8 décembre 2012

Les nouveaux chiens de gardes

Source : http://www.lesnouveauxchiensdegarde.com
DL 

Les médias se proclament « contre-pouvoir ». Pourtant, la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations prémâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur.

En 1932, Paul Nizan publiait Les Chiens de garde pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en gardiens de l’ordre établi.
 Aujourd’hui, les chiens de garde, ce sont ces journalistes, éditorialistes et experts médiatiques devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social. Sur le mode sardonique, Les Nouveaux chiens de garde dressent l’état des lieux d’une presse volontiers oublieuse des valeurs de pluralisme, d’indépendance et d’objectivité qu’elle prétend incarner. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d’une information pervertie en marchandise.


Les "Nouveaux chiens de garde" / Les 10... par Nouveaux_chiens_de_garde

Documentaire - France - 2011 - 104 min - 1.77 - Dolby Stéréo SR - 35 mm et numérique - Couleur - Visa n° 119 070
  • Réalisation : Gilles Balbastre, Yannick Kergoat
  • Scénario : Serge Halimi, Pierre Rimbert, Renaud Lambert, Gilles Balbastre, Yannick Kergoat
  • Production : Jacques Kirsner, Anne-Marie Marsaguet,
  • Image : Laurent Fénart, Alberto Marquardt, Guillaume Deffontaines
  • Son : Laurent Malan, Philippe Fabbri, Romain Degueltz, Olivier Walczak, Julien Cloquet
  • Direction artistique animation : Joris Clerté (Petite Ceinture)
  • Musique : Fred Pallem
  • Infographie : Arnaud Lamborion
  • Documentaliste : Valérie Massignon
  • Montage : Yannick Kergoat, Marie-Pierre Camus
  • Production : JEM Productions  


  • Gilles Balbastre et Yannick Kergoat

  • Serge Halimi a publié Les Nouveaux chiens de garde en 1997, au sortir des grèves de décembre 1995. Le poids des « prescripteurs d’opinions » a-t-il évolué depuis ? Yannick Kergoat : Pas suffisamment (...)
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  • Extraits de Les Nouveaux chiens de garde, Liber-Raisons d’Agir, 1997
  • Les nouveaux chiens de garde

  • Par Serge Halimi

  • La construction de « l’intérêt du public » L’intérêt que nous éprouvons pour un sujet nous vient-il aussi naturellement que le prétendent les fabricants de programmes et de sommaires ? N’est-il pas plutôt (...)
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  • Quand les médias réforment la justice

  • par Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature

  • Il faudrait s’accorder sur ce que l’on entend précisément par « les médias » et « la justice ». Nul doute qu’à y regarder de près, on verrait que tous les médias n’évoquent pas exactement la justice de la (...)
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  • La critique des médias, pourquoi faire ?

  • par Henri Maler, fondateur et co-animateur d’Acrimed

  • Depuis une quinzaine d’années, des livres (comme ceux de Pierre Bourdieu et Serge Halimi), des films (comme ceux de Pierre Carles), des journaux (comme PLPL, puis Le Plan B) et l’association Acrimed (...)
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La sourde oreille des grands médias sur la situation à Gaza

Source : http://www.acrimed.org
19/11/2012

english

Nous publions ci-dessous une tribune initialement parue en anglais le 14 novembre 2012 sur le site Mondoweiss et signée par Hagit Borer (Royaume-Uni), Antoine Bustros (Canada), Noam Chomsky (États-Unis), David Heap (Canada), Stephanie Kelly (Canada), Máire Noonan (Canada), Philippe Prévost (France), Verena Stresing (France) et Laurie Tuller (France).
Nous accusons ! La sourde oreille des grands médias sur la situation et la gravité des atrocités commises par Israël à Gaza
 
Tandis que les nations d’Europe et d’Amérique du Nord commémoraient, le 11 novembre, les pertes militaires de guerres passées et présentes, Israël ciblait des civils. Le 12 novembre, à l’orée d’une nouvelle semaine, les lecteurs étaient inondés, pendant leur petit-déjeuner, de comptes rendus déchirants relatant les pertes humaines militaires passées et actuelles. Cependant, on semblait taire le fait essentiel selon lequel les pertes humaines les plus importantes lors des conflits armés contemporains touchent les populations civiles. Le matin du 12 novembre était également marqué par une absence criante d’information relatant les attaques militaires sur Gaza qui se sont poursuivies pendant tout le week-end. Une recherche superficielle confirme cette omission sur le réseau de télévision canadien Canadian Broadcasting Corporation (CBC) et les journaux canadiens dont le Globe and Mail, la Gazette de Montréal et le Toronto Star. De même en ce qui concerne le New York Times, la BBC, et les chaînes françaises de télévision France 2 et TF1.

Selon le rapport du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR) daté du 11 novembre, cinq civils palestiniens, dont trois enfants, avaient été tués dans la bande de Gaza dans les soixante-douze heures précédentes, en plus de deux membres de la sécurité palestinienne. Quatre de ces décès étaient dus à des tirs d’obus de Tsahal sur des enfants jouant au football. De plus, cinquante-deux civils ont été blessés, dont six femmes et douze enfants. (Depuis que nous avons commencé à rédiger ce texte, le nombre de victimes palestiniennes a d’ailleurs augmenté et continue de croître.)

Les articles qui rapportent les meurtres commis se concentrent en grande majorité sur l’élimination des membres de la sécurité palestinienne. Par exemple, un article d’Associated Press (AP) publié par la CBC le 13 novembre, intitulé Israel mulls resuming targeted killings of Gaza militants (« Israël réfléchit à la reprise des éliminations ciblées de militants de Gaza ») ne fait aucune mention des morts et des blessés parmi la population civile. Il caractérise les meurtres « d’assassinats ciblés ». Le fait que les pertes humaines soient dans une large mesure des victimes civiles, indique qu’Israël n’est pas tant engagée dans des meurtres « ciblés » que dans des assassinats « collectifs », commettant ainsi à nouveau le crime de punition collective.

Un autre article d’AP, paru au bulletin d’informations de la CBC le 12 novembre et intitulé Gaza rocket fire raises pressure on Israel government (« Des tirs de roquettes mettent la pression sur le gouvernement israélien »), est accompagné de la photo d’une femme israélienne regardant un trou dans le plafond de son salon. Et là encore, aucune image, ni aucune mention des nombreuses victimes et des cadavres à Gaza. Dans le même ordre d’idées, la BBC titrait, le 12 novembre, Israel hit by fresh volley of rockets from Gaza (« Israël frappée par une nouvelle pluie de roquettes tirées depuis Gaza »). La même tendance se retrouve dans d’autres grands médias européens.

La couverture des premiers moments de la présente exacerbation insiste principalement sur les roquettes tirées depuis Gaza, dont aucune n’a causé de blessés ni de morts [1]. Ce qu’on ignore sciemment, ce sont les bombardements touchant la bande de Gaza qui, eux, ont causé de nombreuses victimes, dont des morts et plusieurs blessés graves. Nul besoin d’être un expert en science des médias pour comprendre qu’on a affaire au mieux à des reportages bâclés et biaisés, et au pire à une manipulation sciemment malhonnête du lectorat.

De plus, les articles mentionnant les victimes palestiniennes à Gaza rapportent systématiquement que les opérations militaires israéliennes était en représailles à des tirs de roquettes et à deux soldats blessés. Cependant, si l’on examine la chronologie des événements, la flambée de violence actuelle a débuté le 5 novembre dernier, quand un innocent âgé de 20 ans et souffrant apparemment de troubles mentaux, Ahmad al-Nabaheen, a été tué alors qu’il déambulait près de la frontière. Les médecins ont dû patienter pendant six heures avant d’être autorisés à le secourir, et ils pensent que son décès est très certainement dû à cette attente. Puis, le 8 novembre, un garçon âgé de 13 ans qui jouait au football devant sa maison a été tué par les forces d’occupation israéliennes qui avaient fait une incursion dans le territoire de la bande de Gaza avec des chars d’assaut et des hélicoptères. Le fait que quatre soldats israéliens aient été blessés à la frontière le 10 novembre faisait donc partie d’une série d’événements incluant la mort de civils de Gaza, et n’en constituait en aucun cas l’élément déclencheur.

