Par http://etat-du-monde-etat-d-etre.net
4 septembre 2011
Toute la population française de plus de 15 ans sera fichée et biométrisée… Pour une identité mieux protégée et une vie simplifiée, a expliqué Claude Guéant : bienvenue chez Big Brother.
Jeudi a commencé et s’est terminée, à l’Assemblée nationale, la discussion de la proposition de loi relative à la protection de l’identité, visant à instaurer des cartes d’identité à puces. Elle a précédemment été adoptée par le Sénat en première lecture fin mai. Et par l’Assemblée Nationale jeudi. Tranquillement, et dans l’indifférence générale. 11 députés (ONZE) étaient présents. La protection de l’identité taraude le député.
De quoi s’agit-il ? Du fichage de toute la population française de plus de 15 ans. Le tout, présenté par notre ministre de l’Intérieur préféré. Prétexte : l’usurpation d’identité. Méthode : la carte d’identité biométrique, et la centralisation des données dans un grand fichier.
Pourquoi des cartes d’identité à puces ? Attention, c’est que l’heure est grave. Claude Guéant commence son discours avec des chiffres impressionnants : 200.000 victimes par an, plus que les cambriolages et les vols d’automobiles. Et 80.000 usurpations d’identité annuelles. Bon, on discute parfois des chiffres, admet Claude, mais une chose est sûre : ça coûte cher.
Et ça n’est pas tout (qu’on ne les accuse pas de ne penser qu’aux sous) : la fraude est en plus un traumatisme pour la victime (anecdote à l’appui).
Alors, 200.000 cas par an, et ça coûte cher, et les victimes sont traumatisées. Mais que fait le gouvernement ?
Eh bien justement, il biométrise la carte d’identité, bonnes gens.
Claude Guéant a donc présenté la « puce régalienne » et la « puce de services dématérialisés » facultative, LA solution au drame de l’usurpation d’identité. Son discours à l’Assemblée fut prononcé en langue de bois administrative ordinaire, avant de virer au slogan publicitaire : « Deux composants », chanta-t-il aux 11 députés qui avaient fait le déplacement, « pour une identité mieux protégée et une vie simplifiée ». Il manque une petite musique façon touloulou, comme à la RATP, et le petit logo façon Conseil Général.
Il y aura, selon le projet, deux puces dans les cartes d’identité numérique. Deux.
La première puce est dite « régalienne », et contiendra les informations suivantes : nom de famille et d’usage, prénoms, sexe, date et lieu de naissance, domicile, taille et couleur des yeux, empreintes digitales (huit doigts) et photographie d’identité. Toutes ces informations seront fichées dans un banque de données centralisée. Comme celles du passeport.
Régalienne, ça sonne rassurant. « Il faudra donner les empreintes de huit de ses doigts par la technique des empreintes roulées et non pas posées. Elle est très différente de celle de l’empreinte posée car c’est une technique criminologique. Nous ne sommes plus alors dans une démarche de reconnaissance d’identité, mais dans la logique d’un fichier de recherches criminelles. Il y a eu un glissement. » (Serge Blisko)
Le caractère policier et totalitaire de cette mesure est naturellement accablant, puisque (il faut écouter les débats) une simple empreinte permettra de retrouver l’identité d’une personne.
Mieux, la possibilité de reconnaissance faciale des individus, en couplant les dispositifs de surveillance vidéo et les infos des données biométriques, se profile à l’horizon.
Pour la députée SRC Delphine Batho, c’est clair : « Le véritable objectif de ce texte, c’est le fichage biométrique de la totalité de la population à des fins de lutte contre la délinquance« . Sandrine Mazetier (députée SRC) partage son point de vue. « Ce texte a clairement un objectif policier. (…) Il semble totalement disproportionné de mettre en place un fichage généralisé de la population française pour lutter contre 15.000 faits d’usurpation d’identité constatés par la police. »
Mais ça n’est pas tout : dans cette carte d’identité officielle, il y aura aussi une puce « de services », optionnelle, rendant possible l’enregistrement « de données permettant à son titulaire de s’identifier sur les réseaux de communication électroniques et de mettre en œuvre sa signature électronique ».
Qu’est-ce qu’un dispositif permettant d’effectuer des achats vient faire sur une carte d’identité ? Comment le ministère de l’Intérieur peut-il prêter la main à des dispositifs commerciaux ? Le procédé, au delà de ses applications policières, fait frémir : les citoyens deviennent avant tout des consommateurs, et le Ministère de l’Intérieur se reconnaît une fonction de garantie des transactions commerciales.
La cœxistence, dans une seule pièce d’identité, de dispositifs de fichage de la population et de sécurisation des moyens de paiements, ouvre la porte sur un avenir terrifiant : une société totalitaire de consommateurs, fichés, fliqués, recensés, surveillés.
Et c’est ce dispositif qui a été voté jeudi, par 11 députés présents, en catimini, dans l’indifférence générale. « Pour une identité mieux protégée et une vie simplifiée ».
