Il semblerait désormais établi que Jacques Chirac, à peine arrivé l’Elysée en mai 1995, ait demandé que soit mis un terme au versement d’une partie des commissions négociées un an plus tôt par le gouvernement d’Edouard Balladur, à l’occasion de la vente de trois sous-marins par la Direction des constructions navales (DCN) au Pakistan. “Peu après ma nomination au ministère de la Défense, en 1995, Jacques Chirac m’a demandé de passer en revue les différents contrats de ventes d’armes en cours et de stopper le versement des commissions pouvant donner lieu à des rétrocommissions. C’est ce qui a été effectué : chacun d’entre eux a fait l’objet d’une expertise particulière“, a affirmé M. Millon à Paris-Match le 24 juin.
Pas pour des raisons d’éthique mais parce que le nouveau président aurait été persuadé qu’une partie des rétro-commissions aurait servi au financement de la campagne de son rival malheureux (vidéo 3), Edouard Balladur, dont le directeur de campagne était alors Nicolas Sarkozy. Un Nicolas sarkozy également ministre du Budget et donc à ce titre amené à autoriser ou refuser les commissions déclarées auprès de l’administration des douanes pour y être défiscalisées.
Invité ce dimanche du Grand Jury LCi-RTL, Edouard Balladur, un brin agacé a réfuté la thèse du financement politique alors que les comptes de sa campagne “ont été établis, déposés, contrôlés et validés par l’organe compétent à cet effet“. Selon l’ancien premier ministre , il ne s’agirait que de simples allégations étayées par aucun fait : “Il ne suffit pas que quelqu’un aille devant un juge pour dire quelque chose pour que cela soit tenu pour vérité d’évangile”, a-t-il ajouté. “Ça dépend d’abord de l’honorabilité de celui qui dit quelque chose et des preuves qu’il apporte“.
Ce serait donc l’arrêt du versement de ces commissions, dont certaines auraient été destinées à des officiels pakistanais, qui pourrait être le mobile de l’attentat de Karachi. Une thèse suffisamment sérieuse pour être évoquée par les deux juges antiterroristes en charge de l’enquête devant les familles de victimes.
Et voilà comment on glisse d’un odieux attentat islamiste à la mise à jour d’un système de corruption institutionnalisé inhérent aux grands contrats d’armement français . Si l’affaire éclabousse des retraités ou des semi-retraités de la politique Jacques Chirac et Edouard Balladur, l’actuel président et son entourage voient leurs noms cités dans le dossier : Brice Hortefeux, Jean-François Copé, et l’ex-secrétaire adjoint de l’Elysée, François Pérol.
La menace ne vient pas de la gauche, tenue par de vieilles histoires, notamment celle des frégates de Taiwan . Guère plus de la justice avec un parquet privé de toute indépendance. Le risque ce sont les médias poussés par la blogosphère (vidéo 2) à, ne pas lâcher l’affaire. La mutation express de Brice Hortefeux des affaires sociales à l’intérieur, la mise en porte-à-faux du clan chiraquien avec la nomination de MAM à la justice, peuvent être analysées comme le déploiement d’un système défensif autour du château.
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