Nous, les signataires de ce texte, sommes récemment rentrés d’un séjour dans la bande de Gaza. Certains d’entre nous sommes en contact direct avec des Palestiniens vivant à Gaza à travers les réseaux sociaux. Pendant deux nuits d’affilée, le 10 et le 11 novembre, les Palestiniens de Gaza ont été privés de sommeil à cause du survol incessant de drones et d’avions F16 et de bombardements aveugles de leur territoire densément peuplé. L’objectif de ces opérations semble clair : il est de terroriser la population, objectif atteint d’ailleurs, comme nous pouvons l’affirmer grâce aux témoignages de nos contacts sur place. S’il n’y avait pas eu de messages affichés sur Facebook, nous n’aurions pas conscience du degré de terreur ressenti par les civils palestiniens ordinaires de Gaza. Ceci contraste vivement avec ce que le monde sait du choc ressenti par les citoyens israéliens victimes des tirs de roquettes.

Selon un rapport non officiel envoyé le 11 novembre par un médecin canadien qui se trouvait à Gaza et qui a apporté son aide au service d’urgences de l’hôpital de Shifa durant le week-end, « les blessés étaient tous des civils présentant de multiples blessures de perforation provenant d’éclats d’obus : lésions cérébrales, blessures au cou, hemo-pneumothorax, tamponnade péricardiale, rupture de la rate, perforations intestinales, membres déchiquetés, amputations traumatiques. Tout ceci sans aucun écran de contrôle, avec peu de stéthoscopes, une seule machine à ultrasons… Plusieurs victimes souffrant de blessures graves mais n’engageant pas leur pronostic vital ont été renvoyées chez elles avant d’être examinées de nouveau le lendemain matin à cause du nombre considérable de blessures graves à traiter. La profondeur des blessures dues aux éclats d’obus donnait froid dans le dos. De petites blessures au demeurant, mais avec des dégâts internes massifs… Et tout cela avec très peu de morphine disponible pour atténuer la douleur. » Apparemment, ce genre de scènes n’est pas digne d’être rapporté par le New York Times, la CBC, la BBC.

Les préjugés et la malhonnêteté qui caractérisent la couverture de l’oppression palestinienne par les médias occidentaux ne sont pas nouveaux ; ceci a été amplement documenté. Pourtant, Israël continue à commettre des crimes contre l’humanité avec l’assentiment total et le soutien moral, financier et militaire de nos gouvernements, que ce soit les États-Unis, le Canada ou l’Union européenne. Benyamin Netanyahu est en ce moment même en train de recueillir le soutien diplomatique des pays occidentaux en vue d’attaques à venir sur Gaza, ce qui nous fait craindre qu’une nouvelle opération du même type que « Plomb durci » se profile à l’horizon. En fait, les événements les plus récents confirment qu’une telle escalade est déjà en état de marche, tel que le montre le décompte des morts aujourd’hui. L’absence d’indignation populaire massive face à ces crimes est une conséquence directe de la dissimulation systématique des faits et de la manière distordue dont ces crimes sont rapportés.

Nous souhaitons exprimer notre indignation concernant la couverture médiatique scandaleuse de ces événements dans les grands médias. Nous appelons les journalistes du monde entier travaillant pour des antennes de ces grands médias à refuser d’être instrumentalisés à travers cette politique systématique de manipulation. Nous appelons également les citoyens à s’informer en consultant les médias indépendants et à laisser leur conscience s’exprimer ouvertement de la manière qu’ils jugent la plus efficace et appropriée.

 

Notes

 

[1] Le texte a été écrit avant la mort de trois civils israéliens dans un tir de roquettes, qui s’est produite le 15 novembre, soit le lendemain du déclenchement “officiel” de l’opération israélienne et plusieurs jours après les événements relatés ci-dessus.


Irak : après les feux de la guerre, les cancers

Par Agnès Stienne
05/12/12
Source :  http://blog.mondediplo.net
english

C’est en homme satisfait que l’ancien premier ministre britannique Tony Blair déclarait à l’automne 2012 que « les forces britanniques devaient être fières de leur intervention en Irak, lors de l’invasion américaine, car le pays a connu une forte croissance économique depuis que Saddam Hussein a été chassé du pouvoir en 2003 », et se réjouissait d’« une chute de la mortalité infantile ». Ces déclarations enthousiastes ont indigné les médecins irakiens, qui doivent faire face à une progression alarmantes des cancers et des malformations congénitales des nouveaux-nés dans les villes bombardées par la coalition internationale.
La situation environnementale de l’Irak est calamiteuse. En cause, les industries polluantes et l’absence de règlement pour les contrôler. Les guerres et les insurrections qui ravagent le pays depuis trente ans ont, elles aussi, des conséquences désastreuses sur l’environnement, notamment lorsque pipelines et sites industriels sont bombardés. Mais ce n’est pas tout. Il semble que les munitions utilisées pour soumettre les villes irakiennes pendant la guerre du Golfe (1990-1991) et l’invasion en 2003 par les Etats-Unis et ses alliés (Lire « Une guerre à mille milliards de dollars », Défense en ligne (blog du Monde diplomatique), janvier 2011) soient devenues un agent majeur de pollution environnementale, avec de graves conséquences sur la santé publique.

« Atomisées » dans la nature lors des bombardements, elles continuent de tuer à petit feu les populations civiles plusieurs années après que les combats aient cessé. Les militaires réfutent, la science dénonce.

Constats sanitaires alarmants 

 

En 2005, le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans un rapport intitulé « Assessment of environmental hot spots in Iraq », estimait à plusieurs milliers le nombre de zones contaminées cumulant — à des degrés divers — pollutions industrielles et contaminations militaires. Plus de trois cents « points chauds » — comprendre hautement toxiques —, ont été identifiés, parmi lesquels quarante-deux sites concentrant des taux considérables de dioxine et d’uranium appauvri, et dont dix avec des taux très élevés de radioactivité.

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Utilisation de munitions à uranium appauvri
Carte : Agnès Stienne, 2012. 
On retrouve une forte accumulation de dioxine aux abords des installations industrielles détruites pendant la guerre du Golfe, alors que la stratégie consistait à pilonner systématiquement les sites industriels civils et militaires, pipelines et raffineries. Dans la région de Bassorah, l’une des plus touchées par les bombardements, c’est un véritable désastre sanitaire. « Business is business » : après 2003, la priorité fut donnée à la remise en service des installations pétrolières et gazières. Hélas, les pluies de pétrodollars — loués par M. Blair — n’ont pas encore réussi à lessiver les zones contaminées.

L’uranium appauvri, interdit par certains pays, provient des munitions utilisées par la coalition en 1991 et 2003 [1]. Ce métal lourd a les faveurs de l’industrie de l’armement en raison de son fort pouvoir de pénétration des matériels blindés. Une fois la charge explosée, ce composant chimique se disperse et s’infiltre dans le sol et dans l’eau, occasionnant des pollutions durables dans les rues, les jardins, les champs ou les aires de jeu pour enfants… Il contamine aussi les soldats sans que le commandement ne s’en émeuve. D’autres métaux lourds, comme le plomb et le mercure, entrent dans la composition des munitions et se retrouvent aussi disséminés en quantités significatives dans l’environnement.

Passé l’orage, le cauchemar se prolonge malgré tout pour les civils. Le ciel ne tonne certes plus, les armes se sont tues, la rue s’anime, on circule et on commerce. La vie reprend, semble-t-il, comme avant. Pas tout à fait, pourtant. Partout le même constat tragique : une hausse alarmante de la mortalité infantile, des leucémies, des cancers, des tumeurs, des malformations congénitales.

