25 novembre 2011

LE NUCLÉAIRE CIVIL

Par http://ddc.arte.tv/emission/le-nucleaire-civil



Direct Link : DF , FSO , WP

Cette émission a été diffusée la première fois en novembre 2011

Les prix des hydrocarbures montent, le climat change… Dans la recherche de solutions énergétiques alternatives, le nucléaire en séduit plus d’un, grâce à ses faibles rejets de CO2. Mais plusieurs inquiétudes persistent : comment assurer la sécurité et, surtout, que faire des déchets ?



Lectures

Contaminations radioactives : atlas France et Europe
CRIIRAD et André Paris Editions Yves Michel
A-t-on menti aux populations françaises, en 1986, sur les dépôts de radioactivité consécutifs à la catastrophe de Tchernobyl ? Que reste-t-il, encore aujourd'hui, dans les sols ? Quelles sont les régions, les communes épargnées ? Résultat d'un immense travail de mesure (plus de 3 000 analyses réalisées de 1999 à 2001 par le géologue André Paris), cet atlas de référence fournit des cartes en couleur et des informations inédites, utiles à tous ceux qui veulent comprendre le débat sur les conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl.
La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité) est une association indépendante et à but non lucratif, agréée pour la protection de l'environnement. C’est aussi un laboratoire d'analyse dont les certificats de qualification technique ont été délivrés par le ministère français de la Santé.
Géopolitique de l'énergie - Besoins, ressources, échanges mondiaux
Jean-Pierre Favennec Technip (Nouvelle édition augmentée et actualisée)
Menaces sur les approvisionnements pétroliers, tensions entre la Russie et l'Europe à propos du gaz, pannes électriques géantes, changement climatique... Depuis plusieurs années, les problèmes énergétiques font la une de l'actualité. Il y a peu, l'énergie paraissait abondante et bon marché, avec un baril de pétrole qui coûtait 10 dollars fin 1998. Son prix est monté à près de 150 dollars en juillet 2008 avant de retomber à des niveaux plus bas. Mais ce prix remonte. L'énergie n'est pas encore rare, mais elle est plus difficile d'accès. Et le changement climatique pourrait encore bouleverser les prévisions.
Cet ouvrage vient à son heure pour répondre de façon claire et documentée aux interrogations des usagers de l'énergie que nous sommes tous : comment sont produites les différentes énergies ? Quel est leur avenir ? Quels acteurs interviennent sur la scène énergétique ? Quelles sont les contraintes d'approvisionnement ? Quel impact la forte croissance de l'Inde et la Chine a-t-elle sur ces ressources ?
La première partie de ce livre précise les grandes caractéristiques du secteur de l'énergie. La seconde analyse, région par région, les enjeux énergétiques mondiaux et en détaille les aspects géopolitiques.
Le livre, très illustré et accessible à tous, ne nécessite pas de connaissances particulières. Il intéressera particulièrement ceux qui recherchent une vision globale d'un secteur fondamental pour l'économie, mais aussi pour la politique internationale.
Table des matières : L'environnement de l'énergie. 1. Les différentes formes d'énergie. 2. Perspectives et enjeux des marchés énergétiques. 3. Structure des industries de l'énergie. 4. Sécurité des approvisionnements et politiques énergétiques. L'énergie dans le monde. 5. Le continent nord-américain. 6. Le continent Sud-américain. 7. Le continent européen. 8. La communauté des États indépendants. 9. L'Afrique. 10. L'Asie Pacifique. 11. Le Moyen-Orient.
Déchets, le cauchemar du nucléaire
Laure Nouhalat et Eric Guéret ARTE éditions et Le Seuil
En pleine prise de conscience des menaces du réchauffement climatique, les industriels et certains politiques nous présentent l’énergie nucléaire comme la solution d’avenir, une énergie propre, maîtrisée, sans impact sur l’environnement et la santé. Parfois même, une énergie qui s’inscrit dans le « développement durable ». Mais l’énergie nucléaire est-elle aussi propre qu’on nous le dit ?
Car les déchets sont le point faible du nucléaire, son talon d’Achille, son pire cauchemar…
En partant à la quête de « la vérité sur les déchets », nous abordons le sujet tabou du nucléaire par sa zone la plus sombre.
Ce film a l’ambition de donner enfin à chacun les clefs pour comprendre des choix qui pèsent lourd dans l’avenir de l’humanité.
Le livre, enquête inédite, signé par Laure Noualhat, co-auteur du film - « Déchets, le cauchemar du nucléaire » est sorti en librairies le 8 octobre 2009.
Laure Noualhat est journaliste à Libération depuis dix ans, et se consacre aux pages « Terre » du quotidien.
Le site ARTE consacre un dossier complet sur le sujet :
www.arte.tv/fr/2766888.html

Ailleurs sur le web

COP 15
Le 25 novembre 2009, à Strasbourg, le Parlement européen adoptait une résolution en soixnate-neuf points sur la stratégie de l'Union européenne dans la perspective de la Conférence de Copenhague sur le changement climatique (COP 15).
Parmi les dix points concernant les ressources énergétiques, le point 36 souligne que le passage, à l’échelle internationale, vers une économie à faible intensité de carbone conférera à l’énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme. Ce document a été transmis au secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, en demandant qu'il soit diffusé auprès de toutes les parties contractantes n'appartenant pas à l'Union européenne.
Le site du Parlement européen en propose la lecture.
Basta Magazine
Basta magazine est une agence d'informations sur les luttes environnementales et sociales.
L'article de Sophie Capelle revient sur l'action des lobbies à Copenhague, dont celui du nucléaire : cinq conférences pro-nucléaires, contre une seule pour les antis, ont eu lieu à Copenhague.
L'auteur signale aussi le récent communiqué de la Deutsche Bank qui reconnaît que "les marchés carbone n’encouragent pas les investissements propres".
www.carbon-financeonline.com/index.cfm?section=global&id=12455&action=view&return=home
Atomic Archives
C'est en octobre 1939 que le président Roosevelt autorisait le financement public de la recherche atomique. En février 1940, l'Uranium Committee accordait à Enrico Fermi (prix Nobel en 1938) et Leo Szilard un contrat de construction de réacteur à la Columbia University. L'expérience débuta le 2 décembre 1942.
"Atomic Archives" propose les biographies des deux hommes et l’histoire de la physique de l'atome.
Pour une biographie très détaillée de Leo Szilard, on peut consulter le site d'un passionné, Gene Dannen (www.dannen.com/szilard.html).
US Department of Energy
Naturalisé américain en 1944, Enrico Fermi rejoignit les savants qui avaient fui l'Europe : Niels Bohr, Emilio Segrè, Hans Bethe, Edward Teller... que dirigea Robert Oppenheimer.
L'équipe mit au point la première bombe, en juillet 1945.
L'U.S. Department of Energy propose sur son site un document produit par F.G. Gosling, de la division historique, qui raconte l'histoire du "Manhattan project".
AIEA
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a approuvé une résolution demandant à Israël de se joindre au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et d’ouvrir ses sites nucléaires aux inspecteurs de l’ONU. Israël, tout comme l’Inde et le Pakistan, n’a pas signé le traité.
Israël est censé détenir l’arme nucléaire, mais les autorités refusent de le reconnaître. La délégation israélienne a "déploré" ce vote et annoncé que l'État hébreu "ne coopérera pas".
Le responsable adjoint de la Commission israélienne de l'énergie atomique, David Danieli, a souligné que le seul but de la résolution était de "renforcer les lignes de division et les hostilités politiques au Proche-Orient".
Le représentant iranien à l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, a soutenu ce texte émanent du groupe des États arabes et a jugé que l'arsenal israélien « est une menace potentielle pour la paix et la sécurité du monde et sape la crédibilité du régime de non-prolifération ».
On peut lire, à ce propos, le rapport du directeur général sur "l'Application des garanties de l’AIEA au Moyen-Orient".
Alliance géostratégique
Alliance géostratégique est acteur de la "blogosphère" depuis 2007, en partenariat avec les éditions Choiseul dont Le Dessous des Cartes a présenté quelques titres. Chaque mois, Alliance géostratégique propose un thème de réflexion et de débat. Articles, discussions, comptes-rendus de conférences et comptes-rendus de lectures viennent alimenter ce blog géopolitique.
En novembre 2009, le site propose à la réflexion la question nucléaire et notamment la question de la nécessité et de l'urgence du "débat nucléaire". Le site fait un compte-rendu du colloque qui s'est tenu sur le nucléaire à l'Assemblée nationale, le 23 novembre 2009.
On pourra lire aussi avec intérêt le document intitulé : "Courte histoire des programmes nucléaires de l’Iran" (www.alliancegeostrategique.org/2009/11/15/courte-histoire-des-programmes-nucleaires-de-liran).
Le programme civil iranien démarra avec la coopération des États-Unis dans les années 1950, peu après l’opération Ajax qui déposa le premier ministre Mossadegh.
Le site de la CRIIRAD
C'est le 26 avril 1986 que le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl explosait. Cette catastrophe engendra, en Ukraine, un nuage contenant des quantités considérables de particules et de gaz radioactifs. Trois jours plus tard, les vents d'altitude et les pluies provoquèrent, en France et en Corse, des dépôts d'une vingtaine de radionucléides dont l'iode 131 et le césium 137.
La Criirad (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité) est une association qui a vu le jour le lendemain de la catastrophe.
Elle a édité avec André Paris un Atlas des contaminations radioactives, en France et en Europe.
La Criirad dénonce aussi les déclarations d’AREVA et demande la décontamination des sites pollués par le groupe, au Niger et au Gabon.

