18 février 2012

MSF DES ACTES À LA PAROLE



DL : DF , WU , MF


À l’occasion du 40e anniversaire de Médecins sans frontières, le Dessous des Cartes revient sur l'histoire de l'organisation humanitaire depuis les années 1970. Tandis que la médecine d'urgence et les médias deviennent les outils de l'organisation, le conflit Est-Ouest en révèle à la fois les principes et la vocation, entre secours et témoignage, et lui impose aussi ses premiers dilemmes.



Lectures

Le Photographe - L'Intégrale
Photographies Didier Lefèvre, dessins d'Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier. Dupuis
« Quand un reporter photographe rentre de mission dans un pays en guerre, il ramène des centaines de photos et autant d'anecdotes. Sur ces centaines de photos, quelques dizaines sont tirées, quatre ou cinq sont vendues à la presse, et le reste, sous forme de planches-contact, échoue dans des boîtes. Le photographe, s'il aime raconter, raconte les anecdotes à ses proches. Puis le temps passe, d'autres missions, d'autres photos et d'autres anecdotes chassent les premières, et la mémoire, elle aussi, les met en boîte. Voilà comment s'endorment les histoires. Le nombre de belles histoires au bois dormant est infini. La bande dessinée est un des moyens de les réveiller. J'ai cent raisons d'aimer Didier Lefèvre. L'une d'elles, c'est qu'il est bon photographe. Une autre, c'est qu'il raconte bien les histoires. Dès les premières fois où je l'ai entendu, planches-contact à l'appui, me raconter un de ses reportages, j'ai voulu qu'on fasse un livre tous les deux. La bande dessinée intervient pour faire entendre la voix de Didier, combler les vides entre les photos et raconter ce qui se passe quand Didier, pour une raison ou une autre, n'a pas pu photographier. » Emmanuel Guibert De nombreuses fois primé, "Le Photographe" – la trilogie d'Emmanuel Guibert, Didier Lefèvre et Frédéric Lemercier – a remporté, en juillet 2010, la plus haute distinction étatsunienne en tant que meilleure édition américaine d'une œuvre internationale (Eisner Awards 2010).
Médecins sans frontières - La biographie
Anne Vallaeys Fayard
Voici la première « biographie » de Médecins sans frontières, la plus célèbre des ONG françaises, couronnée par le prix Nobel de la paix en 1999. Trois ans durant, Anne Vallaeys s'est plongée dans les archives de cette association iconoclaste. Du Biafra à l'Afghanistan, du Cambodge au Rwanda, de l'Ethiopie à la Bosnie, l'auteur nous fait revivre les aventures de ces femmes et de ces hommes d'exception – infirmières, logisticiens et médecins volontaires –, à travers des centaines de récits, de reportages, de portraits et d'entretiens. Révoltés par l'inertie des institutions internationales dans les années 1970, une poignée de médecins et de journalistes du magazine médical Tonus décident d'intervenir dans les drames de la guerre froide. Se moquant des considérations politiques, ils partent soigner les victimes des combats sans distinction. Leur implication ne se limite pas aux strictes actions médicales, bien au contraire, elle va de pair avec leur rôle de témoins engagés face aux atrocités auxquelles ils sont confrontés sur le terrain. C'est l'une des singularités des MSF : témoigner est un acte politique. Mais comment utiliser les médias sans verser dans l'étalage égotiste et le politiquement correct ? L'opinion publique les suivra : MSF réunit aujourd'hui un million de donateurs privés. Contre les risques de bureaucratisation, MSF privilégie l'action et ne craint pas de se remettre en question. Souvent le débat interne fait rage. Comme leurs leaders successifs, Bernard Kouchner, Francis Charhon, Xavier Emmanuelli, Claude Malhuret, Rony Brauman, Philippe Biberson et l'actuel président, Jean-Hervé Bradol, les générations MSF ne se sont jamais rendues aux arguments et au cynisme de la politique internationale. Anne Vallaeys expose ce qu'est la médecine d'urgence, dévoilant les trésors d'inventivité que les praticiens sanitaires de l'extrême développent dans des situations que l'université ne leur a guère permis d'appréhender. Dans des contextes toujours critiques, contre le mépris des pouvoirs et des intérêts en place, il n'est pas rare que le doute assaille ces acteurs anonymes. Ce document est aussi un vibrant hommage rendu à ceux qui, jour après jour, le plus souvent dans l'horreur, construisent MSF, la grande histoire humaine du siècle.
L'aventure humanitaire
Jean-Christophe Rufin Gallimard
À l'histoire du malheur des hommes – guerres, catastrophes, épidémies, famines – répond la longue aventure de ceux qui tentent de les secourir : Vincent de Paul et ses œuvres de charité, Henri Dunant et la Croix-Rouge, Albert Schweitzer et la médecine coloniale, l'Organisation des Nations unies, les Médecins sans frontières... À chaque époque, de nouveaux drames, mais aussi des formes spécifiques de l'action humanitaire : secours d'urgence, aide au développement, assistance aux réfugiés. En restituant à l'aventure humanitaire sa perspective historique et politique, Jean-Christophe Rufin nous donne la meilleure clef de compréhension d'un univers à la fois très médiatique et très mal connu.
Dans l'œil des autres - Perception de l'action humaine et de MSF
Caroline Abu-Sada et autres auteurs Antipodes
Médecins sans frontières ? Un organisme basé en Arabie saoudite et financé par une œuvre de charité musulmane ? Une compagnie privée chinoise ? Une organisation exigeant le port d'une arme pour pénétrer dans ses structures médicales ? Telles sont certaines des réponses recueillies lors d'une étude lancée par Médecins sans frontières Suisse pour mieux comprendre la manière dont son travail et ses principes – neutralité, impartialité, indépendance – sont perçus par les travailleurs humanitaires ainsi que par les populations fréquentant de près ou de loin ses projets. Dans un monde "post-Septembre 2001", qui voit une redéfinition des rapports de force dans le monde ainsi que l'émergence de nouveaux acteurs contestant les fondements de l'action humanitaire ou son utilisation à des fins militaires, il a semblé important pour l'organisation, forte de quarante ans d'expérience, de mener une recherche d'envergure sur la perception qu'en a le public et de partager ces résultats, afin d'offrir quelques clés de compréhension, autant pour les travailleurs humanitaires que pour des personnes désireuses de saisir les enjeux cruciaux en cette première partie du XXIe siècle. Aux résultats de cette recherche s'ajoutent des articles écrits par des chercheurs, étudiants, humanitaires, qui explorent les diverses facettes de l'action humanitaire d'aujourd'hui. Caroline Abu-Sada est coordinatrice de l'Unité de recherche de MSF Suisse.

