordre des services secrets états-uniens, une accusation aussi difficile à prouver qu’à réfuter. On ne peut que s’interroger sur la présence de ces deux anciens « hauts diplômés » de Guantanamo au sein de la nouvelle cellule d’AQAP.
En apparence, al-Fadhi et le Mouvement du Sud dont le soutien populaire s’est étendu, considèrent Al-Qaïda au Yémen comme infréquentable. Dans une interview, al-Fadhi déclarait : « J’entretiens des relations très proches avec tous les mouvements jihadistes du nord, du sud et d’ailleurs, mais pas avec Al-Qaïda. » [5] Cela n’a pas empêché le président Saleh d’affirmer que le Mouvement du Sud et Al-Qaïda ne faisait qu’un, une position commode pour s’assurer le soutien de Washington.
Selon des rapports des services secrets états-uniens, le sud du Yémen abriterait tout au plus 200 membres d’Al-Qaïda. [6]
En mai 2009, al-Fadhi s’est démarqué d’Al-Qaïda et affirmait dans la presse : « Il y a quinze ans, nous [le Sud-Yémen] avons été envahis et nous subissons une occupation immorale. Nous sommes donc attelés à servir notre cause et nous ne servons aucune autre cause sur la planète. Nous voulons notre indépendance et mettre un terme à cette occupation. » [7]. Le jour même, profitant de l’aubaine, Al Qaïda promouvait son action et affichait son soutien à la cause du Sud-Yémen.
Le 14 mai 2009, dans une bande sonore diffusée sur Internet, al-Wahayshi, le leader d’AQAP, exprimait sa sympathie envers le peuple des provinces méridionales dans sa tentative de défense contre «  l’oppression  » qu’il subit et déclarait : « Ce qui se passe dans les gouvernorats de Lahij, d’Ad Dali, d’Abyan, de Hadramaout et dans les autres provinces du sud est inacceptable. Nous devons soutenir et aider [les sud-yéménites]. » Il promettait également des représailles : « L’oppression que vous subissez ne saurait se passer de punition… le meurtre de Musulmans dans la rue constitue un crime grave et injustifié. » [8]
La prétendue émergence d’Al-Qaïda au Sud-Yémen, une base modeste dont on ne cesse pourtant pas de parler, sur les terres du Mouvement du Sud dans lequel certains observateurs voient un paravent au programme radical d’Al-Qaïda, est opportunément interprétée par le Pentagone comme un casus belli et sert de prétexte à l’intensification des opérations militaires de cette région stratégique.
En effet, après avoir déclaré que le conflit interne au Yémen était l’affaire du seul Yémen, le président Obama a ordonné des frappes aériennes sur le pays. Le Pentagone a déclaré que les attaques des 17 et 24 décembre avaient tué trois membres importants d’Al-Qaïda ; rien n’a cependant pu le prouver. À présent, le conte de Noël du terroriste de Détroit revivifie le programme de la Guerre contre le terrorisme au Yémen. Obama propose désormais un soutien militaire au gouvernement du président Saleh.

