10 décembre 2009

Aminatou Haidar, l’activiste qui met les Sahraouis au centre du débat européen

par Francesco Raiola (son site) mercredi 9 décembre 2009

Comment définir la “Question sahraouie” ? Personne ne le sait, et pourtant elle est en train de compromettre les rapports diplomatiques entre l’Espagne et le Maroc, à cause de l’activiste du Front Polisario Aminatou Haidar.

Les Sahraouis sont un peuple du Sahara Occidental qui vit dans le désert algérien depuis que le Maroc en a occupé les territoires en 1975. Les relations diplomatiques entre le Maroc et les Sahraouis n’existent pas, ainsi le peuple du Sahara Occidental est reconnu seulement par l’Union Africain, mais pas par l’Onu, qui apparemment évite soigneusement de s’attaquer au problème. Un problème long de 2700 km comme le mur qui sépare les Sahraouis et leur ancienne terre. Un mur plus long que celui de Berlin ou celui de Gaza qui, par contre, pour les « grands » de la terre se perd parmi le sable du désert.
Aminatou Haidar est une activiste qui lutte pour l’indépendance des populations du Sahara Occidental (elle a été candidate en 2005 pour le Prix Sakharov pour la liberté de pensée, en 2008 elle a été aussi candidate pour le Prix Nobel pour la Paix et cette même année elle a gagné le Robert F. Kennedy Human Rights Award), qui depuis trois semaines est en grève de la faim à Lanzarote, où elle a été envoyée après l’expulsion du Maroc. Le motif de l’expulsion étant que Haidar, la « pasionaria » comme elle a été surnommée, avait écrit Sahara Occidental comme lieu de résidence, sur sa fiche d’aéroport, plutôt que Maroc : elle « a refusé sa nationalité » diront les autorités marocaines. L’Espagne, ex colonisateur en terre sahraouie, n’a pas eu d’autre choix que d’affronter le problème et a proposé à l’activiste le passeport espagnol « à titre exceptionnel », que Mme Haidar a refusé, en prétextant que l’Espagne fait le jeux du Maroc.
Après trois semaines de grève, le Première Ministre espagnol M. Zapatero a admis qu’il y avait des problèmes avec l’Etat africain, en ajoutant qu’il « est normal » que certains fois, il y ait des problèmes avec les voisins et que l’intérêt général doit prévaloir. Oui, mais quel est-il cet intérêt général ? Il est forcément différent si on le regarde du côté de l’Espagne ou du Maroc, et encore davantage de celui des Sahraouis… et au centre il y a Mme Haidar, bloquée aux Canaries.
Hier les autorités espagnoles ont pensé à l’alimenter de force, mais après la dernière loi sur l’Autonomie du patient, qui dit que le patient ayant toutes ses facultés mentales peut refuser l’alimentation, ce passage en force s’avère impossible.
Bloquée dans l’aéroport comme une nouvelle Viktor Navorsy, le protagoniste de ‘The Terminal’ interprété par Tom Hanks, elle a réussi, là où la diplomatie a échoué pendant des années : c’est-à-dire porter la cause sahraouie à l’attention du grand public et l’Espagne face à ses propres responsabilités d’ancien colonisateur.
De son côté le Front Polisario (Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro) qui représente le peuple sahraoui, fait savoir que le risque est élevé. Les sahraouis ont toujours lutté sans violence, en demandant un référendum pour l’autodétermination, que le Maroc n’a pas voulu concéder (officiellement ils sont en négociation pour décider d’une date), mais maintenant le Front menace d’abandonner la voie pacifique, si Mme Haidar devait mourir. Le secrétaire et premier Ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Taleb Omar, a soutenu hier que si Mme Haidar mourait les « arguments pour continuer la voie pacifique » seraient caduques. Une affirmation très forte qui risque d’affaiblir la lutte Sahraouie, avec le risque de la faire passer pour un simple mouvement terroriste aux yeux de ceux qui ne connaissent pas leur cause.

9 décembre 2009

Petropolis : Aerial Perspectives on the Alberta Tar Sands


VOIR EN ENTIER sur ARTE +7

http://www.petropolis-film.com/#

Un voyage hypnotique au-dessus de la plus importante réserve de pétrole à ciel ouvert.

