Par (son site)
lundi 17 octobre 2011
pour http://www.agoravox.fr
Plus de 7 mois se sont écoulés depuis la catastrophe, et les médias semblent croire à une normalisation de la situation.
Les apparences sont trompeuses.
Pour que la situation se normalise, il faudrait au moins que la température à l’intérieur des réacteurs descende sous la barre des 100° C, or il apparait que cette température est toujours élevée, au point que personne n’est en mesure de s’en approcher.
Dans un article paru le 14 octobre dans le journal « Politis », on apprend en effet que, malgré la poursuite des injections d’eau, la température varie entre 300° et 500°C, expliquant qu’en dehors de l’arrosage, les ingénieurs ne savent plus quoi faire. lien
Le 9 octobre, une délégation de l’AIEA s’était rendue sur le site dévasté, et nous proposent un diaporama en 10 photos « à l’intérieur du cauchemar ». lien
Il y a un mois, un travailleur anonyme du site nucléaire se faisant appeler Mr T.S., afin de ne pas perdre son emploi, a « mangé le morceau ».
Il s’est donné une mission, avec son compteur personnel Geiger (qui ne le quitte pas), il mesure, partout ou il passe, les taux de radioactivité, et lorsqu’ils sont importants, il prévient les habitants du secteur.
Il raconte sa situation lorsqu’il travaille dans la centrale : il a un système d’alarme personnel qui sonne si la radioactivité dépasse un certain niveau, mais il n’a pas la mesure exacte de ce qu’il a absorbé. lien
Il convient de rappeler que pour les travailleurs du nucléaire japonais, avant l’accident, la limite était d’un millisievert par an, elle est aujourd’hui 80 fois supérieure, mais ailleurs, comme en France par exemple, cette norme est toujours d’1 milli sievert par an. lien
Et puis, ce serait oublier que la norme n’empêche pas le danger.
Ce travailleur anonyme explique qu’aujourd’hui, dans la centrale où il continue de travailler, la radioactivité est de 10 000 fois plus élevée qu’avant l’accident. lien
Le 6 octobre dernier un travailleur employé à la centrale nucléaire est mort subitement, mais les autorités affirment que les radiations ne seraient pas en cause.
Il a pourtant reçu, selon Tepco, une dose de 2,02 millisieverts, soit plus du double de la limite fixée avant l’accident.
Ce sera donc le 3ème mort officiel parmi les travailleurs de la centrale, en écartant les 2 morts du jour du tsunami. lien
On sait en tout cas, depuis le mois de mai, que 4956 travailleurs de Fukushima ont présenté des taux de d’irradiation interne élevés, ainsi que l’a admis Terasaka Nobuaki, patron de NISA (Nuclear and Industrial Safety Agency). lien
A la date du 18 avril, on dénombrait 21 travailleurs ayant reçu des doses supérieure à 100 millisieverts, bien qu’en réalité, la dosimétrie individuelle de chaque travailleur ne soit pas connue avec précision, vu que les ouvriers s’échangeaient leurs dosimètres, lesquels étant à ce moment en nombre insuffisant. lien
Le 27 septembre, d’après l’IRSN le césium 134 et 137 de la région de Fukushima ont des taux comparables à ceux de la région de Tchernobyl, soit 15 millions de Bq/m2, et au delà de la zone d’exclusion des 20 km, on a mesuré des taux dépassant les 3 millions de Bq/m2. lien
Pas étonnant des lors que les japonais refusent de retourner dans les zones contaminées, notamment à Hirono, ce que leur adjoignait les autorités. lien
Comme l’explique Dominique Leglu, ce n’est que 7 mois après que les thyroïdes de 360 000 enfants vont être examinées, et on s’attend à des nouvelles pas très bonnes, vu que les autorités ont attendus 5 longs jours avant de distribuer les pilules d’iodes, décision trop tardive et donc inutile, puisque la radioactivité avait eu largement le temps de se fixer sur les thyroïdes des japonais, et particulièrement sur celles de leurs enfants. lien
Les premiers résultats viennent de tomber : 10 des 130 enfants évacués de Fukushima présenteraient des troubles thyroïdiens. lien
Il y a 40 ans, la première manifestation antinucléaire contre la centrale nucléaire de Bugey avait défrayé la chronique, (vidéo) et j’ai eu l’honneur d’y participer, tout comme à celle qui s’est tenue le samedi 15 octobre 2011 avec 3000 autres manifestants, (lien) et à cette occasion Yuko Nishiyama a envoyé un message aux amis français.