La coalition réfute, la science dénonce 

 

En dépit des avertissements successifs lancés par les médecins, aucune étude sérieuse n’a été menée pour déterminer l’origine de ces symptômes. Washington refuse de reconnaître un lien de causalité entre les contaminations militaires et ce très inquiétant problème de santé publique, et semble même déterminé à entraver toute recherche scientifique [2].

En 2009, les médecins de l’hôpital général de Falloujah, effrayés par ce qu’ils constataient au fil des années, adressèrent un courrier commun aux Nations unies pour réclamer des investigations indépendantes : « En septembre 2009, sur 170 nouveaux-nés , 24 % d’entre eux sont morts dans leur première semaine, parmi lesquels 75 % présentaient des malformations importantes. » Des enquêtes partielles seront ensuite menées à Falloujah et à Bassorah quelques mois plus tard et les résultats publiés dans le « Bulletin of environmental contamination and toxicology » de l’université du Michigan [3]. Les auteurs résument leurs observations en une phrase qui veut tout dire : « Le taux de cancers, de leucémies et de mortalité infantile observé à Falloujah est plus élevé qu’il ne le fut à Hiroshima et Nagasaki en 1945. » [4] Il est rappelé que l’exposition aux métaux toxiques (dont les effets morbides sont reconnus) est source de complications sévères pour les femmes enceintes et le développement du fœtus. En conclusion, il est plus que probable que les munitions utilisées pour les bombardements dans ces deux villes soient à l’origine de ces tragédies.

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Géographie des bébés à Falloujah
Carte : Ag. St. 2012. 
A Falloujah, cinquante-six familles se sont mises à la disposition du personnel hospitalier pendant trois mois pour répondre à un questionnaire type et se soumettre à des examens.
Entre 2004 et 2006, le taux de fausses couches s’élève à 45 % du nombre de grossesses et celui de bébés malformés à 30 % du nombre de naissances.
Entre 2007 et 2012, le nombre de fausses couches diminue et tombe à 15 %, tandis que celui de bébés souffrant de malformations augmente sensiblement pour atteindre 54 %.
Plus de la moitié des nouveaux-nés souffrent de malformations congénitales affectant le cœur, le cerveau, la moelle épinière, les poumons et le palais.

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Natalité déréglée
Graphique : Ag. St. 2012.

 

Petit retour en arrière et gros plan sur la ville 

 

Située à soixante-cinq kilomètres à l’ouest de Bagdad, Falloujah est toujours, en cette année 2004, un bastion des fidèles de Saddam Hussein et, pour cette raison, l’objet de fréquentes attaques menées par l’armée américaine. La situation s’embrase lorsque les corps de quatre mercenaires américains tués au combat sont exhibés à travers la ville. En représailles, l’artillerie lourde et l’aviation sont déployées. Un premier assaut meurtrier est lancé pour y déloger les insurgés — sans réel succès —, puis quelques mois plus tard, une seconde offensive, pendant laquelle les bombardements intensifs dureront plusieurs semaines. Le Pentagone reconnaîtra plus tard, dans une brève note, avoir utilisé des bombes au phosphore blanc [5]. Le nombre de morts côté irakien est incertain : plusieurs centaines d’insurgés et plusieurs milliers de civils. Côté américain, 95 soldats...
Sur la base des chiffres fournis par le département de la défense, à Washington, John Pike, le directeur du groupe de recherche GlobalSecurity.org, estime que les soldats américains ont tiré en moyenne entre deux cents cinquante à trois-cents mille munitions de petit calibre par insurgé tué en Irak et en Afghanistan [6].
Voilà des chiffres qui laissent perplexe. Et s’ajoute à cela l’artillerie lourde. C’est au bas mot des milliers de tonnes de munitions éclatées en petites particules toxiques de métaux lourds, notamment du mercure et du plomb, qui contaminent les sols et l’eau. Ce n’est donc pas un hasard, si les analyses de cheveux des enfants de Falloujah souffrant de malformations congénitales révèlent la présence de plomb et de mercure à des taux très supérieurs par rapport au reste de la population.

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Les enfants au plomb
Graphique : Ag. St. 2012. 
À Bassorah, l’étude présente des résultats similaires. Les voix s’élèvent pour que des recherches plus poussées et exhaustives soient entreprises à travers tout le pays, afin que la situation soit enfin reconnue avec précision et des mesures adéquates mises en place. Pour la justice et les réparations, il faudra bien un jour mettre la coalition — principalement les Etats-Unis et le Royaume-Uni — face à ses responsabilités pour qu’elle reconnaisse enfin son rôle dans ce qu’il faut bien appeler un crime. Un crime de plus, puisque les crimes d’hier — Hiroshima, Nagasaki, Vietnam — demeurent, aujourd’hui encore, impunis.

A consulter
Depuis que les munitions à l’uranium appauvri (UA) ont été testées par les Etats-Unis contre l’Irak, décès et maladies inexpliquées se multiplient chez les combattants ayant servi dans le Golfe, mais aussi en Bosnie et au Kosovo. A des degrés divers, les agences des Nations unies ont imposé une chape de silence sur la dangerosité radiologique et chimique de cette arme. N’a-t-il pas fallu attendre janvier 2001 pour que l’Organisation mondiale de la santé « envisage » d’enquêter sur les effets de l’UA sur les populations du Golfe ?

 

Notes

 

[1] Lire Depleted Uranium Radioactive Contamination In Iraq : An Overview
[2] Depleted Uranium Radioactive Contamination In Iraq : An Overview http://www.brussellstribunal.org/DU...
[3] Metal contamination and the epidemic of congenital birth defects in Iraqi cities, septembre 2012, Bulletin of environmental contamination and toxicology
[4] « The moral equivalent of Nuremberg », The Chicago Tribune, 18 octobre 2012
[5] Lire « U.S. Used Phosphorous Munitions In Fallujah », The Washington Post, 16 novembre 2005
[6] « US forced to import bullets from Israel as troops use 250,000 for every rebel killed, The Belfast Telegraph, 10 janvier 2011

30 novembre 2012

La fabrique de pauvres : Comment expliquer l’explosion du nombre de pauvres en Europe ?

Source : http://www.arte.tv
Documentaire de Lourdes Picareta (2012, 52 Mn)

11 millions en Allemagne, 9 millions en France : c’est le nombre de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ces deux pays, pourtant parmi les plus riches d’Europe. Cette misère n’est ni un choix ni une fatalité. Elle est le produit d’un changement de paradigme économique et politique ayant débouché sur un nouveau système. En Allemagne, des mères de famille jonglent entre des allocations chômage dérisoires et des "minijobs" à 400 euros. Dans les cités françaises, l’ascenseur social est en panne. En Espagne, les services sociaux sont asphyxiés par la baisse des crédits et des familles endettées se retrouvent à la rue alors même que les banques ne parviennent plus à vendre les logements vacants qu’elles ont saisis. Autant de témoignages qui illustrent une pauvreté "héritée" dès l’enfance et le sentiment d’impuissance et de honte de ceux qui en sont victimes.

Sociologues et politologues mettent en garde : dans des sociétés européennes "en situation d’urgence", le démantèlement de l’État-providence pourrait bien être une bombe à retardement. La fabrique de pauvres est un film un peu à part dans la collection : il a été coproduit spécialement par ARTE .



The Brussels Business qui contrôle vraiment l'Union Européenne ?

Source : http://www.thebrusselsbusiness.eu
Réalisateur : Friedrich Moser , Matthieu Lietaert
2012  Durée : 58min


A feature-length documentary about the growing influence of lobbies on the decision-making process in the European institutions. The film explores the operations and business opportunities Brussels and its impact.

In the early 90s, two young men realize the impact of lobbying on EU decisions taken in Brussels. The first embarks on an investigation and struggle, and becomes the railing lobbies the European Union and the second becomes a senior lobbyist of 40 multinationals.

The film goes behind the scenes of lobbies, secret networks of power and corporate influence on European decisions taken in Brussels. In other words, this is an unofficial version of European Integration since the 80s, the history of neoliberal influence in European politics.

