17 février 2011

Camera City (Documentaire)

http://www.lcp.fr
Réalisé par Olivier ZANETTA et Christophe RIGAUD (52’)  
Une coproduction LCP / VONews
PERMALINK 

Depuis l’installation du premier système de vidéosurveillance à Levallois-Perret en 1993, les caméras se sont déployées sans bruit dans les centres-villes.
Loin de la polémique de ses débuts, la vidéosurveillance est aujourd’hui assimilée à un nouvel équipement urbain. Banalisée, fondue dans des stratégies plus vastes de sécurisation des lieux de sociabilité, cette vidéosurveillance, est désormais qualifiée de vidéoprotection.
Dans ce documentaire, les réalisateurs zooment sur cette généralisation de l’équipement vidéo dans les communes et s’attachent à comprendre pourquoi des élus, de droite comme de gauche, s’engagent dans cette démarche.


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16 février 2011

Viols en temps de guerre, le silence et l’impunité

par Agnès Stienne
http://blog.mondediplo.net
PERMALINK

Il faut trouver les mots justes et précis pour parler d’une des pires atteintes aux droits humains : les viols en temps de guerre, qui ravagent la vie de millions de filles et de femmes. Il n’est pas simple, comme le fait Agnès Stienne à l’aide d’esquisses émouvantes, d’en dresser une synthèse historique et géographique, de faire l’état des lieux et d’évaluer l’efficacité des instruments juridiques qui permettraient de protéger les victimes.
En septembre 2010, l’Organisation des Nations unies (ONU) a dénoncé les viols massifs perpétrés en République démocratique du Congo (RDC) par des groupes armés dans le nord-est du pays [1]. Dans la foulée, Mme Navi Pillay, haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, a constitué un panel pour « répondre aux besoins des victimes en terme de justice et de réparation », puis envisager avec elles « les mesures de réintégration judiciaires, médicales, psychosociales et socio-économiques ». Elles doivent se reconstruire physiquement, psychologiquement et matériellement, dans un contexte rendu difficile par le rejet familial dont elles font l’objet. Enfin, Mme Margot Wallström, représentante spéciale de l’ONU pour les violences sexuelles dans les conflits armés, a rappelé que les lois existaient et que l’urgence était surtout de les faire respecter.
Les lois sur le viol en temps de guerre sont appliquées avec plus ou moins de rigueur selon les sociétés et les cultures, certaines reconnaissant à peine le viol comme un crime — comme tous les autres crimes de droit commun. il faudrait aussi une infrastructure digne de ce nom pour les appliquer. Et, à défaut de pouvoir agir sur le terrain, c’est dans les bureaux feutrés des grandes instances que la communauté internationale édicte de nouveaux textes qui contraignent les responsables politiques à faire respecter le droit, qu’elle crée des conventions et qu’elle renforce la loi.
Selon les Conventions de Genève de 1949, ratifiées par la République démocratique du Congo (RDC) en 1961, ainsi que les protocoles additionnels I et II de 1977, les Etats parties s’engagent à protéger les femmes contre le viol, l’esclavage sexuel et la prostitution forcée. Y contrevenir représente une infraction grave que chaque partie contractante doit déférer à ses propres tribunaux.
Le Conseil de sécurité de l’ONU, dans ses résolutions 1325 de 2000, 1820 de 2008 et 1889 de 2009, va un peu plus loin. Il ne s’agit plus seulement d’imposer aux Etats de protéger les femmes contre les violences sexuelles et de faire condamner les coupables, mais aussi d’inscrire cette démarche dans des projets de gouvernance précis qui visent l’armée, la police, la justice, la santé, l’éducation et l’ensemble de la société civile. Car, si des conventions et des lois sont promulguées en faveur du droit et de la protection des femmes, nombre de sociétés ou communautés aux pratiques coutumières et traditionnelles y résistent farouchement.
L’instrument juridique est donc en place ; il couvre l’essentiel des problèmes, et pourrait être opérationnel dès que la volonté politique sera suffisamment forte pour porter ce combat sur le terrain. Il a pourtant fallu plus d’un siècle et demi pour en arriver là...

Cent cinquante ans pour créer une loi

Lors de la bataille de Solférino, en 1859 [2], Henry Dunant, citoyen suisse, s’émeut d’assister à la mort de milliers de blessés. Il fonde alors le Comité de Genève, lequel organise la « Conférence Internationale de Genève » en 1863 : avec seize Etats et quatre institutions philanthropiques, il crée la Croix-Rouge et les prémices du droit international humanitaire (DIH) [3].
Au lendemain de la seconde guerre mondiale (60 millions de morts), le CICR entreprend la rédaction des quatre conventions (dites « Conventions de Genève de 1949 »), et de l’article 3 commun. Ces traités définissent les règles fondamentales du droit international humanitaire pendant les conflits armés. La première convention protège les blessés de guerre. La deuxième, les militaires blessés, malades ou naufragés en mer. La troisième, les prisonniers de guerre. Enfin, la quatrième convention protège les civils. Les femmes, dans l’article 27, seront spécialement protégées contre toute atteinte à leur honneur, et notamment contre le viol, la contrainte à la prostitution et tout attentat à leur pudeur.
L’article 3 commun déclare notamment prohibés : les atteintes portées à la vie et à l’intégrité corporelle, dont le meurtre sous toutes ses formes, les mutilations, les traitements cruels, tortures et supplices ; les atteintes à la dignité des personnes, dont les traitements humiliants et dégradants. Il réglemente à la façon d’une mini-convention les guerres civiles, les conflits armés internes qui s’étendent à d’autres Etats et les conflits internes durant lesquels un Etat tiers ou une force multinationale intervient aux côtés du gouvernement.
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La ratification des Conventions de Genève de 1949
Esquisse : Agnès Stienne, 2010.
Après la grande période des indépendances, dans les années 1960, la face du monde change, mais les conflits armés se multiplient, et, bien qu’ils soient de moindre envergure, les civils y sont y sont de plus en plus exposés. Les protocoles additionnels I et II de juin 1977 ont pour objectifs d’impliquer les pays récemment décolonisés dans le développement du droit et de renforcer autant que possible la protection des civils ; le premier est relatif aux conflits armés internationaux, le second aux guerres civiles. Tous deux réaffirment la nécessité de protéger les femmes contre le viol et la prostitution. Les Etats parties s’engagent à prendre des mesures pour prévenir les « infractions graves » et à poursuivre leurs auteurs devant leur propres tribunaux.
Les Conventions III et IV de 1949 et les protocoles additionnels sont inscrits comme instruments universels des droits humains du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains. Les conventions sont ratifiées depuis 2002 pratiquement par tous les Etats, ce qui n’est pas le cas des protocoles I et II.
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Ratification des protocoles I et II
Esquisse : Ag. St. 2010.

