Un complément cartographique à notre dossier « Mégapoles à l’assaut de la planète », paru dans le numéro d’avril 2010 du Monde diplomatique (en kiosques).
« La population urbaine dans le monde, qui a atteint 3,4 milliards de personnes, égale pour la première fois de l’histoire à la population rurale », indiquait l’ONU dans un communiqué laconique publié en avril 2008. Théoriquement, la population urbaine dépassait la barre des 50 %. Théoriquement, car encore faudrait-il être sûr de savoir exactement qui est « urbain » et qui est « rural », tant les définitions diffèrent selon les pays. La frontière entre le monde urbain et rural n’est pas une ligne nette, c’est presque toujours un large espace de transition.
Dans ce qu’on pourrait appeler la « transition urbaine », les pays riches sont dans une phase ultime, avec une population urbaine déjà largement majoritaire, mais des taux de croissance très faibles, voire nuls. A l’opposé, les pays en voie de développement restent dans une phase précoce, avec une population majoritairement rurale (à l’exception de l’Amérique latine, traditionnellement et historiquement urbaine), mais des taux de croissance très élevés, qui les entraînent vers une urbanisation incontrôlée. Quant aux pays ex-communistes, la crise profonde qui a suivi l’effondrement du bloc soviétique y a provoqué un recul de la population urbaine, avec, dans presque tous les cas, un retour à la terre.
Le développement rapide des villes géantes est la conséquence la plus spectaculaire de la métropolisation du monde. Les perspectives de croissance pour 2025 ne sont pas les mêmes selon les continents. Quasi-nul en Europe, le taux de croissance est très faible sur tout le continent américain. En revanche, il explose en Afrique et en Asie, où les chiffres donnent le vertige. Selon les estimations de l’ONU, Tokyo devrait atteindre 36 millions d’habitants en 2025, Djakarta 32 millions, Manille 30 millions, New Delhi 29 millions, Bombay 28 millions et Shanghaï 23 millions, pour ne citer que les plus importantes.
L’urbanisation « trop » rapide des pays en voie de développement se fait dans la douleur. D’après l’agence ONU-Habitat, la population vivant dans des bidonvilles (en général sans accès à l’eau potable ni aux infrastructures d’assainissement — lire « Le tabou des excréments, péril sanitaire et écologique », dans Le Monde diplomatique de janvier 2010) est passée de 780 millions en 2000 à près de 830 millions en 2010, soit plus d’un tiers de la population urbaine totale des pays les plus pauvres (mais largement plus de la moitié pour le continent africain et environ 50 % pour l’Asie du Sud).
Selon les prévisions de l’ONU, la population urbaine continuera à progresser au cours des prochaines années, mais à un rythme de moins en moins élevé, jusqu’à se stabiliser, comme elle l’a fait en Europe depuis le début des années 2000.
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