Les pirates somaliens de plus en plus actifs

En même temps que les titres de CNN égrainaient les nouvelles menaces terroristes venues du Yémen, sortaient comme d’un chapeau les annonces de l’intensification des attaques, devenues monnaie courante, de pirates somaliens sur la marine commerciale empruntant le golfe d’Aden et la mer d’Arabie depuis le sud du Yémen [9] ; une intensification faisant suite à une réduction des contrôles de patrouilles internationales.
Le 29 décembre 2009, la chaîne de télévision russe RAI Novosti rapportait que des pirates somaliens avaient capturé un cargo grec dans le golfe d’Aden au large de la Somalie. Plus tôt au cours de la même journée, un chimiquier britannique et les vingt-six membres de son équipage étaient également interceptés par des pirates dans le golfe d’Aden. Prouvant sa maitrise de l’utilisation des médias occidentaux, le chef des pirates, Mohamed Shakir, annonçait par téléphone au journal britannique le Times : « Nous avons intercepté un navire battant pavillon britannique dans le golfe d’Aden tard hier soir. » Un compte-rendu des services secrets états-uniens (cité par Stratfor) rapporte que le Times, propriété de Rupert Murdoch, soutien financier des néo-conservateurs, est parfois utilisé par les services secrets israéliens pour faire germer des histoires accommodantes.
Ces deux derniers événements portèrent le nombre des attaques et des détournements de navires à un niveau record. Pour l’année 2009, au 22 décembre, les attaques par des pirates somaliens dans le golfe d’Aden et au large de la côte orientale de la Somalie s’élevaient à 174, et concernaient 35 navires détournés et 587 personnes prises en otage ; cela représente la quasi-totalité des attaques de piraterie réussis dans le monde, selon le Centre de surveillance de la piraterie du Bureau maritime international. Une question se pose à présent : Auprès de qui les “pirates” somaliens obtiennent-ils les armes et la logistique leur permettant d’éviter les patrouilles internationales dépêchées par de nombreux États ?
Ainsi, le 3 janvier 2009, le président Saleh a reçu un appel téléphonique du président de la Somalie Sharif Sheik Ahmed ; ce dernier l’informait des derniers développements de la situation en Somalie. Sharif Ahmed, dont le propre pouvoir à Mogadiscio est si faible qu’il est parfois surnommé le président de l’aéroport de Mogadiscio, déclara à Saleh qu’il partagerait avec lui toutes les informations à sa disposition concernant les activités terroristes initiées en Somalie qui menaceraient la stabilité et la sécurité du Yémen et de la région.
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Le goulot d’étranglement pétrolier et autres affaires pétrolières

L’importance stratégique de la région située entre le Yémen et la Somalie revêt ici une signification géopolitique particulière. C’est en effet là que se trouve le site de Bab el-Mandab, que le gouvernement états-unien classe parmi les sept principaux goulots d’étranglement stratégiques dans le domaine du transport pétrolier. L’Agence de l’information sur l’énergie (EIA) états-unienne précise que « la fermeture de Bab el-Mandab pourrait empêcher les tankers du Golfe Persique d’atteindre le Canal de Suez et le complexe d’oléoducs de Sumed, les déroutant par le sud de l’Afrique. Le détroit de Bab el-Mandab est un goulot d’étranglement entre la corne africaine et le Moyen-Orient, ainsi qu’un pont stratégique entre la Mer Méditerranée et l’Océan Indien. » [10]
Au carrefour du Yémen, de Djibouti et de l’Érythrée, Bab el-Mandab relie la Golfe d’Aden à la Mer d’Arabie. Le pétrole et les autres marchandises en provenance du Golfe Persique doivent franchir Bab el-Mandab avant d’entrer dans le Canal de Suez. En 2006, le Département de l’énergie à Washington rapportait qu’un volume d’environ 3,3 millions de barils de pétrole transitait chaque jour par cette étroite voie navigable vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie. L’essentiel du pétrole, soit environ 2,1 millions de barils par jour, prend la direction du nord par Bab el-Mandab vers le complexe de Suez/Sumed qui débouche sur la Méditerranée.
Un prétexte pour une militarisation par les États-Unis et l’OTAN des eaux entourant Bab el-Mandab serait l’occasion pour Washington de prendre un nouvel nouvel avantage dans sa poursuite du contrôle des sept goulots d’étranglement pétrolier les plus essentiels dans le monde, ce qui représente une part importante de toute future stratégie états-unienne destinée à priver de leur approvisionnement en pétrole la Chine, l’Union européenne ou toute autre région ou pays s’opposant à la politique US. Sachant que des volumes importants de pétrole saoudien transitent par Bab el-Mandab, le contrôle miliataire de ce point par les États-Unis servirait à dissuader l’Arabie Saoudite de contracter de futures ventes de pétrole avec la Chine, ou d’autres, dans une monnaie autre que le dollar, comme l’expliquait récemment Robert Fisk, le journaliste du quotidien britannique The Independent.
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Données de la production pétrolière yéménite (en bleu, la production et en rouge, la consommation)
(Source : EIA, gouvernement états-unien)
Les États-Unis seraient en outre en position de menacer le transport pétrolier chinois depuis Port-Soudan sur la Mer Rouge, juste au nord de Bab el-Mandab, un cordon d’approvisionnement vital pour les besoins énergétiques nationaux de la Chine.
Au-delà de sa situation géopolique en tant qu’important goulot d’étranglement du transit pétrolier mondial, le Yémen est en outre doté de réserves de pétroles importantes. Les bassins de Masila et de Shabwa récèlent d’après les compagnies pétrolières internationales de potentielles « découvertes de premier choix » [11]. Le Français Total et plusieurs autres compagnies pétrolières internationales de moindre taille sont engagés dans le développement de la production pétrolière yéménite. Il est possible que les préoccupations récentes de Washington concernant le Yémen aillent bien au-delà d’une simple organisation Al-Qaïda de bric et de brac dont l’exsitence même en tant qu’organisation terroriste globale a été mise en doute par de nombreux experts avisés de l’Islam.



