Par Christophe Auffray, ZDNet France. Publié le vendredi 02 septembre 2011
Amesys, propriété du français Bull, est soupçonné d’avoir livré un système de surveillance d’Internet au régime libyen de Kadhafi. Des cadres de l’entreprise ainsi que des militaires français auraient par ailleurs formé les agents des services secrets.
Le président Nicolas Sarkozy mise notamment sur le dossier libyen pour soigner sa stature internationale et de future candidat pour 2012. Une nouvelle affaire pourrait toutefois égratigner cette image.
En mai puis en juin, Reflets.info et Owni.fr révélaient que la société française Amesys, propriété du groupe Bull, avait vendu des technologies de surveillance à la Libye de Kadhafi. Depuis, le WSJ, la BBC ainsi que le Figaro sont venus corroborer ces soupçons.
La France a-t-elle vendu de la technologie de surveillance, à défaut de Rafale ?
Amesys aurait ainsi livré à la Libye un système baptisé Eagle permettant d’effectuer, en masse, des interceptions des flux Internet (emails, chats, VoIP…). Selon le Figaro, des ingénieurs de Bull, ainsi que des militaires de la direction du renseignement militaire (DRM), auraient même formé les services de renseignements du dictateur libyen.
Après plusieurs jours de silence, Amesys a publié un commentaire officiel, contestant, en partie, les informations révélées par la presse. La société reconnaît avoir signé un contrat en 2007, dans un contexte international dit de « rapprochement diplomatique avec la Libye qui souhaitait lutter contre le terrorisme et les actes perpétrés par Al-Qaida. »
Quant au dispositif technique livré en 2008, il s’agissait « d'un matériel d'analyse portant sur une fraction des connexions internet existantes, soient quelques milliers. Il n'incluait ni les communications internet via satellite - utilisées dans les cybercafés -, ni les données chiffrées - type Skype -, ni le filtrage de site Web. »
Amesys ne nie donc pas que le dispositif ait pu servir à une surveillance d’Internet, mais en limite le périmètre à quelques milliers de connexions. La filiale de Bull réfute par ailleurs avoir fourni une solution permettant des écoutes téléphoniques sur les lignes fixes et mobiles.
Amesys reconnaît de "l'analyse", mais sur "quelques milliers de connexions"
Toutefois, les discussions sur Internet en VoIP, non chiffrées, pouvaient elles être interceptées. « Toutes les activités d'Amesys respectent strictement les exigences légales et réglementaires des conventions internationales, européennes et françaises » assure cependant le groupe français.
Mais plusieurs éléments de sa défense sont directement contestés par le témoignage paru dans le Figaro d’un militaire intervenu, aux côtés d’ingénieurs de Bull (une mission facturée 10 millions d’euros), dans la formation des agents du renseignement libyen.
« En se branchant sur l'interconnexion internationale, nous avions déjà 98% du trafic, il y avait très peu de points de captures » déclare-t-il, ajoutant que cadres de Bull et militaires français étaient en relation directe avec le chef des services secrets libyens.
Suite à la publication de ces différentes informations, le député Christian Paul a interpellé le gouvernement par le biais d’une question parlementaire (reproduite sur Owni.fr). Le député souhaite savoir si l’Etat a donné son aval à la vente et à l’emploi d’armes technologiques en Libye - et dans d’autres pays.
Christian Paul souhaite également être informé des conditions dans lesquelles « des services civils ou militaires français auraient été chargés […] d'accompagner la livraison de ces outils, voire d'en former les utilisateurs. »
Amesys, propriété du français Bull, est soupçonné d’avoir livré un système de surveillance d’Internet au régime libyen de Kadhafi. Des cadres de l’entreprise ainsi que des militaires français auraient par ailleurs formé les agents des services secrets.
Le président Nicolas Sarkozy mise notamment sur le dossier libyen pour soigner sa stature internationale et de future candidat pour 2012. Une nouvelle affaire pourrait toutefois égratigner cette image.
En mai puis en juin, Reflets.info et Owni.fr révélaient que la société française Amesys, propriété du groupe Bull, avait vendu des technologies de surveillance à la Libye de Kadhafi. Depuis, le WSJ, la BBC ainsi que le Figaro sont venus corroborer ces soupçons.
La France a-t-elle vendu de la technologie de surveillance, à défaut de Rafale ?
Amesys aurait ainsi livré à la Libye un système baptisé Eagle permettant d’effectuer, en masse, des interceptions des flux Internet (emails, chats, VoIP…). Selon le Figaro, des ingénieurs de Bull, ainsi que des militaires de la direction du renseignement militaire (DRM), auraient même formé les services de renseignements du dictateur libyen.
Après plusieurs jours de silence, Amesys a publié un commentaire officiel, contestant, en partie, les informations révélées par la presse. La société reconnaît avoir signé un contrat en 2007, dans un contexte international dit de « rapprochement diplomatique avec la Libye qui souhaitait lutter contre le terrorisme et les actes perpétrés par Al-Qaida. »
Quant au dispositif technique livré en 2008, il s’agissait « d'un matériel d'analyse portant sur une fraction des connexions internet existantes, soient quelques milliers. Il n'incluait ni les communications internet via satellite - utilisées dans les cybercafés -, ni les données chiffrées - type Skype -, ni le filtrage de site Web. »
Amesys ne nie donc pas que le dispositif ait pu servir à une surveillance d’Internet, mais en limite le périmètre à quelques milliers de connexions. La filiale de Bull réfute par ailleurs avoir fourni une solution permettant des écoutes téléphoniques sur les lignes fixes et mobiles.
Amesys reconnaît de "l'analyse", mais sur "quelques milliers de connexions"
Toutefois, les discussions sur Internet en VoIP, non chiffrées, pouvaient elles être interceptées. « Toutes les activités d'Amesys respectent strictement les exigences légales et réglementaires des conventions internationales, européennes et françaises » assure cependant le groupe français.
Mais plusieurs éléments de sa défense sont directement contestés par le témoignage paru dans le Figaro d’un militaire intervenu, aux côtés d’ingénieurs de Bull (une mission facturée 10 millions d’euros), dans la formation des agents du renseignement libyen.
« En se branchant sur l'interconnexion internationale, nous avions déjà 98% du trafic, il y avait très peu de points de captures » déclare-t-il, ajoutant que cadres de Bull et militaires français étaient en relation directe avec le chef des services secrets libyens.
Suite à la publication de ces différentes informations, le député Christian Paul a interpellé le gouvernement par le biais d’une question parlementaire (reproduite sur Owni.fr). Le député souhaite savoir si l’Etat a donné son aval à la vente et à l’emploi d’armes technologiques en Libye - et dans d’autres pays.
Christian Paul souhaite également être informé des conditions dans lesquelles « des services civils ou militaires français auraient été chargés […] d'accompagner la livraison de ces outils, voire d'en former les utilisateurs. »
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