Extraits : « on a perdu notre région, on ne sait même pas quand l’accident se terminera (…) l’état japonais, le préfet de Fukushima, et le maire de Fukushima ne nous ont pas informés de ce qui se passait réellement, ils ne nous ont pas du tout protégés. Donc nous avons été obligés de nous sauver par nous-mêmes, avec notre propre jugement de la situation (…) les enfants ne peuvent pas partir de Fukushima et ils portent un masque quand ils sortent dehors. Il leur est interdit de faire du sport, ils vivent avec beaucoup de limitations (…) notre pays a reçu 770 000 000 000 000 000 Bq de radioactivité mais le gouvernement fait vivre toute la population comme avant (…) et puis face à cette infâme destinée pour les enfants de Fukushima, face à ce spécialiste qui nous explique que jusqu’à 100 mSv an c’est sans danger pour notre santé, et aussi face à ce préfet qui l’a invité…secourez-nous ! S’il vous plait…ONEGAI-SHIMASU ». lien
Un autre citoyen japonais, Simon, a habité 10 ans à Fukushima City, à 60 km de la centrale et à 47ans, il a tourné la page, laissant derrière lui son appartement, son travail, ses amis et il restera en France les 3 mois que lui permet son visa touriste, puis il hésite entre l’Angleterre ou l’île d’Okinawa, le plus loin possible de Fukushima.
Il évoque le « Whole Body Counter » une machine qui détecte les radionucléides contenus dans l’organisme, mais qui est inaccessible financièrement (1000 €) et affirme que seulement 5 personnes ont pu l’utiliser à ce jour : ils tournaient une émission télé, et c’est la chaine de TV qui a payé.
Alors il s’est acheté sur le Net un compteur Geiger, fait ses mesures lui-même, le prête, et a détecté souvent une radiation supérieure à 20 mSv. lien
« Asahi Shimbun », un quotidien japonais, à révélé des niveaux élevés de radioactivité jusqu’à 250 km de la centrale, du coté de Siba et Salaima, mesures prises entre le 8 et 12 septembre dernier : entre 30 000 et 60 000 becquerels par m2.
Les habitants de cette région reçoivent plus de 4 mSv/an, soit 4 fois plus que la norme pratiquée ailleurs.
A Tokyo même, des niveaux incompatibles avec la santé ont été relevés, et nombreux sont ceux qui pensent qu’il faudrait évacuer la ville.
Le gouvernement à une tache difficile : selon le ministère de l’environnement japonais, il faut enlever et éliminer (mais comment ?) 29 millions de m3 de terre contaminée dans une zone de 2400 km2, et tout cela aura un prix élevé : aux 2,2 milliards d’euros, il faudra ajouter plus de 4 milliards d’euros, et cela ne sera pas suffisant.
D’après le « Mainichi Japan » du 12 octobre 2011, un niveau de radioactivité anormalement élevé a été relevé le long d’une rue de Setagaya, un arrondissement de Tokyo, qui serait du aux pluies radioactives.
Près de certaines écoles de ce quartier, un taux de 2,7 mSv/heure a été détecté, et nettoyer à grande eau n’a pas permis d’abaisser cette radioactivité.
A Funabashi, près de l’aéroport international de Narita, un niveau de 5,8 mSv/h a été relevé dans un parc, et à Yokohama, du Strontium 90 a été décelé dans le sol.
Cet isotope radioactif est susceptible de provoquer des cancers de l’os et des leucémies. lien
Au moment ou nombreux sont ceux qui imaginent que tout est réglé à Fukushima, on s’aperçoit qu’ils sont très éloignés de la réalité, et que malheureusement, le pire est sûrement devant nous.
Au mois de mai, la décontamination partielle des 110 000 tonnes d’eau radioactive que voulait entreprendre Tepco était estimée à 650 millions de dollars, (lien) et le 22 juin, l’opération lancée avec promesse qu’en 150 jours tout serait réglé, allait connaitre de nombreux déboires, (lien) prenant beaucoup de retard, et son efficacité n’est que d’environ 55%. lien
Le 22 novembre, date à laquelle tout devait être tout devait être terminé, rien n’aura été résolu, et l’opacité de Tepco ne permet pas de savoir comment ils comptent résoudre le problème.
Le 22 septembre, il restait encore 102 000 tonnes d’eau à traiter.
De plus, une bonne partie de l’eau radioactive a fui vers l’océan, ou les nappes phréatiques. lien
Eva Joly qui se rend au Japon dès le 18 octobre prochain essayera de nous donner de nouvelles informations. lien
Car comme dit mon vieil ami africain : « la plupart des gens préfèrent vivre avec des vieux problèmes qu’avec des nouvelles solutions ».
Merci aux internautes, et à Corinne PY pour leur aide efficace.