Agenda

L'AUTRE, DE LA SCIENCE À LA FICTION
Musée du Quai Branly Jusqu'au 28 février 2012 et au-delà
« Les rendez-vous de l’hiver au salon de lecture du Musée du Quai Branly sont une invitation à exprimer perceptions et réactions suscitées par l’exposition actuelle : "Exhibitions, L’invention du sauvage." Des visites-rencontres avec des personnalités, écrivains, historiens ou artistes permettent de découvrir l’exposition puis à débattre. Des tables rondes explorent la mise en scène de l’autre, depuis les cabinets de curiosité jusqu’aux représentations culturelles contemporaines, cinéma, bande dessinée, arts plastiques. De nombreuses questions sont en jeu dans ces manifestations : comment aiguiser notre regard face aux images ? De qui sommes-nous le "sauvage" ? Qui est l’autre aujourd’hui ? De qui sommes-nous l’autre ? » À venir : • Les frontières de l’humain au cinéma ; • Retours au pays, témoignages et récits dans la bande dessinée ; • Le sauvage et le préhistorique. Au printemps 2012, d’autres manifestations autour de l’exposition "Exhibitions" auront lieu sur les héritages, notamment dans la photographie et l’art contemporain. Soucieux de théoriser le mouvement animal, le physiologiste Etienne Jules Marey (1830-1904) s’empare, à mi chemin de sa vie, des outils photographiques ; il poursuit, à l’instar de Claude Bernard, le développement d’une rigoureuse méthode expérimentale. Celle-ci se révélera pleine de risques. Une question reste posée : la photographie fut-elle la conséquence ou la cause d’une logique d’éloignement du sujet, voire de sa négation, mise en œuvre par l’homme de science ? Une conférence en ligne de Monique Sicard, chercheur au CNRS, intitulée "ETIENNE JULES MAREY ET LE BESTIAIRE ENCHANTÉ" est proposée par le musée sur la même page : www.quaibranly.fr/fr/programmation/les-rendez-vous-du-salon-de-lecture/lautre-de-la-science-a-la-fiction-zoom-autour-de-lexposition-exhibitions-linvention-du-sauvage.html Signalons que le Dessous des Cartes diffusera prochainement deux sujets autour de l'exposition du Quai Branly.

Nanotechnologies : la révolution invisible



DL : DF , BF , WU

Pour http://videos.arte.tv

Dans le secteur médical, après seulement une quinzaine d'années de recherches, les premiers produits "nano" font leur apparition. Certains sont déjà commercialisés, d'autres en phase d'essais cliniques. Il s'agit de nouveaux systèmes de diagnostic dont la précision et la simplicité permettent le développement d'une médecine plus préventive et personnalisée. Mais aussi d'une amélioration spectaculaire de l'efficacité de nombreux traitements contre le cancer ou les maladies cardiovasculaires par la possibilité de cibler exclusivement les cellules malades.
Ces avancées, porteuses d'espoirs considérables, vont aussi, sans doute, nous confronter à des situations et des questions inédites. Selon certains, les pouvoirs des nanotechnologies pourraient aller jusqu'à permettre l'émergence d'un homme nouveau aux "performances améliorées", un cyborg bardé d'implants électroniques directement connectés à son système nerveux. Cauchemar ou réalité future ?

(France, 2011, 52mn)
ARTE F

Conflits d’intérêts à l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire

Par Ceri (son site) 
jeudi 16 février 2012
pour  http://www.agoravox.fr


Le Corporate Europe Observatory a publié récemment (avec Earth open Source) un rapport sur les conflits d’intérêts qui règnent depuis des années au sein de l’EFSA (Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire). Où l’on comprend mieux pourquoi nos aliments sont gorgés de pesticides, et pourquoi l’EFSA considère -par exemple- que les OGM ne sont pas dangereux.
La mission de l’EFSA, fondée en 2002, est donc d’informer les politiques pour qu’ils prennent des décisions intelligentes, mais aussi d’informer le public et les autorités sur les « risques associés à la chaîne alimentaire humaine et animale ». En principe, elle doit être indépendante et transparente.

Le problème de l’évaluation

 

