Par Alain Gresh
pour http://blog.mondediplo.net
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Les crises dans le monde arabe ont fait passer au second plan et la guerre en Irak et celle en Afghanistan. C’est dommage, et il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont le gouvernement « démocratique » de Bagdad traite les manifestants qui réclament plus de libertés et de démocratie, comme au Bahreïn, en Syrie ou en Algérie ; beaucoup aussi à dire sur la manière dont le gouvernement kurde, protégé depuis 1991 par les puissances occidentales et qui aurait eu largement le temps d’élargir la démocratie, impose un ordre autoritaire à travers deux partis qui se partagent le pouvoir et les richesses.
En Afghanistan, où des élections truquées ont permis au président Hamid Karzaï d’être réélu et de disposer d’une chambre à sa botte, il est clair depuis plusieurs années que la stratégie occidentale est en échec. Bien que feutré, le débat se déroule aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Et il se fonde sur une idée, le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan.
Si l’on en croit le journaliste pakistanais Ahmed Rashid, un des meilleurs connaisseurs de l’Afghanistan, l’administration américaine a désormais, après un long débat, une position unifiée sur la guerre qui s’y mène. Il l’a écrit dans un article du Financial Times, « How the US intends to end the war with the Taliban » (19 avril).
« Après deux années de disputes internes et de rivalités, l’administration Obama est pour la première fois unie pour intensifier ses discussions secrètes avec les talibans. Elle veut aussi élargir les pourparlers aux pays de la région, notamment le Pakistan, qui détient la clef d’un règlement pacifique, alors que les Etats-Unis et l’OTAN se préparent à retirer leurs troupes en 2014. »
Prenant en compte le désir de la plupart des 49 Etats de la coalition de retirer leurs troupes, de l’hostilité grandissante des opinions publiques occidentales (en premier lieu celle des Etats-Unis) à la guerre, du coût de celle-ci (deux milliards de dollars par semaine !), l’administration Obama cherche à sortir de l’impasse en discutant avec les talibans. De premiers contacts avaient été pris, mais il était difficile de savoir si les personnes présentes étaient vraiment représentatives.
Washington aurait donné son accord à ce que les talibans ouvrent un bureau officiel dans un pays du Golfe (ou en Turquie). « Cela marquerait un tournant décisif dans une stratégie vieille d’une décennie » d’isolement des talibans. Ce bureau pourrait ouvrir des négociations avec le gouvernement afghan, mais aussi avec les Etats-Unis. Et si les pourparlers avançaient, ce bureau pourrait être installé en Afghanistan.
Après d’âpres débats internes, l’administration Obama aurait décidé d’utiliser les bons services des militaires pakistanais. Les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan sont tendues, les premiers accusant les seconds d’aider en sous-main les talibans (ce qui n’est un secret pour personne), les seconds reprochant aux premiers de ne pas les associer à leur vision de l’avenir de l’Afghanistan. Le rapprochement, encore hypothétique, nécessitera aussi une détente entre l’Inde et le Pakistan pour les amener à collaborer sur le dossier.
Plus spectaculaire encore, Washington a abandonné les deux préconditions à l’ouverture de négociations avec les talibans : la rupture de leurs relations avec Al-Qaida et l’acceptation de la constitution afghane, les deux devant être le résultat des pourparlers. Cela vous rappelle quelque chose ? Pourquoi Washington (et Paris) n’abandonnent pas leurs préconditions à l’ouverture d’un dialogue avec le Hamas qui, lui, lutte contre Al-Qaida ?
Selon Ahmed Rashid, deux échéances permettront de se faire une idée plus claire des intentions des Etats-Unis : le discours du président Obama en juillet avec le premier retrait de soldats américains d’Afghanistan ; une conférence en Allemagne en décembre, qui marquera le dixième anniversaire de celle de Bonn qui avait exclut les talibans : ceux-ci seraient cette fois invités à s’y joindre.
Ainsi, il aura fallut dix ans de guerres, de destructions, des milliers de morts, pour arriver à une conclusion écrite d’avance : il ne peut y avoir de solutions étrangères imposées par la force au peuple afghan. Britanniques et Soviétiques en ont fait l’expérience ; c’est au tour des Etats-Unis.
Dans une opinion publiée par le New York Times le 22 avril, Anatol Lieven et Maleeha Lodhi (ancien ambassadeur pakistanais) et intitulée « Bring in the Taliban » reprennent les mêmes informations, mais ils notent la résistance des militaires américains à cette stratégie. Ils font ainsi dire à un diplomate européen : « Les militaires américains ne veulent de discussions que quand ils auront leurs bottes sur le cou des talibans. » Le vieux rêve, jamais réalisé, de toutes les armées coloniales et d’intervention, de l’Algérie au Vietnam.
En Afghanistan, où des élections truquées ont permis au président Hamid Karzaï d’être réélu et de disposer d’une chambre à sa botte, il est clair depuis plusieurs années que la stratégie occidentale est en échec. Bien que feutré, le débat se déroule aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. Et il se fonde sur une idée, le retrait des troupes étrangères d’Afghanistan.