 F. William Engdahl
Journaliste états-unien, il a publié de nombreux ouvrages consacrés aux questions énergétiques et géopolitiques. Derniers livres parus en français : Pétrole, une guerre d’un siècle : L’ordre mondial anglo-américain (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2007) et OGM : semences de destruction : L’arme de la faim (Jean-Cyrille Godefroy éd., 2008).
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Traduction Nathalie Krieg
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[1] « The Menace of Yemen », par Bruce Riedel, The Daily Beast, 31 décembre 2009.
[2] « Yemen : Intensifying Problems for the Government », Stratfor, 7 mai 2009.
[3] Cité dans « Yemen President Accuses Iraq’s Sadrists of Backing the Houthi Insurgency », Terrorism Monitor, Jamestown Foundation, Volume : 7 Numéro : 28, 17 septembre 2009.
[4] NewsYemen, 8 septembre 2009 ; Yemen Observer, 10 septembre 2009.
[5] Albaidanew.com, le 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op.cit.
[6] « Despite U.S. Aid, Yemen Faces Growing al-Qaeda Threat » , par Abigail Hauslohner, Time, 22 décembre 2009.
[7] Tariq al Fadhli, dans Al-Sharq al-Awsat, 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op. cit.
[8] Interview d’al-Wahayshi, al Jazeera, 14 mai 2009.
[9] « Pirates, corsaires et flibustiers du XXIe siècle », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 25 juin 2010.
[10] Département de l’énergie, Energy Information Administration (gouvernement états-unien), consulté ici
[11] Adelphi Energy, « Yemen Exploration Blocks 7 & 74 » Consulté ici.

Chine - une santé, deux vitesses (Reportage)

 http://videos.arte.tv
(Japon, 2008, 48mn)
ARTE F


En Chine, les files d'attente s'allongent devant les hôpitaux publics et les cliniques privées rivalisent pour attirer les plus riches.

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Pêche : la fin de l'abondance ?

http://www.arte.tv
(France, 2010, 12mn)
ARTE F


Aujourd’hui, je vais vous parler de la surexploitation de la pêche à travers le monde.
Parce que la nature même du milieu marin rend finalement assez peu visibles les dégâts qui sont faits sur la faune marine.
Alors, je vais essayer de vous expliquer les mécanismes qui conduisent à de tels dégâts dans les océans.


La densité humaine le long des côtes

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La densité humaine le long des côtes
La première dimension que l’on peut avoir à l’esprit, c’est tout simplement la densité humaine le long des côtes.
On considère que la moitié de la population mondiale vit à moins de 60 km des côtes, et ce mouvement n’est pas propre à notre époque : les hommes ont toujours vécu le long des fleuves et le long des mers, car ils permettent et de circuler et de se nourrir.


Voilà, vous l’avez mesuré, ce dossier de la pêche est complexe.
C’est un secteur clé comme l’agriculture, pour les questions économiques, sociales mais aussi électorales.
Et en même temps, on ne comprend pas très bien pourquoi années après années les pêcheries, et même les pêcheurs, s’obstinent à détruire finalement leur propre outil de travail, leur propre outil économique.
Une fois de plus, on est dans le court terme.
Alors, il convient, bien sûr, d’augmenter la superficie des parcs nationaux marins protégés. À travers le monde, ces parcs protégés ne représentent que 1% des océans.
Et d’autre part, une fois de plus, c’est à nous, les consommateurs, d’être attentifs, de faire des choix, par exemple de ne pas consommer des poissons de grandes profondeurs comme l’Empereur et d’exiger une parfaite traçabilité des produits de la pêche que nous consommons. 

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