Sans moyens, le Conseil de sécurité est inopérant

Le Conseil de sécurité, responsable de la mise en œuvre de la Charte des Nations unies [4], du maintien de la paix et de la sécurité internationale, prend des résolutions, seul instrument légal international aujourd’hui valide pour déterminer les sanctions contre les Etats qui violent les principes de la Charte, et éventuellement intervenir militairement. Sur le papier, tout cela a l’air simple... Dans la pratique, les moyens d’action sont très limités et le Conseil de sécurité peine souvent à réunir les forces nécessaires pour faire appliquer ses propres résolutions.
La résolution 1325 de l’année 2000 est l’aboutissement d’un long et laborieux processus mené conjointement par l’ONU et les organisations féministes engagées dans le « Programme d’action de Pékin à la quatrième conférence mondiale sur les femmes (PDF) ». Le texte adopté par l’assemblée générale du Conseil de sécurité lors de la vingt troisième session extraordinaire, intitulée « Les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle », insiste sur la nécessité de respecter les droits des femmes et des filles avant et après les conflits, et pour qu’elles soient mieux représentées dans les processus de prévention et de règlement des conflits, y compris au sein de l’ONU. Un progrès, certes, mais où en est-on, dix ans après ?
Pendant la guerre civile au Liberia, les groupes armés violent massivement. Me Olubanke King-Akerele, alors ministre des affaires étrangères, alertera la communauté internationale sur la tragédie qui se joue dans son pays. Ces événements conduisent au vote de la résolution 1820 de 2008. Cette fois, les gouvernements sont explicitement tenus de mettre en place des programmes de prévention, de sensibilisation et de formation des militaires et des policiers, de renforcer les capacités des systèmes de santé et judiciaire pour la prise en charge des victimes. Le Conseil de sécurité qualifie les violences sexuelles de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité, et recommande qu’ils ne soient pas amnistiés.
Pendant que la communauté internationale fait progresser l’arsenal législatif, sur le terrain, la boucherie continue. En RDC, la guerre fait rage depuis presque deux décennies. Les ONG et les institutions internationales travaillant sur place assistent, impuissantes, à une recrudescence des violences sexuelles. A nouveau alerté, le Conseil de sécurité fait voter en 2009 la résolution 1888, qui rappelle les obligations des Etats parties à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, et exige l’application des résolutions 1325 et 1820. L’ONU s’engage, pour la première fois, à déployer dans les zones sensibles des moyens plus appropriés et inaugure le bureau de la Représentante spéciale de l’ONU pour les violences sexuelles dans les conflits armés.
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Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes
Carte : Philippe Rekacewicz, « Un monde à l’envers », Atlas du Monde diplomatique, 2009.

La récompense du soldat et l’arme de guerre

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Vision historique
Illustration : Ag. St. 2010.
A divers degrés, au fil des guerres, les soldats prennent les civils pour cibles, en particulier les femmes. Viols, prostitution forcée, esclavage sexuel jalonnent les campagnes militaires, sous toutes les latitudes, sans distinction politique, sociale ou religieuse. Privilège des vainqueurs, soumission des vaincus, le viol est le symbole fort de la victoire. Les femmes deviennent le « lieu » de la bataille ou du conflit.
Le viol systématique est une arme de terreur, une arme de guerre, une stratégie psychologique déstabilisante qui agit sur le moral des combattants pour éliminer toute forme de résistance. Les plus pervers en font un instrument de torture employé dans des prisons spéciales à l’abri des regards, et d’autres, plus radicaux encore, y voient une arme purificatrice ou génocidaire.
On compte sur les doigts d’une main les travaux d’étude et de réflexion [5] sur les causes et les effets de l’utilisation du viol comme arme de guerre. Comment expliquer une telle rareté ? Dans ce domaine, il est très difficile de recueillir les témoignages : souvent, la honte, l’humiliation, la peur des victimes les contraignent au silence. De leur côté, les Etats préfèrent le déni à la réalité pour préserver l’image prestigieuse de l’armée et de leurs courageux soldats. Ce sujet tabou reste donc très peu documenté ; le rapport exceptionnel de l’ONU publié sur la RDC en 2010 est une première du genre. Ce silence et ce déni confisquent aux victimes le droit de se reconstruire, alors que les bourreaux jouissent d’une totale impunité. Ils peuvent recommencer sans être inquiétés.

