4 mai 2011

ARTE Reportage - Brésil , Bangkok , Golfe du Mexique

http://videos.arte.tv
(France, 2011, 42mn)
ARTE


Enfants prêcheurs du Brésil
Adriana, 10 ans, prêche la bonne parole devant une assemblée de fidèles suspendus à ses lèvres. Le verbe facile, le geste sûr, elle harangue l’assistance, micro en main, pendant près d’une heure. Persuadée que la présence divine qui l’anime va transformer la vie de ceux qui l’écoutent.
A l’image du pays entier, Sumaré, une ville de 230 000 habitants dans l’Etat de São Paulo, possède de nombreuses églises évangéliques. Au Brésil, la religion évangélique monte en puissance. Le fer de lance de cette progression : les enfants, dont l’image de pureté attire des nouveaux fidèles. Ils prient avec ferveur, donnent de l’espoir à des gens désespérés, guérissent leurs maladies… Pour les fidèles en transe, ces enfants sont des icônes, des stars. Pour d’autres, ils ne sont que le fruit d’une épouvantable manipulation que personne n’ose dénoncer.
Il y a trois ans, l’Amérique latine comptait près de 6 000 enfants prêcheurs. Aujourd’hui, on ne connaît pas leur nombre, mais ils représentent un business florissant qui attire toujours plus de fidèles.

Bangkok coule
Bienvenue à Samut Prakan, ou du moins ce qu’il en reste. Il y a dix ans, c’était un village de la banlieue de Bangkok, avec ses rues, ses voitures, ses habitations. Aujourd’hui, tout a disparu. Grignoté par les eaux, le littoral thaïlandais est totalement englouti.
Bangkok, l’ancienne Venise de l’Orient, s’est développée anarchiquement pendant des années. Aujourd’hui, c’est une mégapole trépidante de dix millions d’habitants, qui continue de déplier ses tentacules… Un processus naturel encore amplifié par le poids des gratte-ciel. Le béton recouvre tout : la plus grande partie de l’agglomération se trouve au-dessous du niveau de la mer. Et la ville toute entière s’enfonce de plusieurs centimètres par an. « Bangkok est condamnée ». Tous spécialistes confondus s’accordent à dépeindre des scénarios cauchemardesques. La Banque Mondiale estime que si rien n‘est fait rapidement, un million de personnes vivront dans des zone inondables. D’ici 2050, Bangkok sera sous les eaux.

Golfe du Mexique : pétrole en profondeur
Après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril 2010, le géant pétrolier britannique BP a fait disperser des millions de litres de Corexite, un produit chimique toxique qui a empêché la marée noire de déferler sur les plages du Golfe du Mexique.
Aujourd’hui, d'importantes nappes de pétrole ont été découvertes par 1400 mètres de fond par des scientifiques de plusieurs universités américaines. Une découverte qui laisse à penser que l'estimation de la quantité de pétrole s'échappant de la plate-forme Deepwater a été largement sous-évaluée.
Ces nappes épaisses s’incrustent en grande quantité dans les profondeurs. Un dépôt toxique autrement plus dangereux que ce qui apparaît à la surface de l’eau. Les spécialistes s’accordent à dire que la quantité de pétrole se présente sur plusieurs couches, qui s'étagent sur trois, quatre ou cinq niveaux… Et ces nappes ont provoqué une baisse de 30% de la quantité d'oxygène dans la zone, menaçant de tuer la majorité de la faune marine

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1950-1990 : Le scandale des armées secrètes de l’OTAN

Réalisation : Emmanuel Amara
Durée : 52mn
Année : 2011

Un documentaire choc sur un sujet ignoré de la Guerre Froide dans l’Europe de l’Ouest. Plusieurs services secrets d’états européens (Italie, Allemagne, Belgique et France principalement), sous la pression des USA, ont commandité des attentats terroristes contre leur propre population pour contraindre les gouvernements démocratiques à renforcer leurs systèmes sécuritaires et/ou empêcher la montée des partis de gauche ou d’extrême gauche au pouvoir.
« « Théorie du complot » est devenu l’équivalent intellectuel d’un mot de cinq lettres. C’est quelque chose que les gens disent quand ils ne veulent pas que vous réfléchissiez à ce qui se passe vraiment. » Noam Chomsky
Alors que l’Europe est progressivement scindée en deux blocs à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Américains et les Britanniques mettent en place des armées secrètes, des réseaux appelés «Stay Behind», destinés à réagir en cas d’invasion soviétique. Mais alors même qu’une attaque russe devient improbable, ces réseaux ne seront jamais démantelés. Ils sont même à l’origine d’actes de terrorisme et responsables de la mort d’innocents civils. A chaque fois que la gauche menaçait d’accéder au pouvoir, ils ont usé de la force et sont intervenus dans les processus démocratiques nationaux. Parfois, ils ont été protégés par les forces de police et les services de sécurité pour préserver leur capacité de combat.
« Craignant une prise de pouvoir par les partis communistes d’Europe Occidentale, l’OTAN a mis en place le réseau « Gladio » pendant la guerre froide. Gladio, dont la branche suisse était la P26, regroupait des militaires de confiance capables d’engager une résistance armée intérieure contre les régimes communistes. Dans la plupart des pays européens, ces armées secrètes ont joué un rôle trouble. Grâce aux recherches d’un historien suisse (ndlr : le professeur d’histoire contemporaine Daniele Ganser, de l’Université de Bâle) qui a travaillé sur des documents ultra-confidentiels, mais aussi le témoignage d’anciens soldats de Gladio, retour sur une page trouble et sombre de l’Europe d’après-guerre.

Par
pour http://www.notre-ecole.net

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Le Dessous Des Cartes - Inde, puissance pragmatique (2/2)

http://www.arte.tv
(France, 2011, 12mn)
ARTE F


Voici le deuxième volet que Le Dessous des Cartes consacre à l'Inde.
Je vous ai parlé d'économie mondialisée, et dans un prochain numéro je vous parlerai de révoltes paysannes dans ce pays.
Aujourd'hui, je vais vous raconter pourquoi l'Inde a changé de politique étrangère.

  • Le paradoxe indien
  • Les trois axes de la politique étrangère et économique
  • Les intérêts américains en Asie du Sud
  • L’accord américano-indien de 2006
  • Le « gazoduc de la paix »
  • Le projet TAPI
  • Les projets de gazoducs en provenance de la Birmanie
  • Des foyers de crise à l’Ouest
  • La stratégie chinoise du « collier de perles »
  • L’Inde à l’OMC
  • Le forum de dialogue IBSA

Le paradoxe indien

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Le paradoxe indien
L’Inde fait 3,3 millions de km2.
Elle a 1 milliard 200 millions d’habitants, c'est la 2e population mondiale, derrière la Chine, qu’elle aura dépassée dans 20 ans.
La croissance est très soutenue, le pays est désormais la 4e économie mondiale, en parité de pouvoir d’achat.
Et en même temps, plus de 75 % de la population indienne vit avec moins de 2 $ par jour. C’est l’un des énormes paradoxes et bien sûr problème de ce pays.

Si je me résume : une politique d'alliance avec les Etats-Unis, une forte rivalité avec la Chine mais pas d'opposition frontale, une stratégie d'alliance aussi avec les émergents : comme le Brésil ou l'Afrique du Sud.
En fait, la stratégie diplomatique indienne est très pragmatique et puis, son influence culturelle est vraiment très grande, je vous rappelle que c'est la première industrie cinématographique au monde.
Vous voyez aujourd'hui, je suis au musée Guimet qui est le musée des arts asiatiques à Paris, au Trocadéro.
Il y a justement une programmation consacrée à l'Inde jusqu'en juillet 2011.
Dans un prochain numéro, je vous parlerai d'une facette de ce pays qui est très mal connue, c'est la guérilla maoïste qui, année après année, gagne sur le territoire indien.


