L’accès à des services sanitaires convenables et à l’eau potable reste toujours un luxe inaccessible pour une grande partie de la population des pays en voie de développement... Pour ces deux indicateurs, les progrès sont si lents que les Nations unies ne prévoient pas que les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) soient atteints avant 2020 en Asie et 2040 — voire 2070 ! — pour l’essentiel des pays africains. Et quand bien même les « cibles » des ODM seront atteintes, il restera des centaines de millions de personnes sur le carreau, ne disposant toujours ni d’eau potable, ni de sanitaires adéquats.
Objectifs du millénaire :
c’est raté
Que ce soit pour l’approvisionnement en eau potable ou pour l’aménagement d’équipements sanitaires convenables, les progrès sont beaucoup trop lents. Entre 1990 (l’année de référence) et 2006 (dernières statistiques connues), la proportion de la population mondiale approvisionnée en eau potable est passée de 77 % à 87 %, et celle équipée en services d’assainisement de 54 % à 62 %. La plupart des régions atteindront donc, de plus ou moins près, les objectifs fixés pour 2015, sauf en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Au taux de croissance actuel, il manquerait 700 millions à 800 millions de personnes (selon les projections démographiques) correctement approvisionnées en eau propre et équipées de toilettes digne de ce nom pour atteindre les OMD. Et ce chiffre ne tient pas compte des quelques centaines de millions d’autres personnes que le pari onusien a « sacrifié » en ne les incluant pas dans le panel...
Accès aux systèmes d’assainissement
Les deux cartes ci-dessous montrent clairement où se situe le problème et où doivent porter les efforts, en Afrique et en Asie du Sud. 2,5 milliards de personnes n’ont pas d’accès à des équipements sanitaires décents. Un peu plus d’un milliard d’entre elles sont même obligées de déféquer à l’air libre. Cette pratique entraîne le développement de graves pathologies, comme par exemple les parasitoses intestinales telles que l’anguillulose ou l’ankylostomiase, fréquentes quand on marche pieds nus à proximité de matières fécales.
Accès à l’eau potable
L’absence d’hygiène de base favorise la dissémination de maladies liées à l’eau (diarrhée, choléra, amibiases, typhoïde, dysenterie…). Elle provoque en silence la mort de dizaines de millions de personnes chaque année. Il suffirait pourtant d’investissements relativement modestes pour améliorer sensiblement cette situation. En 2006, 5,7 milliards de personnes avaient un accès à de l’eau potable, soit 1,6 milliard de plus qu’en 1990. Mais cela veut dire aussi qu’un peu plus de 900 millions de personnes étaient toujours obligées, à cette date, d’utiliser de l’eau impropre à la consommation. C’est en Afrique subsaharienne, où seulement 58 % de la population est approvisionnée, que la situation est la plus grave.
L’absence d’eau potable à proximité n’a pas pour seul impact une menace sur la santé publique, mais aussi sur la force de travail et l’éducation : les corvées d’eau mobilisent encore les femmes et les petites filles une bonne partie de la journée, notamment en Afrique, les empêchant soit d’avoir des activités plus lucratives, soit simplement d’aller à l’école.
À lire, dans Le Monde diplomatique de janvier 2010, notre dossier cartographique : « Le tabou des excréments, péril sanitaire et écologique », par Maggie Black (textes) et Philippe Rekacewicz (cartes et graphiques).
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