Pérou : Réflexions sur les manifestations contre les compagnies minières

Ecrit par Juan Arellano · Traduit par Noele Belluard-Blondel

 

La semaine qui s'est écoulée a été une semaine assez compliquée pour le gouvernement péruvien. A peine venait-on de fêter les 100 premiers jours du gouvernement d'Ollanta Humala que trois conflits sociaux liés à l'activité minière se sont intensifiés, à savoir une grève des agriculteurs dans la province d'Andahuaylas, qui exigeaient la fermeture de deux usines de traitement du cuivre et la suspension des concessions et des activités minières dans la région, une journée de manifestation à Cajamarca contre le projet minier Conga,  déclenchée par la disparition possible de vingt lagunes et le blocage des routes à Huari et Cátac, dans la région d'Ancash par des membres de communautés autochtones pour exiger le respect des engagements environnementaux quant aux mines d'Antamina et de Huallanca.

De tous les conflits, celui qui s'est aggravé le plus a été celui de la province d'Andahuaylas où la manifestation, faute d'un accord avec la commission de haut niveau réunie pour négocier, s'est soldée par l'incendie de quelques locaux et par environ 38 blessés suite à un affrontement entre les habitants et la police. Tout ceci s'est passé alors que l'affaire de trafic d'influence présumé du vice-Président Omar Chehade faisait encore la Une des médias et que le Président Humala était à l'étranger.
Les journalistes  se sont empressés de mentionner dans les éditoriaux et les articles d'opinion entre autres choses la fin de la lune de miel entre le peuple et le nouveau gouvernement et la conspiration existante contre les compagnies minières.
Mais dans les blogs, les opinions et les points de vue sont quelque peu différents. Par exemple, sur le blog Consulta Previa, après avoir analysé le soutien aux manifestations du candidat d'alors, à savoir Ollanta Humala ,dans ses promesses de campagne, on va droit au cœur du sujet:
Le sujet de fond est de savoir si l'exploitation minière peut se développer dans l'aquifère. Notre réponse est NON. Une fois seulement que ceci sera clair,  on pourra parler d'un dialogue juste. Que ce point de départ engendre des coûts plus importants pour les investisseurs, cela ne fait pas de doute. Mais il ne s'agit pas de subordonner le développement à l'asséchement des lagunes et des zones humides ou à la pollution des sources et des eaux souterraines. C'est déjà extrêmement clair pour tout le monde. Pourquoi le Pérou ne devrait-il pas avoir le droit de réclamer à ce sujet la modernité ?
Dans le blog ¿Estamos jodidos? (Sommes-nous des salauds?) on s'intéresse à l'exploitation minière mais pour des raisons plus discutables, en lien avec le contrôle de la production déclarée :
Nous avons insisté des tas de fois sur le fait que dans les projets miniers c'est à l'État de participer aux extractions et ce, pour deux raisons : d'abord, pour contrôler  ce qui est extrait, ensuite, pour s'occuper de toutes les conséquences sur l'environnement, c'est pourquoi les investissements, qu'ils soient extrêmement importants ou non, doivent être faits avec une prise de participation du gouvernement de 50 à 51% dans le conseil d'administration et, si ceci s'avère aussi rentable qu'il est dit, la participation doit à plus forte raison demeurer sous le contrôle de l'Etat.
Mina Yanacocha, Cajamarca, Perú
La mine Yanacocha à Cajamarca au Pérou

Mais la méfiance n'est pas uniquement éprouvée à l'égard des compagnies minières, elle l'est aussi à l'encontre du gouvernement :
Humala n'est pas idiot. Il se rend parfaitement compte des dégâts qu'engendrent dans le pays tous ces abus sociaux et qu'on a  besoin de lui dans le pays, non à l'étranger. […] Alors que trame-t-il ? … Ne serait-ce pas qu'on en arrive à une situation  ingérable et qu'il vienne à nous dire que la situation est telle que pour son bien, le pays a décidé de l'expropriation des principales mines et banques du pays. Attention, attention… Le Président, un ancien militaire, n'est en rien idiot.
Dans la même optique, on trouve cette critique du blog “Políticamente Incorrecto” (Politiquement incorrect) de Víctor Robles sur l'action du Premier Ministre Salomón Lerner :
Le message qu'il a laissé est le même que celui des Premiers Ministres Simon et Del Castillo : “Si tu veux que nous t'écoutions et que nous satisfaisions tes demandes, tu n'as qu'à assiéger des villes, bloquer des routes,  mettre à sac des marchés et caillasser des bus”. Est-ce la grande transformation que nous a promis le candidat Ollanta Humala ? […] A juste titre, beaucoup d'entre nous se demandent si par hasard ce climat de violence contre l'investissement privé ne serait pas encouragé de manière souterraine par le gouvernement lui-même.
Dans le blog Gran Combo Club, Silvio Rendón critique aussi le Président Ollanta Humala mais pour d'autres raisons  :
Nous nous dirigeons vers une parfaite dictature ou une nouvelle “super cohabitation”.  Ollanta Humala ne va pas honorer ses promesses de faire fermer les mines ni ne va rien faire contre les abus commis  à l'égard des travailleurs. Humala est aujourd'hui le même chien (ou chat) du jardinier qu'avant. * Il a donné un faible coup , un faible coup de “barre”.   […]   Humala n'en fera assurément qu'à sa tête si les gens le laissent faire. […]  Mais si les gens réagissent rapidement et comprennent qu'Humala a déjà manqué à ses promesses et lui brandissent un carton rouge très rapidement, on pourrait alors éviter le fait accompli.  Toledo a dû reculer,  García a dû reculer. Il ne resterait pas d'autre alternative  à Humala que celle de reculer.
Reliant les votes des dernières élections aux manifestations actuelles, Rendón ajoute:
Les gens en ont assez qu'on les trompe. […] Peu importe que quelques-uns, principalement à Lima, justifient et camouflent le  mépris du vote populaire  par de la “maturité politique” ou “de l'apprentissage démocratique”. On a besoin d'un gouvernement qui fasse ce qu'il promet. Les grandes entreprises devront renoncer à certaines exploitations minières comme elles ont dû renoncer à privatiser l'électricité à Arequipa. […] Si Humala fait ce qu'ont fait les précédents gouvernements, il obtiendra les mêmes résultats qu'eux : la révolte des citoyens. Ceux-ci n'accepteront pas que leur vote soit méprisé.
En analysant en particulier le cas de la compagnie minière Yanacocha qui  gère, à Cajamarca, un projet minier du nom de Conga, Jacqueline Fowks de Notas de Lenovo résume la position tout à la fois toute puissante et arrogante de l'entreprise:
L'histoire récente de la compagnie Yanacocha-Newmont dans sa relation avec les communautés en matière de sécurité et d'environnement  explique sa situation actuelle: à savoir que ses détracteurs ont des arguments contre elle. Rappelons que l'entreprise ne reconnaît pas totalement sa responsabilité quant aux conséquences du déversement de mercure à Choropampa et qu'elle a obtenu de ‘pouvoir dédommager des plaignants en dehors des tribunaux mais sans commune proportion avec l'ampleur du préjudice. En matière de sécurité, un rapport de 2009 a mis en évidence les pratiques illégales et irrégulières du personnel de Forza [NDLT: Forza amazonica est une des quatre plus grandes sociétés de sécurité du Pérou], des policiers rémunérés par l'entreprise, c'est ce qui est arrivé en particulier à Combayo. Lorsque j'ai demandé en 2010 une interview afin de savoir si ces pratiques de sécurité avaient changé suite à cette évaluation et aux recommandations faites, l'entreprise a refusé de répondre sur le sujet.
Les conflits sont loin d'être terminés. Dans la province d'Andahuaylas, la manifestation se poursuit en dépit de la trêve décidée par les paysans car une faction continue la lutte tandis qu'on mentionne  ici et là sa probable manipulation par des groupes infiltrés. A Cajamarca, le Président de la Région est accusé d'avoir appelé à la grève et la compagnie minière Yanacocha est loin de faire l'unanimité car les critiques sur sa gestion de l'environnement continuent de pleuvoir. Il est clair qu'il s'agit de sujets graves comme le démontre cette vidéo et interview du parlementaire Javier Diez Cansecoen en laquelle il expose divers points de ce problème qu'est l'exploitation minière.