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3 mai 2011

Chine : expulsion des « indésirables » des centres urbains


Inde : le Kerala veut l'interdiction du pesticide Endosulfan

2 mai 2011

Tchernobyl en Biélorussie...

Par Benjamin Vautrin
pour http://blog.mondediplo.net

Le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui ont endommagé la centrale de Fukushima au Japon, et entraîné le pire accident nucléaire depuis Tchernobyl nous rappellent qu’aucune technologie n’est totalement sous contrôle. « Fukushima a fait réapparaître un monstre qui n’était assoupi que pour ceux qui dorment à poings fermés » faisait récemment remarquer le journaliste Fabrice Nicolino. Quel recul avons-nous pour mesurer les conséquences de cette nouvelle catastrophe ?
Les gouvernements et leurs partenaires industriels élaborent leurs choix d’investissements technologiques en fonction d’une règle qui compare le risque au bénéfice. Les risques induits et la probabilité d’un accident sont théoriquement compensés par le bien être et les avantages qui profite à la société. « Même s’il y avait une catastrophe de ce type tous les ans, je considérerais le nucléaire comme une énergie intéressante » s’exclamait Morris Rosen, directeur de la sureté nucléaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), quatre mois après les événements de Tchernobyl [1]. Il récidivera un peu plus tard à Paris en affirmant qu’« un accident nucléaire grave n’est pas impossible, mais très improbable. L’accident de Tchernobyl n’est pas acceptable, mais les risques qu’un tel accident se produise à nouveau pourraient être tolérables si l’on compare ces risques à ceux que comporte la production d’autres sources d’énergie [2] ». Quels sont les critères qui permettent d’évaluer le danger réel ?

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L’Europe contaminée
Carte : Philippe Rekacewicz, 2000. 
 
Le dogme d’Hiroshima

Les analyses des conséquences de l’explosion du réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986, sont basées sur une « norme » établie d’après les observations faites à la suite de l’explosion des bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki en 1945, seuls événements dans l’histoire ayant provoqué l’irradiation d’un grand nombre de personnes et surtout ayant fait l’objet d’un travail de collecte statistique [3].

Cette norme précise le lien entre dose reçue et surcroît de cas de cancer. Mais l’étude est incomplète car, d’une part, elle ne porte que sur les survivants à cinq ans (les données de la période 1945-1950 étant conservées par l’armée américaine) et, d’autre part, elle ne prend pas en compte les autres pathologies.
Comparer les simples doses reçues, selon qu’elles soient moyennes ou localisées, n’a aucun sens quand elles sont de natures différentes. Dans le cas d’Hiroshima, les victimes ont reçu une très forte irradiation externe sous la forme d’un flash sur une courte période. Les liquidateurs présents sur le site de la centrale de Tchernobyl ont également été contaminés à forte dose de manière externe. Ce sont ces effets qui sont pris en compte. On exclut donc toute une partie de la population irradiée par rayonnement interne : l’explosion de Tchernobyl a libéré des cendres, particules irradiées d’isotopes dont la durée de vie est très longue, et qui, propagées dans l’environnement, continuent d’irradier. Les éléments radioactifs, principalement le césium 137, contaminent aujourd’hui les trente premiers centimètres du sol dans les zones atteintes. Les plantes qui y poussent et les animaux qui s’y nourrissent sont eux-mêmes irradiés, et ce processus contamine la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme. Dans le corps, les éléments radioactifs continuent d’irradier, se fixant sur les glandes, les muscles, le cœur, et les organes, causant des dégâts irrémédiables.

Le docteur Mikhail Malko, de l’Académie nationale des sciences de Biélorussie, nous expliquait, lors d’un entretien en mars 2011, les biais induits par le dogme d’Hiroshima : « Pour évaluer les cancers en Biélorussie, à la suite de Tchernobyl, on nous a demandé d’appliquer la norme d’Hiroshima [4] en baissant le coefficient, considérant que les irradiations externes reçues à Tchernobyl — en valeur absolue — étaient moindres que celles d’Hiroshima. J’ai appliqué la norme d’Hiroshima, et j’ai obtenu un nombre de cancers dix fois inférieur à ceux que nous avons pu observer de manière empirique ! Les radiations reçues de manière externe dans les semaines suivant l’accident de Tchernobyl étaient ceux des éléments à la durée de vie la plus courte. Après quatre ans, les radiations externes subies ont baissé d’un facteur 20. Le césium 134 a presque disparu mais le césium 137 subsiste toujours. S’il irradie très peu de manière externe, il est en revanche toujours présent aujourd’hui dans l’alimentation. »

La Biélorussie est le seul pays de l’ex bloc soviétique a avoir tenu un registre des cancers (y compris leucémie et thyroïde) depuis 1953, information ignorée par la communauté d’experts internationaux chargés d’étudier le phénomène. Des données de comparaison très précises sont donc possibles sur les populations :
« J’affirme, poursuit Mikhail Malko, que les conséquences des irradiations internes régulières à faibles doses sont plus néfastes que celles subies par les populations d’Hiroshima et Nagasaki. Selon mes estimations, le nombre de cancers supplémentaires induits par la catastrophe de Tchernobyl, est de 9 000 cancers de la thyroïde, plus de 2 000 leucémies et 2 000 cancers des poumons. Et cela uniquement pour la Biélorussie ! »

Le professeur Alexei Okeanov confiait dans une interview en 2006 [5] qu’il estimait le nombre de cancers supplémentaires induits par Tchernobyl à 1 600 cas par an, uniquement pour la Biélorussie, auxquels doivent s’ajouter des pathologies cardio-vasculaires, des cataractes, des maladies endocriniennes et immunologiques, conséquences des irradiations chroniques à faible dose.

Dans une position officielle commune, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’AIEA [6], en 2006, n’admettaient au total qu’une cinquantaine de morts parmi les liquidateurs, 4 000 cancers mortels induits et 4 000 cancers non mortels de la thyroïde. A l’évocation de la mortalité élevée constatée dans la population des zones concernées, ces deux instances (OMS et AIEA) donnent pour seule explication… la radiophobie et le stress dû aux changements politiques et économiques survenus au début des années 1990 !

Etudes locales contre posture internationale 

 

Les enjeux et les intérêts défendus par le lobby nucléaire et les instances internationales qui lui sont affiliées occultent l’utilisation des données scientifiques existantes [7]. Cette posture conduit à ignorer toute étude indépendante locale ne répondant pas aux standards du discours dominant sur un nucléaire civil « gérable » du point de vue du démantèlement et du stockage des déchets, ou des conséquences d’accidents plus ou moins graves. Les données collectées par l’OMS ne résultent d’aucune étude de terrain, mais sont envoyées par les autorités sanitaires de chaque pays. Ce sont donc des données choisies, et hautement politiques.

A Tchernobyl même, de nombreuses études ont été réalisées par des scientifiques indépendants. Leur lisibilité est restée moindre du fait de la barrière de la langue, et de la répression directement exercée à l’encontre de certains d’entre eux [8]. La mise en commun des travaux, le support de relais tels que la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) ou d’homologues scientifiques européens a permis une diffusion des résultats : un rapport de l’Académie des sciences de New York, fruit de 20 années de collecte d’informations sur le terrain, a été publié en décembre 2009 [9].

Le biologiste russe Alexey Yablokov, la généticienne biélorusse Rosa Gontcharova, et l’équipe de l’institut Belrad à Minsk, sont les artisans de cette étude qui repose sur un titanesque travail de mesure et de collecte de données. Créé en 1990 par le professeur Vassili Nesterenko (décédé en 2008), le centre est désormais dirigé par son fils Alexeï. Depuis vingt ans, le centre assure un suivi des populations vivant en zone contaminée et prodigue, en priorité aux enfants, un traitement à base de pectine de pomme permettant de faire diminuer la présence de radionucléides présents dans le corps.