Vue du ciel, la Terre est un enchevêtrement de forêts, de rivières et d'affluents à perte de vue. Une nature souveraine au-dessus de laquelle plane la caméra. Soudain, une plongée vertigineuse à la manière d'un oiseau de proie, et nous voilà aux portes de l'enfer : une mine de pétrole à ciel ouvert. De visions d'apocalypse en séquences hypnotiques tournées depuis un hélicoptère, Petropolis adopte le point de vue des oiseaux pour réaliser l'autopsie de cette immense blessure. Violée par l'homme, abusée sans remords, la Terre filmée par Peter Mettler est une bête à l'agonie.

(Canada, 2009, 40mn)
ARTE F
Réalisateur: Peter Mettler

Shot primarily from a helicopter, filmmaker Peter Mettler's "Petropolis: Aerial Perspectives on the Alberta Tar Sands" offers an unparalleled view of the world's largest industrial, capital and energy project.

Canada's tar sands are an oil reserve the size of England. Extracting the crude oil called bitumen from underneath unspoiled wilderness requires a massive industrialized effort with far-reaching impacts on the land, air, water, and climate.

It's an extraordinary spectacle, whose scope can only be understood from far above. In a hypnotic flight of image and sound, one machine's perspective upon the choreography of others, suggests a dehumanized world where petroleum's power is supreme.

Le piège : Afghanistan 1979-2009

par Tiberio Graziani*

Le président Obama vient de choisir l’escalade militaire en Afghanistan où l’OTAN affronte l’insurrection pashtoune, assimilée par la propagande à l’obscurantisme religieux. Ce faisant Washington s’engage dans un nouveau bourbier. L’analyste italien Tiberio Graziani observe ici que le piège afghan, qui avait été créé par les États-Unis en 1979 pour nuire aux Soviétiques, se referme aujourd’hui sur eux.


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Insurgés afghans paradant sur la carcasse d’un hélicoptère soviétique. À l’époque, les moujahidin étaient considérés par Washington comme des « combattants de la liberté », aujourd’hui, ils abattent des hélicoptères de l’OTAN et sont qualifiés de « terroristes taliban ».

1979, l’année de la déstabilisation

Parmi les divers évènements de la politique internationale de l’année 1979, il y en a deux qui sont particulièrement importants à souligner, pour avoir contribué au bouleversement de la géopolitique mondiale basée à l’époque sur la confrontation entre les USA et l’URSS.
Il s’agit de la révolution islamique d’Iran et de l’aventure soviétique en Afghanistan.

Comme on le sait, la prise du pouvoir par l’ayatollah Khomeiny élimina un des piliers fondamentaux sur lesquels reposait l’architecture géopolitique occidentale, édifiée par les États-Unis à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
L’Iran de Reza Pahlavi représentait, dans les relations de pouvoir entre les États-Unis et l’URSS, en particulier au niveau géostratégique, un pion très important dont la disparition poussa le Pentagone et Washington à une révision profonde de leur politique régionale.
En fait, un Iran autonome et hors de contrôle introduisait, sur l’échiquier géopolitique régional, une variable qui compromettait potentiellement toute la cohérence du système bipolaire.
En outre, le nouvel Iran, comme puissance régionale anti-étatsunienne et anti-israélienne, possédait également toutes les caractéristiques (en particulier, l’étendue et la centralité géographiques, ainsi que l’homogénéité politico-religieuse) pour prétendre à l’hégémonie sur une partie au moins du Proche-Orient, en opposition ouverte avec les aspirations analogues et les intérêts d’Ankara, de Tel-Aviv —les deux solides piliers de la stratégie régionale de Washington— et d’Islamabad.

Pour ces raisons, les stratèges de Washington, conformément à leur « géopolitique du chaos » bicentenaire, poussèrent immédiatement l’Irak de Saddam Hussein à déclencher une guerre contre l’Iran.

La déstabilisation de toute la région permettait à Washington et à l’Occident de se donner du temps pour mettre au point une stratégie à long terme, et de « harceler sur ses flancs », en toute tranquillité, l’ours soviétique.

Comme l’a révélé, il y a onze ans, Zbigniew Brzezinski [1], conseiller à la sécurité nationale du président Jimmy Carter, lors d’une interview donnée à l’hebdomadaire français Le Nouvel Observateur [2], la CIA avait pénétré en Afghanistan, en vue de déstabiliser le gouvernement de Kaboul, en juillet 1979 déjà, soit cinq mois avant l’intervention de l’armée soviétique.
La première directive par laquelle Carter autorisait l’action clandestine pour aider secrètement les adversaires du gouvernement pro-soviétique date, en fait, du 3 juillet 1979.