Partout, toujours, le même scénario

Lors de l’annexion de la Corée par le Japon, puis de l’invasion de la Mandchourie, du nord de la Chine et enfin de l’Asie du Sud-Est au début de la seconde guerre mondiale, l’armée impériale organise des réseaux de prostitution forcée au service de ses soldats. Par euphémisme, les jeunes femmes, préalablement violées, frappées et enrôlées de force, sont appelées « femmes de réconfort ». Deux cent mille femmes, principalement coréennes, indonésiennes et philippines, servent dans les camps militaires où elles sont violentées des années durant [6].
Le massacre de Nankin (ou « viol de Nankin »), en 1937, est un exemple des atrocités auxquelles se livre l’armée nippone en Chine. Progressant dans le nord du pays, les forces armées japonaises attaquent la ville de Nankin, située à l’est de Pékin, sans rencontrer de résistance. En dépit de la soumission volontaire des habitants, le commandement, pour ne pas avoir à gérer un nombre important de prisonniers, ordonne le massacre de la population. Hommes et enfants sont assassinés à la baïonnette, au sabre, à la mitrailleuse et jetés dans des fosses. Les femmes subissent l’assaut des soldats, elles sont violées avant d’être expédiées — pour à peu près vingt mille d’entre elles — dans les bordels militaires.
Bien qu’en 1935, les lois de Nuremberg sur la race interdisent le viol des femmes juives, considérées comme « impures », la Wehrmacht organise pendant la seconde guerre mondiale des viols collectifs publics et systématiques de femmes juives et non juives, en particulier dans les pays slaves (Pologne, Russie, Yougoslavie…). Au moins cinquante mille femmes sont prostituées de force dans les camps nazis [7]. Mais lorsque le vent tourne en 1945, et que l’Armée rouge entre en Allemagne, ce sont d’abord les femmes allemandes qui subissent les représailles. Deux millions d’entre elles sont violées par des soldats russes [8]. Le corps expéditionnaire français se distingue en Italie par le viol de plusieurs milliers de femmes lors de la campagne de 1944 [9]. Qu’elles soient britanniques, françaises, allemandes, des centaines de milliers de femmes essuient les débordements violents de l’armée de libération. Dix-sept mille soldats américains se seraient ainsi rendus coupables de viols entre 1942 et 1945 [10]. De l’autre côté du monde, à Okinawa, les GI’s violent dix mille Japonaises au cours de la dernière bataille du Pacifique, quelques jours avant le bombardement d’Hiroshima.
La seconde guerre mondiale s’achève, le monde entre dans la guerre froide. L’icône largement répandue de la belle Tonkinoise, tout amour pour son valeureux soldat exilé, offre un paravent sur mesure derrière lequel des viols sont perpétrés, notamment pour propager la syphilis, loin des regards de la métropole [11]. De retour d’Indochine, les soldats français partent en découdre en Algérie, où, entre 1954 et 1962, la pratique du viol devient monnaie courante, à la ville comme à la campagne. L’armée française se disperse pour débusquer les résistants dissimulés dans le maquis. Loin de leurs supérieurs hiérarchiques, les petits chefs en profitent pour imposer leur loi et terrorisent la population en se défoulant sur les femmes. Certaines sont détenues dans des prisons sordides où elles subissent tortures sexuelles et viols à répétition.
En Amérique latine, les années 1960 s’ouvrent sur trois sombres décennies de dictatures militaires qui, soutenues par les Etats-Unis, s’accompagnent de violentes répressions d’Etat. Ces régimes de terreur s’attaquent à tout ce qui ressemble de près ou de loin à un opposant, armé ou non. Les guérillas surgissent, des guerres civiles éclatent au cours desquelles les femmes vont payer un lourd tribut. C’est le Guatemala, le Pérou, le Nicaragua, le Salvador, la Colombie, mais aussi l’Argentine, le Chili, l’Uruguay, la Bolivie, le Brésil, Haïti ou le Chiapas. Militaires, paramilitaires et insurgés violenteront les femmes.
Le Chiapas est un Etat du Mexique riche en ressources naturelles, bien que ce soit le plus pauvre du pays. Le mouvement zapatiste apparaît en 1994, qui lutte pour « défendre les droits sociaux, politiques et culturels des peuples indigènes et pour une plus juste répartition des richesses ». Au mépris d’un accord signé entre les zapatistes et le gouvernement, lequel revient sur son engagement, la population fait l’objet d’une guerre dite « de basse intensité » menée par des groupes de paramilitaires équipés et formés par l’armée mexicaine. Ces milices, installées à l’intérieur même des villages soupçonnés de sympathie envers les rebelles, violent les femmes de façon systématique dès qu’elles sortent de chez elles, enlèvent les jeunes filles et les contraignent à la prostitution et à l’esclavage sexuel. Une menace permanente entrave la vie de toute la communauté. La peur du viol enferme les femmes chez elles [12].
Au Nigeria, entre 1967 et 1970, lors la guerre du Biafra, dans une région bordant le delta du Niger particulièrement riche en pétrole, les jeunes femmes ont été la proie des hommes armés. Celles qui ont accouché d’enfants « de père inconnu » ont été mises au ban de la société.
Le viol des femmes devant leur mari et leurs enfants est une atteinte à l’intimité d’une portée effroyable. Il affecte la relation du couple, celle de la famille et celle de toute la communauté. Dans les sociétés patriarcales, les femmes violées sont méprisées, rejetées. C’est la dislocation du noyau familial.
En RDC (que les Congolais à Kinshasa appellent, par dérision, la République dramatique du Congo), les Nations unies et des ONG américaines estiment qu’un peu plus de quatre millions de personnes auraient disparu dans l’est du pays. Les groupes armés rebelles, comme les forces gouvernementales, sèment la terreur dans les villages et dans les camps de réfugiés. Massacres, assassinats et viols sont le lot quotidien d’une population qui vit dans la crainte, sur fond de trafic d’armes, de drogue et de minerais précieux.
Dans le nord-est du pays, en Ituri, au Nord Kivu et au Sud Kivu, ce sont des centaines de milliers de femmes qui ont subi et subissent les pires sévices. La destruction est tout autant physique que psychologique (voir le reportage « A la rencontre de victimes de viols en RDC », avec Boris Cyrulnik). Les femmes blessées au plus profond d’elle-même s’isolent, par honte, quand elles ne sont pas simplement chassées de leur famille. Fragilisées, elles manquent de tout ce dont un être humain a besoin pour se reconstruire : écoute, compassion, réconfort et assistance. Elles souffrent de graves problèmes de santé dus aux lésions de leur appareil génital souvent détruit, qui nécessitent une opération, et donc une hospitalisation. Nombre d’entre elles, contaminées par leurs violeurs, sont séropositives. Elles ne peuvent même pas recourir à l’IVG : l’avortement est illégal en RDC — même en cas de viol.
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Légalité de l’avortement en cas de viol
Esquisse : Ag. St. 2010.
Quelques-unes de ces femmes trouveront refuge auprès des organismes humanitaires, très actifs sur le terrain, mais complètement débordés par l’ampleur de ces événements. Les ONG mettent en place des programmes de soutien psychologique impliquant la famille et le village, car la reconstruction passe, bien sûr, par la « réconciliation sociale ». Les victimes se forment à des activités artisanales ou agricoles afin d’assurer leur propre existence. Et, petit à petit, elles arrivent à réintégrer la communauté.
La Mission des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco) est jusqu’à présent restée impuissante à empêcher ces crimes de guerre (il faut voir le très bon documentaire de Susanne Babila « Le viol, une arme de guerre au Congo », 2007).

Epuration et génocide

Tous les arguments sont bons pour justifier la pratique du viol systématique. Purification, transmission du « sang » du géniteur : l’histoire ne manque pas d’exemples dans lesquels ces croyances d’un autre âge ont été largement utilisées.
La propagande fasciste, au cours de la guerre civile espagnole entre 1936 et 1939, a utilisé la radio de Séville pour inciter les milices franquistes au viol (pour la procréation) des républicaines et des femmes soupçonnées de soutenir les communistes. Quand les républicains gagnent du terrain, les franquistes écrivent sur les murs des villages qu’ils fuient : « Le village sera perdu mais vos femmes accoucheront de petits fascistes » [13].
Au début des années 1970, le Pakistan oriental conteste le pouvoir que le Pakistan occidental détient et qu’il exerce à son avantage. Il proclame son indépendance et devient le Bangladesh. S’ensuit une violente vague de répression. Deux cent mille Bangladaises sont violées par l’armée pakistanaise, laquelle s’emploie à introduire en elles « de purs gènes musulmans » (elles sont considérées comme à moitié hindoues). Les hommes non circoncis sont tués. A la suite de cette guerre, le gouvernement bangladais a pris des mesures avec l’aide d’organismes internationaux pour aider les femmes à surmonter ces épreuves, notamment avec des programmes d’avortement et d’adoption. Les victimes sont appelées « bironginis », c’est-à-dire « héroïnes », afin d’écarter tout risque de stigmatisation.
On retrouve une situation assez similaire dans le conflit qui oppose l’Angola et la région du Cabinda (riche province pétrolière), qui revendique son indépendance. Les violences sexuelles exercées par l’armée angolaise contre les Cabindaises y sont fréquentes et intentionnelles, encouragées par le gouvernement angolais pour « faire mentir » les arguments des Cabindais qui revendiquent leur différence ethno-culturelle [14].
Au début des années 1990, c’est l’Europe qui devient le théâtre du viol comme arme de guerre. La Yougoslavie implose sous la pression des ultranationalistes. Le viol est pratiqué à grande échelle en Croatie et en Bosnie-Herzégovine. Les hauts responsables serbes bosniaques font ouvrir de camps militaires, les « camps du viol », par où transitent des dizaines de milliers de femmes livrées aux soldats, autant de fois nécessaires pour que la reproduction soit assurée. Elles sont ensuite maintenues en détention jusqu’au sixième mois de grossesse pour prévenir tout « accident dommageable » pour l’enfant. Aujourd’hui, ces femmes traumatisées parlent d’autant moins que leurs violeurs vivent librement à proximité de chez elles.
1994. Lors du génocide rwandais, les femmes sont sauvagement violées, et entre huit cent mille et un million de Tutsis et Hutus modérés sont assassinés [15]. Les rares survivantes doivent vivre avec leurs traumatismes et leur séropositivité. Elles se définissent elles-même comme des « mortes en sursis ».

Enfin des tribunaux pour juger ces crimes ?