« Actuellement, le risque principal pour ces populations reste l’ingestion des aliments irradiés collectés localement, nous explique Alexei Nesterenko, et les effets que cela produit sur ces personnes. Le manque de revenus pousse une partie de la population à cultiver dans son potager ses propres aliments, ainsi qu’à collecter en forêt baies et champignons. 16 % des échantillons alimentaires que nous avons analysés présentent un excès par rapport au niveau admissible de radionucléides (lait, champignon, baies, gibier, foin du bétail...). Le mois dernier, nous avons mesuré des champignons secs dans la région de Moguilev qui dépassaient les 170 000 Bq/kg (la norme est de 2 500 Bq/kg). C’est autant voire plus radioactif que des déchets nucléaires de faible activité ! Actuellement, 80 % de la radiation subie l’est par voie interne. Ce pourcentage ne fera qu’augmenter dans le futur à mesure que la radiation externe diminuera. »

Et en Biélorussie, les choix politiques accentuent les problèmes sanitaires… « La Biélorussie a vu 20 % de ses terres agricoles et 25 % de ses forêts contaminées, écrit Marc Molitor. A partir de la fin des années 1990, le président Loukachenko a clairement fait savoir qu’il voulait les “reconquérir”, c’est à dire […] les rendre à l’exploitation économique [10]. » Ce qui explique qu’il est hors de question, dans ce cas, de déplacer les populations. C’est au contraire la réhabilitation et le repeuplement des zones contaminées que l’on vise, en déclassifiant ces zones et en proposant une somme d’argent pour les familles souhaitant s’y installer.

Pourtant, la situation radiologique reste préoccupante. « Il est fréquent que nous mesurions des enfants présentant des doses de césium 137 allant jusqu’à plus de 100 Bq/kg, poursuit Alexei Nesterenko. Au dessus de 30 Bq/kg tous les systèmes et organes vitaux sont affectés, et au dessus de 50 Bq/kg les lésions sont irréversibles. Il faudrait permettre à ceux qui vivent dans ces zones de s’alimenter correctement avec des produits importés. Mais cela a un coût que beaucoup de familles ne peuvent supporter. C’est pourquoi, en plus des cures de pectine, une information pour les populations sur les dangers des produits irradiés est essentielle, chose que nous nous efforçons de faire par des formations en collaboration avec les écoles et dispensaires locaux. »

Des enjeux à l’échelle mondiale 

 

Les travaux réalisés sur les conséquences sur la santé des irradiations chroniques à faible dose sont de première importance, mais restent peu diffusés. Si l’on comprend qu’ils aident à dresser le vrai bilan de la catastrophe de Tchernobyl, leur reconnaissance pourrait donner une tout autre lecture des véritables conséquences de la catastrophe de Fukushima, et des doses jugées « non dangereuses » par les autorités. Elle permettraient aussi d’envisager sous un autre angle la situation des populations vivant à proximité des centrales en exploitation, et soumises, elles aussi, à des irradiations chroniques à faible dose.
Aussi aberrant que cela puisse paraître, l’institut Belrad n’a comme seule source de financement que les dons de particuliers via des associations citoyennes [11]. La France préfère financer les travaux du CEPN (Centre d’étude sur l’évaluation et la protection dans le domaine du nucléaire — dont Areva et EDF sont membres). La Biélorussie, qui a fait le choix de construction d’une centrale nucléaire pour son indépendance énergétique, a cessé toute contribution depuis 2005.

Tout scientifique digne de ce nom place le doute au cœur de sa méthode. Quand la réalité diffère à ce point de ce que la théorie prévoit, une remise en question s’impose. Les données choisies offrent un confort rhétorique aux organismes chargés d’assurer le contrôle radiologique et notre sécurité. Les normes qu’elles définissent et qui sont actuellement utilisées sont non seulement insuffisantes, mais dangereuses car définies sur des critères qui sont loin d’être fiables.

Benjamin Vautrin est journaliste et vit à Minsk.

Les légumes, viandes et autres produits vendus en Biélorussie sont censés être légalement contrôlés. Mais quelles normes servent à ces contrôles ? La déclassification hâtive de certaines terres agricoles n’exclut pas que de la nourriture irradiée soit mise sur le marché.

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Carte de localisation des districts biélorusses
 
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Contamination externe et interne dans le district de Buda Kochelevo
Carte : Belrad, Minsk, 2007. 
 
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Contamination externe et interne dans le district d’Elsk
Carte : Belrad, Minsk, 2007. 
 
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Contamination externe et interne dans le district de Kalinkovichy
Carte : Belrad, Minsk, 2007. 
 
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Contamination externe et interne dans le district de Naroviya
Carte : Belrad, Minsk, 2007. 
 
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Contamination externe et interne dans le district de Tchetchersk
Carte : Belrad, Minsk, 2007. 
 
A lire
Svetlana Alexievitch, La supplication, Tchernobyl, chronique du Monde après l’apocalypse, éditions Jean-Claude Lattès, Paris, 1998.

Notes

 

[1] Le Monde, 28 août 1986.
[2] Audition parlementaire du Conseil de l’Europe sur les accidents nucléaires, 8 et 9 janvier 1987, Paris.
[3] Si l’on ne prend pas en compte les accidents survenus à Kytchym, dans l’Oural en URSS en 1957 et à la centrale de Three Mile Island en 1979 aux Etats-Unis.
[4] Etablie au Japon par le Radiation Effects Research Foundation (RERP)
[5] Marc Molitor, Tchernobyl : déni passé, menace future ?, éd. Racines, Bruxelles, avril 2011.
[6] L’OMS est liée à l’AIEA sur la question du nucléaire depuis 1959 par l’accord WHA12-40. Lire Alison Katz, « Les dossiers enterrés de Tchernobyl », Le Monde diplomatique, mars 2008.
[7] Lire Alison Katz, « Conséquences de Tchernobyl », Le Monde diplomatique, décembre 2010.
[8] Youri Bandajevsky, scientifique biélorusse condamné à huit ans de prison, libéré en août 2005 après six ans d’emprisonnement.
[9] Alexey V. Yablokov, Vassily B. Nesterenko and Alexey V. Nesterenko, « Chernobyl Consequences of the Catastrophe for People and the Environment », Annals of the New York Academy of Sciences, décembre 2009.
[10] Marc Molitor, Tchernobyl : déni passé, menace future ?, éd. Racines, Bruxelles, avril 2011.
[11] « Enfants de Tchernobyl Belarus » : http://enfants-tchernobyl-belarus.org

Décentrer le regard : « La Fabrique des images » au Musée du quai Branly

Par Philippe Pataud Célérier
pour http://blog.mondediplo.net

Conçue par Philippe Descola, successeur de Claude Lévi-Strauss à la chaire d’anthropologie du Collège de France, l’exposition « La Fabrique des images », au Musée du quai Branly à Paris, invite le public à décrypter les grandes productions artistiques et matérielles des cinq continents. En développant une hypothèse pour le moins surprenante : selon l’anthropologue, quatre grandes manières de voir le monde seraient à l’origine de toutes les images fabriquées par l’homme.
Partant du principe que l’on reconnaît d’abord ce que l’on connaît, que le sujet est moins dans la chose regardée que dans l’œil de celui qui observe, les objets — plus précisément les images dans lesquelles ils s’incarnent —, sans beaucoup parler d’eux-mêmes, font surtout parler ceux qui les regardent. Et souvent plus à tort qu’à raison : « Soit la connaissance des effets que ceux qui les ont créées cherchaient à produire sur ceux à qui elles étaient destinées demeurent impénétrables en raison de l’écart culturel, soit cette connaissance s’effiloche avec le temps à l’intérieur d’une même tradition iconologique, ce qu’une visite à la section médiévale de nos musées nous permet de vérifier sans peine », explique Philippe Descola, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et commissaire de La Fabrique des images [1].