Le même jour, le stratège étatsunien d’origine polonaise écrivit une note au président Carter, dans laquelle il expliquait que sa directive conduirait Moscou à intervenir militairement.
Cela se réalisa parfaitement à la fin de décembre de la même année.

Toujours dans la même interview, Brzezinski rappelle que, lorsque les Soviétiques entrèrent en Afghanistan, il écrivit une autre note à Carter, exprimant l’opinion que les USA avaient finalement l’occasion de donner à l’Union soviétique « sa guerre du Vietnam ».
Le conflit, insoutenable pour Moscou, devait conduire, selon Brzezinski, à l’effondrement de l’empire soviétique.

Le long engagement militaire des Soviétiques en faveur du gouvernement communiste de Kaboul contribua, en effet, à affaiblir encore davantage l’Union soviétique, déjà en proie à une importante crise interne, aussi bien sur le plan politique que socio-économique.

Comme nous le savons aujourd’hui, le retrait des troupes de Moscou du théâtre afghan laissa toute la région dans une situation d’extrême fragilité politique, économique, et surtout géostratégique. En effet, dix ans seulement après la révolution iranienne, la région tout entière avait été complètement déstabilisée au profit exclusif du système occidental. Le déclin, contemporain et inéluctable, de l’Union soviétique, accéléré par son aventure en Afghanistan et, ultérieurement, le démembrement de la Fédération yougoslave (une sorte d’État tampon entre les blocs occidental et soviétique) dans les années 90, ouvrirent la voie à l’expansion des États-Unis —de l’hyper-puissance, selon l’expression du ministre français Hubert Védrine— dans l’espace eurasien.

Succédant au système bipolaire, une nouvelle saison géopolitique allait s’ouvrir : celle du « moment unipolaire ».
Le nouveau système unipolaire aura, toutefois, une vie très courte, qui se terminera —à l’aube du XXIe siècle— avec la réaffirmation de la Russie en tant qu’acteur mondial et l’émergence concomitante, économique et géopolitique, de la Chine et de l’Inde, les deux États-continents de l’Asie.

Les cycles géopolitique de l’Afghanistan

L’Afghanistan, en raison de ses spécificités, relatives, en premier lieu à sa position par rapport à l’espace soviétique (frontières avec les Républiques —à l’époque soviétiques— du Turkménistan, d’Ouzbékistan et du Tadjikistan), à ses caractéristiques géographiques, et aussi à son hétérogénéité ethnique, culturelle et confessionnelle, représentait, aux yeux de Washington, une grande partie de l’ « arc de crise », c’est à dire de cette portion de territoire qui s’étend des frontières sud de l’URSS à l’océan Indien. Le choix, comme piège pour l’Union soviétique, était donc tombé sur l’Afghanistan pour d’évidentes raisons géopolitiques et géostratégiques.

Du point de vue de l’analyse géopolitique, l’Afghanistan représente en fait un excellent exemple d’une zone de crise, où les tensions entre les grandes puissances se manifestent depuis des temps immémoriaux.

Le territoire actuellement dénommé République islamique d’Afghanistan, où le pouvoir politique a toujours été structuré autour de la domination des tribus pachtounes sur les autres groupes ethniques (Tadjiks, Hazaras Ouzbeks, Turkmènes, Baloutches), s’est constitué à la frontière de trois grands dispositifs géopolitiques : l’Empire mongol, le khanat ouzbek et l’Empire perse. Et ce sont les différends entre ces trois entités géopolitiques limitrophes qui détermineront son histoire.

Pendant les XVIIIe et XIXe siècles, lorsque l’État se consolidera en tant que royaume d’Afghanistan, la région deviendra l’objet de différends entre deux autres entités géopolitiques majeures : l’Empire de Russie et la Grande-Bretagne. Dans le cadre du « grand jeu », la Russie, puissance continentale, dans sa poussée vers les mers chaudes (océan Indien), l’Inde et la Chine, se heurte à la puissance maritime britannique, qui tente, à son tour, d’encercler et de pénétrer la masse de l’Eurasie, vers l’est en direction de la Birmanie, de la Chine, du Tibet et du bassin du Yangtze, en s’appuyant sur l’Inde, et vers l’ouest en direction de l’actuel Pakistan, de l’Afghanistan et de l’Iran jusqu’au Caucase, à la mer Noire, à la Mésopotamie et au Golfe Persique.