Il ressort de ces tragédies inscrites dans des contextes sociopolitiques différents deux constantes : le silence et l’impunité.
En principe, les violeurs sont jugés par les tribunaux locaux. Dans les sociétés patriarcales, le viol peut être considéré comme un délit mineur (quand ce n’est pas la victime qui est rendue coupable) et les autorités locales traînent les pieds pour arrêter les auteurs de ces crimes. En RDC, ce sont les haut-gradés, voire les élus (les hommes politiques) qui auraient dû livrer les présumés coupables à la justice ; mais ils ne le font pas. Comme le souligne Margot Wallström, « les perspectives d’inéligibilité et de non-amnistie peuvent faire pression sur eux et les obliger à tenir leurs troupes et à faire punir les criminels ».
Dans certains cas sensibles, des tribunaux internationaux spéciaux ont été mis en place, relayés en cela par la Cour pénale internationale (CPI), opérationnelle depuis 2002 de façon permanente. Un rapide survol historique nous donne une idée de la façon dont les viols commis par les militaires pendant les conflits ont été réprimés.
Le Tribunal militaire international de Nuremberg, créé en 1945 pour traduire en justice les grands criminels du régime nazi en Europe, n’a pas jugé les viols, ceux-ci n’étant reconnus à l’époque ni comme crimes de guerre, ni comme crimes contre l’humanité. La justice militaire américaine, de son côté, pressée par les innombrables plaintes qu’elle a reçues, a jugé une partie de ses propres soldats coupables de viols, du moins ceux commis en Europe. En France, vingt-et-un d’entre eux ont été pendus sur les lieux de leur délit (en Normandie). Un Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient est créé en 1946 pour juger les grands criminels de guerre japonais, mais, là encore, viols, prostitution forcée et esclavage sexuel ne figurent sur aucun acte d’accusation. Au Bangladesh, les auteurs des viols ont été, dans un premier temps, fait prisonniers, puis relâchés assez rapidement... et sans procès.
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Le viol devant le Tribunal pénal international
Illustration : Ag. St. 2010
Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), créé en 1993, reconnaît les violences sexuelles comme crimes de guerre. Douze hommes seulement ont été condamnés pour des violences sexuelles. Les victimes, jusqu’à présent, n’ont reçu aucune aide de l’Etat.
Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) est mis en place fin 1994 pour « juger les personnes responsables d’actes de génocide et d’autres violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire du Rwanda ou par des citoyens rwandais sur le territoire d’Etats voisins au cours de l’année 1994 ». Les organisations féministes et de défense des droits humains se battent durement afin que les accusations de viol ne soient pas évacuées d’un revers de main en dépit des preuves établies.
Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL), créé en 2002, a émis trois actes d’accusation contre des dirigeants de groupes armés et de milices ayant commis des crimes pendant le conflit. L’un d’eux vise l’ancien président du Libéria, M. Charles Taylor, pour des viols, des violences sexuelles et l’esclavage sexuel de filles et de femmes. Il reconnaît l’esclavage sexuel et la pratique des mariages forcés comme des crimes de guerre, les viols comme un crime contre l’humanité.
On se félicite des avancées en matière de droit pour faire reconnaître le viol en tant que crime et traduire les coupables en justice. Mais il y a malheureusement encore loin de la coupe aux lèvres. La recherche d’un responsable « hiérarchique » complique le travail des tribunaux spéciaux... Finalement, peu sont jugés et l’impunité demeure.
Neuf personnes présumées coupables de viols en RDC, dont un chef militaire, ont été arrêtées en janvier 2011 — une première —, et les premières affaires arrivent aujourd’hui sur le bureau du procureur de la CPI. L’histoire dira comment seront jugés ces crimes.
Des femmes qui refusent de se taire
Dans l’Etat indien du Manipur, plusieurs groupes de femmes ont organisé des manifestations pour protester contre le comportement des forces armées. Territoire subalterne annexé par l’Inde en 1947, le Manipur devient un Etat en 1972, mais New Delhi étend la loi sur les pouvoirs spéciaux des forces armées (AFSPA), déjà en vigueur depuis 1958, à l’ensemble du territoire, par crainte d’une insurrection armée. Depuis, un régiment spécial, les « Assam Rifles » (« tirailleurs de l’Assam »), commet de nombreuses exactions au nom de sa mission de maintien de l’ordre. En 2004, certains de ses soldats arrêtent une jeune femme, Thangjam Manorama, soupçonnée d’appartenir à un groupe armé. Sous le coup d’un mandat d’arrêt officiel, elle a dû quitter le domicile de ses parents, escortée par l’armée. Son corps mutilé a été retrouvé le lendemain. Un examen médicolégal a indiqué qu’elle avait vraisemblablement été violée avant d’être tuée.
« Scandalisés par ce meurtre et par l’impunité avec laquelle l’armée pouvait ainsi violer et tuer, écrit Amnesty international en 2004, les membres d’un collectif de femmes ont voulu exprimer leur écœurement face aux fréquentes atrocités perpétrées par des membres des forces de sécurité contre des femmes ou des enfants, en se déshabillant sur la place publique et en mettant au défi les soldats de venir les violer. Cet acte courageux et symbolique a été le point de départ d’une vague de manifestations de masse, qui ont finalement amené le gouvernement de l’Etat à demander au pouvoir fédéral d’abroger l’“Armed Forces Special Powers Act” (loi relative aux pouvoirs spéciaux des forces armées). Le gouvernement local a annoncé que la municipalité de Imphal n’était plus considérée comme “zone de troubles” et a donc réduit en conséquence les pouvoirs des forces militaires qui y étaient déployées [16]. »
A consulter
- « On n’arrête pas les viols avec des médecins », Par Olivier Falhun, 8 février 2011.
- « RDC : arrestation du chef du groupe de militaires impliqués dans les viols de Fizi », Centre d’actualités de l’ONU, 21 janvier 2011.
- « RDC : des enquêtes confirment l’ampleur des viols commis par des soldats de l’armée », Centre d’actualités de l’ONU, 25 janvier 2011.
- « Des Congolais violentés par l’armée angolaise », Médecins sans frontières, 6 décembre 2007.
- « Soudan (Darfour) : Le viol comme une arme de guerre - La violence sexuelle et ses conséquences », Amnesty international, 15 mai 2006.
- « Ethiopia : Army Commits Executions, Torture, and Rape in Ogaden » et « Collective Punishment », Human Rights Watch (HRW), 12 juin 2008.
- Burundi : Paramilitaries Commit Killings, Rapes, Human Rights Watch (HRW), 13 décembre 2001.
- « Tchad. Les réfugiées sont victimes de viols à l’intérieur et à l’extérieur des camps, malgré la présence de l’ONU », Amnesty International, 29 septembre 2009.
- « Kenya : Abus de la police à l’encontre des réfugiés somaliens », Human Rights Watch (HRW), 17 juin 2010.
- « Guinée : Le massacre et les viols perpétrés dans un stade de Conakry constituent vraisemblablement des crimes contre l’humanité », Human Rights Watch (HRW), 17 décembre 2009.
- « Côte d’Ivoire : “My Heart Is Cut”. Voir aussi ici », Human Rights Watch (HRW), 1er août 2007.
- « Nigerian Army Accused of Excessive Force, Rape in Niger Delta », Human Rights Watch (HRW), 22 décembre 1999.
- « Haïti. Ne leur tournez pas le dos. La violence sexuelle contre les filles en Haïti », Amnesty International, 27 novembre 2008.
- « Algérie - Dans la République de la peur, le viol est une arme de guerre », par Habib Souaïdia (23 décembre 2006).
- « More Evidence of Rape by Russian Forces in Chechnya ». Voir aussi ici, Human Rights Watch (HRW), 29 mars 2000.
- « RDC : des milliers de femmes défilent contre les viols », station internationale des Pays-Bas (RNW), 18 octobre 2010.