At a time when Europe is experiencing an unprecedented recession which could well lead to the collapse of the global economy, this film tries to answer a question that millions of us ask ourselves: Who really runs the European Union?




Un long-métrage documentaire sur l’influence grandissante des lobbies sur le processus de décision dans les institutions européennes. Le film explore les opérations et les opportunités du Business bruxellois ainsi que ses répercussions.

Au début des années 90, deux jeunes hommes se rendent compte de l’impact considérable des lobbies sur les décisions de l’Union européenne prises à Bruxelles. Le premier se lance alors dans une enquête et une lutte, et devient le garde-fou des lobbies de l’Union européenne ; le second devient un lobbyiste haut placé de 40 multinationales.

Le film dévoile les coulisses des lobbies, les réseaux secrets du pouvoir et l’influence des grandes entreprises sur les décisions européennes prises à Bruxelles. Autrement dit, c’est une version officieuse de l’Intégration européenne depuis les années 80, l’histoire de l’emprise néolibérale dans la politique européenne.

A l’heure où l’Europe connaît une récession sans précédent qui pourrait bien mener à l’écroulement de l’économie mondiale, ce film tente de répondre à une question que des millions d’entre nous se posent : Qui dirige réellement l’Union européenne ?

25 novembre 2012

Rosneft devient la première entreprise pétrolière mondiale

Par Alfredo Jalife-Rahme
12/11/2012
Source : http://www.voltairenet.org
English , Spanish , Deutch


Après avoir racheté l’essentiel de Yukos, puis avoir conclu une joint-venture avec Exxon-Mobil pour exploiter le pétrole de la Mer Noire, Rosneft vient d’absorber TNK-BP. Ce faisant, la Russie —qui dispose déjà avec Gazprom de la première entreprise gazière mondiale— se dote de la première entreprise pétrolière mondiale. L’analyste Alfredo Jalife-Rahme compare la stratégie nationale de Vladimir Poutine à la logique mercantile libérale qui prévaut dans son pays, le Mexique ; un parallèle qui a valeur d’exemple.

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Le pétrole constitue toujours la matière première géostratégique par excellence pour la planète, et ce serait une grave erreur que d’analyser sa reprise en main par l’État sous un simple angle mercantiliste : ce qui est en jeu, c’est la sécurité énergétique des pays producteurs.

Si les USA, principaux acheteurs du pétrole mexicain, admettent que les hydrocarbures sont stratégiques, il est inconcevable que les pays vendeurs n’en tiennent pas compte.

Et pourtant c’est bien là le péché mortel que commettent les gestionnaires formés par l’ITAM (Institut Technologique Autonome de Mexico) au Mexique, qui affichent une ignorance géopolitique pathétique ; la question n’est pas de privatiser ou d’étatiser, termes qui ont des acceptions variables, bien souvent superficielles, tant aux USA qu’au Mexique, mais de se centrer sur qui détient le contrôle sur la première matière première d’importance géostratégique mondiale.

Aux USA, les entreprises privées d’hydrocarbures, telle Exxon Mobil, font partie de la panoplie garante de la sécurité nationale et internationale ; au Mexique, il n’y a aucune garantie en ce sens, s’agissant d’entreprises privées —au capital étranger ou national— qui opèrent au Mexique et qui sont soumises bien souvent aux crédits de Wall Street, ce qui pipe les dés d’emblée et mine la sécurité nationale, puisqu’aucun contrôle efficace ne peut s’exercer sur elles : dans le cadre de la dérégulation globale financiériste, leur financement devient aléatoire [1]

Le Mexique néolibéral des « énarques » de l’ITAM est l’exception, au moment où les grandes puissances pétrolières récupèrent leurs actifs perdus dans un vaste mouvement de ré-étatisation et de dé-privatisation : c’est le cas de la réorganisation du portefeuille de Rosneft en Russie, tout récemment, faisant suite à la légendaire BP britannique, qui était le symbole même de l’irrédentisme britannique.

Le site géopolitique StratRisks, basé en Floride, souligne que Rosneft a délogé Exxon Mobil du premier rang pour la production mondiale, après le rachat de TNK-BP (entreprise mixte constituée de Britanniques et d’oligarques russes, condensée dans la firme AAR). TNK-BP se trouvait parmi les 10 entreprises pétrolières privées les plus importantes au monde, et en 2010, elle produisait 1,74 millions de barils par jour à partir de ses sites actifs en Russie et en Ukraine.

Le président Poutine considère que l’opération, d’une envergure inédite, permettra une production de plus de 4 millions de barils par jour. Il rapporte les tribulations de TNK-BP qui était jadis une transnationale privée ; son rachat par Rosneft constitue une ré-étatisation et une dé-privatisation en deux étapes : d’abord « Rosneft acquiert 50 % de TNK-BP dans une alliance stratégique (joint-venture) avec BP, en échange de liquidités et d’actions de Rosneft d’un montant de 27 millions de dollars, ce qui attribue à BP 19,75 % de Rosneft ». Dans une deuxième étape, « les oligarques de AAR obtiendraient 28 milliards de dollars (cash) au titre de la moitié de la copropriété dans TNK-BP, quoique cet accord ne soit pas encore conclu ».

Ainsi l’entreprise d’État (sic) Rosneft débourserait 55 milliards de dollars pour avoir l’emprise décisive, avec une participation minoritaire de BP, entreprise privée (sic) dont la position se trouve fort diluée : il s’agit bien d’une dé-privatisation concomitante à la ré-étatisation de Rosneft.

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Vladimir Poutine a mis en place une Commission pour le Développement stratégique du secteur de l’énergie et pour la sécurité environnementale. Elle élabore la Doctrine de sécurité énergétique de la Fédération de Russie (23 octobre 2012).
© Kremlin 
Pour StratRisks, il s’agit bel et bien d’une nationalisation : Poutine a su créer un géant pétrolier national, qui lui permet de mettre en œuvre son plan de renforcement de l’influence russe dans le monde, par le contrôle des nécessités énergétiques d’autres pays.

Dans ce nouveau cadre, Rosneft va pouvoir extraire presque la moitié du pétrole produit en Russie, ce qui est énorme, si l’on compare avec l’Arabie saoudite : la Russie est une superpuissance énergétique, et en nationalisant progressivement ses ressources, Poutine renforce son contrôle sur les besoins européens.
Reste un problème : la Russie n’a pas les compétences technologiques suffisantes en matière d’hydrocarbures, ce pourquoi elle s’est assurée la permanence de BP comme associé minoritaire, afin de ne pas commettre l’erreur de l’Arabie saoudite, qui avait nationalisé son industrie pétrolière en 1980, alors qu’elle produisait plus de 10 millions de barils par jour, et qui en cinq ans sous le régime d’Aramco (l’entreprise d’État) avait vu diminuer sa production de 60 %.

Poutine estime que son influence à l’échelle internationale va augmenter, après l’opération Rosneft. Sa manœuvre stratégique amènera des prix du pétrole plus élevés, et un marché énergétique en hausse étonnante. À mon avis, fort de ses ogives nucléaires, Poutine joue finement sa carte pétrolière, tandis qu’au Mexique, la kakistrocratie (« gouvernement par les pires ») issue de ITAM a totalement perdu la vision géostratégique du président Lázaro Cárdenas (qui avait exproprié et nationalisé toutes les ressources du sous-sol en 1938).

Celui-ci, en bon général, avait compris il y a 74 ans déjà la portée géostratégique des hydrocarbures. Il s’agit de savoir qui garde le contrôle en dernière instance des hydrocarbures mexicains —d’un point de vue multidimensionnel—, et qui garantit l’approvisionnement lorsque l’État prendra ses distances : c’est ce qui s’appelle la sécurité nationale. Allons-nous créer l’équivalent d’une Televisa (conglomérat multimédia mexicain, le plus important d’Amérique latine et du monde hispanique) avec le pétrole mexicain, ce qui nous livrerait à la merci de ses intérêts totalitaires ?