Dans le système bipolaire, à la fin du XXe siècle, comme on l’a vu plus haut, l’Afghanistan est une fois de plus le théâtre de la compétition entre une puissance maritime, les USA, et une puissance continentale, l’URSS.

Aujourd’hui, après l’invasion étatsunienne de 2001, ce que Brzezinski avait, de façon présomptueuse, appelé le piège afghan des Soviétiques, est devenu le cauchemar et le bourbier des États-Unis.

Tiberio Graziani

Directeur d’Eurasia –Rivista di studi geopolitici– et de la collection Quaderni di geopolitica aux Edizioni all’insegna del Veltro (Parme, Italie). Co-fondateur de l’Istituto Enrico Mattei di Alti Studi per il Vicino e Medio Oriente. Professeur à l’Istituto per il Commercio Estero (placé sous l’autorité du ministère italien des Affaires étrangères)

[1] « La stratégie anti-russe de Zbigniew Brzezinski », par Arthur Lepic, Réseau Voltaire, 22 octobre 2004.

[2] Le Nouvel Observateur, 15-21 janvier 1998, p. 76.

PERMALINK

Les nouveaux visages du journalisme en Chine

mardi 8 décembre 2009, par René Vandergoten

Avec ses fenêtres teintées encastrées dans d’épais murs de marbre blanc, le bunker du China Daily, entre les périphériques trois et quatre de Pékin, n’a rien à envier au blockhaus de News Corp, dans les docks de Londres, où sont installées les rédactions du Times ou du Sun. Mais, dans la forteresse du quotidien chinois, pas d’émulation : le silence est monacal. En costume-cravate, un homme attend dans le hall, un gobelet de thé vert à la main. C’est Gene Wang (son nom est modifié à sa demande), l’un des 230 journalistes du quotidien national anglophone chinois. China Daily tire à 300 000 exemplaires, tandis que son site Internet comptabilise 6 millions de pages vues chaque jour, dont les deux tiers hors de la Chine.

Après neuf ans de métier, ce jeune père de famille de 34 ans est responsable des secteurs stratégiques « énergies » et « environnement ». D’une nature prudente, Gene Wang se méfie des étrangers : « Etes-vous bien sûr que vous êtes venu avec un visa de journaliste ? J’ai les moyens de vérifier. » Et pour cause. Il est dans les petits papiers des autorités. En octobre 2008, il a reçu les félicitations solennelles du ministre de l’industrie et de l’information pour son courage et son dévouement lorsqu’il a couvert le tremblement de terre du Sichuan, puis les Jeux olympiques de Pékin.

Chaque jour, à la cafétéria, dans les couloirs ou à la conférence de rédaction, Gene Wang côtoie près de 70 journalistes et correcteurs anglais, américains ou australiens sans lesquels le journal anglophone n’existerait pas. Pourtant, la cohabitation entre Chinois et Occidentaux est loin d’être harmonieuse. Gene Wang espère qu’à l’avenir, China Daily pourra carrément se passer de leurs services. « Nous n’avons pas besoin d’un Occidental pour montrer comment les Chinois doivent voir leur pays. » Car le contenu de China Daily, comme celui du Quotidien du peuple , est calqué sur la vision du gouvernement. De fait, si les plus anciens laowai (étrangers) du journal adhèrent pleinement à la propagande du Parti communiste chinois (PCC), d’autres n’entrent pas facilement dans le moule, ce qui donne des conférences de rédaction plutôt atypiques. L’un des récalcitrants décrit : « Généralement, les journalistes juniors acceptent mal que leur papier soit mis à la trappe sans explication. Alors, pendant la conférence de rédaction du matin, ils posent des questions. Les chefs, tous chinois, ne donnent aucune explication, et la réunion, censée se tenir en anglais, vire subitement au mandarin. Les jeunes, qui ne maîtrisent pas particulièrement la langue, sont largués. »

A 1 200 euros par mois, avec un logement de fonction, une connexion Internet ultrarapide, des cours particuliers de mandarin et une tolérance pour les piges extérieures, le train de vie d’un journaliste anglophone fraîchement débarqué au China Daily est bien meilleur que celui d’un confrère chinois aguerri. L’emploi du temps n’est pas non plus éreintant : copier-coller des dépêches de Xinhua, l’agence de presse officielle, fluffy stories ou articles de divertissement façon « J’ai testé pour vous la vie nocturne de Sanlitun (la rue de la soif, à Pékin) », puis relecture des principaux papiers rédigés par les camarades chinois, pour s’assurer que l’anglais est parfait.