Notes

[1] « RDC : l’ONU confirme le viol de plus de 150 femmes dans le Nord-Kivu », 23 août 2010 ; « Viols de masse en RDC : l’ONU appelle à la fin de l’impunité », 31 août 2010 ; « RDC : un rapport décrit la sauvagerie des viols de masse début août dans l’est », 24 septembre 2010.
[2] Durant la campagne d’Italie, en juin 1859 en Lombardie, dans la province de Mantoue, l’armée française de Napoléon III, alliée à l’armée sarde, remporte une victoire sur l’armée autrichienne de l’empereur François-Joseph.
[3] C’est la reconnaissance officielle, pour la première fois, de la nécessité d’un « service » de santé pour les militaires blessés. La première convention de 1864 stipule l’obligation de soigner les blessés sans distinction de nationalité, la neutralité (l’inviolabilité) du personnel sanitaire et des établissements sanitaires et le respect du signe distinctif de la Croix-Rouge sur fond blanc. Elle est réactualisée une première fois en 1868, en 1906, puis en 1929, date à laquelle une seconde convention relative au traitement des prisonniers de guerre voit le jour. A partir de 1934, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) prévoit la rédaction d’une convention pour la protection de certaines populations civiles (« Projet de Tokyo »). Mais la seconde guerre mondiale éclate ; les civils attendront.
[4] Instrument constitutif de l’Organisation des Nations unies (ONU). Elle fixe les droits et les obligations des Etats membres, porte création des organes et des procédures. Convention internationale, elle codifie les grands principes des relations multilatérales, de l’égalité souveraine des Etats à l’interdiction d’employer la force dans ces relations.
[5] Lire Elvan Isikozlu et Ananda S. Millard, « Brief 43, Towards a Typology of Wartime Rape, BICC, 2010 ; « Viols en temps de guerre : une histoire à écrire » (PDF) ainsi que Giselle Donnard, « Femmes dans la guerre aujourd’hui » et Françoise Nduwimana, « Le viol de guerre : la riposte des femmes ».
[6] Elisabeth Jean Wood : Variation in Sexual Violence during War, in Order, conflict and violence de Stathis N. Kalyvas, Ian Shapiro et Tarek Masoud, Yale University, Connecticut, 2008.
[7] Wendy Jo Gertjejanssen, Victims, Heroes, Survivors : Sexual Violence On The Eastern Front During World War II, University of Minnesota, 2004 ; Ian Kershaw et Laurence Rees, War of the Century : When Hitler Fought Stalin, New Press, 2000.
[8] Suzan Brownmiller, Le Viol, Stock, 1976 ; lire le compte rendu dans Libération, le 13 février 2009 : « Rouge cauchemar ».
[9] Tommaso Baris, Le corps expéditionnaire français en Italie : violences des « libérateurs » durant l’été 1944, Vingtième Siècle, Revue d’histoire, Presses de Sciences Po, 2007/1 (n° 93).
[10] Robert J. Lilly, La face cachée des GI’s. Les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale, Payot, Paris, 2003 (lire notre recension).
[11] Georges-Henri Guiraud, Aux frontières de l’enfer, Monte-Carlo, Regain, 1956.
[12] « Le viol comme arme de guerre. Conflits armés et violence sexuée au Chiapas et en ex-Yougoslavie », Flagrant délit, n° 9, 1999.
[13] Yannick Ripa, Purifier et soumettre. La violence sexuelle contre les républicaines durant la guerre d’Espagne, Pandora, revue d’études hispaniques, nº 5, 2005.
[14] Alors que l’Angola est devenu une colonie portugaise dès 1482, le peuple cabindais résiste à l’invasion du Portugal jusqu’en 1885. Le gouvernement portugais rattache les deux territoires — séparés par une parcelle de la RDC — sous une administration unique. Au moment de l’indépendance, en 1975, l’Angola annexe d’emblée le Cabinda, qu’il considère comme sa dix-huitième province, alors que ce dernier réclame son indépendance en arguant que les deux territoires ne partage ni la langue (hormis le portugais), ni la culture, ni l’histoire, ni même de frontière. Depuis, l’armée angolaise occupe le territoire rebelle où elle violente la population.
[15] Lire le magnifique mais terrible roman de Koulsy Lamko, Phalène des Collines, le Serpent à Plumes, Paris, 2000.
[16] Amnesty International, « Les crimes commis contre les femmes lors des conflits armés », 2004.

Agnès Stienne est artiste, graphiste et illustratrice indépendante.

La révolution arabe, fille de l’Internet ?

par Marie Bénilde
http://blog.mondediplo.net
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Quel rôle ont joué les nouveaux médias dans la chute des régimes autocratiques de Tunisie et d’Egypte ? Faut-il prêter à Facebook, et aux réseaux sociaux en général, la capacité de mobiliser des foules et de susciter des mouvements d’opposition ? Enseignements politico-médiatiques de révoltes puis de révolutions « en ligne ».
Le régime d’Hosni Moubarak a commis l’acte le plus liberticide du monde au regard de l’accès à Internet, selon le quotidien Libération du 28 janvier. Ni la Birmanie en 2007, ni la Chine en 2008, ni l’Iran en 2009 ne seraient allés aussi loin que l’Egypte face à la contestation sur la toile. Seul le pays du raïs despote a totalement coupé l’accès au réseau, pour les neuf dixième des 23 millions d’internautes égyptiens ayant un accès occasionnel ou régulier au Web — dont cinq millions d’inscrits au réseau social Facebook. Cette coupure n’a pu empêcher la chute d’Hosni Moubarak. La révolution égyptienne, comme celle qui l’a précédée en Tunisie, montre à la fois la puissance des nouveaux médias, la difficulté à leur opposer des forces classiques de contrôle et de répression, et leur articulation, trop souvent minorée, avec les médias traditionnels comme la télévision ou la presse.