Pour vendre des produits alimentaires en Europe, les entreprises doivent demander une autorisation à l’EFSA, qui évalue les risques et donne ou pas son accord.
Les dossiers soumis à l’EFSA tiennent souvent en des milliers de pages et sont protégées par le secret commercial invoqué par les multinationales de l’alimentaire. Des études indépendantes et/ou critiques sont donc impossibles à réaliser. Et bien sûr, les études menées par l’industrie concluent toujours qu’il n’y a pas de risques, quitte à biaiser les résultats comme on a pu le voir avec l’amiante, le tabac, les téléphones portables, les OGM[1], les pesticides, l’aspartame ou encore le bisphénol A (BPA) contenu dans de nombreux emballages.
L’EFSA n’a pas les moyens de commander des études contradictoires, et de fait c’est au consommateur de prouver les risques. Car même quand des études indépendantes existent, l’EFSA n’en tient pas compte (ou ne sait même pas qu’elles existent) et continue à se baser seulement sur les études industrielles. Et encore, ces études indépendantes sont menées après la commercialisation, puisque avant les chercheurs n’ont accès à aucune donnée sur les produits.
Il semblerait également que l’EFSA soit fortement influencée par les industriels lorsqu’elle évalue les risques, comme c’est le cas pour les OGM.
C’est ainsi que l’EFSA continue à envisager les choses sous l’angle de la DJA, la dose journalière admissible pour chaque produit. Or, il est démontré que la DJA ne correspond à rien et n’est certainement pas une mesure scientifique. L’EFSA tient compte de la dose maximale avec laquelle « on » ne constate pas d’effet, mais les études indépendantes estiment que cette dose est surévaluée, et que des problèmes peuvent survenir à des doses moindres que celles fixées par l’EFSA et le codex alimentarius. Finalement, encore une fois, l’EFSA se base sur les délires des industriels.
Les pesticides, l’aspartame, le bisphénol A, les OGM etc. sont évalués selon le critère de la DJA. Le cas du glyphosate est révélateur : cette substance est l’ingrédient principal du pesticide Roundup de Monsanto, et a été mis sur le marché en 2002 malgré des centaines d’études indépendantes qui en pointaient les risques. Si de son côté, Monsanto a voulu faire multiplier par 150 la DJA de glyphosate Transparency-under-the-carpetque les consommateurs ingéreront quotidiennement, l’EFSA, elle, regarde ailleurs et dit OK. Ainsi, on aura droit, par exemple, à 10mg de glyphosate par kilo de lentilles.
En janvier 2012, suite à la demande de Monsanto, l’EFSA a donc permis l’augmentation de 100 à 150 fois de la quantité de glyphosate contenue dans les lentilles, malgré que ce seuil soit six fois supérieur à celui auquel les humains n’ont aucun problème.
Mais, c’est du l’air du temps, semble-t-il, puisque l’UE a décidé de relever de 200 fois la limite maximale de glyphosate dans le soja. Rappelons que le soja transgénique est censé résister aux pesticides comme le Roundup. On est donc passé de 0,1 milligramme par kilo à 20 mg par kilo
Selon le CEO, l’EFSA, qui suit à la lettre les recommandations de l’industrie, estime que la DJA maximale pour le glyphosate est de 0,3 mg par kilo de poids corporel. Ensuite, elle divise ce seuil par deux et considère qu’on est en sécurité. Pas de chance, un rapport rédigé par des scientifiques internationaux montre que la DJA devrait être au moins 12 fois inférieure, soit 0,025 mg par kilo de masse corporelle et par jour.
Les études menées par l’industrie ont en effet cette particularité de ne porter que sur des périodes de tests très courtes, qui ne permettent pas de voir les conséquences à moyen et long terme.
Dans le cas du glyphosate, autorisé avant la mise en place de l’EFSA par un groupe de protection des consommateurs allemands et des experts de la commission, lesdits experts se sont uniquement basés sur les études de l’industrie.
Pour le bisphénol A (BPA), utilisé dans la fabrication de plastiques rigides et de certains revêtements (type cannettes, plombages dentaires…), et qui est connu pour impliquer des perturbations du système endocrinien (avec risques de cancers, malformations congénitales, maladies cardiaques, troubles de la thyroïde ou du système nerveux même à très faibles doses), l’EFSA n’a rien remarqué de suspect. L’EFSA n’a tenu compte d’aucune des centaines d’études indépendantes montrant qu’il y avait de gros risques pour la santé. Non, l’EFSA a seulement retenu deux études industrielles qui concluaient qu’il n’y avait aucun risque.
Selon le Réseau Environnement Santé, 96% des 193 études portant sur le BPA ont conclu à des effets inquiétants sur la santé. Et dans 31 études, les effets ont été observés à des doses inférieures à la DJA admise. André Cicolella, porte-parole du Réseau Environnement Santé et toxicologue à l'INERIS (l'Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques), explique : « La DJA actuelle soutenue par l'EFSA est de 50 microgrammes / kg / jour. Mais une étude chez la souris a montré des modifications précancéreuses dans les glandes mammaires à seulement 0,025 microgrammes / kg / jour118. C'est 2000 fois inférieur à la DJA actuelle. (…) Donc, en prenant en compte la marge de sécurité courante, Cicolella estime : « La DJA ne devrait pas dépasser 25 picogrammes / kg / jour – ce qui est 2 millions de fois inférieure à la DJA actuelle. Ceci justifie clairement une interdiction ». »
Sur 69 études concernant le BPA chez l’homme, 67 ont détecté des effets négatifs.
Comme par hasard, plusieurs membres du groupe d’experts sur les additifs alimentaires, qui ont rendu des avis positifs sur ce produit, sont liés avec l’industrie et/ou avec l’ILSI.
Puis en septembre 2011 l’Autorité Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (ANSES), publie deux rapports sur le BPA, qui concluent aux effets nocifs prouvés chez l’animal et suspectés chez l’homme même à des niveaux inférieurs aux DJA admises par l’EFSA. Finalement, le BPA sera interdit dans les contenants alimentaires dès 2014. Car les rapports concluent qu’il ne faut pas exposer les nourrissons, les jeunes enfants et les femmes enceintes au BPA. Evidemment, l’EFSA a répondu que c’était faux et qu’il n’y a aucun risque. C’est le groupe chargé des emballages alimentaires qui a répondu, et comme d’habitude des experts étaient très liés à l’ILSI, comme Roland Franz[2] ou Laurence Château[3].
Dans le cas de l’aspartame, un édulcorant artificiel des plus courants (présent dans 6.000 produits alimentaires et 500 médicaments), l’EFSA a fixé la DJA en sa basant sur quatre études industrielles datant des années 70. L’EFSA a même précisé en 2011 au parlement européen qu’elle ‘n’avait jamais eu les fameuses études sous les yeux !
Depuis, plusieurs études menées à grande échelle sur des rats et des souris ont montré que l’aspartame cause le cancer, mais l’EFSA est restée sur sa position des années 70 : elle écrivait encore début 2012 que « À la suite d’évaluations approfondies de sa sécurité, l’aspartame a été considéré sûr pour la consommation humaine et est autorisé depuis de nombreuses années dans de nombreux pays » et que le groupe d’experts chargé des additifs alimentaires a « conclu qu’il n’y avait pas de motif de réviser la DJA précédemment établie pour l’aspartame de 40 mg/kg pc/jour  ».
Elle a réitéré ces propos en 2009 : après une nouvelle étude indépendante à charge contre l’aspartame : « il n'y avait aucune indication que l’aspartame présente un risque en matière de génotoxicité ou de carcinogénicité et, par conséquent, aucune raison de réviser la dose journalière acceptable (DJA) précédemment établie pour l'aspartame, à savoir 40 mg/kg pc/jour ».
En 2006 et 2007, le Dr Morando Soffritti a publié les résultats de son étude sur les rats, dans laquelle il a observé les effets de l’aspartame sur toute la durée de vie des rats et pas seulement sur les deux premiers tiers de leur vie comme le recommande l’OCDE. Et il conclut qu’il est urgent de réévaluer les règles sur la consommation de ce produit. Bien sûr, l’EFSA a rejeté cette étude car elle n’est pas conforme aux normes OCDE ni aux normes des labos industriels.
 Soffritti a ensuite testé l’aspartame sur des souris, depuis le stade fœtal jusqu’à la mort, et a observé que le risque de cancer augmentait quand l’exposition à l’aspartame avait commencé lors de la gestation. Cette étude a également été rejetée par l’EFSA, pour les mêmes raisons, et aussi parce que les cancers ont pu apparaître spontanément. Pour étayer ces propos, l’EFSA cite cinq études : l’une résumant les conclusions d’un groupe de travail de l’ILSI, une autre financée par Rhône Poulenc, une autre signée par Alan Boobis, un collaborateur de l’ILSI, un article de l’ILSI et un autre financé par Dox Agro Sciences. En outre, on a appris que pour l’aspartame non plus, l’industrie n’a pas les études industrielles en sa possession.
Enfin, les règles fixées par l’EFSA en matière d’évaluation des risques sont suffisamment laxistes pour que l’industrie ait une marge de manœuvre. Le COE explique même que certaines lignes directrices de l’EFSA « ont été critiquées comme étant biaisées en faveur des intérêts de l’industrie au détriment de la santé publique  ».
Par exemple, le nouveau règlement sur les pesticides de 2009 précise que les recherches indépendantes doivent être prises en compte, mais en 2011 l’EFSA autorise les industriels à ne pas les prendre en compte.
L’EFSA a aussi indiqué aux industriels qu’ils pouvaient se baser sur un machin appelé l’échelle de Klimisch, et qui estime que les études réalisées selon les standards des labos industriels sont plus fiables que les études indépendantes. Le Pesticide Action Network a demandé à ce que l’EFSA communique les noms des experts ayant poussé à cette superbe idée, mais l’EFSA, après avoir refusé de donner les pièces deux fois de suite, a finalement envoyé une liste censurée : tous les noms étaient noircis.