Si l’on en croit le journaliste pakistanais Ahmed Rashid, un des meilleurs connaisseurs de l’Afghanistan, l’administration américaine a désormais, après un long débat, une position unifiée sur la guerre qui s’y mène. Il l’a écrit dans un article du Financial Times, « How the US intends to end the war with the Taliban » (19 avril).
« Après deux années de disputes internes et de rivalités, l’administration Obama est pour la première fois unie pour intensifier ses discussions secrètes avec les talibans. Elle veut aussi élargir les pourparlers aux pays de la région, notamment le Pakistan, qui détient la clef d’un règlement pacifique, alors que les Etats-Unis et l’OTAN se préparent à retirer leurs troupes en 2014. »
Prenant en compte le désir de la plupart des 49 Etats de la coalition de retirer leurs troupes, de l’hostilité grandissante des opinions publiques occidentales (en premier lieu celle des Etats-Unis) à la guerre, du coût de celle-ci (deux milliards de dollars par semaine !), l’administration Obama cherche à sortir de l’impasse en discutant avec les talibans. De premiers contacts avaient été pris, mais il était difficile de savoir si les personnes présentes étaient vraiment représentatives.
Washington aurait donné son accord à ce que les talibans ouvrent un bureau officiel dans un pays du Golfe (ou en Turquie). « Cela marquerait un tournant décisif dans une stratégie vieille d’une décennie » d’isolement des talibans. Ce bureau pourrait ouvrir des négociations avec le gouvernement afghan, mais aussi avec les Etats-Unis. Et si les pourparlers avançaient, ce bureau pourrait être installé en Afghanistan.
Après d’âpres débats internes, l’administration Obama aurait décidé d’utiliser les bons services des militaires pakistanais. Les relations entre les Etats-Unis et le Pakistan sont tendues, les premiers accusant les seconds d’aider en sous-main les talibans (ce qui n’est un secret pour personne), les seconds reprochant aux premiers de ne pas les associer à leur vision de l’avenir de l’Afghanistan. Le rapprochement, encore hypothétique, nécessitera aussi une détente entre l’Inde et le Pakistan pour les amener à collaborer sur le dossier.
Plus spectaculaire encore, Washington a abandonné les deux préconditions à l’ouverture de négociations avec les talibans : la rupture de leurs relations avec Al-Qaida et l’acceptation de la constitution afghane, les deux devant être le résultat des pourparlers. Cela vous rappelle quelque chose ? Pourquoi Washington (et Paris) n’abandonnent pas leurs préconditions à l’ouverture d’un dialogue avec le Hamas qui, lui, lutte contre Al-Qaida ?
Selon Ahmed Rashid, deux échéances permettront de se faire une idée plus claire des intentions des Etats-Unis : le discours du président Obama en juillet avec le premier retrait de soldats américains d’Afghanistan ; une conférence en Allemagne en décembre, qui marquera le dixième anniversaire de celle de Bonn qui avait exclut les talibans : ceux-ci seraient cette fois invités à s’y joindre.
Ainsi, il aura fallut dix ans de guerres, de destructions, des milliers de morts, pour arriver à une conclusion écrite d’avance : il ne peut y avoir de solutions étrangères imposées par la force au peuple afghan. Britanniques et Soviétiques en ont fait l’expérience ; c’est au tour des Etats-Unis.
Dans une opinion publiée par le New York Times le 22 avril, Anatol Lieven et Maleeha Lodhi (ancien ambassadeur pakistanais) et intitulée « Bring in the Taliban » reprennent les mêmes informations, mais ils notent la résistance des militaires américains à cette stratégie. Ils font ainsi dire à un diplomate européen : « Les militaires américains ne veulent de discussions que quand ils auront leurs bottes sur le cou des talibans. » Le vieux rêve, jamais réalisé, de toutes les armées coloniales et d’intervention, de l’Algérie au Vietnam.
Une université populaire les 13 et 14 mai
Attention : nombre de places limitées, inscription obligatoire.
Alors que les peuples se soulèvent de la Tunisie à l’Egypte, du Maroc à la Syrie, de Bahreïn au Yémen, Nouvelles d’Orient et l’institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO) vous proposent un cycle de conférences sur les révoltes et révolutions dans le monde arabe.
Vendredi 13 et samedi 14 mai 2011
Siège de l’iReMMO, 5 rue Basse des Carmes 75005 (Métro Maubert-Mutualité)
Vendredi 13 mai, 18h - 20h
« Place du soulèvement de 2011 dans l’histoire du monde arabe »
Elizabeth Picard, directrice de recherches au CNRS
Samedi 14 mai, 10h30 - 12h30
« Révolte arabe, unité des aspirations, diversité des situations »
Alain Gresh, animateur du blog « Nouvelles d’Orient »
Samedi 14 mai, 14h -16h
« Où ont disparu les islamistes ? »
Burhan Ghalioun, directeur du Centre d’Etudes sur l’Orient Contemporain
Samedi 14 mai, 16h30-18h30
« Le rôle des armées et des services de sécurité »
Bassma Kodmani, directrice de l’Arab Reform Initiative
Participation : 8 euros par séance (5 euros pour les étudiants & chômeurs) ou 20 euros pour l’ensemble de la formation (12 euros étudiants & chômeurs) - Règlement sur place.
Le nombre de places étant limité, l’inscription est obligatoire : iremmo.up@gmail.com ou 01 43 29 05 65
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