Ndt :  Il est fait ici référence au proverbe “Il est comme le chien du jardinier, qui ne mange point de choux et n'en laisse pas manger aux autres” selon lequel celui qui ne peut se servir de quelque chose empêche les autres aussi de s'en servir. L'ancien Président Alan Garcia utilisa cette expression pour dénoncer ceux qui ne faisaient rien pour développer le pays et empêchaient les autres de le faire.

Mali, Niger : Sous les cris des armes, le murmure des Touaregs

Par Marc-Andre Boisvert

pour  http://fr.globalvoicesonline.org

This post is part of our special coverage Libya Revolution 2011.
Depuis le début de la guerre en Libye, les experts en sécurité et les politiques multiplient les interventions contre une menace touarègue au Mali et au Niger. Menace fantôme ou réel danger? Pour le moment, la seule façon d’entendre une voix touarègue, c’est le net.

Tout arrive avec un flot de migrants en provenance de Libye qui inquiète les pays voisins.  Jadis, Kadhafi aurait recruté plusieurs Touaregs [en]  autant pour sécuriser le sud du pays que pour soutenir la croissance économique libyenne en se servant de main d’œuvre importée (moins chère). La mort du Roi des rois d’Afrique [en]  a poussé des milliers de ces Touaregs [en] à regagner le Mali et le Niger.
Le retour de combattants bien armés tout autant que des civils aux mains vides alimente toutes les rumeurs dans la sous-région, y compris celle d’héberger le fils de Mouammar Kadhafi, Seif Al Islam, information qui s’est avérée fausse. Le 11 novembre dernier, 14 combattants de retour de Libye auraient été tués [en] dans un échange de feu avec les forces de sécurité nigériennes entre Niger et Libye.

Mais, surtout, les médias locaux et internationaux soulignent une menace fantôme de rébellion qui plane sur le nord. On parle de l’inquiétude des autorités qui craignent une nouvelle rébellion. Les gouvernements multiplient les émissaires et les initiatives pour s’assurer de l’ordre [en] dans les régions touarègues. Le bruit s’intensifie, mais on entend peu les Touaregs s’exprimer.


Capture d'écran de la vidéo de la marche des Touaregs à Kidal revendiquant l’autonomie de la région Azawad

Isolés et sans voix
Géographiquement, la région que les Touaregs habitent est à des milliers de kilomètres de la capitale malienne Bamako. A ceci s’ajoute le kidnapping de plusieurs ressortissants étrangers par Al-Qaeda au Maghreb islamique (AQMI) qui a découragé les visiteurs de s’aventurer dans la région saharienne. L’isolation est autant physique que psychologique, ce qui rend difficile toute compréhension du terrain.
Au-delà de quelques communiqués et déclarations, c’est surtout grâce à Youtube que le monde a pu comprendre qu’il se passait quelque chose. A Kidal, un nombre imprécis de Touaregs revendiquant l’autonomie de la région Azawad a marché le 1er novembre dernier ( vidéo ajoutée sur YouTube le 2 novembre par l'utilisateur )



D’autres ont suivis l’appel lancé par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) à Ménaka, Gao et Tombouctou.
Le MNLA s’est organisé sur le net où il affiche ses couleurs sur son site:
[Le MNLA] a pour objectif de renforcer les relations humaines et sociales entre les communautés de ce milieu et le reste du pays dans un processus démocratique. Il adopte une action politique légale dans un esprit démocratique, et condamne la violence sous toutes ses formes.
Les mots ne sont pas clairs : on demande plus d’autonomie sans pour autant préciser les conditions.
Le blogueur Kal-Azawad souligne les visées pacifiques du MNLA. Il parle d’un mouvement social, pas d’une rébellion et dénonce les rumeurs qui circulent :

Que l’opinion publique nationale et internationale sachent que les combattants rentrés de Libye n’ont nullement pas l’intention de jouer le jeu d’A.Q.M.I, ni de se laisser emporter par les tentations de quelles que nature quelle soit. Au contraire, nos compatriotes rentrent au bercail avec une panoplie de projets : notamment ces du développement durable de leur terroir, la sécurisation de l’ensemble des populations azawadies dans toutes leur composantes : Songhoy,Touareg,Arabes,Peuls, de leurs biens, la lutte contre les cas isolés de banditisme et autres enlèvements de véhicules œuvre de groupuscules armés incontrôlés,une grande campagne de sensibilisation pour lutter contre tout endoctrinement quelconque par A.Q.M.I et la reconstitution du tissu social local afin de réussir l’Unité du Peuple de l’Azawad !


Tout comme un observateur de France 24 l'explique,  on parle ici d’un combat politique pour l’auto-détermination : pas d’une revanche pour la mort de Kadhafi ou un alignement par rapport à AQMI.
La voix des Touaregs est discrète vis-à-vis du bruit de panique qui suit. Il reste à savoir comment le murmure des Touaregs réussira à répondre à la panique post-Kaddhafi.
 

23 novembre 2011

L’impérialisme humanitaire au nom de la Justice Internationale : la croisade de la NED en Afrique

Par Julien Teil
pour http://laguerrehumanitaire-lefilm.tumblr.com

Lorsque la National Endowment for Democracy est crée en 1982, elle prévoit d’utiliser le prétexte des “droits de l’homme et de la démocratie” pour justifier ses activités. Elle va ainsi parvenir à sceller de très importants partenariats avec différentes associations de renommée internationale dans les années 90, comme par exemple avec la FIDH ( Fédération Internationale des Droits de l’Homme). La même décennie sera marquée par la participation des organisations de droits de l’homme, dont celles de la NED, aux premiers travaux qui conduiront à la naissance d’une cour de justice internationale permanente. Ces travaux démarrent en 1994 et aboutissent à l’adoption du statut de Rome en 1998. Mais seuls 121 pays sur 200 ratifieront les statuts de la Cour Pénale Internationale (CPI). Les ONG de la NED et de l’IEEDH (Initiative Européenne pour la Démocratie et les Droits de l’Homme) s’engagent alors dans un véritable lobby afin de convaincre les pays méfiants à l’égard de la Cour Pénale Internationale. Par ailleurs, certains intellectuels ont à l’époque vivement critiqué ce projet, dénonçant une chose prévisible: Cette nouvelle cour de justice pourrait en définitive devenir un instrument supplémentaire des puissants contre les faibles. En cette fin d’année 2011 le comportement de la Cour Pénale Internationale et de son actuel procureur Luis-Moreno Ocampo, ne font que montrer la légitimité de ces inquiétudes. La crédibilité de la CPI est plus qu’atteinte, son fonctionnement contesté, mais par-dessus tout son impartialité. Elle a en effet, dans le cas libyen, pris position en faveur d’un camp dans une Guerre Civile et cela sur la base d’aucune preuve solide.


Le double jeu des Etats-Unis face à la CPI.
Après deux réunions de l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1995, un comité préparatoire (PrepCom) est crée afin d’élaborer les statuts de la future Cour Pénale Internationale. Ce comité se réunira plusieurs fois par an jusqu’en 1998 - année de l’adoption du Statut de Rome. Au nom de la lutte pour la reconnaissance de la responsabilité des auteurs de crimes, de nombreuses ONG ont participé à PrepCom notamment en se réunissant au sein d’une organisation : La Coalition pour la Cour Pénale Internationale.
Cette dernière regroupe aujourd’hui plus de 1000 ONGs qui, au delà d’avoir participé à PrepCom, poursuivent une activité de lobbying auprès des Etats qui n’auraient pas encore reconnus la Cour Pénale Internationale. L’organisation est administrée par un Comité exécutif rassemblant une vingtaine d’ONGs parmi lesquelles Amnesty International ; la FIDH ; Human Rights Watch ; mais aussi des organisations de la NED comme l’ Associacion Pro Derechos Humanos (APRODEH). L’organisation se dote également d’un Conseil Consultatif dont le président est Kofi Annan et de membres parmi lesquels Lloyd Axworthy (un des pères de la R2P - responsabilité de protéger) ; le Juge Richard Goldstone ; le Prince Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein de Jordanie ; etc.