Au Mexique, le pétrole se trouvait aux mains des Britanniques, avec les résultats cataclysmiques que l’on sait, outre les dégâts environnementaux dont nous avons hérité [après la marée noire provoquée par la plateforme pétrolière de BP Deepwater Horizon en 2010, le groupe pétrolier britannique est en discussions avancées avec l’États-unien Plains pour lui céder des champs pétroliers du golfe du Mexique pour un montant de 7 milliards de dollars, écrit le Wall Street Journal. Mais d’autres groupes ont exprimé de l’intérêt pour les actifs de BP et un autre acheteur pourrait émerger, précise le quotidien financier. Source : Le Figaro, 20 septembre 2012].

Le site StratRisks souligne que l’Europe dépend du pétrole et du gaz russe, et que la manœuvre poutinienne renforce cette dépendance, tout autant que la puissance russe ; cela va de la construction des oléoducs jusqu’au contrôle à hauteur de 40 % de sa capacité d’enrichissement d’uranium global. Le rachat des deux moitiés de TNK-BP par Rosneft, entreprise d’État, en fera un Goliath dans le secteur pétrolier global, au point que la Russie pourra produire des asphyxies par le contrôle de l’approvisionnement, quand elle décidera une hausse des prix.

StratRisks envisage une incrustation de la Russie dans l’OPEP ; alors le cartel pétrolier contrôlerait plus de la moitié de la production mondiale et la plus grande partie des réserves potentielles, et avec une telle influence, les pays de l’OPEP pourraient disposer à leur guise du prix que le reste du monde aurait simplement à payer. Ce n’est pas si facile —cela peut déboucher sur une guerre mondiale— mais ce n’est pas incongru non plus.
Pour résumer, selon StratRisks, Gazprom, l’entreprise gazière russe, contrôle déjà le gaz de l’Europe et Rosneft le pétrole, ce qui revient à étrangler la suprématie occidentale, et ouvre la voie à un nouvel ordre mondial présidé par la Russie.

Il s’agit de géopolitique, on est loin de l’esprit de clocher teinté de modernisme de pacotille qui caractérise le gouvernement mexicain néolibéral, qui prétend livrer à d’autres, les yeux fermés, le pétrole mexicain, en oubliant que pétrole et pouvoir, phonétiquement proches, vont profondément de pair.

Traduction
Maria Poumier
Source
La Jornada (Mexique)
#La Jornada (Mexique)


[1] Voir la vulnérabilité financière de Petrobras et sa dépendance envers Wall Street et la City, dans notre article de La Jornada du 24 octobre 2012.


L’art des grands projets inutiles

Par Alain Devalpo
08/2012
Source : http://www.monde-diplomatique.fr
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Les grands projets d’aménagement du territoire ne visent pas toujours à satisfaire des besoins. Pour vendre la construction d’une ligne de train à grande vitesse que peu de gens souhaitent utiliser ou celle d’un aéroport dans une région qui n’en nécessite pas, ingénieurs, promoteurs et maîtres d’ouvrage rivalisent d’habileté et de rhétorique. Justifier l’inutile est devenu une véritable culture dont on peut saisir les règles, les rites et les rythmes en lisant la conclusion d’un séminaire — fictif — sur le sujet.

Vous, bâtisseurs de cathédrales du nouveau millénaire, poursuivez un dessein plein d’esprit et de noblesse. Mais la population ne comprend pas toujours le sens de vos rêves. « Votre projet ne sert à rien ! », vous oppose-t-on parfois. Comment, dans ces conditions, faire fructifier vos ambitions ?
Les intervenants que nous venons d’entendre ont su nous faire partager leur inestimable expérience, et je vais tenter de dégager les axes stratégiques forts qui vous aideront à y parvenir.

Commençons par les transports. C’est un réconfort pour le bâtisseur contemporain que d’observer une campagne traversée comme l’éclair par des trains perchés sur leur digue de ballast. La course à la mobilité est synonyme de réussite. Nos sociétés vivent à la vitesse d’Internet. L’économie est un écheveau de flux tendus. L’homme doit s’y soumettre, et ce secteur offre un large éventail d’opportunités.
Pour séduire vos interlocuteurs, la démesure sera votre premier atout. Incitez vos ingénieurs à ébaucher des plans pharaoniques : percer cinquante kilomètres de tunnel sous les Alpes pour le tracé du train à grande vitesse (TGV) Lyon-Turin, mettre en valeur des milliers de mètres carrés de bocage pour implanter un aéroport dans la région nantaise, creuser sous la ville de Barcelone… L’exploit technologique, nourrissant l’orgueil national, occultera les désagréments pour les autochtones.

Sachez tirer parti de la concurrence entre métropoles : elle favorise le gigantisme et sert vos projets. Labourez le terrain politique en flattant la mégalomanie des grands élus qui rêvent tous d’une tour Eiffel dans leur cité. Une fois que vous aurez gagné leur confiance, ils sauront faire pression sur la cohorte des élus plus modestes, dont les finances seront ponctionnées même si les retombées pour leur territoire n’existent que sur le papier. Afin qu’aucune objection ne s’élève, votre pari sur l’avenir devra être pourvoyeur d’emplois. Le chantier terminé, si l’on vous fait remarquer que les promesses ne sont pas tenues, il sera toujours temps d’échafauder des analyses vous dédouanant : la crise, la crise ! Jouez de vos accointances gouvernementales pour obtenir un label d’intérêt général : ce dispositif administratif procure un véritable passe-droit.

Entourez-vous de bureaux d’études maîtrisant l’art de sophistiquer les dossiers jusqu’à les rendre indéchiffrables. Quand le fait le plus anodin se présente de manière abstraite, les curieux se découragent. La science étant l’apanage des scientifiques, seul un polytechnicien sera en mesure de compter les trains d’une ligne L durant un temps t. Pour se forger un avis, les élus s’en tiendront aux conclusions de vos études sérieuses, véridiques et bien intentionnées. Inutile, en revanche, de déployer trop de subtilité pour approcher la presse régionale : c’est un allié toujours fiable, et la générosité de votre régie publicitaire sera perçue par ce secteur sinistré comme un geste en faveur de la liberté de la presse.

Lorsque vous vous estimez en mesure d’œuvrer en harmonie avec les élus et les médias, présentez le plan de financement. Le secteur français de la grande vitesse fonctionne selon un schéma avisé. Réseau ferré de France (RFF) cumule des dizaines de milliards d’euros de dettes (1). Plusieurs lignes à grande vitesse (LGV) sont déficitaires, et le réseau secondaire se détériore. Pourtant, il faut se féliciter qu’une élite mobile bénéficie des TGV. Même si l’Espagne, numéro un européen en la matière, se trouve en pleine tempête financière, l’audace commande de persister dans la construction de deux mille kilomètres de voies nouvelles, pour un budget moyen de 20 millions d’euros le kilomètre.

Pour financer ces projets à la viabilité économique plus que douteuse, il est capital d’emprunter la voie des partenariats public-privé. En obtenant la construction, la maintenance, la gestion et l’exploitation d’une infrastructure, votre maîtrise sera totale, et les collectivités publiques vous seront pieds et poings liés. Vos experts expliqueront que vos bénéfices reflètent votre patriotisme, et le fardeau des pertes publiques sera dépeint comme un moindre mal au regard des emplois — hum ! — créés.

Au vu de l’ampleur des déficits budgétaires actuels, l’enveloppe présentée (qui explosera par la suite) pourra sembler exorbitante à vos commanditaires. Afin qu’ils fassent avaler aux contribuables des pilules de plusieurs milliards d’euros, fournissez-leur des chiffres propres à enivrer les plus sceptiques. Certaines données sont à minimiser, d’autres à amplifier. C’est en spéculant sur des besoins futurs que vous hypnotiserez vos concitoyens. Multipliez les tonnes de fret de marchandises et les passagers par millions, sans hésiter à flirter avec l’absurde. Seul un avenir où vous aurez gagné pourra vous donner tort.
Si le domaine du transport ferroviaire réserve de juteux contrats, ne négligez pas l’aérien, à l’exemple du projet d’aéroport du Grand Ouest, à Notre-Dame-des-Landes. Nantes est certes pourvue d’un aéroport sous-exploité, et la région, en cul-de-sac, en accueille déjà douze. Mais c’est oublier que l’époque est à la virtualité. Car enfin, il n’est nul besoin de besoins pour faire prospérer une idée !