L’image illustrant l’article provient de « machronique.com ».
lundi 17 octobre 2011
pour http://www.agoravox.fr
Plus de 7 mois se sont écoulés depuis la catastrophe, et les médias semblent croire à une normalisation de la situation.
Les apparences sont trompeuses.
Pour que la situation se normalise, il faudrait au moins que la température à l’intérieur des réacteurs descende sous la barre des 100° C, or il apparait que cette température est toujours élevée, au point que personne n’est en mesure de s’en approcher.
Dans un article paru le 14 octobre dans le journal « Politis », on apprend en effet que, malgré la poursuite des injections d’eau, la température varie entre 300° et 500°C, expliquant qu’en dehors de l’arrosage, les ingénieurs ne savent plus quoi faire. lien
Le 9 octobre, une délégation de l’AIEA s’était rendue sur le site dévasté, et nous proposent un diaporama en 10 photos « à l’intérieur du cauchemar ». lien
Il y a un mois, un travailleur anonyme du site nucléaire se faisant appeler Mr T.S., afin de ne pas perdre son emploi, a « mangé le morceau ».
Il s’est donné une mission, avec son compteur personnel Geiger (qui ne le quitte pas), il mesure, partout ou il passe, les taux de radioactivité, et lorsqu’ils sont importants, il prévient les habitants du secteur.
Il raconte sa situation lorsqu’il travaille dans la centrale : il a un système d’alarme personnel qui sonne si la radioactivité dépasse un certain niveau, mais il n’a pas la mesure exacte de ce qu’il a absorbé. lien
Il convient de rappeler que pour les travailleurs du nucléaire japonais, avant l’accident, la limite était d’un millisievert par an, elle est aujourd’hui 80 fois supérieure, mais ailleurs, comme en France par exemple, cette norme est toujours d’1 milli sievert par an. lien
Et puis, ce serait oublier que la norme n’empêche pas le danger.
Ce travailleur anonyme explique qu’aujourd’hui, dans la centrale où il continue de travailler, la radioactivité est de 10 000 fois plus élevée qu’avant l’accident. lien
Le 6 octobre dernier un travailleur employé à la centrale nucléaire est mort subitement, mais les autorités affirment que les radiations ne seraient pas en cause.
Il a pourtant reçu, selon Tepco, une dose de 2,02 millisieverts, soit plus du double de la limite fixée avant l’accident.
Ce sera donc le 3ème mort officiel parmi les travailleurs de la centrale, en écartant les 2 morts du jour du tsunami. lien
On sait en tout cas, depuis le mois de mai, que 4956 travailleurs de Fukushima ont présenté des taux de d’irradiation interne élevés, ainsi que l’a admis Terasaka Nobuaki, patron de NISA (Nuclear and Industrial Safety Agency). lien
A la date du 18 avril, on dénombrait 21 travailleurs ayant reçu des doses supérieure à 100 millisieverts, bien qu’en réalité, la dosimétrie individuelle de chaque travailleur ne soit pas connue avec précision, vu que les ouvriers s’échangeaient leurs dosimètres, lesquels étant à ce moment en nombre insuffisant. lien
Le 27 septembre, d’après l’IRSN le césium 134 et 137 de la région de Fukushima ont des taux comparables à ceux de la région de Tchernobyl, soit 15 millions de Bq/m2, et au delà de la zone d’exclusion des 20 km, on a mesuré des taux dépassant les 3 millions de Bq/m2. lien
Pas étonnant des lors que les japonais refusent de retourner dans les zones contaminées, notamment à Hirono, ce que leur adjoignait les autorités. lien
Comme l’explique Dominique Leglu, ce n’est que 7 mois après que les thyroïdes de 360 000 enfants vont être examinées, et on s’attend à des nouvelles pas très bonnes, vu que les autorités ont attendus 5 longs jours avant de distribuer les pilules d’iodes, décision trop tardive et donc inutile, puisque la radioactivité avait eu largement le temps de se fixer sur les thyroïdes des japonais, et particulièrement sur celles de leurs enfants. lien
Les premiers résultats viennent de tomber : 10 des 130 enfants évacués de Fukushima présenteraient des troubles thyroïdiens. lien
Il y a 40 ans, la première manifestation antinucléaire contre la centrale nucléaire de Bugey avait défrayé la chronique, (vidéo) et j’ai eu l’honneur d’y participer, tout comme à celle qui s’est tenue le samedi 15 octobre 2011 avec 3000 autres manifestants, (lien) et à cette occasion Yuko Nishiyama a envoyé un message aux amis français.