Peter B., journaliste économique au China Daily, ne compte pas s’éterniser. Agé de seulement 24 ans et originaire de Londres, il a décroché son poste en répondant à une annonce diffusée sur le site Web du quotidien. C’était en juin 2008. « Je sortais d’un stage café-photocopie au Financial Times et je voulais vraiment être à Pékin pendant les Jeux. Depuis Londres, j’ai passé trois entretiens téléphoniques avant d’obtenir le poste. Aujourd’hui, je gère la page boursière... Mais, surtout, j’ai un permis de travail, un bien assez rare en Chine. » Quand son carnet d’adresses sera suffisamment étoffé, Peter envisage de construire une véritable correspondance pour la presse britannique et, pourquoi pas ?, un blog pour raconter son expérience.

Une presse prospère pour entrepreneurs locaux Retour à la table des matières

A une nuit de train au départ de la gare de l’Ouest de Pékin, la presse de Wuhan répond à d’autres règles. Grise, polluée et poussiéreuse, la capitale de la province du Hubei compte une usine d’assemblage pour PSA Peugeot Citroën et un gigantesque campus. Wuhan dispose aussi de six quotidiens régionaux, parmi lesquels le Chu Tian Dushi Bao, lancé en 1997 par le gouvernement local et déjà en tête des ventes avec 1,3 million d’exemplaires distribués chaque jour sur un marché de 10 millions d’habitants. Sa spécialité : l’éloge des entrepreneurs locaux qui ont réussi. Une double page « portrait » leur est ainsi consacrée chaque semaine.

Un rendez-vous avec la rédaction du Chu Tian Dushi Bao a donc été fixé… par l’entremise de M. Wen Jie Yong, un entrepreneur local. Ce fils de paysans devenu patron a délaissé sa cimenterie pour ouvrir, en octobre 2008, un laboratoire de médicaments à Hankou, l’un des trois arrondissements de Wuhan. Le 13 décembre suivant, lui aussi a eu droit à son quart d’heure de gloire : sur deux pages, les journalistes ont rendu hommage à la réactivité de Wen Jie Yong, qui, sentant la crise immobilière se profiler, s’est reconverti dans l’industrie pharmaceutique. De quoi lui garantir une entrée dans le cercle des grands notables de la province, avec l’apparat afférent. Désormais, l’homme ne se déplace jamais en ville sans son chauffeur particulier, au volant d’une Citroën « Triomphe », la limousine des Chinois. Un coup de téléphone a suffi à réunir plusieurs journalistes pour une discussion sur le pouvoir de la presse locale.

Mais seul le départ de Wen Jie Yong va permettre d’achever les palabres avec la rédaction : « Pour notre rubrique consacrée à l’essor économique, chaque patron est présenté par les membres du gouvernement local, dont le siège est à deux pas de la rédaction. » Les deux journalistes insistent sur des salaires confortables, des avantages en nature. « Une bonne planque » pour cet ancien professeur d’anglais ou ce fonctionnaire des impôts.

Les acrobaties de « Nanfang Dushi Bao » Retour à la table des matières

Il faut alors descendre dans le sud de la Chine, s’éloigner au maximum de Pékin, pour appréhender une conception plus libre du métier. Un nouveau train de nuit nous emmène à Canton, 13 millions d’habitants et une réputation d’« atelier du monde » mise à mal par la crise. A la fois toute proche de Hongkong et très loin de Pékin, la presse cantonaise a longtemps joui d’une autonomie éditoriale relative et d’une certaine notoriété auprès des étudiants. C’est le cas du Nanfang Dushi Bao (le quotidien métropolitain de Canton) et du Nanfang Zhou Mo (le journal du week-end de Canton, vendu à 1 300 000 exemplaires), diffusés à l’échelle nationale et d’où sortent les scandales ou l’actualité qui font jaser la blogosphère chinoise et enrager le gouvernement central.