Evoluer avec son époque a un coût. Il est bien sûr regrettable d’ensevelir des hectares de biodiversité sous des bijoux de technologie, mais ces sacrifices sont indispensables. Avec une législation de plus en plus contraignante, vos infrastructures doivent offrir des garanties d’insertion écologique et paysagère. Il existe de nombreux artifices pour enduire acier et béton du vert HQE (haute qualité environnementale) : un musée sur l’agriculture locale, des panneaux solaires, un toit végétal…

Il vous faudra, sur ce dossier, conserver un moral à toute épreuve. Car, malgré tous vos engagements, les écologistes aboieront. Ils seront rejoints par une foule d’esprits influençables, dont l’approche naïve peut dresser un obstacle imprévu. Un retraité dans la force de l’âge se révèle parfois un adversaire opiniâtre, qui va décortiquer vos plans de manière obsessionnelle. On le déplore au Pays basque, autour du projet de LGV vers l’Espagne : un argumentaire enflammé, livré par deux trublions (2), est relayé par les réseaux alternatifs. Misez sur votre service de communication pour leur barrer l’accès aux médias de grande envergure. Evitez que la contestation ne s’étende, ne devienne emblématique ou gagne les tribunaux administratifs, au risque d’un gel des chantiers.

Une bataille de chiffres ne peut opposer que des adversaires de même catégorie. Face aux arguments amateurs, invoquez la rigueur technocratique de vos spécialistes. Avec l’ardeur des pionniers, brandissez l’intérêt national, voire international, face à la vision passéiste de vos contradicteurs. Revendiquez votre participation sincère et transparente aux concertations publiques. Compte tenu de vos soutiens politiques et médiatiques, le dialogue, mené selon les méthodes adéquates, ne devrait pas vous inquiéter.

La contre-offensive doit être graduée. Vous devrez peut-être piloter une campagne de dénigrement par voie de presse. Si vous n’étouffez pas la révolte dans l’œuf, votre lobbying devra œuvrer à la criminalisation de l’opposition à votre ouvrage. A la légitimité revendiquée par les protestataires, répondez par la légalité institutionnelle et le recours à la force publique. Et si on vous accule au bras de fer, montrez votre détermination ; vous aussi avez le droit de vous exprimer ! Au nom de l’intérêt général, assignez, inondez les protestations sous des nuages de gaz lacrymogène, distribuez les amendes par milliers et faites éventuellement interpeller à tour de bras, comme en Allemagne pour la nouvelle gare de Stuttgart. La bataille peut aussi se gagner manu militari, comme nous l’enseigne l’expérience contre le maquis radical des « No TAV » (3) du val de Suze, en Italie. Si la tournure des événements l’impose, la possibilité de décréter un chantier « zone militaire d’intérêt stratégique » n’est pas à écarter.

Certes, planifier un grand marché public s’avère de plus en plus laborieux ; mais le jeu en vaut la chandelle. Les concessions accordées par les autorités s’étalent de nos jours sur plus d’un demi-siècle. Pour votre entreprise et vos actionnaires, c’est la promesse de décennies de prospérité. D’autant que l’éventail des pyramides du futur ne cesse de s’élargir : groupes hospitaliers, centres commerciaux, quartiers d’affaires, infrastructures sportives, tours (4)... Pour paraphraser George Orwell, dont l’un des personnages déclarait : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force », je n’hésiterai pas à l’affirmer : l’inutile, c’est rentable !

Alain Devalpo
Journaliste. 
(1) Marc Fressoz, FGV, Faillite à grande vitesse, Le Cherche Midi, Paris, 2011.
(2) Pierre Recarte et François Tellier, Les Rails de la déraison. La très grande vitesse en Aquitaine et ailleurs, Nuvis, Paris, 2011.
(3) No treno ad alta velocità  Pas de TGV  »).
(4) Lire Thierry Paquot, «  Plus haute sera la prochaine tour  », Le Monde diplomatique, mars 2008.
Voir aussi le courrier des lecteurs dans notre édition de septembre 2012.

17 novembre 2012

Gaza, assassinats et désinformation

Par Alain Gresh
15/11/2012
Source : http://blog.mondediplo.net
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Pour comprendre l’escalade à Gaza, il faut toujours rappeler quelques données sur ce territoire (360 kilomètres carrés, plus de 1,5 million d’habitants, soit plus de 4 500 personnes par kilomètre carré — ce qui en fait un des endroits de la planète où la densité de population est la plus élevée), occupé depuis 1967 par Israël. Même si l’armée s’en est retirée, ses accès avec le monde extérieur sont toujours contrôlés par Israël ; la circulation à l’intérieur même de cette mince bande de terre est limitée et le blocus mis en place depuis des années perdure : pour les Nations unies, Gaza reste un territoire occupé.

Les données qui suivent sont fournies par le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires dans les territoires palestiniens (OCHA oPt), dans un document de juin 2012 intitulé : « Five Years of Blockade : The Humanitarian Situation in the Gaza Strip » :

- C’est en juin 2007 que le gouvernement israélien a décidé d’intensifier le blocus de ce territoire, qui était déjà sévèrement « contrôlé ».
- 34 % de la population (et la moitié des jeunes) est au chômage.
- 80 % de la population dépend de l’aide alimentaire.
- Le PNB par habitant était, en 2011, 17 % en dessous de celui de 2005 (en termes constants).
- En 2011, un camion par jour sortait de Gaza avec des produits pour l’exportation, soit moins de 3 % du chiffre de 2005.

- 35 % des terres cultivables et 85 % des eaux pour la pêche sont partiellement ou totalement inaccessibles aux Gazaouis à la suite des restrictions israéliennes.
- 85 % des écoles doivent fonctionner en « double service » — un le matin, l’autre l’après-midi —, en raison de la surpopulation.

Toute guerre s’accompagne d’une propagande intense et le gouvernement israélien est passé maître dans cet art. Déjà lors de l’offensive de décembre 2008-janvier 2009, on avait assisté à un déferlement médiatique (Marie Bénilde, « Gaza : du plomb durci dans les têtes »). Des intellectuels français, dont l’inénarrable Bernard-Henri Lévy, avaient contribué à cette désinformation.

L’homme assassiné par Israël, Ahmed Jabari, était le chef de l’aile militaire du Hamas (sur cette organisation, lire « Qu’est-ce que le Hamas ? »). Nombre de médias le présentent comme « un terroriste » responsable de toutes les attaques contre Israël. La réalité est assez éloignée de ce portrait — au-delà même de l’usage du terme « terrorisme », pour le moins ambigu. Une nouvelle fois, c’est un journaliste israélien Aluf Benn qui fait remarquer (« Israel killed its subcontractor in Gaza », Haaretz, 15 novembre) :

« Ahmed Jabari était un sous-traitant, en charge du maintien de la sécurité d’Israël dans la bande de Gaza. Cette qualification paraîtra sans aucun doute absurde pour tous ceux qui, au cours des dernières heures, ont vu Jabari décrit comme un “archi-terroriste”, “le chef du personnel de la terreur” ou “notre Ben Laden”.
C’était pourtant la réalité durant ces cinq années et demi. Israël a exigé du Hamas qu’il observe la trêve dans le sud et la fasse appliquer par les nombreuses organisations armées dans la bande de Gaza. L’homme à qui avait été confiée cette tâche était Ahmed Jabari. »

Il suffit de regarder les graphiques publiés par le ministère des affaires étrangères israélien lui-même sur les tirs de roquettes (« Palestinian ceasefire violations since the end of Operation Cast Lead », 14 novembre 2012), pour se rendre compte que, de manière générale, la trêve a bien été observée. Elle a été rompue par des raids de l’armée israélienne les 7 et 8 octobre 2012, puis les 13 et 14 octobre, provoquant une escalade qui a continué sans discontinuer depuis. Et, à la veille de l’assassinat de Jabari, une trêve avait été finalisée par l’Egypte, ce que confirme le témoignage du militant de la paix Gershon Baskin, repris dans Haaretz, « Israeli peace activist : Hamas leader Jabari killed amid talks on long-term truce », 15 novembre)

Chaque escalade fait suite à des assassinats ciblés de militants palestiniens à Gaza. Ces exécutions extra-judiciaires sont une pratique ancienne du gouvernement israélien (à laquelle les Etats-Unis se sont ralliés depuis longtemps). Vous avez dit « terrorisme » ? (lire « De Gaza à Madrid, l’assassinat ciblé de Salah Shehadeh », par Sharon Weill, Le Monde diplomatique, septembre 2009).