Conflits d’intérêts flagrants

 

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Depuis des années, des associations citoyennes dénoncent la proximité entre les experts de l’EFSA et le lobby industriel. Friends of Europe a publié un rapport en 2004 portant sur les experts du groupe OGM de l’EFSA. Le rapport pointait les liens entre ces experts et l’industrie, même si certains avaient omis de déclarer ces liens. 11 autres études ont suivi, d’après le CEO.
Elles expliquaient pêle mêle que « Le chef du secrétariat du groupe d’experts OGM de l’EFSA devient lobbyiste pour Syngenta », que « Onze des 20 experts du groupe d’experts sur les additifs alimentaires présentent un conflit d’intérêts, selon la définition OCDE. Quatre membres du groupe d’experts n’avaient pas déclaré leur collaboration active avec ILSI Europe », que « deux des 5 experts nouvellement appointés en juillet se sont révélés en violation des règles internes de l’EFSA pour n’avoir pas déclaré leurs activités de consultants auprès de l’ILSI », que « le président du groupe d’experts NDA, Albert Flynn, présentait un conflit d’intérêts avec l’entreprise Kraft Foods », que « douze des 21 experts du groupe d’experts OGM présentaient des conflits d’intérêts, selon la définition de l’OCDE », ou évoquaient le conflit d’intérêts de la présidente de l’EFSA..
Mais rien ne se passe.
Le Corporate Europe Observatory rappelle que de nombreux membres des groupes d’experts sur les OGM, les additifs alimentaires ou les pesticides ont eu des conflits d’intérêts, par exemple en étant proches de l’International Life Sciences Institute (ILSI), le lobby industriel[4].
Un président de groupe de travail de l’ILSI, Kevin Glenn, également employé de Monsanto, a déclaré en 2006 que l’ILSI avait eu un impact déterminant sur l’EFSA, via un rapport concernant le codex alimentarius, censé fixer les normes alimentaires internationales.
Les liens sont tellement étroits entre l’ILSI et l’EFSA, que les deux organisent des conférences conjointes. Ainsi, en novembre 2005, l’EFSA et l’OMS ont organisé une conférence « avec le soutien de l’Institut International des Sciences de la Vie » au sujet de l’évaluation des risques concernant les substances qui endommagent l’ADN et causent le cancer. Des groupes de travail conjoints sont également organisés, avec des experts venus de l’ILSI et de l’EFSA.