Parmi les ONG ayant participé à PrepCom, certaines incarnent de façon évidente les intérêts des États-Unis que l’on peut résumer ainsi: Les États-Unis ne souhaitent pas ratifier certains statuts de la Cour Pénale Internationale et ainsi rester à l’abri de cette justice. Mais ils souhaitent néanmoins pousser les États du monde entier, et en particulier ceux du Sud et leurs concurrents stratégiques à se soumettre à cette justice et donc à reconnaître la Cour et le Statut de Rome. A la suite de l’entrée en vigueur, le 1er juillet 2002, du Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale , l’hostilité états-unienne s’exprime premièrement par un refus catégorique de toute coopération avec la Cour Pénale Internationale dans le cadre des possibles crimes américains commis dans la “lutte contre le terrorisme”. Cette volonté est formalisée par l’ American Service Members Protection Act (ASPA) signé le 2 Août 2002 par l’ex-président George W. Bush et garantit d’utiliser « tous les moyens nécessaires et appropriés pour libérer un citoyen américain détenu par la CPI ». Par ailleurs, les États-Unis tentent d’instrumentaliser la base légale de l’article 98 du Statut de Rome qui oblige une coopération des États signataires avec la CPI. Or les États-Unis n’entendent pas se soumettre à ceci et signent plus de 60 Accords Bilatéraux d’Immunité (ABI) afin d’exclure ses officiels et ex-officiels résidents dans les pays signataires de ces ABI de se rendre à la Cour Pénale Internationale dans le cadre d’un mandat d’arrêt.

Cette pratique est dénoncée par les mêmes ONG de la Coalition pour la Cour Pénale Internationale mais sans réel effet. En effet, les conséquences de la condamnation de la pratique états-unienne ne vont pas plus loin que les différentes condamnations concernant l’application partiale de la R2P (Responsabilité de Protéger) - qui n’a par exemple jamais été appliquée pour la protection du peuple palestinien. Les États-Unis se posent donc officiellement au dessus d’une justice internationale dont ils font par ailleurs la promotion auprès des États qui sont soient leurs adversaires stratégiques ; soient ceux vis à vis desquels ils ont des ambitions impériales.
Pour y parvenir, la NED et ses partenaires sélectionnent et forment des personnes à devenir des “défenseurs des droits de l’homme” et créent ainsi un véritable réseau de “société civile internationale”, ce à quoi on peut être assimilé le World Movement for Democracy de la NED. Les membre de ce réseau, bien qu’ayant une capacité d’action locale et indépendante, demeurent sous le contrôle de la NED et fournissent ainsi un support aux volontés impériales des États-Unis et de leurs alliés.

La Ned en Afrique

L’Afrique Sub-Saharienne est longtemps restée une zone d’influence francophone dont la France se servait pour poursuivre une politique post-coloniale de prédation des richesses (Uranium ; Pétrole ; Gaz). Mais au cours des années 90, les partenariats entre la National Endowment for Democracy et les ONG de droits de l’homme françaises se sont multipliés. Cette réalité peut être interprétée comme un manque de sérieux de la part des associations françaises dans la critique du néo-colonialisme mais en réalité c’est avant tout la question politique qui va influencer le travail et les réseaux des ONG de droits de l’homme en Afrique.

Un document daté d’Octobre 1998 peut attester de l’influence alors croissante de la NED en Afrique. Il s’agit d’un appel lancé par l’ONG Derechos Human Rights, une organisation financée par la NED en Amérique Latine. En réalité ce document a été écrit et publié par l’ Observatory for the Protection of Human Rights defenders (Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’homme). Cette organisation a été conjointement fondée par la FIDH et l’organisation mondiale contre la torture - une organisation présidée par l’ex-fonctionnaire français aux Nations Unies Yves Berthelot. Le contenu du document fait état de l’arrestation de plusieurs “défenseurs des droits de l’homme” en République Démocratique du Congo (RDC) :
  • Immaculé Biraheka

Immaculé Biraheka est la Directrice de l’organisation PAIF (Promotion et Appui aux Initiatives Feminines) basée à Goma, en République Démocratique du Congo (RDC). Cette organisation reçoit dés 1996 une bourse de la NED par l’intermédiaire de l’International Human Rights Law Group puis directement par la NED pour les années 2000, 2001, 2003, 2004, et 2005. Elle reçoit le Democracy Award en 2006, la récompense de la NED. Elle est officiellement arrêtée le 8 mai 1998 pour avoir rencontré Dave Peterson, le responsable de la NED pour l’Afrique depuis 1998.
  • Paul Nsapu

Paul Nsapu est l’actuel vice-président de la FIDH. Selon le Comité pour la Solidarité avec le Congo Kinshasa, il est arrêté en compagnie de Sabin Banza, le lundi 27 avril 1998 à la sortie d’un rendez-vous à l’ambassade de Belgique à Kinshasa. Ils sont alors respectivement président et vice-président de la Ligue des Électeurs (Elector’s League). Le président Laurent Désiré Kabila les accuse d’être des “espions au service de la Belgique et fomentant un complot pour le renverser”. La Ligue Des Électeurs est une organisation membre du réseau de la FIDH et du World Movement for Democracy (NED). Paul Nsapu est par ailleurs le coordinateur du Bureau National pour l’Observatoire et la Surveillance des Elections en République Démocratique du Congo.
Le 28 Octobre 2011, il est cette fois arrêté à Dakar alors qu’il y était attendu pour une conférence de presse où il devait présenter le dernier rapport de la FIDH et de l’Organisation Mondiale de la Torture. Il est cette fois arrêté en compagnie d’Alioune Tine, le président de la RADDHO.
  • Alioune Tine

Alioune Tine est connu pour être un violent opposant au président Wade. En effet, il multiplie depuis un certain temps ses voyages à l’étranger afin d’y obtenir le support des pays occidentaux. Il est par ailleurs le président de la RADDHO (Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme). La réunion fête cette année ses 20 ans et est financée par des ambassades (États-Unis , Suède, Pays-Bas, Royaume-Uni, Allemagne) ; des ONG et fondations (Human Rights Watch, Fondation Ford ; etc.) mais surtout par AEDH (Agir ensemble pour les Droits de l’Homme), un partenaire français essentiel de la NED en Afrique. Son récent voyage aux États-Unis afin de demander une “intervention occidentale” au Sénégal ne fait aucun doute quant à ses ambitions.
La NED et la France partent en croisade droits-de-l’hommiste.



En décembre 2009, le président de la NED Carl Gershman se rend en France afin de resserrer les liens de la NED avec la France. Il y rencontre par la même occasion François Zimmeray, l’ex-Ambassadeur pour les droits de l’homme de l’ex-Ministre des Affaires Étrangères Bernard Kouchner. Des rencontres avec AEDH, la FIDH et d’autres associations sont organisées.
  • AEDH développe des programmes internationaux dont CIVIK (Consolider, Impulser et Valoriser les Initiatives de la société civile au Kivu). Le Kivu est une province du Congo Kinshasa (RDC) théâtre d’affrontements réguliers. Ce programme est réalisé avec le soutien de la Commission Européenne et de la NED.
        
  • AEDH propose également un “Programme de formation pratique de jeunes défenseurs des droits de l’Homme en Afrique”. Mis en œuvre avec 7 associations partenaires de la NED et de la FIDH (RADDHO ; OCDH ; Groupe Lotus, etc.), le programme a formé près de cent jeunes qui rejoignent ensuite des équipes associatives locales et partenaires. Ce programme est quant à lui financé par la NED, le Ministère Français des Affaires Étrangères, le Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (lui même partenaire de la NED), etc.
Comme on le voit, la NED et le couple AEDH/FIDH qui représentent en réalité les deux pays membres de l’OTAN les plus impliqués dans la prétendue défense des droits de l’homme et la démocratie, ont su depuis un certain temps nouer d’étroits partenariats afin de former des individus qui donneront une influence à leur réseau de société civile internationale.
La NED et la CPI.
Il est difficile de mesurer avec précision l’influence de la NED dans le soutien à la Cour Pénale Internationale et à sa reconnaissance internationale (États-Unis exclus). Il y a néanmoins des grandes lignes qui se dégagent des rapports entretenus par les membres de la NED et la Cour Pénale Internationale.
Alioune Tine, le président de la RADDHO s’est personnellement investi dans les travaux PrepCom de la CPI de 1996 à 1998. Par ailleurs et sur un autre volet relatif à la CPI, il a participé à la médiation en Côte d’Ivoire sous l’égide du National Democratic Institute (NDI), l’organisation démocrate de la NED. En 2009, il avait également appelé à la saisine de la Cour Pénale Internationale pour les “crimes commis en Guinée”.