Pour l’anthropologue, l’objectif de cette exposition est de « donner à voir ce qui ne se voit pas d’emblée dans une image, en l’occurrence la façon dont les humains, un peu partout dans le monde, ont attribué des qualités différentes aux objets du monde. En Occident, nous considérons que les voitures, le maïs transgénique ou les moutons ne sont pas des sujets de droit. Ils ne sont pas représentés au Parlement. En Amazonie, on considère que les animaux que l’on chasse sont des personnes, comme les humains. A ces différentes façons de voir les choses correspondent différentes manières de les montrer. » Et tout autant de les percevoir : « Le regard d’un Européen est façonné pour l’essentiel par la tradition de l’art occidental. »

Dès lors, comment faire pour voir dans l’objet iconique — que ce soit une nature morte à la carpe d’origine flamande ou une peinture aborigène illustrant le Rêve de la carotte sauvage — non la conception que l’on se fait du monde, mais bien celle que l’artisan voulait communiquer à ses contemporains ?

C’est en vivant avec les Achuar, Indiens Jivaros des confins de l’Equateur et du Pérou, que Philippe Descola a pris conscience de l’inadéquation de notre vision du monde pour rendre compte des relations que les Indiens nouent avec leur environnement [2]. « Les animaux, les plantes, les humains ayant le même statut, il n’y a pas de distinction entre ce qui relève de la nature et ce qui relève de la société. » Pour ne pas être propre aux Amérindiens, cette manière de voir rompt radicalement avec notre traditionnelle répartition des êtres et des choses, qui donne aux seuls humains un esprit, une âme, une subjectivité, une intériorité. La vision qui domine en Occident depuis l’âge classique, et qui s’est étendue progressivement à tous les continents, s’est construite à partir du clivage opposant l’homme à la nature. Opposition bien factice pour ces sociétés animistes (présentes aussi bien en Mélanésie qu’en Sibérie ou en Afrique) qui attribuent aux non-humains toutes les propriétés d’une personne humaine. « Chez les Jivaros, par exemple, les femmes ont des relations de consanguinité avec les plantes qu’elles cultivent : ce sont leurs “enfants”. »

Refléter la diversité du monde revient alors à « proposer une autre manière d’aborder les rapports entre nature et société », à aller « par-delà nature et culture » — titre donné par l’anthropologue à son ouvrage [3]. Mais sur quelle base remettre en cause cette répartition des êtres et des choses ? Peut-on encore penser le monde sans la distinction nature / culture, que l’anthropologie a faite sienne « dans la définition même de son objet — la diversité culturelle sur fond d’universalité naturelle — alors même que les peuples qu’elle étudie en ont fait l’économie » ?

Ce nouvel axe épistémologique, Philippe Descola va le chercher dans l’aptitude innée que partageraient à ses yeux « tous les hommes, quel que soit leur système culturel » : celle qui donne à chacun « la conscience d’une distinction entre l’intériorité et la physicalité du moi », ou, pour reprendre une terminologie plus familière, l’esprit et le corps : « L’intériorité concerne l’expérience subjective de soi, le fait d’avoir en soi une intentionnalité qui nous permet de donner du sens au monde. La physicalité, elle, se caractérise par les processus physiologiques et corporels, et aussi par certaines caractéristiques du tempérament (humeur colérique, flegmatique, etc.). » A partir de cette dualité, il dresse l’inventaire de tous les relations que les hommes peuvent entretenir avec le non humain (animaux, plantes, etc.). Par « relations », il entend les « continuités ou discontinuités que les humains identifient entre eux et le reste des existants » sur les plans physique et intérieur.

C’est ainsi que, sous l’angle de ces deux variables, il dénombre quatre combinaisons possibles, selon que les hommes « prêtent ou dénient » des qualités aux choses qui les environnent. Ces qualités, qui forment système au sein de ce que le chercheur appelle une ontologie — « étude de ce qui est » -, vont donner naissance à ces quatre grandes visions du monde que sont, selon lui, le naturalisme, l’animisme, le totémisme et l’analogisme. Des formes de représentation qu’il nous aide à identifier au fil d’un parcours qui égraine cent soixante objets aux origines géographiques et culturelles des plus variées.

La première d’entre elles, l’animisme, est un système de pensée qui prête aux non-humains (plantes, animaux, choses) une intériorité semblable à celle des humains, mais les en différencie par la forme de leur corps. Les images fabriquées ont donc pour objectif de révéler cette similitude : ce peut être une figure humaine insérée dans un masque zoomorphe, comme ce masque à transformation Nuxalk (XIXe siècle) de l’Ouest canadien, constitué d’une tête d’aigle s’ouvrant sur une figure humaine.

Système inverse de l’animisme, le naturalisme, dominant en Occident, montre que « ce qui distingue les humains du reste des êtres et des choses est leur conscience, leur esprit, bien qu’ils partagent avec les non-humains ces mêmes caractéristiques physiques délimitées par la nature ». Dans une réalité descriptive d’une froide objectivité (les édifices, les animaux, les paysages font partie intégrante du décor), ne semblent prendre vie que les êtres possédant une âme : les hommes. « La singularité des individus et des situations se donne à voire dans les enluminures du XVe siècle, par la façon dont des personnages réels sont portraiturés afin que l’on puisse non seulement les identifier sans équivoque, mais aussi avoir un aperçu, en voyant leur visage, des traits essentiels de leur personnalité. » « Peinture de l’âme » par excellence, le naturalisme va personnaliser au fil des siècles la psychologie du sujet représenté. Ainsi, là où il y avait ressemblance des intériorités et différence des physicalités pour l’animisme, il y a différence des intériorités et ressemblance des physicalités dans le monde naturaliste.

Dans la troisième représentation du monde, dite totémique, monopole des images aborigènes d’Australie, humains et non-humains sont issus d’un même prototype originaire (ce peut être une source, un lieu, un animal…). Ils partagent donc les qualités physiques et morales de l’ancêtre totémique qui les incarne, auxquelles ils s’identifient (la force de l’ours, la clarté de l’eau, etc.). Les peintures aborigènes font ainsi référence à ces totems en représentant à la fois, comme pour les Yolngu du nord-est de la terre d’Arnhem, « l’événement fondateur, ses protagonistes, la genèse d’un site précis, une carte schématisant ce lieu ainsi qu’une sorte de blason ».

Dernière ontologie, diamétralement opposée au totémisme : l’analogisme, qui postule que tous les occupants du monde (humains et non humains) diffèrent les uns des autres. Afin d’ordonner ces singularités, l’homme va « tisser entre elles des rapports de correspondance, des liens, des réseaux, des associations, produire des analogies ». La figure typique de l’analogisme est la chimère. Pour être hybride, c’est-à-dire composée d’éléments disparates, elle n’en possède pas moins une « unité de composition, une certaine cohérence sur le plan anatomique » qui rend identifiable aux yeux des hommes le personnage imaginaire (la tête d’une chimère, pour être étrange n’en est pas moins posée sur un torse humain), plus à même d’investir les pouvoirs qu’on lui prête. L’analogie est utilisée par les grandes civilisations d’Orient, d’Afrique de l’Ouest, des Andes... Il n’est pas non plus étonnant de trouver cette vision en Occident jusqu’à la Renaissance, période à partir de laquelle une plus grande connaissance du monde va la faire évoluer vers le naturalisme.

Cette expérience de pensée a au moins un premier mérite : celui de nous faire réfléchir au déchiffrement des images, qui, bien qu’omniprésentes, ne sont guère étudiées. Or l’image comme le verbe a une grammaire, qui devrait être enseignée dès le secondaire. En revanche, on peut se demander si cette grille de lecture est encore adaptée au monde contemporain. A l’heure de la mondialisation, n’assiste t-on pas à une hybridation totale des imaginaires, peu compatible avec ces modes de représentation pensés à partir de mondes jusqu’à présent relativement clos ? Une peinture du Douanier Rousseau n’est-elle pas un formidable trait d’union entre animisme et naturalisme ? Et que penser de tous ces mouvements artistiques du XXe siècle (cubisme, symbolisme, primitivisme, surréalisme, etc.) qui combinent plusieurs manières de voir le monde dans leur espace de représentation ?