4 septembre 2011
Toute la population française de plus de 15 ans sera fichée et biométrisée… Pour une identité mieux protégée et une vie simplifiée, a expliqué Claude Guéant : bienvenue chez Big Brother.
Jeudi a commencé et s’est terminée, à l’Assemblée nationale, la discussion de la proposition de loi relative à la protection de l’identité, visant à instaurer des cartes d’identité à puces. Elle a précédemment été adoptée par le Sénat en première lecture fin mai. Et par l’Assemblée Nationale jeudi. Tranquillement, et dans l’indifférence générale. 11 députés (ONZE) étaient présents. La protection de l’identité taraude le député.
De quoi s’agit-il ? Du fichage de toute la population française de plus de 15 ans. Le tout, présenté par notre ministre de l’Intérieur préféré. Prétexte : l’usurpation d’identité. Méthode : la carte d’identité biométrique, et la centralisation des données dans un grand fichier.
Pourquoi des cartes d’identité à puces ? Attention, c’est que l’heure est grave. Claude Guéant commence son discours avec des chiffres impressionnants : 200.000 victimes par an, plus que les cambriolages et les vols d’automobiles. Et 80.000 usurpations d’identité annuelles. Bon, on discute parfois des chiffres, admet Claude, mais une chose est sûre : ça coûte cher.
Et ça n’est pas tout (qu’on ne les accuse pas de ne penser qu’aux sous) : la fraude est en plus un traumatisme pour la victime (anecdote à l’appui).
Alors, 200.000 cas par an, et ça coûte cher, et les victimes sont traumatisées. Mais que fait le gouvernement ?
Eh bien justement, il biométrise la carte d’identité, bonnes gens.
Claude Guéant a donc présenté la « puce régalienne » et la « puce de services dématérialisés » facultative, LA solution au drame de l’usurpation d’identité. Son discours à l’Assemblée fut prononcé en langue de bois administrative ordinaire, avant de virer au slogan publicitaire : « Deux composants », chanta-t-il aux 11 députés qui avaient fait le déplacement, « pour une identité mieux protégée et une vie simplifiée ». Il manque une petite musique façon touloulou, comme à la RATP, et le petit logo façon Conseil Général.
Il y aura, selon le projet, deux puces dans les cartes d’identité numérique. Deux.
La première puce est dite « régalienne », et contiendra les informations suivantes : nom de famille et d’usage, prénoms, sexe, date et lieu de naissance, domicile, taille et couleur des yeux, empreintes digitales (huit doigts) et photographie d’identité. Toutes ces informations seront fichées dans un banque de données centralisée. Comme celles du passeport.
Régalienne, ça sonne rassurant. « Il faudra donner les empreintes de huit de ses doigts par la technique des empreintes roulées et non pas posées. Elle est très différente de celle de l’empreinte posée car c’est une technique criminologique. Nous ne sommes plus alors dans une démarche de reconnaissance d’identité, mais dans la logique d’un fichier de recherches criminelles. Il y a eu un glissement. » (Serge Blisko)
Le caractère policier et totalitaire de cette mesure est naturellement accablant, puisque (il faut écouter les débats) une simple empreinte permettra de retrouver l’identité d’une personne.
Mieux, la possibilité de reconnaissance faciale des individus, en couplant les dispositifs de surveillance vidéo et les infos des données biométriques, se profile à l’horizon.
Pour la députée SRC Delphine Batho, c’est clair : « Le véritable objectif de ce texte, c’est le fichage biométrique de la totalité de la population à des fins de lutte contre la délinquance« . Sandrine Mazetier (députée SRC) partage son point de vue. « Ce texte a clairement un objectif policier. (…) Il semble totalement disproportionné de mettre en place un fichage généralisé de la population française pour lutter contre 15.000 faits d’usurpation d’identité constatés par la police. »
Mais ça n’est pas tout : dans cette carte d’identité officielle, il y aura aussi une puce « de services », optionnelle, rendant possible l’enregistrement « de données permettant à son titulaire de s’identifier sur les réseaux de communication électroniques et de mettre en œuvre sa signature électronique ».
Qu’est-ce qu’un dispositif permettant d’effectuer des achats vient faire sur une carte d’identité ? Comment le ministère de l’Intérieur peut-il prêter la main à des dispositifs commerciaux ? Le procédé, au delà de ses applications policières, fait frémir : les citoyens deviennent avant tout des consommateurs, et le Ministère de l’Intérieur se reconnaît une fonction de garantie des transactions commerciales.
La cœxistence, dans une seule pièce d’identité, de dispositifs de fichage de la population et de sécurisation des moyens de paiements, ouvre la porte sur un avenir terrifiant : une société totalitaire de consommateurs, fichés, fliqués, recensés, surveillés.
Et c’est ce dispositif qui a été voté jeudi, par 11 députés présents, en catimini, dans l’indifférence générale. « Pour une identité mieux protégée et une vie simplifiée ».
1 commentaire:
L'utilisation des techniques modernes est inéluctable indépendamment de la nature du pouvoir en place. L'essentiel est dans le contrôle de l'utilisation des ces techniques.Là est la différence entre gauche et droite.
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