Luis-Moreno Ocampo , l’actuel procureur de la Cour Pénale Internationale dont les preuves publiques attestant des crimes contre l’humanité commis par la Jamahiriya arabe libyenne se limitent à des articles de presse et des déclarations d’associations liées à la FIDH où à la NED, a lui même co-fondé une organisation de la NED en Argentine. Il s’agit de l’organisation Poder Ciudadano qui vise à “promouvoir la responsabilité citoyenne et la participation à la vie publique”.




Plus généralement, le travail de lobby auprès de la Cour Pénale Internationale a été délégué à la Coalition pour la Cour Pénale Internationale ainsi qu’à l’IEDDH (Initiative Européenne pour la Démocratie et les Droits de l’Homme). L’IEEDH est un projet qui fut initié par le parlement européen et son actuel vice-président Edward McMillan-Scott.
L’IEEDH est en réalité un instrument similaire à la NED pour l’Union Européenne et fonctionne sur le même modèle : c’est à dire en finançant des milliers d’organisations dans le monde. Au delà de s’attribuer un combat en faveur des droits de l’homme et de la démocratie, l’IEEDH favorise le travail de la NED en Europe et à l’international. Par ailleurs, son fondateur Edward Mc-Millan est un très bon ami de Carl Gershman, le président de la NED. Celui-ci le remercia chaleureusement pour son discours lors d’un séminaire de l’IRI (International Republican Institute) - la branche républicaine de la NED.
La Coalition pour la Cour Pénale Internationale quant à elle poursuit officiellement un travail de lobby pour pousser des pays comme le Salvador à ratifier le statut de Rome. Elle revendique certains succès comme la ratification du Sénégal ou l’organisation de sempiternels plaidoyés en faveur de la ratification du Statut de Rome par les pays du Sud.

La Cour Pénale Internationale est manifestement un outil de domination dont les propres principes ne sont pas respectés par ceux qui sont chargés de la conduire. Le cas libyen est gravissime et reflète de façon évidente l’incarnation du colonialisme contemporain qui entend utiliser les droits de l’homme comme principe colonisateur. La codification du droit d’ingérence dans la R2P (Responsabilité de Protéger), alliée à une cour de justice partiale et au conseil de sécurité des Nations Unies, empêchent la possibilité même de l’exercice des principes dont ils prétendent pourtant être les outils. La National Endowment for Democracy et leurs alliés quant à eux fournissent la substance essentielle sans laquelle ce système de domination moderne ne pourrait fonctionner. Et il ne s’agit pas simplement d’un système idéologique et virtuel mais également d’hommes formés à ces idéologies ainsi que de structures financées et soutenues diplomatiquement. Ceci met en lumière l’alliance de l‘“Impérialisme Humanitaire” avec la “Justice Internationale” et révèle qu’ils ne peuvent exister de manière strictement indépendante.

Connecter pour mieux Régner

Par Essakalli  
mercredi 16 novembre 2011 
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pour http://www.agoravox.fr