Enfin, sommes nous sûrs de comprendre une œuvre d’art par le seul biais de son conditionnement, qu’il soit social, économique, religieux, politique ? Si une paire de ciseaux a une utilité qui conditionne son essence — « deux branches d’acier tranchantes sur une partie de leur longueur », rappelle le Petit Robert —, il n’y a guère de chances pour que deux masques se ressemblent, fussent-ils fabriqués pour une même finalité par deux artistes partageant une culture commune. Car à la vision technique de l’objet s’ajoute une vision artistique dont l’essence même est à chercher dans l’imaginaire des hommes ; le plus souvent impénétrable pour qui ne le réduit pas à sa raison.
Philippe Pataud Célérier est journaliste.

Notes

[1] « La Fabrique des images », Musée du Quai Branly, 37, quai Branly, Paris-7e, jusqu’au 17 juillet 2011. www.quaibranly.fr
[2] Philippe Descola, Les Lances du crépuscule, Plon, coll. « Terre humaine », Paris, 1993.
[3] Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Gallimard, Bibliothèque des sciences humaines, Paris, 2005. Diversité des natures, diversités des cultures, Bayard, Paris, 2010.

ARTE Reportage - Brésil , Thaïlande , USA

Par http://videos.arte.tv
(France, 2011, 42mn)
ARTE


Enfants prêcheurs du Brésil :
Adriana, 10 ans, prêche la bonne parole devant une assemblée de fidèles suspendus à ses lèvres. Le verbe facile, le geste sûr, elle harangue l’assistance, micro en main, pendant près d’une heure. Persuadée que la présence divine qui l’anime va transformer la vie de ceux qui l’écoutent.
A l’image du pays entier, Sumaré, une ville de 230 000 habitants dans l’Etat de São Paulo, possède de nombreuses églises évangéliques. Au Brésil, la religion évangélique monte en puissance. Le fer de lance de cette progression : les enfants, dont l’image de pureté attire des nouveaux fidèles. Ils prient avec ferveur, donnent de l’espoir à des gens désespérés, guérissent leurs maladies… Pour les fidèles en transe, ces enfants sont des icônes, des stars. Pour d’autres, ils ne sont que le fruit d’une épouvantable manipulation que personne n’ose dénoncer.
Il y a trois ans, l’Amérique latine comptait près de 6 000 enfants prêcheurs. Aujourd’hui, on ne connaît pas leur nombre, mais ils représentent un business florissant qui attire toujours plus de fidèles.

Bangkok coule :
Bienvenue à Samut Prakan, ou du moins ce qu’il en reste. Il y a dix ans, c’était un village de la banlieue de Bangkok, avec ses rues, ses voitures, ses habitations. Aujourd’hui, tout a disparu. Grignoté par les eaux, le littoral thaïlandais est totalement englouti.
Bangkok, l’ancienne Venise de l’Orient, s’est développée anarchiquement pendant des années. Aujourd’hui, c’est une mégapole trépidante de dix millions d’habitants, qui continue de déplier ses tentacules… Un processus naturel encore amplifié par le poids des gratte-ciel. Le béton recouvre tout : la plus grande partie de l’agglomération se trouve au-dessous du niveau de la mer. Et la ville toute entière s’enfonce de plusieurs centimètres par an. « Bangkok est condamnée ». Tous spécialistes confondus s’accordent à dépeindre des scénarios cauchemardesques. La Banque Mondiale estime que si rien n‘est fait rapidement, un million de personnes vivront dans des zone inondables. D’ici 2050, Bangkok sera sous les eaux.

Golfe du Mexique : pétrole en profondeur :
Après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril 2010, le géant pétrolier britannique BP a fait disperser des millions de litres de Corexite, un produit chimique toxique qui a empêché la marée noire de déferler sur les plages du Golfe du Mexique.
Aujourd’hui, d'importantes nappes de pétrole ont été découvertes par 1400 mètres de fond par des scientifiques de plusieurs universités américaines. Une découverte qui laisse à penser que l'estimation de la quantité de pétrole s'échappant de la plate-forme Deepwater a été largement sous-évaluée.
Ces nappes épaisses s’incrustent en grande quantité dans les profondeurs. Un dépôt toxique autrement plus dangereux que ce qui apparaît à la surface de l’eau. Les spécialistes s’accordent à dire que la quantité de pétrole se présente sur plusieurs couches, qui s'étagent sur trois, quatre ou cinq niveaux… Et ces nappes ont provoqué une baisse de 30% de la quantité d'oxygène dans la zone, menaçant de tuer la majorité de la faune marine

1 mai 2011

Que se passe-t-il en Syrie ?

Par Domenico Losurdo*
Traduction Marie-Ange Patrizio
pour http://www.voltairenet.org

Alors que des centaines de Syriens, civils et militaires, viennent de tomber sous les coups de snipers financés par les saidiris et encadrés par la CIA, les médias occidentaux accusent le gouvernement de Bachar el-Assad de tirer sur sa population et sur ses propres forces de l’ordre. Cette campagne de désinformation vise à justifier une possible intervention militaire occidentale. Le philosophe Domenico Losurdo rappelle que la méthode n’est pas nouvelle. Simplement, les nouveaux moyens de communication l’ont rendue plus sophistiquée. Désormais, le mensonge n’est pas seulement véhiculé par la presse écrite et audiovisuelle, il passe aussi par Facebook et YouTube.
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Obsèques de 15 policiers à l’hôpital militaire Tishreen de Damas, le 27 avril 2011. En un mois, plusieurs centaines de Syriens, civils et militaires, ont été assassinés par des groupes de francs-tireurs financés par le clan saoudien des Saidiris et encadrés par la CIA.

Depuis quelques jours, des groupes mystérieux tirent sur les manifestants et, surtout, sur les participants aux funérailles qui ont suivi les événements sanglants. De qui sont composés ces groupes ? Les autorités syriennes soutiennent qu’il s’agit de provocateurs, essentiellement liés aux services secrets étrangers. En Occident, par contre, même à gauche on avalise sans aucun doute la thèse proclamée en premier lieu par la Maison-Blanche : ceux qui tirent sont toujours et seulement des agents syriens en civil. Obama est-il la bouche de la vérité ? L’agence syrienne Sana rapporte la découverte de « bouteilles de plastique pleines de sang » utilisé pour produire « des vidéos amateurs contrefaites » de morts et blessés chez les manifestants. Comment lire cette information, que je reprends de l’article de L. Trombetta dans La Stampa du 24 avril ? Peut-être les pages qui suivent, tirées d’un essai qui sera bientôt publié, contribueront-elles à jeter quelque lumière là-dessus. Si quelqu’un se trouvait étonné voire incrédule à la lecture du contenu de mon texte, qu’il n’oublie pas que les sources que j’y utilise sont presque exclusivement « bourgeoises » (occidentales et pro-occidentales). (Voir aussi addenda en fin de texte, NdT).
« Amour et vérité »

Ces derniers temps, par les interventions surtout de la secrétaire d’État Hillary Clinton, l’administration Obama ne rate pas une occasion de célébrer Internet, Facebook, Twitter comme instruments de diffusion de la vérité et de promotion, indirectement, de la paix. Des sommes considérables ont été attribuées par Washington pour potentialiser ces instruments et les rendre invulnérables aux censures et attaques des « tyrans ». En réalité, pour les nouveaux media comme pour les plus traditionnels, la même règle est de mise : ils peuvent aussi être des instruments de manipulation et d’attisement de la haine et même de la guerre. La radio a été savamment utilisée en ce sens par Goebbels et par le régime nazi.