Extraits : « on a perdu notre région, on ne sait même pas quand l’accident se terminera (…) l’état japonais, le préfet de Fukushima, et le maire de Fukushima ne nous ont pas informés de ce qui se passait réellement, ils ne nous ont pas du tout protégés. Donc nous avons été obligés de nous sauver par nous-mêmes, avec notre propre jugement de la situation (…) les enfants ne peuvent pas partir de Fukushima et ils portent un masque quand ils sortent dehors. Il leur est interdit de faire du sport, ils vivent avec beaucoup de limitations (…) notre pays a reçu 770 000 000 000 000 000 Bq de radioactivité mais le gouvernement fait vivre toute la population comme avant (…) et puis face à cette infâme destinée pour les enfants de Fukushima, face à ce spécialiste qui nous explique que jusqu’à 100 mSv an c’est sans danger pour notre santé, et aussi face à ce préfet qui l’a invité…secourez-nous ! S’il vous plait…ONEGAI-SHIMASU ». lien
Un autre citoyen japonais, Simon, a habité 10 ans à Fukushima City, à 60 km de la centrale et à 47ans, il a tourné la page, laissant derrière lui son appartement, son travail, ses amis et il restera en France les 3 mois que lui permet son visa touriste, puis il hésite entre l’Angleterre ou l’île d’Okinawa, le plus loin possible de Fukushima.
Il évoque le « Whole Body Counter » une machine qui détecte les radionucléides contenus dans l’organisme, mais qui est inaccessible financièrement (1000 €) et affirme que seulement 5 personnes ont pu l’utiliser à ce jour : ils tournaient une émission télé, et c’est la chaine de TV qui a payé.
Alors il s’est acheté sur le Net un compteur Geiger, fait ses mesures lui-même, le prête, et a détecté souvent une radiation supérieure à 20 mSv. lien
« Asahi Shimbun », un quotidien japonais, à révélé des niveaux élevés de radioactivité jusqu’à 250 km de la centrale, du coté de Siba et Salaima, mesures prises entre le 8 et 12 septembre dernier : entre 30 000 et 60 000 becquerels par m2.
Les habitants de cette région reçoivent plus de 4 mSv/an, soit 4 fois plus que la norme pratiquée ailleurs.
A Tokyo même, des niveaux incompatibles avec la santé ont été relevés, et nombreux sont ceux qui pensent qu’il faudrait évacuer la ville.
Le gouvernement à une tache difficile : selon le ministère de l’environnement japonais, il faut enlever et éliminer (mais comment ?) 29 millions de m3 de terre contaminée dans une zone de 2400 km2, et tout cela aura un prix élevé : aux 2,2 milliards d’euros, il faudra ajouter plus de 4 milliards d’euros, et cela ne sera pas suffisant.
D’après le « Mainichi Japan » du 12 octobre 2011, un niveau de radioactivité anormalement élevé a été relevé le long d’une rue de Setagaya, un arrondissement de Tokyo, qui serait du aux pluies radioactives.
Près de certaines écoles de ce quartier, un taux de 2,7 mSv/heure a été détecté, et nettoyer à grande eau n’a pas permis d’abaisser cette radioactivité.
A Funabashi, près de l’aéroport international de Narita, un niveau de 5,8 mSv/h a été relevé dans un parc, et à Yokohama, du Strontium 90 a été décelé dans le sol.
Cet isotope radioactif est susceptible de provoquer des cancers de l’os et des leucémies. lien
Au moment ou nombreux sont ceux qui imaginent que tout est réglé à Fukushima, on s’aperçoit qu’ils sont très éloignés de la réalité, et que malheureusement, le pire est sûrement devant nous.
Au mois de mai, la décontamination partielle des 110 000 tonnes d’eau radioactive que voulait entreprendre Tepco était estimée à 650 millions de dollars, (lien) et le 22 juin, l’opération lancée avec promesse qu’en 150 jours tout serait réglé, allait connaitre de nombreux déboires, (lien) prenant beaucoup de retard, et son efficacité n’est que d’environ 55%. lien
Le 22 novembre, date à laquelle tout devait être tout devait être terminé, rien n’aura été résolu, et l’opacité de Tepco ne permet pas de savoir comment ils comptent résoudre le problème.
Le 22 septembre, il restait encore 102 000 tonnes d’eau à traiter.
De plus, une bonne partie de l’eau radioactive a fui vers l’océan, ou les nappes phréatiques. lien
Eva Joly qui se rend au Japon dès le 18 octobre prochain essayera de nous donner de nouvelles informations. lien
Car comme dit mon vieil ami africain : « la plupart des gens préfèrent vivre avec des vieux problèmes qu’avec des nouvelles solutions ».
Merci aux internautes, et à Corinne PY pour leur aide efficace.
L’image illustrant l’article provient de « machronique.com ».
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