L’EFSA est indépendante des autorités européennes, et elle fait un peu ce qu’elle veut. Seul le Parlement européen peut remettre en cause une partie du financement de l‘EFSA. Et bien sûr, on a oublié de mettre en place des règles strictes pour empêcher les conflits d’intérêts.
L’EFSA est dirigée par un conseil d‘administration qui doit en principe être nommé conjointement par les Etats membres de l’UE et le Parlement européen. En réalité, souligne le CEO, « les membres sont choisis dans une liste restreinte de candidats établie par la Commission européenne à la suite d’un appel public à manifestation d’intérêt ». En outre, quatre des 14 membres du CA doivent « avoir une expérience au sein d’organisations représentant les intérêts des consommateurs et d’autres intérêts dans la chaîne alimentaire », ce qui n’est pas le cas puisque selon l’EFSA elle-même, deux de ces quatre experts viennent de l’industrie.
Il s‘agit de Matthias Horst, qui est directeur de la fédération allemande des boissons et de l’alimentaire, et de Piet Vanthemsche, qui polyp_cartoon_GMO_Pusherdirige le syndicat flamand des agriculteurs industriels, occupe un poste de direction dans l'Agri Investment Fund, et détient des parts dans 19 entreprises liées à l'agro-industrie[5].
C’est le CA qui nomme les experts membres de la dizaine de groupe d’experts de l’EFSA. Lesdits experts ne sont pas rémunérés, juste défrayés[6].
Le CEO pointe le conflit d’intérêts de l’un des membres du conseil d’administration de l’EFSA, Diana Banati, qui a aussi siégé au conseil d’administration de l’ILSI, dont elle a démissionné suite à la polémique sur ses liens avec l’industrie. Apparemment, la dénommée Banati avait omis de mentionner ce conflit d’intérêt dans sa déclaration d’avril 2010. Mais elle l’avait précisé en 2006[7] quand elle a pris ses fonctions, ce qui n’a pas empêché l’EFSA de la recruter. Elle a démissionné à la suite du mini scandale qu’a provoqué la nouvelle de cette ambivalence.
Milan Kovac, autre membre du conseil d‘administration de l’EFSA, était également membre du conseil d‘administration de l’ILSI de 2001 à juillet 2011, ainsi que Jiri Ruprich, émanation de l’Institut Danone.
En 2008, l’EFSA a mis en place un groupe de travail qui devait permettre la mise sur le marché de substances chimiques toxiques, sans réaliser de tests toxicologiques préalables, ni même après d’ailleurs. Ledit groupe de travail était en outre infiltré par les industriels : la seule membre du groupe en question était une toxicologue de l’EFSA qui était également consultante pour l’industrie alimentaire, membre de l’ILSI.
Cette infiltration de l’industrie est très importante pour qu’on ne mette pas en place de mesures de précaution qui feraient perdre de l’argent à court terme.
On a parlé des dirigeants de l’EFSA, mais les « experts » sont aussi proches de l’industrie. En 2011, le COE publiait un rapport sur lesdits experts, et avait compté qu’onze d’entre eux étaient liés à l’industrie alimentaire. Le groupe consacré aux additifs alimentaires comptait 11 membres sur 20 ayant un conflit d’intérêts, selon la définition de l’OCDE. Quatre d’entre eux avaient oublié de mentionner leur collaboration avec l’IFSI[8], dont le président et le rapporteur du groupe.
Voici la liste de quelques uns des membres de ce groupe d’experts ayant des conflits d’intérêt (c’est un résumé, le détail est à la fin du rapport) :
 - Celle qui est aujourd’hui présidente mais était alors vice présidente de ce groupe d’experts, Ivonne Rietjens, a reçu de l’argent pour son laboratoire de la part de Nestlé depuis 2005, ainsi que de l’Organisation Internationale du Goût (IOFI) depuis 2010. Elle a aussi été membre de la discrète FEMA (Flavour Extract Manufacturers Association, dont Coca Cola et Pepsi sont des membres très actifs), et a travaillé avec l’ILSI pour redéfinir les procédures d’évaluation du risque pour la nourriture et les produits chimiques.
 - Son compatriote néerlandais, le rapporteur du groupe Gerrit Speijers, a été consultant pour Danone depuis 2007, et pour Pepsi Co International depuis 2010, et il a aussi travaillé pendant quelque temps avec l’ILSI Europe.
 - L’autrichien Jürgen Köning, qui a été consultant pour Danone depuis 2007, et son laboratoire a été financé par le lobby de l’industrie alimentaire autrichien de 2007 à 2011.
 - Paul Tobback (Belgique) a été membre du comité scientifique du lobby industriel belge depuis 2001, et a été consultant pour la chaîne de supermarchés Carrefour.
  - L’Irlandaise Iona Pratt, en plus d’avoir elle aussi travaillé avec l’ILSI, a , selon le CEO « Elle est en plus parfois rémunérée directement par des sociétés pour évaluer leurs produits, à la demande de l'Autorité Irlandaise de Sécurité des Aliments (FSAI) ». 
 - L'homme d'affaires britannique John Gilbert et le scientifique français Jean-Charles Leblanc ont tous les deux été conseillers de l'ILSI jusqu'en 2009, et J. Gilbert a travaillé pour l'ILSI pendant 15 ans.
  - La professeure de toxicologie Dominique Parent-Massin a travaillé comme consultante pour Coca-cola en 2009, ainsi que pour Ajinomoto, le plus grand fabricant d'aspartame au monde, de 2005 à 2008. En mars 2011, elle a déclaré des "liens financiers avec Ajinomoto qui ont été considérés comme un conflit d'intérêts par l'EFSA. Elle a également été consultante pour un cabinet de conseil qui ne divulgue pas le nom de ses clients, toujours selon le CEO.
Quand une partie des experts a été renouvelée en 2011, le scénario s’est répété : 2 des 5 nouveaux experts, Riccardo Crebelli et Ursula Gundert-Remy, ont encore oublié de faire référence à leurs jobs de consultants pour l’ILSI.
Ce n’est pas vraiment mieux du côté du groupe d’experts qui planche sur les OGM, puisque 12 des 21 membres sont proches de patent_cornl’industrie, essentiellement l’industrie pharmaceutique, et cinq ont ou ont eu des liens avec l’ILSI.
Par exemple (cette liste n’est pas exhaustive) :
 - le président Harry Kuiper, au sujet duquel le CEO explique qu’il a « joué un rôle actif dans l'ILSI pendant au moins une décennie. Depuis environ 2001, il a été un membre important du groupe de travail sur les biotechnologies mis en place par le Comité international des biotechnologies alimentaires de lILSI et a été impliqué avec l'ILSI jusqu'en 2010. Le groupe de travail de l'ILSI était dirigé par un employé de Monsanto et comprenait des employés de Cargill, Bayer et Syngenta. Kuiper est président du groupe d‟experts sur les OGM de l'EFSA depuis 2003.
Mais Kuiper a changé sa déclaration d'intérêt de l’EFSA pour en exclure ses connexions avec l’ILSI les plus récentes. Dans sa Déclaration de 2010 (avant que les critiques sur les liens EFSA-ILSI ne s’amplifient), il déclarait un lien d’intérêt avec l‟ILSI de 2000 à « maintenant », en tant qu’« expert indépendant » sur les aliments OGM. Mais dans sa déclaration d'intérêt de 2011, Kuiper déclare que son implication la plus récente avec l'ILSI datait de 2005 ! ».
 - Joe Perry, était un ancien vice président du groupe sur les OGM, et a été rémunéré par un sous traitant de BASF, Bayer, Monsanto et Syngenta. Jusqu’à 2006, Perry était chercheur dans le domaine des OGM pour un institut privé sponsorisé par Syngenta, Bayer, DuPont et Dow AgroSciences.
 - Jeremy Sweet, également ex vice president du groupe sur les OGM, a reçu des financements de la part de Monsanto, Bayer et BASF in 2006. Il a aussi fait des séminaires au Japon et en Corée pour l’ILSI. Depuis 1995, il est membre de British Crop Protection Association, un lobby de l’industrie des biotechnologies lié aux fabricants de graines BASF, Bayer CropScience, Dow, DuPont, Monsanto, Nufarm et Syngenta.
 - Joachim Schiemann, membre du groupe OGM, est aussi membre du Public Research and Regulation Initiative (PRRI), un groupe de pression industriel qui cherche à assouplir la législation sur la protection de l’environnement. Il a été viré de l’EFSA quelques jours après avoir publié un texte sur la résistance des marqueurs génétiques aux antibiotiques.
 - Jean-Michel Wal a reçu des financements de Nestlé, et a fait partie d’un groupe de travail de l’ILSI depuis 2002. Il a également publié des articles scientifiques conjointement avec des employés de l’industrie alimentaire et des biotechnologies, dont Nestlé et Unilever. Il était aussi membre de l’Institut Français pour la Nutrition (IFN[9]).
 - Detlef Bartsch était consultant pour Monsanto. En 202, il est apparu dans une pub pour l’industrie des biotechnologies, et a aussi rédigé un article avec des employés de Monsanto, Dupont, Syngenta, BASF avec ses collègues du groupe d’experts OGM Schiemann et Sweet.
 - Jozsef Kiss a vu son laboratoire financé par le producteur de semences OGM Pioneer Hi-Bred, dans le but tester l’impact environnemental du maïs OGM. La même boîte a aussi passé plusieurs contrats avec des membres de l’institut de Kiss de 2006 à 2009.
 - Patrick du Jardin a été un consultant rémunéré pour Monsanto en 2006. En novembre 2007, il rédige une lettre ouverte au commissaire européen à l’Environnement pour défendre l’industrie des biotechnologies. Durant les dix dernières années, il a mené des recherché sur les plantes OGM ayant des gènes résistants aux antibiotiques, similaires à ceux qu’utilisent BASF pour les pommes de terre Amflora.
 - Howard Davies est un chercheur sur les pommes de terre OGM, et son institut a été finance par Monsanto pour introduire les pommes de terre OGM au Kenya. Il a aussi eu des contrats externes avec BASF et Bayer et a fait des conférences pour l’ILSI.
Comme par hasard, tous ces experts se sont montrés favorables à l’introduction de moult produits OGM, comme les pommes de terre Amflora[10] de BASF ou divers maïs de Monsanto. A tel point qu’ils ont même plagié des textes des industriels de l’OGM. D’ailleurs ogml’histoire de ce plagiat est intéressante : le texte a été pompé en fait à Entransfood, un groupe de recherche mis en place par la commission européenne entre 2000 et 2003 (qui a coûté plus de 8 millions d’euros aux contribuables), et qui avait pour mission de faire accepter les OGM aux citoyens européens.
Quant au groupe de travail de l’EFSA sur « le seuil de préoccupation toxicologique » (TTC, une notion aussi contestée que la DJA pour les mêmes raisons), 10 de ses 13 membres sont, selon le Pesticide Action Network, en conflit d’intérêts. Ce groupe de travail créé en 2008 autorise la mise sur le marché de produits toxiques. Etrangement, il a été mis en place à la seule initiative de sa présidente, Susan Barlow (qui est aussi membre du comité scientifique de l’EFSA), qui est surtout consultante pour l’industrie chimique, et avait des clients tels que l’ILSI, Pfizer ou PepsiCo. Pour l’ILSI, elle a justement travaillé sur la question de l’autorisation des produits toxiques, avant de faire la même chose à l’EFSA.
Elle a formé son groupe avec Corrado Galli, lié à l’industrie alimentaire et cosmétique, à Giovanni Zapponi, ou encore Ursula Gundert Remy dont on a déjà parlé.
 En 2008, « sans répondre à une saisine de la Commission européenne, l'EFSA décide de rendre un avis sur la pertinence et la fiabilité d'une méthode d'évaluation de la toxicité des molécules qui se retrouvent dans la chaîne alimentaire (résidus de pesticides, d'emballages, d'additifs, etc.). Développée et promue depuis le milieu des années 1990 par les industriels réunis au sein de l'International Life Sciences Institute (ILSI), cette approche - dite du "seuil de préoccupation toxicologique" (TTC, pour Threshold of Toxicological Concern) - suscite la méfiance des ONG », nous explique le quotidien Le Monde.
Evidemment, tous les groupes d’experts sont touchés.
Du coup, c’est pareil au comité scientifique de l’EFSA, où au moins 6 membres sur 16 ont ou ont eu des liens avec l’IFSI : Susan Barlox, Harry Kuiper, Tony Hardy, Ivonne Rietjens, Iona Pratt et Joseph Schlatter.
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Pour conclure avec ce chapitre sur les conflits d’intérêts, le CEO explique la position de l’EFSA quant à tous ces rapports sur les ambiguités des experts avec l’industrie qu’ils sont censés réguler : « L'EFSA a nié avec véhémence les accusations contenues dans les rapports mentionnés. Par exemple, en réponse aux rapports de l'Observatoire Européen de l'Entreprise (CEO) sur le groupe scientifique chargé des additifs alimentaires (Groupe ANS), la directrice exécutive de l'EFSA, Catherine Geslain-Lanéelle, a déclaré qu'ils contenaient des "erreurs factuelles" et "induisaient le public en erreur au sujet de l'EFSA." 
Mais les accusations « d'erreurs factuelles » ont pu être facilement réfutées. En effet, quelques jours après la publication du premier rapport, les déclarations d'intérêts des experts du panel, à savoir John Christian Larsen, Gerrit Speijers, Jürgen König, et Iona Pratt ont été mises à jour afin d'inclure leurs collaborations avec l'ILSI. 
En réponse à la plainte de CEO sur le fait que deux nouveaux experts du panel ANS avaient à nouveau omis de déclarer des liens avec l'ILSI, l'EFSA a déclaré que « conformément à la politique de l'EFSA sur les déclarations d'intérêt, les experts … n'étaient pas tenus de déclarer ces activités car elles ne sont pas liées au domaine d'activité de leur panel scientifique. " 
Mais le document d'orientation de l'EFSA sur les déclarations d'intérêts indique clairement que les activités qui doivent être déclarées incluent « les conseils ou les services dans un domaine particulier relevant de la compétence de l'EFSA » (mis en italique par nous), et pas seulement de la compétence du panel ANS. De toute évidence le travail de ces personnes pour l'ILSI entre bien dans les attributions de l'EFSA. Donc même en se référant aux normes de l'EFSA, il devrait être déclaré, et, par rapport à toute norme objective, il devrait être interdit ».