Le scénario avait été exactement le même en 2008. Alors que la trêve était respectée du côté palestinien depuis juin 2008 (« List of Palestinian rocket attacks on Israel, 2008 », Wikipedia), c’est l’assassinat de sept militants palestiniens en novembre qui devait déboucher sur une escalade et l’opération « Plomb durci ».
Sur les violations par Israël des cessez-le-feu au cours des dernières années, on pourra lire Adam Horowitz, « Two new resources : Timeline of Israeli escalation in Gaza and Israel’s history of breaking ceasefires » (Mondoweiss, 14 novembre 2012).

D’autre part, il est difficile de parler d’un affrontement entre deux parties : les F-16 israéliens et les roquettes palestiniennes ne sont pas des armes équivalentes. Le bilan humain, depuis la trêve de janvier 2009 qui a suivi l’opération « Plomb durci », le confirme.

L’organisation israélienne de défense des droits humains B’Tselem dresse le compte des Palestiniens et des Israéliens tués à Gaza depuis le 19 janvier 2009 jusqu’au 30 septembre 2012 (« Fatalities after operation “Cast Lead” ») :
271 Palestiniens (dont 30 mineurs) contre 4 Israéliens.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes...

Un choc de compétitivité pour les actionnaires ?

Par Laurent Cordonnier
12/11/2012
Source : http://www.monde-diplomatique.fr
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Le premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé, mardi 6 novembre, une réduction de la fiscalité des entreprises de l’ordre de 20 milliards d’euros par an, par l’instauration d’un « crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi ».

La mesure, adoptée à l’issue d’un séminaire gouvernemental, sera financée à parts égales par des hausses de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et par des coupes supplémentaires dans les dépenses publiques. Il s’agit de la mesure phare prise par le gouvernement suite au rapport remis la veille par Louis Gallois, commissaire général à l’investissement (1).

Reprenant l’essentiel des propositions du rapport concernant les mesures destinées à améliorer la compétitivité dite « hors coût », le gouvernement a choisi de s’en écarter sensiblement concernant le volet « compétitivité coût » : ce sera une baisse d’impôt sur les bénéfices des sociétés, plutôt qu’une baisse des charges patronales. Une telle mesure suscite légitimement l’incompréhension. Elle est destinée, selon le chef de l’exécutif, à créer un « choc de confiance ». Comme le résume le journal Les Echos, c’est « un signal majeur envoyé au patronat, aux organisations internationales (FMI, OCDE...) et aux économistes, qui n’ont de cesse d’affirmer, pour la plupart, que la France fait trop porter son ajustement budgétaire sur les impôts depuis trois ans ». Un « signal » à 20 milliards d’euros, payé par l’ensemble des contribuables, pour amadouer le patronat... On est en droit de se demander si cela aura des effets tangibles en dehors du cercle magique — dont on aimerait bien connaître le périmètre et l’initiation — qui en a supposé l’incantatoire efficacité.

Une baisse des impôts sur les bénéfices des sociétés peut-elle améliorer la compétitivité des produits français (les rendre plus attractifs relativement aux produits étrangers) ? En théorie, oui. Mais à condition seulement qu’elle soit répercutée sous forme de baisse du prix des produits (pour améliorer la compétitivité prix), ou que l’impôt économisé serve aux investissements nécessaires à l’amélioration de la compétitivité hors coût : investissements privilégiant l’innovation, investissements visant à augmenter la qualité des produits, ou investissements accompagnant des réorientations stratégiques destinées à mieux positionner les produits français sur les segments de la demande mondiale en croissance — si l’économie française rencontre des problèmes de compétitivité, c’est plutôt sur ce dernier aspect qu’il faudrait aller les chercher.

La recherche-développement n’est pourtant pas la priorité des entreprises françaises, mais davantage considérée comme une variable d’ajustement, tel que le décrit un rapport récent de la Fondation Copernic et d’Attac. Lorsque leurs marges sont sous tension, comme cela a été le cas durant la période de surévaluation de l’euro, elles ont préféré sacrifier l’innovation pour continuer à augmenter les dividendes versés aux actionnaires (2).

Une baisse des impôts sur leur bénéfice sera-t-elle de nature à soulager cette tension ou encouragera-t-elle à l’inverse une utilisation rentière de cette manne ? On dispose de quelques éléments pour en juger.

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Répartition du revenu global créé par l’ensemble des entreprises
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Prélèvements publics et ponction des actionnaires sur les grandes entreprises
Source : Banque de France, base de données des comptes sociaux, novembre 2011. 
Comme le montrent ces graphiques, l’impôt sur les sociétés a déjà fortement baissé en France durant ces quinze dernières années. Dans la répartition du revenu global créé par l’ensemble des entreprises — revenu qui est la contrepartie de la richesse créée et vendue par ces mêmes entreprises — la part qui revient à l’Etat a diminué de près de quatre points. Pour les seules grandes entreprises, qui représentent plus du tiers de la valeur ajoutée produite et de l’emploi, les efforts de l’Etat ont été significatifs : la part des prélèvements sur le revenu global a baissé de 6,4 points (3). Sans pour autant que cela ait créé un « choc de compétitivité ». Le commerce extérieur de la France s’est en effet dégradé sur cette période (hors facture énergétique) de plus de 50 milliards d’euros. C’est peut-être pourquoi, en bonne logique, le gouvernement s’apprête à augmenter la dose.

La baisse des prélèvements sur les entreprises n’a cependant pas été mise en œuvre en pure perte. Elle a sans doute permis aux entreprises, qui en ont bénéficié, de verser toujours plus de dividendes à leurs actionnaires. La part du revenu global des entreprises distribuée aux actionnaires et aux associés a en effet augmenté de six points sur la même période. Avec la diminution de quatre points de la part qui rémunère le personnel (4), ce sont les seuls et véritables changements notables dans la répartition des revenus crées par les entreprises depuis quinze ans : baisse des rémunérations, baisse des prélèvements étatiques et hausse de la rente. De là à parler de vases communicants entre les baisses d’impôts et les dividendes, il y a un pas... qu’il est tout à fait tentant de franchir en l’absence de bonnes raisons de penser le contraire.

D’autant que le crédit d’impôt en question, qui est fonction de la masse salariale, arrosera sans discernement l’ensemble des entreprises françaises. N’en sont en effet pas exclues, a priori, les 2,55 millions de micro-entreprises (moins de dix salariés) qui emploient en moyenne à peine plus d’un salarié, et qui ne sont sans doute pas les champions actuels (ni futurs) de la projection du « site France » à l’étranger. Comme le note le Conseil économique, social et environnemental : « Selon les dernières données disponibles, la France compte 92 000 entreprises exportatrices (2009) et l’Allemagne 364 000 (2007), soit un rapport de un à quatre. De plus, 1 % des entreprises réalisent environ 70 % des exportations en France et 60 % en Allemagne (5). » Bref, pour 1 % des entreprises qui exportent réellement (et pour les 2 % que l’on espère demain), faut-il faire un chèque en blanc de 20 milliards d’euros aux 98 % qui n’exportent pas et n’exporteront sans doute jamais rien ?