Pendant la Guerre froide, plus encore qu’un instrument de propagande, les transmissions radio ont constitué une arme pour les deux parties engagées dans le conflit : la construction d’un efficient « Psychological Warfare Workshop » est un des premiers devoirs assignés à la CIA . Le recours à la manipulation joue un rôle essentiel aussi à la fin de la Guerre froide ; entre-temps, à côté de la radio, est intervenue la télévision. Le 17 novembre 1989, la « révolution de velours » triomphe à Prague, avec un mot d’ordre qui se voulait gandhien : « Amour et Vérité ». En réalité un rôle décisif est joué par la diffusion de la fausse nouvelle selon laquelle un étudiant avait été « brutalement tué » par la police. C’est ce que révèle, satisfait, à vingt ans de distance, « un journaliste et leader de la dissidence, Jan Urban » protagoniste de la manipulation : son « mensonge » avait eu le mérite de susciter l’indignation de masse et l’effondrement d’un régime déjà périclitant.

À la fin de 1989, bien que fortement discrédité, Nicolae Ceausescu est encore au pouvoir en Roumaine. Comment le renverser ? Les mass media occidentaux diffusent massivement dans la population roumaine les informations et les images du « génocide » perpétré à Timisoara par la police de Ceausescu. Qu’était-il arrivé en réalité ? Laissons la parole à un prestigieux philosophe (Giorgio Agamben), qui ne fait pas toujours preuve de vigilance critique à l’égard de l’idéologie dominante mais qui a synthétisé ici de façon magistrale l’affaire dont nous traitons :

« Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, des cadavres à peine enterrés ou alignés sur les tables des morgues ont été déterrés en hâte et torturés pour simuler devant les caméras le génocide qui devait légitimer le nouveau régime. Ce que le monde entier avait sous les yeux en direct comme vérité sur les écrans de télévision, était l’absolue non-vérité ; et bien que la falsification fût parfois évidente, elle était de toutes façons authentifiée comme vraie par le système mondial des media, pour qu’il fût clair que le vrai n’était désormais qu’un moment du mouvement nécessaire du faux » .

Dix ans après, la technique décrite ci-dessus est de nouveau mise en acte, avec un succès renouvelé. Une campagne martèle l’horreur dont s’est rendu responsable le pays (la Yougoslavie) dont le démembrement a déjà été programmé et contre lequel on est déjà en train de préparer la guerre humanitaire :

« Le massacre de Racak est atroce, avec des mutilations et des têtes coupées. C’est une scène idéale pour susciter l’indignation de l’opinion publique internationale. Quelque chose semble étrange dans la tuerie. Les Serbes tuent d’habitude sans procéder à des mutilations […] Comme la guerre de Bosnie le montre, les dénonciations d’atrocités sur les corps, signes de tortures, décapitations, sont une arme de propagande diffuse […] Peut-être n’est-ce pas les Serbes mais les guérilleros albanais qui ont mutilé les corps » .

Si ce n’est qu’à ce moment-là, les guérilleros de l’UCK ne pouvaient pas être suspectés d’une telle infamie : c’étaient des freedom fighters, des combattants de la liberté. Aujourd’hui, au Conseil d’Europe, le leader de l’UCK et père de la patrie au Kosovo, Hashim Thaci, « est accusé de diriger un clan politico-criminel né à la veille de la guerre » et impliqué dans le trafic non seulement d’héroïne mais aussi d’organes humains. Voici ce qui arrivait sous sa direction au cours de la guerre : « Une ferme à Rripe, en Albanie centrale, transformée par les hommes de l’UCK en salle d’opération, avec comme patients des prisonniers de guerre serbes : un coup dans la nuque, avant d’explanter leurs reins, avec la complicité de médecins étrangers » (on présume occidentaux) . Et vient ainsi au jour la réalité de la « guerre humanitaire » de 1999 contre la Yougoslavie ; mais pendant ce temps son démembrement a été porté à terme et au Kosovo s’installe et veille une énorme base militaire étasunienne.

Faisons un autre saut en arrière de plusieurs années. Une revue française de géopolitique (Hérodote) a mis en relief le rôle essentiel joué, au cours de la « révolution des roses » qui a lieu en Géorgie à la fin de 2003, par les réseaux télévisés qui sont aux mains de l’opposition géorgienne et par les réseaux occidentaux : ils transmettent sans discontinuer l’image (qui s’est révélée ensuite fausse) de la villa qui serait la preuve de la corruption d’Edouard Chevardnadze, le dirigeant qu’il s’agit de renverser. Après la proclamation des résultats électoraux qui signent la victoire de Chevardnadze et qui sont déclarés frauduleux par l’opposition, celle-ci décide d’organiser une marche sur Tbilissi, qui devrait sceller « l’arrivée symbolique, et pacifique même, dans la capitale, de tout un pays en colère ». Bien que convoquées de tous les coins du pays à grands renforts de moyens propagandistes et financiers, ce jour-là affluent pour la marche entre 5 000 et 10 000 personnes : « ce n’est rien pour la Géorgie » ! Et pourtant grâce à une mise en scène sophistiquée et de grande professionnalité, la chaîne de télé la plus diffusée du pays arrive à communiquer un message totalement différent : « L’image est là, puissante, celle d’un peuple entier qui suit son futur président ». Désormais les autorités politiques sont délégitimées, le pays est désorienté et abasourdi et l’opposition plus arrogante et agressive que jamais, d’autant plus que les médias internationaux et les chancelleries occidentales l’encouragent et la protègent . Le coup d’État est mûr, il va porter au pouvoir Mikhaïl Saakashvili, qui a fait ses études aux USA, parle un anglais parfait et est en mesure de comprendre rapidement les ordres de ses supérieurs.
Internet comme instrument de liberté

Venons-en maintenant aux nouveaux media, particulièrement chers à Madame Clinton et à l’administration Obama. Pendant l’été 2009 on pouvait lire dans un quotidien italien réputé :

« Depuis quelques jours, sur Twitter, circule une image de provenance incertaine […] Devant nous, un photogramme d’une valeur profondément symbolique : une page de notre présent.
Une femme avec le voile noir, qui porte un t-shirt vert sur des jeans : extrême Orient et extrême Occident ensemble. Elle est seule, à pieds. Elle a le bras droit levé et le poing fermé. Face à elle, imposant, la gueule d’un SUV, du toit duquel émerge, hiératique, Mahmoud Ahmadinejad. Derrière, les garde du corps.
Le jeu des gestes touche : de provocation désespérée, celui de la femme ; mystique, celui du président iranien ».

Il s’agit d’ « un photomontage », qui certes semble « vraisemblable », pour arriver plus efficacement à « conditionner des idées, des croyances » . D’autre part, les manipulations abondent. À la fin du mois de juin 2009, les nouveaux media en Iran et tous les moyens d’information occidentaux diffusent l’image d’une belle fille touchée par une balle : « Elle commence à saigner, elle perd conscience. Dans les secondes qui suivent ou peu après, elle est morte. Personne ne peut dire si elle a été prise dans le feu croisé ou si elle a été touchée de façon ciblée ». Mais la recherche de la vérité est la dernière chose à laquelle on pense : ce serait de toutes façons une perte de temps et ça pourrait même se révéler contre-productif. L’essentiel est ailleurs : « à présent la révolution a un nom : Neda ». On peut alors diffuser le message désiré : « Neda innocente contre Ahmadinejad », ou bien : « une jeunesse courageuse contre un régime vil ». Et le message s’avère irrésistible : « Il est impossible de regarder sur Internet de façon froide et objective la vidéo de Neda Soltani, la brève séquence où le père de la jeune femme et un médecin essaient de sauver la vie de le jeune iranienne de vingt-six ans » . Comme pour le photomontage, dans le cas aussi de l’image de Neda, nous sommes en présence d’une manipulation sophistiquée, attentivement étudiée et calibrée dans tous ses détails (graphiques, politiques et psychologiques) dans le but de discréditer et de rendre la plus odieuse possible la direction iranienne. (Voir addenda en fin de texte, NdT).