La Silicon Valley est aujourd’hui le théâtre d’une guerre d’un genre nouveau. Une guerre numérique alimentée par la course à l’information ; information dont le contrôle assure le pouvoir, qu’en témoigne le siècle passé où la propagande a servi de base à la suprématie totalitaire.
A l’heure où le consommateur accueille à bras ouverts les dernières nouveautés issues des laboratoires d’Apple, exploite le potentiel de Facebook, ou profite des services gratuits de Google, le Processus est en marche. Il s’agit d’un processus d’intégration intensive et durable d’Internet à nos vies, faisant de nous des êtres interconnectés, à la fois émetteurs et récepteurs d’informations, en constante interaction avec notre environnement.
Les enjeux sont de taille et le changement inéluctable : consommation, mode de vie, loisirs et éducation sont à revoir. De là découle la nécessité d’une analyse dialectique et dynamique de notre rapport avec la technologie, plus précisément de la relation entre les géants du secteur de l’information globale et ses utilisateurs. 
 L’analyse sera limitée à trois leaders du marché : Facebook, Google et Apple. Ainsi, sur la base des différentes voies empruntées par chacune de ces firmes, il conviendra de s’intéresser à leurs perspectives d’avenir quant à cette lutte de pouvoir numérique, placée dans le cadre d’une véritable géopolitique de l’information.
1. Facebook, colosse aux pieds d’argile
1.1. Autrefois imité, maintenant concurrencé
Ayant posé les bases du Web social tel que nous le connaissons, Facebook a jusqu’à présent fait la course en tête des réseaux sociaux. Si Mark Zuckerberg peut se targuer d’avoir été pionnier dans le domaine, il ne sera pas pour autant leader intemporel.
En effet, depuis la création de la société en 2004, aucune entreprise concurrente n’a su faire de l’ombre à Facebook. Une raison à cela ? Trop de tentatives d’imitation sans réel désir d’innovation : concurrencer Facebook ne revient pas à créer un réseau social équivalent avec quelques nouveautés, mais consiste bel et bien à repenser les bases de ce système social. C’est là que Google+ entre en jeu.
Il est intéressant de noter par ailleurs que les réseaux sociaux thématiques (Flickr, Linkedin) ou encore limitatifs (Twitter) sont exclus de la liste des concurrents potentiels de Facebook, réseau social global.
1.2. Dynamisme forcé, image ternie
L’ouverture de Google+ au grand public en Juillet 2011 a marqué un tournant pour l’entreprise. Contesté sur son propre terrain, Facebook s’active et met en place durant l’été une série de nouveautés directement incorporées à l’interface de son site afin de combler les lacunes de son système et rattraper son retard par rapport à un Google+ embryonnaire certes, mais d’ores et déjà menaçant. La gestion des données personnelles et du partage d’information est reproduite, l’interface évolue au même moment où le contrôle de la vie privée est accru.
Ce lot de modifications chez Facebook bouscule encore une fois les habitudes des utilisateurs qui se retrouvent face à un site dont l’ampleur et la densité peut effrayer. L’opacité du système et la complexité de la gestion des informations personnelles, dont témoignent les procès de confidentialité à l’encontre du site, contribuent à la diabolisation de Facebook.
Les utilisateurs de Facebook sont donc enclins à migrer vers des solutions alternatives dès lors que ces dernières proposent des services équivalents capables de générer un flux d’activité comparable à celui de Facebook – À discuter.
1.3. Potentialité et évolution
Si les modifications récentes de Facebook et l’arrivée de nouveaux concurrents remettent en question la position dominante du site, il est encore trop tôt pour condamner le réseau social aux 800 millions d’utilisateurs.
En effet, Facebook développe son potentiel en se dotant peu à peu d’applications satellites à l’image de Yelp ou encore Spotify qui enrichissent grandement l’expérience utilisateur en proposant des services jusque là absent de la plateforme sociale.
Les revenus de la publicité sont aussi à prendre en compte : certes, Facebook reste loin derrière le leader du marketing internet Google, mais son taux de croissance est jusqu’à trois fois plus important que celui de son concurrent – l’écart se ressert.
Néanmoins, l’innovation reste au cœur de l’entreprise. Faire peau neuve et repenser l’idéologie du site pourrait redonner un nouveau souffle à Facebook, qui doit se détacher de cette image inquiétante de propriétaire de notre identité numérique. L’annonce de Facebook Timeline présage une modification stratégique pour l’entreprise, modification risquée au regard de l’aversion au changement des utilisateurs pour qui habitude est synonyme de sécurité.
L’attention doit dès lors être portée sur les besoins évolutifs des internautes. Adaptabilité et flexibilité seront de mise afin de répondre à leurs attentes – de ce point de vue, Google+ semble plus en phase avec les enjeux actuels et mériterait d’être plus connu.
2. Google+, si affinités
2.1. Google et le web social
Après l’échec du lancement d’Orkut en 2004 et plus tard de Buzz, Google entame enfin un virage social prometteur. C’est en juin 2011 que le géant du Web présente son dernier né : Google+.
Le travail effectué est remarquable : l’interface purifiée et simplifié du site sert de vitrine à ce qui s’avère être une plateforme sociale pour le moins complète. A une représentation fidèle de la vie sociale permise par le système de « cercles », vient s’ajouter une large panoplie de services dont la liste ne cesse de croître au fil des mises à jour : vidéoconférence, éditeur photo avancé ou encore page d’entreprises sont de la partie. Et Larry Page, PDG de Google annonce que ce n’est qu’un début.
C’est ainsi que Google parvient à se détacher des standards mis en place par Facebook pour proposer son propre réseau social auquel ne manque l’activisme des utilisateurs qui estiment inutile l’utilisation de Google+ en vue de la faible fréquentation du site.
2.2. La mise en place du premier Hub Internet : de l’intégration à l’homogénéisation
Google se doit de répondre à la demande, donner des raisons aux internautes de rejoindre son réseau et les inciter à faire partie de cette nouvelle expérience communautaire. Nouvelle ? Certainement. Car si Google+ n’en est aujourd’hui qu’à ses débuts, il convient de se placer dans une perspective dynamique où le potentiel de Google réside dans son pouvoir intégrateur.
A terme, le projet Google+ devrait rallier la plupart des services Google. Se plaçant dans une optique dialogique, le réseau social devrait pouvoir améliorer la qualité d’autres applications de l’entreprise, à l’instar de Maps, Youtube ou encore Gmail. Ainsi, Google+, en absorbant ces services pourra faire figure de plateforme multimédia complète disposant, contrairement à Facebook, d’une intégration, suivie d’une homogénéisation poussée et concentrée des besoins primaires de l’internaute d’aujourd’hui : musique, vidéo, documents, mails, contacts, navigation, recherche, etc – la liste est longue.
Reste à attirer les utilisateurs dans l’orbite du réseau. Pour cela, Google dispose de différentes solutions, plus ou moins contestées et contestables.
2.3. Stratégies de déploiement : concurrence, concurrences
Nul ne pourra reprocher à Google+ par exemple de s’être payé le luxe d’une publicité pour le moins voyante – une grande flèche bleue invitant à entrer dans le monde de Google+ - sur le site internet le plus consulté et la page d’accueil de la plupart d’entre nous : Google.com.
Néanmoins, l’entreprise pourrait adopter une politique concurrentielle plus agressive en profitant d’un effet de levier permis par sa position dominante de géant du Web et de la publicité numérique. Pour ce faire, Google pourrait favoriser les résultats de Google+ lors des recherches sur son site par exemple, ou encore, dans un cas extrême, rendre accessible la recherche Google, ainsi que l’ensemble des services du groupe, uniquement par le biais de l’interface de Google+. Effet garanti, certes, mais sanctions aussi : n’oublions pas que Google est déjà sous la surveillance des autorités de la concurrence.
Enfin, Android : ce système d’exploitation mobile signé Google ne cesse de se développer et de conquérir le cœur de plus en plus d’utilisateurs. L’intégration accrue de Google+ au cœur de ce système d’exploitation mobile dynamisera les deux entités qui profiteront d’avantages mutuels. Il viendra un temps ou l’écosystème développé autour des téléphones mobiles alimentera l’activité de Google+, et inversement. Sur ce terrain, Google se place en tant que concurrent direct d’Apple, avec ses millions de terminaux mobiles qui attendent au fond de vos poches la révolution du Web 3.0.
3. Apple : une longueur d’avance ?
3.1. Potentiel social, mais encore ?
Le Web social reste à portée de main pour Apple. En connectant tous ses appareils, Apple pourrait être à l’origine d’un réseau prenant appui sur les nombreux terminaux vendus, et qui bénéficie d’une culture communautaire longuement entretenue auprès des utilisateurs et autres fans de la marque. Ce dernier point met l’accent sur un déterminant essentiel de la course à l’information : la loyauté et la confiance des consommateurs envers la firme à la pomme est sans aucun doute un atout de taille dans cette rude compétition.
Si Ping ou encore Genius, deux services à caractère plus ou moins social, font pâle figure face aux géants du Web Social, Apple n’est pas pour autant dépassé dans la guerre de l’information. Il semblerait que l’entreprise ait plutôt une longueur d’avance dans le domaine. En effet, tandis que Facebook et Google se disputent la place du leader du Web 2.0, Apple fait cavalier seul vers la future et troisième révolution internet.
3.2. Convergence et interdépendance
Se focalisant jusqu’à présent sur le déploiement et la vente de ses terminaux — Ordinateurs portables, iPhones, iPad principalement — Apple se concentre tout autant sur l’amélioration de son matériel et de ses logiciels que sur la conquête du cœur des réfractaires à la marque.
Néanmoins, le dessein d’Apple est plus ambitieux : avant-gardiste et innovante, l’entreprise canalise ses efforts afin d’homogénéiser sa gamme de produit, autant sur le plan esthétique que logiciel. Cette convergence a été clairement annoncée lors de la présentation de Mac OS X Lion qui revendique avoir intériorisé l’expérience de l’entreprise acquise grâce à ses terminaux tactiles.
La stratégie d’uniformisation employée par l’entreprise transparait à la fois au travers de la mise en place d’iCloud, ou encore de logiciels tels que iMessage, Facetime ou autre, et présage d’une convergence poussée des différentes plateformes qui aboutirait à la création d’un écosystème Apple : c’est là que l’internet des objets pourrait effectivement voir le jour.
Si l’interaction entre appareils et la communication d’informations de façon intuitive, transparente et permanente font partie des enjeux de cette nouvelle ère, quelle place accorder à l’utilisateur dans ce nouvel environnement ?
3.3. Redéfinir les frontières entre l’homme et la machine
Siri. Loin d’être un simple gadget destiné à booster les ventes de l’iPhone 4S, cet assistant personnel marque le début du changement de l’expérience utilisateur.
Le mécanisme est simple et prenant : personnifier l’iPhone pour en faire un conseiller, un objet « intelligent », voire même un compagnon. Siri se place ainsi dans une optique d’optimisation de l’expérience utilisateur. Certes, Siri n’en est qu’à ses débuts et possède encore quelques défauts qui nuisent à son utilisation, mais son potentiel futur est énorme, d’autant plus que son implantation au cœur de tous les systèmes d’exploitation d’Apple ne saurait tarder.
L’entreprise se concentre de la même manière sur la façon dont l’utilisateur interagit avec ses appareils au quotidien : après l’expérience tactile apportée par l’iPhone, les travaux sur la 3D et les lentilles/écrans pourraient encore bouleverser nos habitudes.
Ainsi, il s’avère qu’Apple a fait le choix d’une intégration poussée de l’utilisateur au processus d’interdépendance qui se met en place entre les différents appareils de la firme. Dès lors, communication et uniformisation se conjuguent et se complètent afin d’asseoir les bases solides d’un futur où l’information est omniprésente et disponible à tout moment : la réalité se trouve alors augmentée. Il convient à présent de mettre en évidence les principaux enjeux et autres implications sous-jacentes aux transformations que connaît le monde d’aujourd’hui.
Conclusions et implications
En définitive, il apparaît que la guerre de l’information ne connaît pas d’issue certaine. Si Facebook et Google se livrent une rude concurrence pour le poste de leader du Web Social, notamment grâce à l’intégration de plus en plus poussée de services périphériques à leurs plateformes sociales, Apple est d’ores et déjà engagée sur la voie du Web 3.0.
Cependant, quel que soit le résultat de cet affrontement, de grands changements sont à prévoir : l’information est désormais partout, son intégration à la vie quotidienne est inéluctable. L’adaptation de notre monde, autant sur le plan politique, législatif ou encore économique, s’inscrit dans un processus d’évolution de long terme.

En ce qui concerne la consommation par exemple, la prédominance et l’accessibilité à l’information permettront l’adaptation de la production à la demande, ainsi qu’un pas en avant concernant la publicité ciblée, qui bénéficiera non seulement de plus de précision, mais aussi de l’instantanéité.
De même, la régulation de l’espace internet est à prévoir et des changements drastiques sont à mettre en place pour mieux contrôler les possibilités infinies offertes par le net.
Dresser une liste exhaustive des modifications à venir serait non seulement imprécis, mais surtout impossible en vue de l’ampleur du phénomène.
Néanmoins, une des grandes problématiques reste la relation entre ces leaders  de l’information et les gouvernements. Il convient dès lors de se demander si la puissance acquise par ses firmes sera absorbée, contrôlée voire intégrée aux appareils d’Etat, ou au contraire, l’indépendance relative de ces entreprise sera préservée, au quel cas le Pouvoir se verrait changer de mains. Ainsi, Apple, Google, Facebook, ou tout nouvel entrant sur le marché, peut être considéré comme un architecte du monde de demain, un monde où les frontières terrestres pourraient bien se voir remplacées par des frontières numériques. Après l’ère des nations, place à l’ère de l’information.
 

20 novembre 2011

Goldman Sachs - Les nouveaux maîtres du monde ? (Documentaire)

Par Lucas Armati
Pour http://television.telerama.fr

Comment Goldman Sachs, petite maison de courtage fondée en 1869 par un immigré allemand, est-elle devenue la banque d'affaires la plus puissante du monde ? La première chose que l'on apprend chez Goldman Sachs c'est que l'on ne doit pas parler de Goldman Sachs. Les anciens ont peur, les stagiaires se cachent. Depuis décembre 2006, les banquiers de Goldman Sachs savaient qu'une crise financière se préparait et ont largement tiré profit de cette précieuse information. Les Américains, eux, en ont subi les conséquences et commencent à se réveiller. Ce plongeon au coeur de l'une des plus grandes institutions de Wall Street permet de lever le voile sur les méthodes de la finance mondiale.