Un rendez-vous est donné à côté du 289, Guangzhou lu, le siège du groupe, avec une dizaine de journalistes du Nanfang Dushi Bao . Une « immersion » dans la rédaction est envisagée, mais sujette à polémique. Depuis l’automne 2008 et le tournage en caméra cachée d’un documentaire pour la télévision japonaise, les journalistes étrangers sont persona non grata. Pourtant, ces salariés sont impatients de parler de leur réalité. Tous sont jeunes, souvent moins de 30 ans, et blogueurs invétérés. Au Nanfang Dushi Bao, le turn-over des journalistes est impressionnant ; les contrats durent trois ans et sont rarement renouvelés. Le métier n’est pas simple : pour l’actualité chaude, les journalistes doivent composer avec Xinhua, l’agence de presse officielle, qui exige la priorité quand bien même le journal aurait obtenu l’information bien avant. Rien ne peut donc être diffusé avant Xinhua.

Pour le reste, les sujets arrivent grâce aux confrères d’autres régions qui ne peuvent se permettre, par exemple, de publier chez eux une enquête sur la corruption du parti local. « Ces échanges de bons procédés fonctionnent dans les deux sens », précise l’un des journalistes. « C’est cette solidarité qui nous permet de continuer de lever des lièvres. » Les scoops proviennent aussi de lecteurs en détresse. C’est alors aux journalistes du Nanfang Dushi Bao de devoir trier parmi des nombreuses informations, souvent délicates, comme le tabassage d’un étudiant par des policiers ou les conditions d’expulsion d’une famille sans histoires. « Une fois vérifiées, nous prenons 10% de ces doléances en considération », résume l’un des journalistes. De temps en temps, la censure s’affiche au grand jour, comme ces courriels collectifs affichés sur un tableau aimanté : « Il ne faut pas interroger les familles de victimes du lait en poudre contaminé à la mélamine » , « Il ne faut pas photographier les enfants hospitalisés à cause du lait et des complications », souvenirs du scandale du lait contaminé…

« Au final, le rédacteur en chef appose sa signature à côté de chaque photo et de chaque texte avant publication. Il ne peut rien laisser passer », explique un journaliste. Son travail ressemble à un savant dosage entre audace et respect des règles édictées par le parti. Les conditions de travail des journalistes en Chine transpirent aussi à travers les pages du Nanfang Zhou Mo. Fin novembre 2008, un dossier de quatre pages était consacré à Fu Hua, un journaliste de 43 ans et ancien juge, aux prises avec la justice. « Un cas d’école ; l’homme réalise une enquête sur un chantier bâclé d’agrandissement de l’aéroport de Long Jia (province de Jilin, dans le nord-est de la Chine). Le chef de chantier, en conflit avec son employeur, fournit au journaliste des informations fracassantes et de l’argent, l’équivalent de 500 euros, pour que l’enquête puisse être menée le plus rapidement possible. Le contremaître sera condamné à sept ans de prison, le journaliste à un an, grâce au soutien de son rédacteur en chef. Faut-il considérer le journaliste comme un criminel ? » écrit le journal. Si personne ici n’a oublié l’arrestation du rédacteur en chef du Nanfang Dushi Bao, Cheng Yizhong, le 1er avril 2004, pour avoir, sans consulter le parti, redistribué une partie des bénéfices du journal à tous les salariés, ils avouent une sincère inquiétude pour d’autres camarades, moins protégés – au moins 31 journalistes chinois et 51 blogueurs sont actuellement derrière les barreaux, selon le rapport annuel 2008 de Reporters sans frontières. Ils évoquent le nom de Zola Zhou [1], un journaliste citoyen respecté par la blogosphère chinoise, qui appelle ouvertement aux dons sur son blog, afin de financer ses propres enquêtes. « C’est comme s’il donnait un bâton pour se faire battre », résume un journaliste qui se fait surnommer Tataking. A 26 ans, ce rédacteur de Nanfang Dushi Bao passe le plus clair de ses journées à ratisser la Toile avant que les censeurs ne la nettoient (ou ne l’« harmonisent »), à la recherche d’informations sensibles, de témoignages laissés sur les forums ou les blogs chinois.