Et nous arrivons ainsi au « cas libyen ». Une revue italienne de géopolitique a parlé à ce propos d’ « utilisation stratégique du faux », comme le confirme en premier lieu la « déconcertante affaire des fausses fosses communes » (et d’autres détails sur lesquels j’ai attiré l’attention). La technique est celle dont on se félicite et qu’on utilise depuis des décennies, mais qui à présent, avec l’avènement des nouveaux media, acquiert une efficience terrible : « La lutte est d’abord représentée comme un duel entre le puissant et le faible sans défense, et rapidement transfigurée ensuite en une opposition frontale entre le Bien et le Mal absolus ». Dans ces circonstances, loin d’être un instrument de liberté, les nouveaux media produisent le résultat opposé. Nous sommes en présence d’une technique de manipulation, qui « restreint fortement la liberté de choix des spectateurs » ; « les espaces pour une analyse rationnelle sont comprimés au maximum, en particulier en exploitant l’effet émotif de la succession rapide des images » .

Et ainsi, on retrouve pour les nouveaux media la règle déjà constatée pour la radio et la télévision : les instruments, ou potentiels instruments, de liberté et d’émancipation (intellectuelle et politique) peuvent se renverser et souvent se renversent aujourd’hui en leur contraire. Il n’est pas difficile de prévoir que la représentation manichéenne du conflit en Libye ne résistera pas longtemps ; mais Obama et ses alliés espèrent dans l’intervalle atteindre leurs objectifs, qui ne sont pas vraiment humanitaires, même si la novlangue s’obstine à les définir comme tels.
Spontanéité d’Internet

Mais revenons au photomontage qui montre une dissidente iranienne défier le président de son pays. L’auteur de l’article que je cite ne s’interroge pas sur les artisans d’une manifestation si sophistiquée. Je vais essayer de remédier à cette lacune. A la fin des années 90 déjà, on pouvait lire dans l’International Herald Tribune : « Les nouvelles technologies ont changé la politique internationale » ; ceux qui étaient en mesure de les contrôler voyaient augmenter démesurément leur pouvoir et leur capacité de déstabilisation des pays plus faibles et technologiquement moins avancés .

Nous sommes là en présence d’un nouveau chapitre de guerre psychologique. Dans ce domaine aussi les USA sont décisivement à l’avant-garde, ayant à leur actif des décennies de recherche et d’expérimentations. Il y a quelques années Rebecca Lemov, anthropologue de l’université de l’État de Washington, a publié un livre qui « illustre les tentatives inhumaines de la CIA et de certains parmi les plus grands psychiatres de "détruire et reconstruire" la psyché des patients dans les années 50 » . Nous pouvons alors comprendre un épisode qui s’est déroulé dans cette même période. Le 16 août 1951, des phénomènes étranges et inquiétants vinrent troubler Pont-Saint-Esprit, « un village tranquille et pittoresque » situé « dans le Sud-est de la France ». Oui, « le pays fut secoué par un mystérieux vent de folie collective. Cinq personnes au moins moururent, des dizaines finirent à l’asile, des centaines donnèrent des signes de délire et d’hallucinations […] Beaucoup finirent à l’hôpital avec la camisole de force ». Le mystère, qui a longtemps entouré ce coup de « folie collective », est maintenant dissipé : il s’agît d’une « expérimentation menée par la CIA, avec la Special Operation Division (SOD), l’unité secrète de l’Armée USA de Fort Detrick, au Maryland » ; les agents de la CIA « contaminèrent au LSD les baguettes vendues dans les boulangeries du pays », causant les résultats que nous avons vus ci-dessus . Nous sommes aux débuts de la Guerre froide : bien sûr les États-Unis étaient des alliés de la France, mais c’est justement pour ça que celle-ci se prêtait facilement aux expérimentations de guerre psychologique qui avaient certes comme objectif le « camp socialiste » (et la révolution anticoloniale) mais pouvaient difficilement être effectuées dans les pays situés au-delà du rideau de fer.

Posons-nous alors une question : l’excitation et l’attisement des masses ne peuvent-ils être produits que par voie pharmacologique ? Avec l’avènement et la généralisation d’Internet, Facebook, Twitter, une nouvelle arme a émergé, susceptible de modifier profondément les rapports de force sur le plan international. Ceci n’est plus un secret, pour personne. De nos jours, aux USA, un roi de la satire télévisée comme Jon Stewart s’exclame : « Mais pourquoi envoyons-nous des armées s’il est aussi facile d’abattre les dictatures via Internet que d’acheter une paire de chaussures ? » . À son tour, avec une revue proche du département d’État, un chercheur attire l’attention sur « comment il est difficile de militariser » (to weaponize) les nouveaux media pour des objectifs à court terme et liés à un pays déterminé ; il vaut mieux poursuivre des objectifs de plus ample envergure . Les accents peuvent varier, mais la signification militaire des nouvelles technologies est dans tous les cas explicitement soulignée et revendiquée.

Mais Internet n’est-il pas l’expression même de la spontanéité individuelle ? Seuls les plus démunis (et les moins scrupuleux) argumentent ainsi. En réalité —reconnaît Douglas Paal, ex-collaborateur de Reagan et de Bush senior— Internet est actuellement « géré par une ONG qui est de fait une émanation du Département du Commerce des USA » . S’agit-il seulement de commerce ? Un quotidien de Pékin rapporte un fait largement oublié : quand en 1992 la Chine demanda pour la première fois à être reliée à Internet, sa requête fut rejetée en raison du danger que le grand pays asiatique ne put ainsi « se procurer des informations sur l’Occident ». Maintenant, au contraire, Hillary Clinton revendique l’ « absolue liberté » d’Internet comme valeur universelle à laquelle on ne peut renoncer ; et cependant —commente le quotidien chinois— « l’égoïsme des États-Unis n’a pas changé » .

Peut-être ne s’agit-il pas seulement de commerce. À ce sujet, l’hebdomadaire allemand Die Zeit demande des éclaircissements à James Bamford, un des plus grands experts en matière de services secrets états-uniens : « Les Chinois craignent aussi que des firmes américaines (étasuniennes, NdT) comme Google soient en dernière analyse des outils des services secrets américains (étasuniens, NdT) sur le territoire chinois. Est-ce une attitude paranoïde ? » « Pas du tout » répond-il immédiatement. Au contraire même —ajoute l’expert— des « organisations et institutions étrangères [aussi] sont infiltrées » par les services secrets étasuniens, lesquels sont de toutes façons en mesure d’intercepter les communications téléphoniques dans tous les coins de la planète et doivent être considérées comme « les plus grands hackers du monde » . Désormais —affirment encore dans Die Zeit deux journalistes allemands— cela ne fait aucun doute :

« Les grands groupes Internet sont devenus un outil de la géopolitique des USA. Avant, on avait besoin de laborieuses opérations secrètes pour appuyer des mouvements politiques dans des pays lointains. Aujourd’hui il suffit souvent d’un peu de technique de la communication, opérée à partir de l’Occident […] Le service secret technologique des USA, la National Security Agency, est en train de monter une organisation complètement nouvelle pour les guerres sur Internet » .