Plus les agissements des ban­­ques d'affaires mondia­les sont mis au jour, plus l'ahurissement le dispute à la colère. Mené comme une enquête policière, le do­cu­mentaire Les Nouveaux Maî­tres du monde ne déroge pas à la règle, malgré une cons­truction parfois un peu brouillonne. Son objet d'é­tu­de : la puissante banque d'affaires Goldman Sachs, au­trefois surnommée « la Tor­tue » pour sa prudence, et au­jourd'hui symbole d'un sys­tème amoral, voire illégal. Comment cette mue a-t-elle été rendue possible ?
S'appuyant sur les précieux témoignages de journalistes, politiques, financiers, le réalisateur Jean-Luc Léon revient sur la mise en place et le cynisme des méthodes employées - comme vendre des titres sur l'effondrement desquels on parie parallèlement. Mais le documentaire est le plus percutant quand il s'alarme de la quasi-impossibilité de faire marche arrière. Effectuées hors Bourse, de plus en plus de transactions échappent en effet à tout contrôle. Et l'influence de Goldman Sachs s'avère considérable : les campagnes électorales de nombreux politiques américains sont financées par la banque, alors que ses anciens lieutenants occupent des postes stratégiques, aux Etats-Unis et à l'étranger. Quelle fonction a donc occupée, de 2002 à 2005, Mario Draghi, le tout nouveau président de la BCE ? Vice-président européen d'une banque nommée Goldman Sachs...


Direct Link : ZSDP

EN COMPLEMENT :

Par Ibrahim Warde
août 2010 

pour http://www.monde-diplomatique.fr

Une réforme du système bancaire qui n’effarouche pas Wall Street

Les présidents américains passent, Goldman Sachs demeure

 Le 15 juillet, le Sénat américain a adopté ce qu’il est convenu d’appeler « la plus vaste réforme du secteur financier jamais opérée depuis la Grande Dépression ». La loi, plus modeste que le projet initial, représente un succès politique pour M. Barack Obama. Face à un lobby bancaire affaibli par la crise, ce dernier a su profiter des révélations sur les us et coutumes de Goldman Sachs.

Le jour même où la loi bancaire dite « Dodd-Frank » (du nom des élus démocrates Christopher Dodd et Barney Frank) était adoptée par le Sénat, survenait un autre fait qui s’en est presque trouvé éclipsé : l’accord entre l’agence fédérale censée gendarmer la Bourse, la Securities and Exchange Commission (SEC), et Goldman Sachs. Contre une amende de 550 millions de dollars, la banque d’investissement s’est dégagée d’une plainte pour fraude relative à un produit financier, « Abacus », qui lui avait permis de se prémunir contre la baisse des obligations liées à l’immobilier au moment où elle incitait ses clients à investir sur ce marché... La SEC, longtemps critiquée pour sa passivité, pouvait se targuer d’un coup d’éclat. Et Goldman Sachs a démontré l’étendue de son savoir-faire politique : elle a reconnu des « erreurs » dans la commercialisation du produit — sans que celles-ci remettent en cause l’équipe dirigeante. En somme, la banque d’affaires peut tourner la page. Apparemment importante, l’amende ne constitue que l’équivalent de deux semaines de ses profits. Ou encore 3 % de l’enveloppe des primes qu’elle a distribuées en 2009.

Maquillage des comptes grecs

 

Cette aptitude à jouer avec le pouvoir — ou à se jouer de lui — ne saurait étonner. Depuis le début des années 1990, une carrière politique de premier plan vient logiquement couronner le parcours de tout patron de Goldman Sachs (lire « Amitiés haut placées »). La consanguinité avec le monde politique explique l’implication de la banque dans les grandes manœuvres financières : celle-ci a joué un rôle aussi central qu’ambigu dans l’affaire des subprime et du sauvetage des banques ; elle a aidé la Grèce à maquiller ses comptes, précipitant la crise de l’euro ; elle aurait aussi, en spéculant sur les matières premières, provoqué une hausse artificielle des prix du pétrole. D’autre part, elle a su dégager, bon an mal an, des profits considérables, y compris après l’éclatement des bulles qu’elle a largement contribué à gonfler. Les recettes plantureuses des années grasses n’étonnaient pas. Mais, après l’effondrement du château de cartes et la purge qui a suivi, celles des années maigres ont fini par choquer l’opinion publique, qui s’est interrogée : le malheur des (très nombreuses) victimes de l’éclatement des bulles ferait-il le bonheur de Goldman Sachs ?

Fondée en 1869 par Marcus Goldman, un immigrant juif bavarois bientôt rejoint par son gendre Samuel Sachs, l’entreprise, spécialisée au départ dans le courtage de « papier commercial » (emprunts à court terme émis par des entreprises), reste longtemps tenue à l’écart d’un establishment financier presque entièrement wasp (white anglo-saxon protestant). Durement affectée par la crise de 1929, elle ne connaît son véritable essor qu’après la seconde guerre mondiale ; en 1956, la banque d’investissement joue un rôle crucial lors de l’introduction en Bourse du constructeur automobile Ford. Elle acquiert progressivement une réputation enviable, tant pour son professionnalisme que pour la capacité de travail de ses équipes, très soudées et imprégnées d’une forte culture d’entreprise. Dominée par des financiers à l’ancienne comme Sidney Weinberg ou Gus Levy, elle s’impose peu à peu face à l’establishment traditionnel, jusqu’à s’y fondre.

Goldman Sachs demeure cependant différente de ses concurrentes. La banque est connue pour être méthodique et prudente, et pour ne jamais participer aux opérations de prises d’intérêts « hostiles ». L’une de ses devises — « Se hâter lentement » — lui vaut le surnom de « tortue ». Contrairement à certaines de ses rivales, elle évite les dépenses somptuaires. Pour bien montrer que l’argent ne doit pas être le seul moteur des troupes, ses cadres sont moins payés que ceux de la concurrence, d’où une « frugalité » relative. Une autre de ses devises, « Long-term greedy » (« Avide sur long terme »), lui impose une approche patiente de l’investissement et implique qu’elle sache consentir à des sacrifices financiers, pourvu que ceux-ci lui assurent la fidélité sans faille de ses clients. La culture maison s’exprime dans les célèbres « quatorze commandements ». Le septième affirme justement : « Il n’y a pas de place chez nous pour ceux qui mettent leurs intérêts propres avant ceux de l’entreprise et ceux des clients. » Dans le club très fermé des banques d’affaires, les codes déontologiques et le respect de la parole donnée comptent encore (1).
Tous ces beaux principes sont progressivement mis à mal avec la déréglementation financière des années 1980. Le critère suprême devient celui d’une rentabilité toujours plus grande, qui ne peut s’obtenir qu’au prix de méthodes douteuses : effet de levier (achat spéculatif financé par l’endettement) dangereusement élevé ; détournement des quelques règles qui subsistent ; innovation à tombeau ouvert (2). C’est de cette période que datent la consanguinité avec le pouvoir (même si le discours officiel continue de célébrer le tout-marché), l’internationalisation et la folle course aux profits (3).

Lentement mais sûrement, la « tortue » devient une « pieuvre » qui entend réécrire à son avantage les règles de la finance — lesquelles vont quasiment tout permettre. A l’étranger, des conseillers sont recrutés à prix d’or au sein de l’élite politico-financière pour l’aider à tirer profit de la vague de déréglementation et de privatisations. En France, par exemple, c’est sur M. Jacques Mayoux, inspecteur des finances et auparavant président de la Société générale, directeur général de la Caisse nationale de Crédit agricole et président de Sacilor, que se fixe le choix de la banque. M. Charles de Croisset, inspecteur des finances, ancien président du Crédit commercial de France (CCF), administrateur de Bouygues, de Renault, de LVMH et de Thales, lui succède.

Un autre grand tournant intervient en 1999. Goldman Sachs passe au statut d’entreprise cotée en Bourse (4). Hier société de personnes, en commandite — dont le capital et les bénéfices appartenaient à des associés responsables sur leurs biens propres des risques pris par l’entreprise, dans laquelle ils étaient d’ailleurs tenus de réinvestir l’essentiel de leurs bénéfices —, « la Firme » devient une « société publique » (dont la valeur « établie par le marché » était de 3,6 milliards de dollars), les deux cent vingt et un partenaires de Goldman Sachs, détenteurs de 48 % du capital, empochant en moyenne 63 millions de dollars chacun (5)... C’en est fini de la discipline financière et de l’avidité « sur le long terme ». A l’heure de la financiarisation, le succès se jauge au nombre de dollars générés bilan après bilan. Goldman Sachs arrive en tête des banques de Wall Street pour la rentabilité (13,4 milliards de dollars de résultat net en 2009). Elle étale au grand jour les bonus de ses employés.