L’impossible black-out

Revenons d’abord à cette fameuse coupure d’Internet. Le 2 février, après cinq jours d’interruption, les autorités égyptiennes choisissent de rétablir l’accès au réseau. La veille, Google avait lancé la possibilité de « tweeter » par téléphone, contournant ainsi le blocage. Il suffit aux opposants égyptiens d’appeler un numéro téléphonique pour laisser des messages vocaux, qui sont aussitôt retransmis sur Twitter. L’occultation numérique des événements n’est alors plus possible ; l’arrestation de Wael Ghonim, le responsable marketing de Google au Proche-Orient (qui sera porté en triomphe sur la place Tarhir après sa libération), se révèle vite totalement inadaptée à la situation. Le régime a tenté d’étouffer Internet comme il cherchait à se débarrasser de témoins gênants en mettant au secret les journalistes qui couvraient les manifestations. Mais le réseaux des réseaux n’est-il pas, par nature, incontrôlable ? [1]
C’est alors qu’une nouvelle stratégie, plus en phase avec les outils modernes de télécommunications, se met en place. Plutôt que de chercher à censurer massivement -et sans discernement - les messages d’opposants en fermant le robinet numérique, les autorités égyptiennes prennent l’initiative de se servir à leur tour des nouvelles technologies : c’est ainsi que l’armée a investi les bureaux des opérateurs de téléphonie mobile auxquels l’Etat est associé (Mobinil, filiale de France Télécom et Vodafone) pour les obliger à diffuser des textos appelant à la délation ou donnant le lieu et l’heure de manifestations de soutien à Hosni Moubarak. Un SMS de l’armée, quelques jours avant la chute du vieux président, indique que « les forces armées demandent aux hommes honnêtes et loyaux d’Egypte d’affronter les traitres et les criminels et de protéger notre peuple et l’honneur de notre précieuse Egypte [2 ».
Le message peut paraître aujourd’hui ambigu quand on connaît le rôle exercé par l’armée dans le renversement de Moubarak. Il n’en arrive pas moins en appui du pouvoir quand il est diffusé, alors que le raïs s’accroche à son trône. Et il témoigne d’une certaine sophistication de cette ultime phase de la répression en ligne puisqu’il ne s’agit plus seulement d’interdire les blogs ou les sites hostiles au régime — notamment lorsqu’ils diffusent des vidéos de torture dans les commissariats égyptiens — mais aussi de promouvoir la parole gouvernementale sur les réseaux. Seulement, il est déjà trop tard. A l’ère numérique, toute autorité qui s’estime victime de la toile, et plus singulièrement d’un moteur de recherche, se doit de poster sa propre production de contenus en ligne afin d’interférer dans une communication qui lui est hostile. Mais cet usage « proactif » implique de précéder l’événement, non de le suivre.

Réseaux numériques et révolutions

Quelle place accorder maintenant à ces nouveaux outils de communication dans les mouvements de révolte arabes ? La plupart des témoignages s’accordent à dire que les réseaux sociaux ont joué un rôle dans la mobilisation en Egypte comme en Tunisie. Pour exprimer un ras le bol, se regrouper de façon affinitaire ou se conforter dans l’action, des groupes ont été créés sur Facebook ; Twitter était utilisé, de façon plus marginale, pour lancer des alertes, notamment à l’extérieur du pays. Pourtant, comme en attestent les nombreuses arrestations de journalistes ou le brouillage des émissions d’Al Jazira sur un des satellites dépendant de l’Etat égyptien, c’est essentiellement de la télévision et de la presse que les autorités se sont méfiées. Les chaînes d’information en continu ont en effet ce pouvoir de refléter la réalité des manifestations et de grossir le flot de leurs participants (la couverture des événements en Egypte par BBC World a d’ailleurs incité l’Iran à brouiller les émissions de la chaîne, par mesure de précaution).
Faut-il relativiser la vision d’une « révolution 2.0 », comme l’a baptisée le blogueur égyptien Wael Ghonim ? En réalité, nouveaux et anciens médias semblent étroitement liés. Si l’information trouve aujourd’hui le moyen de contourner la censure, d’échapper à tout contingentement et de se diffuser largement, c’est bien entendu grâce à Internet et au partage de liens sur les différentes communautés des réseaux sociaux. Mais la revue Telos, éditée par la fondation Telefonica en Espagne, a montré récemment que 80 % des nouvelles qui circulent sur Internet dans le monde viennent des éditions en ligne de la presse [3]. Il en va de même de la télévision. En Tunisie, Al Jazira — qui était interdite de séjour par le gouvernement de Ben Ali — s’est imposée comme le média audiovisuel libre du pays, au détriment des chaînes nationales et des autres télévisions étrangères, selon l’écrivain Taoufik Ben Brik, tandis que « ce sont surtout les relais traditionnels de la rue survoltée — Internet, Facebook, Twitter, YouTube — qui ont sombré dans l’oubli [4 ». La chaîne d’information s’est notamment distinguée par sa capacité à reprendre sur son antenne des images tournées par des téléphones portables, comme celles des premières manifestations réprimées par la police à Sidi Bouzid.
Dans un article du Monde.fr sur l’influence de la chaîne qatari dans la révolution tunisienne, le journaliste Benjamin Barthe décrit ainsi le cheminement de ces vidéos amateurs publiées sur des sites alternatifs comme Nawaat ou Takriz, signalées par Twitter, reprises sur les réseaux sociaux (Facebook, YouTube..) et finalement diffusées en masse sur les écrans d’Al Jazira qui leur donneront un véritable écho populaire.
« Al-Jazira s’est fondue dans le nouvel environnement médiatique, en recourant de façon très rapide et très créative aux contenus générés par le public, écrit sur son blog le politologue américain Marc Lynch, spécialiste du monde arabe, cité par Le Monde. D’autres télévisions satellites l’ont imitée. (…) Ces plateformes médiatiques et ces contributeurs individuels œuvrent à saper la capacité des Etats à contrôler le flux d’informations. C’est la dernière étape en date dans l’émergence d’un nouvel espace médiatique arabe. »
Pour suivre l’évolution des événements en Egypte, c’est encore Al Jazira que regardent les responsables officiels de la Maison blanche, selon le New York Times, alors même que la chaîne d’information, coupable d’avoir diffusé des cassettes de Ben Laden et stigmatisée pour son « islamisme », est très largement absente des bouquets satellite et du câble aux Etats-Unis.
Enfin, c’est encore au rythme de la télévision égyptienne retransmettant les discours de Moubarak que la révolte égyptienne s’amplifie. Le vieil autocrate y apparaît, dans le décorum suranné de son palais, littéralement déconnecté des aspirations de la jeunesse de son pays (au point que la presse française a pu parler de « mai 1968 » arabe).

Réalités et virtualités

Les nouveaux canaux numériques n’apparaissent finalement qu’au second plan en matière d’information. Mais les réseaux sociaux contributifs (2.0) remplissent une fonction inédite dans l’histoire des médias. Ils permettent aux rédactions occidentales, souvent coupées des réalités de pays qu’elles regardaient avec le même aveuglement que leurs gouvernements respectifs (produit d’une grande indulgence avec les régimes corrompus en place, puissances invitantes pour des politiques comme pour des journalistes français en vue), de mesurer que l’épouvantail islamiste ne pouvait plus suffire à discréditer les soulèvements populaires. Le web 2.0 a cette propriété sans doute magique qu’il supporte mal l’imposition de raccourcis médiatiques malgré la tentative apparue ici ou de jouer sur la fibre de la menace envers Israël ou sur le danger des Frères musulmans. Avec Internet, la parole du peuple devient davantage audible même si elle n’est que partielle.
Bien sûr, il va sans dire que ce n’est pas Internet ou les réseaux sociaux qui font la révolution : les immolations publiques, les manifestations interdites ou l’occupation de la place Tahrir sont avant avant tout des expressions physiques d’un désarroi et d’une contestation populaires. D’ailleurs, comme on l’a vu, l’usage des nouvelles technologies n’est pas l’apanage des forces contestataires — Téhéran s’en était aussi emparé pour traquer ses opposants après les manifestations très connectées de 2009 [5] — et il a même plutôt tendance à canaliser le mécontentement intellectuel au détriment des engagements militants. Au point que l’on peut légitimement se demander quel est l’avenir d’une mobilisation si celle-ci n’est pas accompagnée par un travail de structuration politique qui permet à un rassemblement de masse de se muer en force révolutionnaire agissante.
Et en même temps, le web participatif est porteur de nouvelles formes d’organisation qui ne sont pas que technologiques et sème le grain de la parole démocratique au vent de l’histoire. [6] Du Proche-Orient à Cuba, en passant par l’Algérie, Internet a à la fois la propriété d’interconnecter les peuples, de permettre à chacun de se compter et d’encourager les initiatives. Face à une information par les grands médias vécue comme une « chape de surplomb » dans la mesure où la réception des nouvelles y était essentiellement passive, les nouveaux médias semblent réussir cette alchimie nouvelle de transformer l’information en participation et la participation en action. Les internautes sont invités à vivre « en partage » avec cette idée nouvelle au Maghreb : la dictature n’est pas le seul horizon politique.