(1) «  Pacte pour la compétitivité de l’économie française  », Rapport au premier ministre, 5 novembre 2012.
(2) «  En finir avec la compétitivité  », Attac et Fondation Copernic, octobre 2012.
(3) Au passage : la part des salariés (et du personnel extérieur) est passée de 50,5 points à 43,6.
(4) Part non transcrite sur les graphiques, pour ne pas alourdir la présentation.
(5) «  La compétitivité, enjeu d’un nouveau modèle de développement  », Conseil économique, social et environnemental, octobre 2011.

7 novembre 2012

Un tribunal citoyen pour évacuer les enfants de Fukushima

Par Pierre Fetet
Source : http://fukushima.over-blog.fr
05/12/2012

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Le 26 février à Tokyo et le 17 mars à Koriyama, se sont tenus des tribunaux de Citoyens du Monde, afin de juger l’évacuation des enfants de Fukushima. Ces verdicts de citoyens sont là pour aider le Japon à prendre la décision d’évacuer les enfants de Fukushima, afin que leur droit de vivre et d’être éduqué dans un endroit non contaminé soit respecté. La démarche est soutenue par un certain nombre d’ONG et de personnalités, telles que Noam Chomsky ou Michel Fernex. En tant que citoyen du monde, chacun peut participer à cette action internationale.
 
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Selon les données du document “Analyse de la radioactivité du sol (césium 134 et 137)”, publié le 30 août par le Ministère de l’Education Japonais, la contamination radioactive de la ville de Koriyama, où 14 enfants vont encore à l’école, atteint les niveaux représentés sur la carte ci-dessus.
 
Voici le message de l’association qui soutien cette action :
 
« Le 24 juin 2011, 14 élèves du primaire et des collégiens ont demandé une injonction temporaire, comme moyen de secours d'urgence, à la section détachée de Koriyama du Tribunal de première instance de Fukushima, exigeant des autorités municipales de Koriyama que les cours soient donnés dans un environnement dans lequel la dose annuelle reçue soit inférieure à 1 mSv.

Le but des 14 élèves était non seulement leur propre évacuation, mais aussi l'évacuation de tous les enfants qui avaient des cours dans un environnement avec un niveau dangereusement élevé de radiation. Cependant, comme ce but était difficilement atteignable d’un seul coup pour tous les enfants par un procès, les 14 ont décidé de montrer la voie en se concentrant sur leur cas et en demandant pour eux une évacuation.

Au cours du procès, une comparaison détaillée et concrète de la situation à Fukushima avec celle de Tchernobyl a été effectuée, et il a été énoncé que le cancer de la thyroïde et les maladies cardiaques trouvés chez les enfants de Tchernobyl étaient susceptibles d’apparaître aussi à Koriyama. Toutefois, le tribunal a rendu sa décision en refusant d’accéder à la demande des enfants dès le 16 décembre 2011 — le jour même où le premier ministre Noda a fait sa tendancieuse déclaration de « l'arrêt à froid ».

Cette décision revient à déclarer aux 14 enfants et tous les autres enfants de Fukushima : « On se moque de ce qui vous arrive, évacuer ou non relève de votre responsabilité »,
cela revient à abandonner les enfants de Fukushima à leur sort en violation flagrante de leurs droits humains.
Face à l’immense désastre d'origine humaine qu’est l’accident nucléaire de Fukushima, après la législature et l'administration gouvernementale, la magistrature s’est elle-même disqualifiée. A cause de cela, la vie des enfants de Fukushima est maintenant en grand danger.

Quand un Etat démocratique ne fonctionne pas, pour sortir de cette situation, ce sont les citoyens eux-mêmes qui doivent prendre les choses en main. Pour sauver les enfants, cette responsabilité fondamentale incombe à ces citoyens souverains. Le 26 février à Tokyo et le 17 mars à Koriyama, nous avons tenu  des tribunaux de Citoyens du Monde afin de rendre clair et public le jugement des citoyens partout dans le monde, avec un jury composé de citoyens du monde entier, donnant leur verdict en ce qui concerne l'évacuation des enfants.

Ces verdicts de citoyens de partout dans le monde pour le Tribunal des Citoyens du Monde, par des jugements qui montrent une conscience juste et le sens commun des citoyens du monde, influenceront le procès en cours demandant l'évacuation, aideront à sauver les enfants de Fukushima, et par là même soutiendront les tentatives des citoyens japonais de changer le Japon.

Nous appelons les citoyens de partout dans le monde à s'acquitter de leurs responsabilités fondamentales en tant que citoyens pour protéger et sauver les enfants, en participant au Tribunal des Citoyens du Monde. Nous vous remercions sincèrement pour votre attention et votre participation. » (
source)
 
 
Vous êtes citoyen du monde et désirez participer au jugement ?
Mettez-vous dans la position d'un membre du jury et exprimez votre jugement  dans cette page
 
>> Remplir les cases successives : pays, sexe, âge, votre choix pour (« in favour ») ou contre (« against ») la requête, puis terminez en mettant les raisons qui vous poussent à faire ce jugement.
 
Enfin, soumettez votre participation  en cliquant sur « submit »
 
Quand vous aurez terminé, votre jugement sera affiché sur cette autre page :
 
 
Autre moyen de soutenir la demande d’évacuation des enfants de Fukushima :
accédez à cette pétition en cliquant sur ce lien http://fukushima-syomei-f.blogspot.jp/
 
 
______________
 
Soutiens
 
   
 
Katsutaka-Idogawa2.jpgLe 30 octobre 2012, Katsutaka Idogawa, maire de Futaba, ville située à 3km de la centrale de Fukushima, est venu à Genève pour témoigner au Conseil des droits de l’homme de l’ONU contre la désinformation des autorités japonaises sur l’effet des radiations sur la population et exiger l’évacuation des enfants des zones contaminées. Il était accompagné de maître Toshio Yanagihara, avocat qui représente les 14 enfants et l’association qui les soutient dans leur procès pour obtenir cette évacuation.
 
 
 
Lors de la réunion à l’ONU, le maire de Futaba a déclaré : « Je pense que l'accident s'est produit à cause de précautions de sécurité insuffisantes et nous considérons cela comme une catastrophe d'origine humaine. (…)
 
Il ya des gens qui parlent comme si l'accident avait été contenu, mais en réalité, c'est le contraire. (…)
 
Même si nous avons eu une exposition involontaire à la radiation, nous n'avons jamais entendu aucune excuse de personne. Ce sentiment que j'ai ne s’effacera jamais, c'est un acte criminel impardonnable. » (source)
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Michel-Fernex.jpg
A cette occasion, Michel Fernex s’est également exprimé, invité par deux ONG, l’association japonaise pour le droit à la liberté d'expression et l’association pour l’évacuation des enfants de Fukushima.
Celui -ci a apporté son soutien à la démarche citoyenne entreprise. Il est très préoccupé par la situation des habitants de la préfecture de Fukushima, en particulier par la contamination interne des enfants et des femmes enceintes. Il a partagé ses connaissances sur les conséquences de l’accident de Tchernobyl sur les populations européennes.
 
 
 
Noam-Chomsky.jpgMessage de soutien de Noam Chomsky (12 janvier 2012)
« C’est un privilège que de pouvoir apporter un soutien personnel au procès pour l’évacuation des enfants de Fukushima. Il n’existe pas de meilleur moyen de mesurer la santé mentale d’une société que la façon dont elle traite la tranche la plus vulnérable de sa population – et qui de plus vulnérables et précieux que ses enfants victimes d’actes inadmissibles. Pour le Japon, ainsi que pour nous tous, ceci est un test auquel nous ne pouvons pas échouer. »
 
 
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Autres documents
 
Documents de première instance et états, etc -> ici (en anglais)
 
 
   
DSC03066.JPGA l’occasion de son passage à Genève, Katsutaka Idogawa est venu prêter main forte aux vigies d’Hippocrate
 
 

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