Tian Ren, l’un des quarante photographes du journal, nous explique que les propositions pécuniaires font partie du quotidien. « A Canton, ça construit en permanence, et les accidents de chantier sont quotidiens. Quand on nous appelle parce qu’un bâtiment s’est effondré avec des ouvriers ensevelis, nous sommes sûrs qu’à notre arrivée sur place quelqu’un nous proposera une enveloppe pour ne pas photographier… En général, c’est 200 euros. » Tian Ren refuse tout compromis. Le jeune homme préfère la photo artistique et s’inspire beaucoup de son chef de service et mentor, Fiang Qian Hua, lauréat 2007 du prestigieux Word Press Photo, une récompense qui honore les meilleurs photojournalistes de la planète.

Finalement, une visite du quotidien Nanfang Dushi Bao, de la rédaction et de ses différents desks va pouvoir être programmée, au pas de charge. A l’intérieur, interdiction absolue de photographier. Dans le hall, face à l’ascenseur, un petit communiqué annonce l’arrivée du salarié Liu Ye au sein de la section du Parti communiste du groupe. Au premier étage, nous découvrons le service « société et économie ». Les mains sur le clavier, de tout jeunes journalistes en jeans et baskets rédigent leurs papiers. Face à eux, une quinzaine de correcteurs s’affairent, au crayon de bois, sur le contenu de la prochaine édition. Sur les cloisons qui délimitent chaque bureau, des posters Hello Kitty ou des autocollants humoristiques « Ici vous pouvez entrer sans aucun diplôme » côtoient d’immenses drapeaux de velours rouge. En lettres dorées, on y lit : « Toute la rédaction du Di Yi Cai Jing Ri Bao (le premier quotidien financier) vous est reconnaissante d’avoir défendu notre journaliste dans vos colonnes. » Un autre drapeau, rouge et or, déclame : « Parce que vous avez le courage de dire la vérité, les habitants du village de Xishui, province du Hubei, vous remercient. »

Blogueurs et journalistes : même combat ? Retour à la table des matières

La nouvelle génération de journalistes en Chine baigne dans la culture Web. Ils puisent leurs informations sur les blogs, quand ils ne transmettent pas à leurs auteurs des scoops qu’ils ne peuvent eux-mêmes traiter. Cette proximité entre journalistes de médias contrôlés par l’Etat et blogueurs sulfureux se traduit par des rencontres insoupçonnées. A l’initiative de Wen Yun Chao, blogueur, amateur de hard rock et propriétaire d’un bar à Canton, c’est toute la crème des blogueurs militants chinois qui était attendue à Canton les 25 et 26 avril 2009, autour de Rebecca MacKinnon, ancienne chef du bureau de CNN à Pékin et fondatrice de Global Voices Online, un site qui relaie et traduit les billets citoyens du monde entier.

Wen Yun Chao est devenu un blogueur réputé ce jour de juin 2007 où il a décidé de couvrir en temps réel une manifestation populaire contre la construction d’une usine chimique à Zhangzhou [2]. Tandis que les médias traditionnels avaient pour ordre de boycotter l’événement, Wen a posté sans relâche des centaines de SMS décrivant minute par minute la manifestation [3]. Depuis ce jour, il est considéré comme l’un des spécialistes des sujets brûlants en Chine. Idem pour Zola Zhou, un blogueur de 27 ans qu’il considère comme son petit frère. Le garçon est devenu la coqueluche des médias occidentaux depuis son reportage sur les irréductibles expropriés de Chongqing. Sa photo d’une maison vouée à la démolition et suspendue à un petit lopin de terre rongé par les pelleteuses fera le tour du monde.

René Vandergoten est journaliste indépendant à Pékin.

Notes

[1] Le blog de Zola : www.zuola.com/weblog Invité par la télévision allemande Deutsche Welle en novembre dernier à participer au jury des Bobs ou « Best of Blogs » de l’année, Zola sera finalement interdit de sortie du territoire chinois, malgré l’intervention de l’ambassade d’Allemagne.

[2] Le billet qui rendit Wen Yun Chao célèbre : www.wenyunchao.com

[3] Le site Twitter, qui permet l’envoi de messages courts depuis son téléphone portable, se répand actuellement parmi les journalistes citoyens, ou citizen reporters, de Chine. En août 2008, le blogueur Zola avait décrit son arrestation en direct sur son blog, depuis le siège arrière du véhicule de police.

8 décembre 2009

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