Notes

[1] La question rebondit aux Etats-Unis où un controversé projet de loi de sécurité cybernétique voudrait mettre entre les mains du président américain un interrupteur du web ("kill switch") pour contrer les cyberattaques provenant de l’étranger.
[2] « Reaching for the kill switch », The Economist, 10 février.
[3] « El 80% del material informativo que circula por la Red procede de la prensa », El Mundo, 2 février 2011.
[4] « En Tunisie, le règne sans partage d’Al Jazeera », Slate.fr, 19 janvier 2011.
[5] Lire à ce sujet « En Iran, Nokia connecte la répression ».
[6] Lire à ce sujet Tunisie, Egypte...Algérie, "inception" de la révolution in Electron libre.

Loppsi 2 : l’Afnic craint une extension du filtrage à d’autres domaines

par Christophe Auffray
ZDNet France
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Le directeur de l’Afnic, l’organisme chargé de la gestion administrative et technique des .fr et .re, s’inquiète dans un article du Point de l’absence de contrôle de la liste noire des sites filtrés. Mathieu Weill craint également que le filtrage soit étendu à d’autres domaines que la pédophilie sur Internet.
 
La loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi 2) a été définitivement adoptée par le Parlement français la semaine dernière. Parmi les mesures portant sur Internet, c'est l'article 4 qui a le plus suscité la polémique.
Pour rappel, cet article confie à une autorité administrative, sans arbitrage par un juge, le filtrage des contenus de nature manifestement pédopornographique. Ce filtrage, critiqué notamment pour son inefficacité, s'accompagne de la mise en place d'une liste noire confidentielle de sites visés.

La lutte contre la pédophilie comme cheval de Troie 
L'Australie a déjà mis en oeuvre des dispositions similaires. Ce précédent permet d'ailleurs de constater les dérives et erreurs permises par ce modèle. Divulguée en 2009, la liste noire australienne révélait que différents sites sans liens avec la loi étaient filtrés (poker, religion, entrées de Wikipedia et de Wikileaks, etc).
Selon le président de l'organisme français (au statut d'association de 1901) en charge de la gestion des noms de domaines, la Loppsi 2 pourrait bien déboucher sur les mêmes écueils.
« Il faut que des organismes indépendants puissent contrôler cette liste noire. J'ai toute confiance dans le ministère de l'Intérieur, mais ma confiance serait décuplée si la liste pouvait être contrôlée... Ce qu'il faudrait, peut-être, c'est une liste noire internationale, éditée, par exemple, par le Conseil de l'Europe, du même type que celle des paradis fiscaux » déclare Mathieu Weill dans un entretien avec Le Point.

Les syndicats de l'industrie culturelle attentifs au filtrage de la Loppsi
Mais la liste noire n'est pas la seule source d'inquiétude du directeur général de l'Afnic qui fait ainsi part d'une autre crainte, déjà évoquée par les détracteurs de la Loppsi. « Malheureusement, je crains que l'article 4 de la Loppsi 2 (sur le filtrage, NDLR) soit étendu à d'autres domaines que la pédophilie. »
Comme le rappelle PCInpact, plusieurs acteurs de l'industrie culturelle (SNEP, SPPF...) ont déjà témoigné de leur intérêt à l'égard du filtrage de la Loppsi 2. L'objectif étant de profiter des mesures de la loi de sécurité pour étendre le champ de la lutte contre le téléchargement illégal.
« Les solutions de filtrage qui pourraient être déployées à cette occasion devraient faire l'objet d'une réflexion à l'égard des contenus, dans le cadre de la propriété intellectuelle » avait commenté le syndicat des producteurs indépendants, qui depuis fin 2010 se mobilise contre le téléchargement direct.
Toutefois, les expérimentations autour du filtrage pourraient s'inscrire directement dans le cadre de la riposte graduée. La loi Hadopi prévoit en effet des tests dans ce domaine. Les sociétés représentant les ayants droit pourront même faire financer leurs propres expérimentations. Un amendement en ce sens a été adopté en catimini le 1er février.

FAI, publicitaires et services de paiement bientôt engagés dans la lutte contre le téléchargement illégal ?

par La rédaction
 ZDNet France
PERMALINK


Filtrage, saisies de noms de domaine, blocage des transactions financières, retrait de la publicité… un projet de loi de lutte contre le téléchargement illégal et la contrefaçon sur Internet revient au Congrès américain. Le sénateur démocrate Patrick Leahy cherche à présent le consensus.
 
Fin 2010, un sénateur américain a déposé une proposition de loi devant le Congrès américain. En raison des élections de mi-mandat, son examen avait toutefois été différé. Le COICA ou Combating Online Infringement and Counterfeits Act, comme son nom l'indique, porte sur la lutte contre les infractions et les contrefaçons sur Internet.
Dans le collimateur de ce projet de loi : les sites, hébergés aux Etats-Unis ou hors de ses frontières, suspectés de contribuer à la diffusion des contenus piratés, comme des films, de la musique ou des logiciels.
Des auditions devant le Congrès prévues le 16 février
La nouvelle législation promue par le sénateur démocrate du Vermont, Patrick Leahy, avait suscité la controverse. Pour lutter contre le téléchargement illégal et la contrefaçon, elle proposait notamment, lorsqu'un site est basé à l'étranger, d'engager la responsabilité d'un tiers : FAI, fournisseur d'une solution de paiement, régie publicitaire, etc.
Le COICA revient dans les débats au Congrès. En amont de cette discussion prévue le 16 février, Patrick Leahy tente une nouvelle approche et essaye de rallier les acteurs du numérique à son projet de loi.
Selon Cnet.com, le sénateur a organisé des rencontres avec des représentants de plusieurs sociétés du Web parmi lesquelles Verizon, Visa et Google. Ces acteurs (hormis Google) devraient également participer à des auditions au Congrès le 16 février.