Il convient donc de relire à la lumière de tout ceci quelques événements récents d’explication non aisée. En juillet 2009 des incidents sanglants sont survenus à Urumqi et dans le Xinjiang, la région de Chine habitée surtout par des Ouigours. Sont-ce la discrimination et l’oppression contre des minorités ethniques et religieuses qui les expliquent ? Une approche de ce type ne semble pas très plausible, à en juger du moins par ce que réfère de Pékin le correspondant de La Stampa :

« De nombreux Hans d’Urumqi se plaignent des privilèges dont jouissent les Ouigours. Ceux-ci, de fait, en tant que minorité nationale musulmane, ont à niveau égal des conditions de travail et de vie bien meilleures que leurs collègues Hans. Un Ouigour, au bureau, a l’autorisation de suspendre son travail plusieurs fois pas jour pour accomplir les cinq prières musulmanes traditionnelles de la journée […] En outre ils peuvent ne pas travailler le vendredi, jour férié musulman. En théorie ils devraient récupérer le dimanche. Mais le dimanche les bureaux sont en fait déserts […] Un autre point douloureux pour les Hans, soumis à la dure politique d’unification familiale qui impose encore l’enfant unique, est le fait que les Ouigours peuvent avoir deux ou trois enfants. En tant que musulmans, ensuite, ils ont des remboursements en plus dans leur salaire étant donné que, ne pouvant pas manger de porc, ils doivent se rabattre sur la viande d’agneau qui est plus chère » .

Elles apparaissent alors pour le moins unilatérales ces accusations portées par l’Occident contre le gouvernement de Pékin de vouloir effacer l’identité nationale et religieuse des Ouigours. Alors ?

Réfléchissons sur la dynamique des incidents. Dans une ville côtière de Chine où, malgré les différentes traditions culturelles et religieuses préexistantes, des Hans et des Ouigours travaillent côte à côte, se répand tout d’un coup la rumeur selon laquelle une jeune fille han a été violée par des ouvriers ouigours ; il en résulte des incidents au cours desquels deux Ouigours perdent la vie. La rumeur qui a provoqué cette tragédie est fausse mais voici que se répand alors une deuxième rumeur plus forte encore et encore plus funeste : Internet diffuse dans son réseau la nouvelle selon laquelle dans la ville côtière de Chine des centaines de Ouigours auraient perdu la vie, massacrés par les Hans dans l’indifférence et même sous le regard complaisant de la police. Résultat : des tumultes ethniques dans le Xinjiang, qui provoquent la mort de presque 200 personnes, cette fois presque toutes hans.

Eh bien sommes-nous là en présence d’une intrication malheureuse et fortuite de circonstances ou bien la diffusion des rumeurs fausses et tendancieuses visait-elle le résultat qui s’est effectivement produit ensuite ? Nous sommes dans un situation où il s’avère désormais impossible de distinguer la vérité de la manipulation. Une société étasunienne a réalisé des « programmes qui permettraient à un sujet engagé dans une campagne de désinformation de prendre simultanément jusqu’à 70 identités (profils de réseaux sociaux, account in forum etc.) en les gérant parallèlement : le tout sans qu’on puisse découvrir qui tire les ficelles de cette marionnette virtuelle ». Qui a recours à ces programmes ? Il n’est pas difficile de le deviner. Le quotidien cité ici, non suspect d’antiaméricanisme (anti-étasunien, NdT) précise que la société en question « fournit des services à diverses agences gouvernementales étasuniennes, comme la CIA et le ministère de la Défense » . La manipulation de masse célèbre son triomphe tandis que le langage de l’Empire et la novlangue se font, dans la bouche d’Obama, plus doux et suaves que jamais.

Revient alors en mémoire l’ « expérimentation conduite par la CIA » pendant l’été 1951, qui produisit « un mystérieux vent de folie collective » dans « le village pittoresque et tranquille » de Pont-Saint-Esprit. Et de nouveau nous voici obligés de nous poser la question initiale : la « folie collective » peut-elle être produite seulement par voie pharmacologique ou bien aujourd’hui peut-elle être le résultat du recours, aussi, aux « nouvelles technologies » de la communication de masse ?

On comprend alors les financements par Hillary Clinton et par l’administration Obama destinés aux nouveaux media. Nous avons vu que la réalité des « guerres sur Internet » est désormais reconnue même par de réputés organes de presse occidentaux ; sauf que dans le langage de l’Empire et dans la novlangue la promotion des « guerres sur Internet » devient la promotion de la liberté, de la démocratie et de la paix.

Les cibles de ces opérations ne restent pas sans rien faire : comme dans toute guerre les faibles cherchent à combler leur désavantage en apprenant des plus forts. Et voici que ces derniers crient au scandale : « Au Liban ceux qui maîtrisent le plus les news media et les réseaux sociaux ne sont pas les forces politiques pro-occidentales qui soutiennent le gouvernement de Saad Hariri, mais les "Hezbollah" ». Cette observation laisse poindre un soupir : ah, comme ce serait beau si, ainsi qu’il en a été pour la bombe atomique et pour les armes (proprement dites) les plus sophistiquées, même pour les « nouvelles technologies » et les nouvelles armes d’information et de désinformation de masse, ceux qui détiennent le monopole étaient les pays qui infligent un interminable martyre au peuple palestinien et qui voudraient continuer à exercer au Moyen-Orient une dictature terroriste ! Le fait est —se lamente Moises Naïm, directeur de Foreign Policy— que les USA, Israël et l’Occident n’ont plus affaire aux « cyberidiots d’autrefois ». Ceux-ci « contre-attaquent avec les mêmes armes, font de la contre information, empoisonnent les puits » : une véritable tragédie du point de vue des présumés champions du « pluralisme » . Dans le langage de l’Empire et dans la novlangue, la timide tentative de créer un espace alternatif à celui qui est géré ou hégémonéisé par la superpuissance solitaire devient un « empoisonnement des puits ».

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De nombreux snipers ont été arrêtés par les forces de l’ordre au cours des dernières semaines et leurs cellules démantelées. Chaque soir, la télévision syrienne publie de nouveaux interviews des terroristes qui relatent comment ils ont été recrutés, formés et armés (capture d’écran du Journal télévisé du 26 avril 2011).

Addenda du Réseau Voltaire

Sur Facebook en Syrie

Dès le début des manifs à Deraa, une page Facebook a été ouverte sous le titre "Révolution syrienne 2011" : slogan publicitaire inimaginable pour de vrais révolutionnaires : si on n’y arrive pas en 2011, on laisse tomber ?. Dans la journée, cette page comptait 80 000 amis, presque tous des comptes Facebook créés le même jour. Ceci est impossible sauf si les "amis" sont des comptes virtuels créés par des logiciels.

À propos de l’affaire Neda en Iran

Si l’on reprend la vidéo de la mort de la jeune Neda en la passant au ralenti, on constate qu’en tombant la jeune fille a le réflexe d’amortir sa chute avec son bras. Or, toute personne touchée par balle —a fortiori dans la poitrine— perd ses réflexes. Le corps devrait tomber comme une masse. Ce n’est pas le cas. Il est impossible que la jeune fille ait été touchée par balle à ce moment-là. Quelques secondes plus tard, la vidéo montre le visage de la jeune fille. Il est propre. Elle passe sa main sur son visage et il est alors recouvert de sang. L’agrandissement de la main montre qu’elle dissimule un objet dans sa paume et qu’elle étend elle-même le sang sur son visage. La jeune fille est alors emportée par ses amis à l’hôpital. Elle meurt durant le transport. Arrivée à l’hôpital, on constate que le décès est dû à une balle en pleine poitrine. Celle-ci ne peut avoir été tirée que par ses "amis" durant son transport.

Références bibliographiques

• Giorgio Agamben 1996, Mezzi senza fine. Note sulla politica, Bollati Boringhieri, Torino.
• James Bamford (interview) 2010, « Passen Sie auf, was Sie tippen », par Thomas Fischermann, in Die Zeit, 18 février, pp. 20-21.
• Ennio Caretto 2006, La Cia riprogrammò le menti dei reduci, in Corriere della Sera, 12 février, p. 14.
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Domenico Losurdo

Professeur d’histoire de la philosophie à l’université d’Urbin (Italie). Il dirige depuis 1988 la Internationale Gesellschaft Hegel-Marx für dialektisches Denken, et est membre fondateur de l’Associazione Marx XXIesimo secolo. Dernier ouvrage traduit en français : Staline : histoire et critique d’une légende noire (Aden, 2011).

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Traduction Marie-Ange Patrizio

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