Le joueur qui connaît toutes les cartes

 

Dans le casino financier, la banque remplit plusieurs rôles : celui du croupier qui empoche une commission sur toutes les transactions ; celui du conseiller qui, contre espèces sonnantes et trébuchantes, élabore des stratégies et fournit des tuyaux à ses clients — gouvernements, investisseurs institutionnels ou flambeurs invétérés comme les hedge funds (fonds spéculatifs). Ses analystes et ses économistes comptent parmi les plus écoutés de la planète, et leurs déclarations influent souvent sur le cours des choses. Mais, à la table de jeu, Goldman Sachs apparaît surtout comme le joueur qui connaît les cartes de tous les autres : c’est lui qui place leurs paris, en plus des siens...

Le gros des bénéfices de la firme provient en effet du trading sur fonds propres. La banque place ses propres capitaux sur tous les marchés financiers, dans l’immobilier et dans le tour de table de sociétés à fort potentiel. Par ailleurs, depuis l’acquisition de J. Aron & Company en 1981, elle est devenue un poids lourd sur le marché des matières premières et influence de ce fait, sciemment ou non, la santé économique des producteurs comme des consommateurs du monde entier. Ni les affaires liées au marché pétrolier ni celles que réserve le réchauffement climatique (avec la mine d’or des « crédits de carbone ») ne lui échappent (6).
Les conflits d’intérêts sont inhérents à ce supermarché de la finance qui offre toute une palette de services et cherche en permanence à maximiser sa rentabilité. L’affaire Abacus, déclenchée par les courriels indiscrets du trader français Fabrice Tourre (lire « Ces mathématiciens qui font de l’or avec du plomb »), en est un exemple. Goldman Sachs s’est vu accuser par la SEC d’avoir trompé ses clients en leur vendant en 2007 des collateralized debt obligations (CDO), produits dérivés complexes adossés à des crédits immobiliers à risque (subprime), sans les informer qu’elle pariait dans le même temps sur leur chute. D’une part, la banque avait elle-même liquidé son portefeuille de subprime, ce qu’elle était en droit de faire. Mais, surtout, elle avait caché à ses clients qu’elle avait reçu du fonds spéculatif Paulson 15 millions de dollars pour effectuer ce montage. Mieux (ou pis), M. Henry Paulson, le spéculateur lui-même, aurait participé aux côtés des spécialistes de la banque à la sélection des crédits les plus susceptibles de se dégrader.

En d’autres termes, Goldman Sachs, consciente de l’imminence d’une crise des subprime, continuait d’inciter ses clients à parier sur une hausse de l’immobilier tandis que, en association avec un fonds spéculatif, elle misait sur une baisse, ce qui eut pour effet de précipiter la chute de ces titres. Les investisseurs, qui ne se doutaient pas de son double jeu, auraient perdu plus de 1 milliard de dollars dans l’aventure (7). Avant de concéder des « erreurs » et de payer une forte amende, la banque a nié, jugeant la plainte « sans fondement ». Le cas de la Grèce en fournit un autre exemple : l’établissement new-yorkais s’est fait rémunérer comme banquier-conseil du gouvernement de ce pays, tout en spéculant sur sa dette.
D’un point de vue légal, néanmoins, Goldman Sachs avait peut-être raison. Ce qui est immoral n’est pas forcément illégal. Il y a moins d’une vingtaine d’années, lors du scandale des caisses d’épargne, quelque mille cinq cents banquiers avaient purgé des peines de prison sur la base des lois dites anti-racketeering, autrefois mises en place pour combattre la Mafia et le crime organisé. Dorénavant, les banquiers jouissent d’un tout autre statut : un nouveau cadre légal et idéologique prévaut. De nombreuses pratiques (comme l’assurance de dettes connue sous le nom de credit default swaps, ou CDS) échappent à toute réglementation. Le principe du caveat emptor (« acheteur, méfie-toi ») l’emporte. Et Goldman Sachs répète à l’envi qu’elle n’a fait que répondre à la demande de ses clients, lesquels se trouvaient d’ailleurs être des investisseurs chevronnés tenus d’exercer une vérification systématique (due diligence). D’autant que tous les documents légaux contenaient avertissements et réserves d’usage.

Dans le monde de la haute finance, l’opacité résulte souvent d’un excès de transparence. Chaque produit s’accompagne d’une documentation de plusieurs centaines de pages souvent illisibles, que l’on est censé lire et comprendre — ce qui explique pourquoi certains investisseurs se fient aux notes d’agences de notation, lesquelles se trompent souvent. Comme le constate M. Rama Cont, directeur du Centre d’ingénierie financière à l’université Columbia, en évoquant les risques des titres émis par Goldman Sachs et notés AAA (la meilleure note), « l’information est disponible, mais chaque titre subprime est rédigé sur cinquante à soixante pages, et souvent différemment selon les juristes. Il eût fallu mobiliser du personnel adéquat pour éplucher les cinq mille sept cents pages du dérivé de dette Abacus (8) »...

Après avoir longtemps suscité l’admiration, le groupe souffre désormais d’un problème d’image. Au beau milieu d’une crise économique mondiale au déclenchement de laquelle elle a, avec les autres géants de Wall Street, largement contribué, la banque s’est octroyé des bonus jugés « obscènes ». D’autres scandales ou accusations ont surgi, incitant à se demander si, pour elle, la traversée relativement heureuse de la tourmente financière n’était pas due à l’ubiquité de ses anciens. Il est désormais de bon ton, y compris parmi ceux qui avaient bénéficié de ses largesses, de la critiquer. MM. Barack Obama et Gordon Brown, Mme Angela Merkel ont eu des mots relativement durs envers une entreprise qui pourrait un jour leur adresser une offre d’emploi.

L’affaire Goldman Sachs aura néanmoins rendu possible la réforme du système financier des Etats-Unis. La loi Dodd-Frank est assurément claire sur les grands principes : empêcher l’effondrement des grandes institutions financières et leur sauvetage par les contribuables, minimiser la spéculation des banques sur leurs fonds propres, imposer plus de transparence au marché des produits dérivés échangés de gré à gré, et enfin protéger les consommateurs contre les pratiques prédatrices et usuraires. En revanche, ses deux mille trois cents pages paraissent moins satisfaisantes s’agissant de la mise en pratique d’un tel programme. Même si les chiffres de la Chambre de commerce des Etats-Unis sont sans doute exagérés à dessein, la loi Dodd-Frank impliquerait la rédaction par dix agences gouvernementales différentes de cinq cent trente-trois nouvelles régulations, soixante enquêtes et quatre-vingt-quatorze rapports, dans un délai de trois mois à quatre ans...
Le lobby bancaire se battra sur tous ces terrains. Il mise sur la disparition progressive de la rancœur publique envers les institutions financières pour retrouver toute sa liberté d’antan. Là encore, Goldman Sachs saura jouer sa partie.

Ibrahim Warde
Professeur associé à la Fletcher School of Law and Diplomacy (Medford, Massachusetts). Auteur de Propagande impériale & guerre financière contre le terrorisme, Agone - Le Monde diplomatique, Marseille-Paris, 2007. 
(1) Charles D. Ellis, The Partnership : The Making of Goldman Sachs, Penguin Books, New York, 2009.
(2) Cf. Suzanne McGee, Chasing Goldman Sachs : How the Masters of the Universe Melted Wall Street Down... And Why They’ll Take Us to the Brink Again, Crown Business, New York, 2010.
(3) Lire « Les assises du système bancaire ébranlées par la déréglementation », Le Monde diplomatique, janvier 1991.
(4) Lisa Endlich, Goldman Sachs : The Culture of Success, Simon and Schuster - Touchstone, New York, 2000.
(5) Nomi Prins, It Takes a Pillage : Behind the Bailouts, Bonuses and Backroom Deals from Washington to Wall Street, Wiley, Hoboken, 2009.
(6) Matt Taibbi, « The Great American Bubble Machine », Rolling Stone, New York, 5 avril 2010.
(7) Lire « Des Français qui gagnent », Le Monde diplomatique, juillet 2010.
(8) Sylvain Cypel, « Les “conflits d’intérêts” d’Abacus », Le Monde, 4 mai 2010.

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