[1] En 2002, Monsanto a demandé l’autorisation de mise sur le marché pour son maïs OGM MON863 en Allemagne, en étayant sa demande par une étude d’alimentation chez le rat. L’EFSA l’a autorisé en avril 2004, estimant qu’aucun effet indésirable n’avait été relevé. En mai 2004, Greenpeace réclame cette étude sur les rats, mais l’EFSA n’avait pas les documents. Greenpeace a donc demandé aux autorité allemandes, et bien sûr Monsanto a tenté d’empêcher qu’elles ne donnent le dossier à l’ONG. C’est une cour d’Appel allemande qui a finalement décidé la transmission de l’étude à Greenpeace, en juin 2005. En 2005, c’est l’UE qui autorise le MON863, et Monsanto publie une sorte de résumé de son étude. Après analyse de ces données, Gille Eric Seralini du CRIIGEN constate qu’elles montraient des effets toxiques, notamment au niveau du foie des rats, nourris au MON863 pendant 90 jours (seulement !).
[2] Franz a certes rédigé le rapport de l’EFSA sur le BPA, mais aussi un rapport de l’ILSI sur la consommation alimentaire et les usages des emballages. Il est aussi membre du comité scientifique de l’ILSI ‘international symposium food packaging ‘.
[3] Laurence Château a co écrit une étude de l’ILSI sur l’ « estimation de l’exposition des consommateurs aux produits chimiques qui migrent à partir de matériaux d’emballage ».
[4] L’ILSI, qui nie être un groupe de pression, a été créé en 1978. Parmi ses membres, on a Bayer, coca Cola, Danone, Kellogg’s, Kraft foods, Monsanto, Pepsi, Unilever, BASF (pesticides, graines), Cargill, Ferrero, Nestlé, Red Bull, Procter & Gamble, L’Oréal, Bio Mérieux, Brystol Myers Squibb, Exxon mobil, Eli Lilly, Merck & Co, Novartis, Sanofi Aventis… Au conseil d’administration, on retrouve le président de Coca Cola Europe, des médecins de Kraf Foods, de Sanofi Aventis, de Monsanto, de Syngenta, de Danone, de Nestlé, et quelques universitaires. A la fin des années 90 et au début des années 2000, IlSI a travaillé avec l'industrie du tabac pour faire pression sur l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dans le but de limiter la lutte anti-tabac
[5] Il est aussi membre de la direction de la banque KBC à Bruxelles puis du KBC Group.
[6] A ce sujet, le CEO s’interroge : « Comme le dit la directrice générale Catherine Geslain-Lanéelle, les experts "ne sont pas payés pour leur travail (ils ne reçoivent que le remboursement de leurs dépenses) et partagent leur expertise en plus de leur travail quotidien, consacrant souvent des week-ends et des jours fériés à aider l'EFSA ainsi que d'autres organismes." Cela signifie que les revenus des scientifiques doivent provenir d'un autre emploi, y compris d'activités pour le secteur privé. Est-ce trop tiré par les cheveux d'assumer que l'industrie encouragerait les personnes avec lesquelles elle travaille à postuler pour un poste à l'EFSA, peut-être en leur permettant de faire le travail de l'EFSA sur leur temps rémunéré ? ». Accessoirement, certains experts indépendants ne veulent pas travailler à l’EFSA, car cela nuirait à leur réputation en raison du manque d’impartialité de l’agence.
[7] Banati avait dit qu’elle faisait partie du comité scientifique de l’ILSI.
[8] Il s’agit de John Christian Larsen, de Gerrit Speijers, de Iona Pratt, et de Jürgen König.
[9] L’IFN est un lobby où scientifiques et industriels se rencontrent pour défendre le bout de gras des industriels, justement. L’IFN a pour adhérents (c’est-à-dire des financements de) l’ANIA (le lobby des industries alimentaires : Association Nationale des Industries Alimentaires), du CEDUS (centre d’études et de documentation du sucre), du CNIEL (centre national interprofessionnel de l’économie laitière), de la FNCG (fédération nationale des industries de corps gras) etc. mais aussi des multinationales du secteur comme Coca Cola France, Danone, Kraft Foods, Kellogg’s France, Nestlé ou Unilever…

Le Cachemire, un casse-tête cartographique

Par Philippe Rekacewicz
le 9 Février 2012
pour  http://blog.mondediplo.net

L’Inde est une grande démocratie, où la liberté de la presse est garantie par l’article 19 1 (a) de la Constitution. Mais quand le magazine anglais The Economist a publié, en mai 2011, un long article d’analyse sur les relations et les rivalités indo-pakistanaises, la censure s’est abattue sur lui. Non pas à cause de l’article lui-même, mais en raison de son accompagnement cartographique — d’une facture très classique —, retraçant la géographie de ce conflit gelé depuis des décennies.
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Carte censurée par les autorités indiennes en mai 2011
Source : The Economist.
 