Mesure envisageable : bloquer les transactions à destination de certains sites
Plutôt que de se risquer à un passage en force, Patrick Leahy chercherait désormais le consensus. Grâce à ces auditions, le politique américain devrait pouvoir ainsi évaluer le degré d'opposition à sa loi et les concessions à accorder afin d'obtenir une participation des entreprises de l'Internet à la lutte contre le téléchargement illégal.
Le COICA, en cas de vote favorable, autoriserait le ministère de la justice à ordonner la saisie d'un domaine Internet afin de fermer un site. Pour les sites basés hors du territoire, le législateur se doterait de la possibilité d'exiger à des sociétés de paiement comme Visa ou MasterCard de bloquer les transactions (une mesure de rétorsion exercée notamment contre Wikileaks).
Le projet de loi bénéficie d'ores et déjà de différents soutiens dans les secteurs du logiciel, du cinéma, de la musique et des jeux vidéo. Selon l'ONG Electronic Frontier Foundation, il s'agit surtout d'un texte répressif et favorable à la censure.

Prêt à jeter (Documentaire)

http://www.arte.tv
(France, 2010, 75mn)
ARTE F
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Un produit usé = un produit vendu ! Tourné aux quatre coins du monde, ce film enquête sur l'obsolescence programmée, concept vieux comme l'industrie mais toujours vivace. Une démonstration aussi implacable qu'éclairante.


Dans les pays occidentaux, on peste contre des produits bas de gamme qu'il faut remplacer sans arrêt. Tandis qu'au Ghana, on s'exaspère de ces déchets informatiques qui arrivent par conteneurs. Ce modèle de croissance aberrant qui pousse à produire et à jeter toujours plus ne date pas d'hier. Dès les années 1920, un concept redoutable a été mis au point : l'obsolescence programmée. "Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires", lisait-on en 1928 dans une revue spécialisée. Peu à peu, on contraint les ingénieurs à créer des produits qui s'usent plus vite pour accroître la demande des consommateurs.

Croissance folle
"À l'époque, le développement durable n'était pas au centre des préoccupations", rappelle Warner Philips, arrière-petit-fils des fondateurs de la marque du même nom. Mais alors que les ressources de la planète s'épuisent, rien n'a changé. "La logique est croître pour croître", note Serge Latouche, professeur émérite d'économie à l'université de Paris 11. Tournée en France, en Allemagne, en Espagne, au Ghana et aux États-Unis, nourrie de nombreuses archives et interviews, avec, pour fil conducteur, le test d'une imprimante récalcitrante, cette démonstration minutieuse débusque les avatars de l'obsolescence programmée et leurs répercussions. Elle esquisse aussi d'autres modèles économiques : de la décroissance, prônée par Serge Latouche, à une industrie qui produirait et recyclerait à l'infini, à l'image de la nature. Une investigation passionnante, qui, l'exaspération une fois passée, amorce la réflexion.

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15 février 2011

Essais nucléaires - Quelles vérités ?

http://www.lcp.fr
Documentaire réalisé par : 
Thierry Derouet-Durée : 52’-Année 
2009-Une coproduction LCP - Bonobo productions
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De 1960 à 1996, quelques 150 000 appelés et militaires de carrière ont participé aux 210 essais nucléaires français, expérimentés au Sahara algérien et en Polynésie française.
Près d’un demi siècle plus tard, ils sont des centaines à en subir les séquelles physiques et psychiques.
Depuis plusieurs années, ces vétérans se battaient pour obtenir la création d’un fonds d’indemnisation et un suivi sanitaire ; comme c’est le cas aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Australie et au Canada.
Leur combat s’est amplifié ces deux dernières années et l’Etat a finalement élaboré une loi d’indemnisation, votée à l’automne. Ces vétérans ont-ils été entendus pour autant ? Le doute est permis à la lumière des témoignages des hommes et des femmes présentés dans ce documentaire.
Thierry Derouet et Nathalie Barbe reviennent sur cette période occultée de l’histoire, au nom de l’intérêt supérieur de la Nation, en donnant la parole à ceux qui n’avaient pas été écoutés 40 ans durant.

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Extrait :

« Essais Nucléaires : quelles vérités ? »
envoyé par loireimagepresse

ARTE Reportage - Egypte , Russie

http://videos.arte.tv
(France, 2011, 42mn)
ARTE
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Egypte : les Frères Musulmans en embuscade

De Emmanuel Razavi et Pierre Creisson – ARTE GEIE / Camicas Production – France 2011

Après la Tunisie, l’Egypte connaît à son tour un mouvement de contestation sans précédent. Depuis le début des manifestations, le 25 janvier, les Egyptiens ont envahi les rues du Caire. Leur revendication : en finir avec le régime du président Hosni Moubarak.

En Egypte, trente années de dictature ont rendu le pays exsangue. Au pays des pharaons, la corruption, la misère et le chômage sont devenus le lot de millions d’habitants. Si dans les premiers jours, le mouvement de contestation a été spontané, plusieurs mouvements politiques ont tenté de le récupérer.

Parmi eux, l’organisation des Frères Musulmans, une confrérie islamiste qui prône l’instauration du califat et l’organisation de la société autour des valeurs de l’Islam. Cette confrérie secrète, fondée en 1928, est officiellement interdite. Elle compte pourtant 88 députés et représente la première force de l’opposition égyptienne. Pour de nombreux observateurs, le risque de la voir prendre le pouvoir en Egypte est réel. Et beaucoup craignent que les Frères Musulmans ne transforment Le Caire en un nouvel Iran…

Mais qui sont ces Frères Musulmans qui prônent la charia ? Sont-ils réellement capables de prendre le pouvoir en Egypte ?


Moscou : l’écho de la liberté

De Vladimir Vasak, Liza Zamyslova, Sergueï Sokolov et Hervé Thiry – ARTE GEIE – France 2011

Parmi les pays prédateurs de la liberté de la presse, la Russie est classée 140e sur 178 par l'ONG Reporters Sans Frontières. Pourtant, quelques médias encore indépendants existent toujours, survivants de la période la plus libre de son histoire : la Perestroïka, initiée par Gorbatchev au début des années 90.

C’est à cette époque qu’est née la radio Echo de Moscou, dirigée par le charismatique et francophile Alexei Venediktov. La radio a survécu aux années Poutine. Son actionnaire majoritaire, l’entreprise d’Etat Gazprom, laisse les coudées franches au rédacteur en chef et à son équipe.

Référence absolue pour l’intelligentsia de la capitale russe, Echo de Moscou est devenue une agence de presse indépendante dédiée à l’actualité en Russie. D’ailleurs, le clan au pouvoir ne se prive pas de l’écouter pour y apprendre plus que par les voies officielles. Un statut paradoxal pour cet îlot de résistance...

Pourtant, à 200 kilomètres de la capitale, impossible de capter Echo de Moscou. Une stratégie bien rôdée par un pouvoir qui laisse un semblant de pluralisme à Moscou tout en contrôlant fermement les régions, informées par des télévisions inféodées au régime.

Comme pour beaucoup de pays où la presse est bridée, l’espoir viendra peut-être de l’émergence d’Internet et de chaînes indépendantes, telles TV Dojd. Et l’élection présidentielle de 2012 constituera un nouveau test pour Echo de Moscou et les quelques autres médias indépendants.


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14 février 2011

Guinée Equatoriale: M. Obiang, nouveau président de l'Union Africaine et profanateur des droits de l'homme

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