La carte est pourtant plutôt modérée ; elle est très bien conçue, avec un souci de précision. Chaque élément est pensé en fonction de la situation politique : les limites du Cachemire contestées sont bien en pointillé, ainsi d’ailleurs que la « ligne de contrôle », aussi appelée « ligne de cessez-le-feu ». The Economist prend particulièrement soin de n’attribuer aucune partie de territoire à personne. Le journal se borne simplement à rendre compte d’une situation factuelle (portion de territoire administrée par l’Inde ; par le Pakistan ; territoire tenu par la Chine mais revendiqué par l’Inde ; ou, plus complexe encore, territoire cédé par le Pakistan à la Chine, mais revendiqué par l’Inde !). Les auteurs - prudents - ont même opté pour une version minimaliste : ils auraient aussi bien pu écrire, pour la partie sud du Cachemire, « administrée par l’Inde mais revendiquée par le Pakistan », et vice-versa pour la partie nord. Pour finir, un détail, qui a toute son importance : The Economist pousse la subtilité jusqu’à arrêter la ligne de contrôle avant le glacier de Siachen (revendiqué par New Delhi et par Islamabad), mais sans le nommer. C’est dire si toutes les « précautions sémiologiques » ont été prises.

En dépit de cet excellent travail de recherche, et d’une carte présentant des faits exacts, la simple représentation cartographique d’un Cachemire potentiellement pakistanais (zone brune légèrement foncé) a suscité les foudres du gouvernement indien, qui a demandé aux autorités douanières de « retarder » l’entrée de 28 000 exemplaires du magazine, le temps qu’y soient apposés manuellement des autocollants blancs, afin de faire disparaître la carte (« Economist accuses India of censorship over Kashmir map », BBC News, 24 mai 2011).
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The Economist censuré par les autorités indiennes
Photo : BBC, 2011. 
 
Pourtant, durant de nombreuses années, l’Inde semblait plus flexible sur cette question, admettant la « réalité cartographique » de la ligne de contrôle et l’administration par le Pakistan de la partie septentrionale du Cachemire. Si l’ambassade indienne ne manquait pas de nous faire parvenir (au Monde diplomatique) des remarques officielles, celles-ci faisaient essentiellement référence au statut du glacier du Siachen. Il semblerait donc que les Indiens se soient récemment crispés sur la question de la représentation visuelle de ces territoires contestés, et aient décidé de resserrer les boulons, pour faire pression sur les publications afin qu’elles adoptent des modes de représentation conformes à leur perception. Depuis deux ou trois ans, les journaux et magazines dont les cartes osent ne pas montrer l’ensemble du Cachemire comme appartenant à l’Inde sont systématiquement censurés.

The Economist a répondu, sur son site Internet, à la fin de la page sur laquelle se trouve l’article, par une mise au point cinglante : « Manque-t-il une carte dans votre magazine ? Malheureusement, l’Inde censure les cartes qui montrent la situation factuelle des frontières, et insiste pour que seule son entière revendication territoriale [c’est-à-dire la totalité du Cachemire] soit figurée. C’est une position bien plus intolérante que celle du Pakistan ou de la Chine. Les lecteurs indiens seront sans doute privés de la carte dans l’édition papier. A la différence de leur gouvernement, The Economist pense que les lecteurs indiens sont capables d’appréhender cette réalité politique. Ceux qui veulent avoir une vision précise des différentes revendications peuvent consulter cette carte interactive. »

La carte interactive est d’ailleurs fort bien faite... Mais cette réponse n’est pas du goût de tout le monde et irrite les Indiens par son ton arrogant. Le journaliste Rajesh Kalra se désole, dans un article consacré à cet événement (« In digital age, can a government censor a map ? », 25 mai 2011) que « M. John Micklethwait, rédacteur en chef du magazine, ait réagit d’une manière démesurée au lieu de prendre cette affaire avec humour », en citant ses propos : « Bien que l’Inde soit une démocratie respectant la liberté d’opinion, elle reste beaucoup plus hostile sur ces questions que la Chine ou le Pakistan. »
Rajesh Kalra poursuit : « Je suis très partagé sur cette histoire, car, d’un côté, je pense que notre gouvernement n’a aucune vision valable sur ce problème, mais, de l’autre, je n’aime pas qu’on vienne nous donner des leçons, surtout quand il s’agit du Cachemire, question très émotionnelle pour beaucoup d’entre nous. »

Même le ministre finlandais des affaires étrangères, M. Alexander Stubb, s’y est brûlé les doigts en 2010 en suggérant — alors qu’il n’y était pas invité — qu’en absence de solution depuis soixante ans, l’Inde et le Pakistan devraient faire appel à un médiateur, déclenchant ainsi une véritable tempête diplomatique (« Switch off Nokia if Finland doesn’t apologize », 5 mai 2010).

Rajesh Kalra rappelle : « Il n’y a pas si longtemps, les journaux rentraient sans problème en Inde, et en cas de contentieux, le lecteur aurait simplement vu un tampon sur la carte indiquant que “les frontières telles que représentées sur cette carte ne sont ni authentiques ni correctes”. Je ne sais pas quand cela a changé, mais aujourd’hui, on bloque les magazines à la douane. »
« Il semble que The Economist ait manqué d’objectivité dans sa représentation cartographique, ce qui n’est pas le cas de l’article qui, lui, est plutôt assez bien équilibré, conclut-il. Le magazine aurait très bien pu accepter de se conformer à la demande indienne, plutôt que d’en faire un scandale inutile. Mais à l’ère d’Internet, cela a-t-il encore un sens de censurer les éditions papier de cette manière ? » La carte incriminée fut en tout cas consultée bien plus que 28 000 fois depuis l’Inde...

Voici comment j’avais traité la question de ces frontières « croisées » pour une exposition, au Musée des confluences (Lyon) en 2006 (Exposition « Frontières »).
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Inde, Chine, frontières croisées
Esquisse cartographique : Philippe Rekacewicz, 2006. 
 
Une autre façon de marquer la différence de statut entre les deux parties du Cachemire se trouvant de part et d’autre de la ligne de contrôle consiste à adapter la légende.
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Le Cachemire divisé
Carte : Philippe Rekacewicz (2003, revue en 2006). 
 
« Territoire sous contrôle du Pakistan et revendiqué par l’Inde » ne veut pas tout à fait dire la même chose que « territoire rattaché à l’Inde mais revendiqué par le Pakistan ».
A défaut de pouvoir publier des cartes interactives dans la version imprimée, on pouvait encore imaginer — pour ménager les susceptibilités — représenter ces revendications en une collection de deux cartes exprimant chacune les visions de New Delhi et d’Islamabad.
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Un territoire, deux perceptions
Carte extraite de l’Atlas du Monde diplomatique, Un monde à l’envers, Paris, 2009. 
 
Mais, pour l’Inde, le Cachemire ne peut pas être « occupé » et la terminologie, dans cette option, a fortement déplu...
Selon M. Miklos Pinther, l’ancien chef du bureau de cartographie de l’Organisation des Nations unies (ONU), à New York, les Indiens et les Pakistanais ont accepté l’idée des cartes qui montraient la ligne de cessez-le-feu et le glacier du Siachen, pourvu qu’ils soient représentés un peu comme s’ils étaient un no man’s land, presque une sorte de nulle part... L’ONU diffuse une carte dont elle dit qu’elle est acceptée par les deux parties.
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Carte diffusée par l’ONU, agréée par l’Inde et le Pakistan
Source : département de cartographie des Nations unies, New York. 
 
L’ONU insiste : c’est un document technique. Le titre officiel de la carte est « Modèle à suivre pour la cartographie à petite échelle des régions du Jammu-Cachemire, Aksai Chin and Arunachal Pradesh ». La représentation cartographique du Cachemire est une affaire très sensible au sein des instances internationales. Au début des années 2000, M. Gregory Prakas, alors chef de la section cartographique de la Banque mondiale, avait reçu l’ordre — à la suite d’une plainte du gouvernement indien — de ne plus ni produire, ni publier de carte du nord de l’Inde.
Le Diplo n’a pas encore été censuré en Inde, mais en octobre 2011, nous recevions une lettre de Mme Nina Tshering La, première secrétaire de l’ambassade indienne à Paris (la première depuis 2003), dont le ton et les revendications avaient de quoi laisser perplexe.
« L’Ambassade de l’Inde attire votre attention sur le fait que les frontières de l’Inde telles qu’elles figurent dans les pages du mensuel “Le Monde diplomatique” sont incorrectes. Il nous paraît inapproprié qu’une carte erronée de l’Inde où une partie de notre territoire est non seulement réduite mais également attribuée à des pays voisins [soit publiée] par un média étranger. Nous vous remettons ci-joint une carte de l’Inde publiée par le gouvernement dont l’utilisation est libre de droits. Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir l’utiliser à l’avenir. »
Il est rare que les ambassades utilisent un style aussi direct et comminatoire. D’habitude, on nous « suggère » ou on nous « recommande »...
Mais la carte transmise par l’ambassade est elle aussi surprenante, d’autant plus qu’elle nous est présentée comme étant la carte officielle sur laquelle on nous demande de prendre exemple.
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Carte officielle transmise par l’ambassade d’Inde à Paris
 
Elle inclut en effet la totalité du Cachemire, et fait disparaître la ligne de contrôle (pourtant une réalité sur le terrain depuis 1947). Ce qui représente une différence majeure avec la carte diffusée par l’ONU, censée elle aussi avoir été avalisée par les autorités.
Rien n’est vraiment simple en cartographie.
P.-S. : les lecteurs indiens ont de la chance. Et The Economist ne devrait pas trop se plaindre. Si cette affaire s’était produite au Vietnam, voici ce qui aurait pu arriver.
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Le Monde diplomatique censuré au Vietnam
Dans le numéro de juin 2011, l’article de Xavier Monthéard, « Retrouvailles des Etats-Unis et du Vietnam », a été caviardé au feutre.

L’Accord commercial anti-contrefaçon compte ses opposants

Par Philippe Rivière
Le Vendredi 10 Février
pour http://www.monde-diplomatique.fr

On en sait désormais plus sur le projet d’Accord commercial anti-contrefaçon (ACAC, en anglais Anti-Counterfeiting Trade Agreement, ACTA). Et ce qu’on sait provoque des réactions houleuses. La méthode de négociation de cet accord, déjà, avait de quoi scandaliser : ficelé en secret par les lobbies de la propriété intellectuelle et une poignée de grands pays industrialisés, discuté hors de tout cadre international — il n’en manque pourtant pas qui soient compétents sur les domaines du commerce international, de la lutte contre les trafics et de la propriété intellectuelle : Organisation mondiale du commerce (OMC), Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), etc. —, ce traité serait adopté par un « noyau dur » comportant les Etats-Unis, l’Union européenne et neuf autres pays, puis, au fur et à mesure des amicales pressions exercées par les nations les plus « avancées », s’étendrait progressivement à l’ensemble des pays du monde — c’est-à-dire à tous ceux qui souhaitent faire partie du club mondial du commerce (1).

L’ACTA ouvrirait aux ayants droit (détenteurs du copyright d’un film, par exemple) des facilités exceptionnelles pour faire censurer un site Internet (2). Les fabricants de sacs à main, les firmes pharmaceutiques et autres détenteurs de marques ou de brevets pourraient solliciter les services de douane pour obtenir la saisie ou la suspension de produits en transit (3).

La mobilisation initiale des défenseurs d’un Internet libre, mais aussi des militants de l’accès aux médicaments, qui craignaient les conséquences sur le commerce des génériques destinés aux malades du Sud, s’est renforcée de façon impressionnante ces dernières semaines. Une pétition européenne a déjà dépassé les deux millions de signatures (4) ! Et une journée mondiale de manifestations est organisée le 11 février.
« Plus cet accord est connu, remarque la députée européenne Françoise Castex, plus il y a d’opposants. Ça a commencé par quelques internautes ; maintenant, ce sont des Etats membres qui retirent leur signature (5). »

Rapporteur du traité au Parlement européen, le socialiste Kader Arif a démissionné après son adoption par plusieurs Etats membres, dont la France, dénonçant une « mascarade (6) ».

Après d’importantes manifestations de rue (7), Varsovie a suspendu sa participation à l’accord. La semaine suivante, la République tchèque lui emboîtait le pas, le premier ministre estimant inacceptable « une situation dans laquelle les libertés fondamentales et l’accès libre aux informations seraient menacées ».
L’image la plus spectaculaire de ce débat est celle des députés polonais qui revêtent, sur les bancs de l’Assemblée, le fameux masque de V pour Vendetta, emblème des Anonymous (8). Mais qui est vraiment « anonyme », si ce n’est les lobbies qui ont préparé ce texte et qui, le préservant de toute mise en débat démocratique, le font signer par des coalitions choisies d’élus partisans et de fonctionnaires non élus ?
C’est ainsi que l’ambassadrice de Slovénie au Japon, signataire de l’ACTA au nom de son gouvernement, a finalement démissionné et demandé pardon au peuple. « J’ai signé l’ACTA par négligence civique, parce que je n’ai pas fait suffisamment attention. Tout simplement, je n’ai pas fait le lien entre ce qu’on m’a demandé de signer et cet accord qui, selon ma propre conviction de citoyenne, limite et enclot la liberté de participer au plus grand et plus important réseau de l’histoire humaine, et appauvrit ainsi gravement l’avenir de nos enfants. »

(1) Lire Florent Latrive, «  Traité secret sur l’immatériel  », Le Monde diplomatique, mars 2010.
(2) Cf. «  ACTA Survival Guide For Website Owners  », European Digital Rights, 7 février 2012.
(3) Lire «  ACTA, chapitre deux  », Information 2.0, 20 mars 2010.
(6) Il s’en explique sur le site Owni.fr : «  ACTA va trop loin  », 28 janvier 2012.
(7) «  La Pologne suspend le processus de ratification de l’ACTA  », Numérama, 3 février 2012.
(8) Sur ce mouvement, lire Felix Stalder, «  Anonymous, de l’humour potache à l’action politique  », Le Monde diplomatique, février 2012, en kiosques.

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