Marc Atteia vient de publier un livre passionnant sur le nucléaire : "Le Technoscientisme, totalitarisme contemporain" aux éditions Yves Michel. Universitaire à la retraite il a milité une grande partie de sa vie avec le réseau Sortir du nucléaire, Amnesty Internationnal et le MDPL (Mouvement pour la Défense de la Paix et des Libertés). Son ouvrage se décompose en deux parties : une analyse de la dimension globalisante de la Ville et un dossier très complet sur le totalitarisme du nucléaire. Nous vous livrons quelques extraits de son ouvrage, disponible en librairie :

Extraits :
"Comme le capitalisme, le technocapitalisme veut s'approprier aujourd'hui toutes les richesses de la Terre et de sa biosphère. Demain, celles des planètes les plus proches de la Terre. Mais il a une ambition plus haute, une ambition spirituelle : recréer le monde."

[...]

"La Science et la technique modèlent les mentalités, les structures sociales, la vie quotidienne des individus, comme l'Église catholique le fit, aux temps de son apogée. Aux églises, cathédrales, couvents et monastères qui surgirent partout en Europe quand la catholicité étant dominante, répondent aujourd'hui les universités, les centres de recherche."

[...]

"Dans le monde des hommes, les robots affirment progressivement leur indépendance et leur prééminence. Parce qu'ils remplacent les hommes dans l'exercice de tâches de plus en plus nombreuses et de plus en plus complexes, ils contraignent l'humanité à se plier à leur logique, à se robotiser. Ainsi, voit-on l'homme de la ville perdre de plus en plus ses réflexes élémentaires, ses défenses naturelles, l'esprit d'initiative."

[...]

"Déracinés pour la plupart, atomisés, hommes et femmes des mégalopoles de la Terre ont perdu toutes les défenses immunitaires dont leur communauté d'origine les avait dotés. Dans leurs cerveaux la propagande idéologique de la Ville s'imprime facilement. Ainsi ne peuvent-ils concevoir de vivre dans un monde différent de celui qui les a attirés et assujettis. Ayant perdu le goût de la liberté, ils deviennent alors, sans qu'il soit nécessaire de les former pour cela, les meilleurs agents de propagande de l'idéologie totalitaire de la Ville."

[...]

"Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, cent mille produits chimiques ont été inventés. On n'a étudié les effets nocifs que d'environ 25 % d'entre eux ! Depuis le début de l'ère nucléaire, des myriades de radio nucléides ont été projetés dans l'air, l'eau, le sol de toute la Terre. Ces poisons sont invisibles, indétectables autrement qu'avec un compteur de particules. Les nucléocrates peuvent ainsi en minimiser scandaleusement les effets toxiques. L'industrie humaine est à l'origine d'un grand nombre de cancers, de leucémies, de dysfonctionnements endocriniens, de maladies cardio-vasculaires."



[...]

"Le rêve à l'œuvre dans les nanobiotechnologies ne se limite pas à l'homme bionique. Il est plus radical encore. Il s'agit de devenir Dieu. De passer du bricolage hasardeux des espèces dans l'évolution à celui du design de la nature entière, avec l'homme dans le rôle du créateur."

[...]

"Pour se doter de l'arme nucléaire, les grandes puissances atomiques ont consenti d'énormes sacrifices financiers, mais, ce qui est bien plus grave, elles ont consenti à l'abandon des valeurs morales essentielles sur lesquelles se fondait leur civilisation, en adhérant au dogme de la dissuasion nucléaire basé sur la logique démente de la stratégie de la destruction mutuelle."

[...]

"Dieu veut que le fer serve à cultiver la terre, non à commettre l'homicide. Il n'est pas permis aux chrétiens de tuer."

[...]

"Lorsqu’Hérodote fait dire dans ses "Histoires au Lacédémonien Lichas" que « le fer a été trouvé pour le malheur de l'homme », il se fait l'écho des grands bouleversements politiques intervenus quelques siècles auparavant, avec l'apparition des techniques sidérurgiques qui avaient rendu possible un accroissement considérable de la production des arsenaux militaires, permettant à des États comme l'Assyrie ou la Perse de lever de gigantesques armées, d'asservir avec elles les peuples voisins et de se tailler les premiers grands empires de l'Antiquité."

[...]

"Aujourd'hui la symbiose de plus en plus étroite entre la Science et l'Armée ne choque qu'une minorité. Pourtant, il y a un abîme entre l'éthique de la Science et celle de la guerre."

[...]

"Le complexe militaro-industriel mondial veille au grain, avec une extrême vigilance. Il est essentiel pour sa survie, que le plus grand nombre croie que la guerre est comme la pesanteur, un fait de nature. C'est pourquoi, partout il crée, il attise ou exacerbe les rivalités ou les haines entre ethnies, peuples, nations."

[...]

"La toxicité nucléaire diffère d'un individu à l'autre selon l'âge, l'état de santé, le milieu ou l'hérédité. Certains radios nucléides ont une prédilection pour les poumons, d'autres pour les os, d'autres pour la thyroïde, etc."

[...]

"En Micronésie, la quasi-totalité des enfants en gestation au moment des essais nucléaires les plus puissants ont dû subir l'ablation de la thyroïde."

[...]

"En octobre 1957, le réacteur numéro 1 au graphite uranium de Windscale en Angleterre prend feu. On doit noyer le cœur, ce qui provoque une libération de vapeur d'eau chargée de radioéléments. Les alentours du centre nucléaire se trouvent hautement contaminés notamment par l'iode 131 : 1 million de Bq/m2 pour les sols, 30 000 Bq/l pour le lait. Le nuage radioactif se répand sur l'Angleterre et atteint le Danemark." (NDLR : ce ne fut pas le seul accident de cette centrale, puisque Le 26 septembre 1973 notamment, l'incendie d'un réacteur répandit une quantité très importante de gaz radioactif).





[...]

"Selon un rapport du CERR qui réunit des scientifiques de tous les pays européens, l'énergie nucléaire est la cause, depuis 1945, du décès de 65 millions de personnes et des cancers de 123 millions de personnes encore en vie."

[...]

"Après la guerre du Golfe, l'uranium appauvri a été désigné par certains scientifiques et par les anciens combattants comme l'un des facteurs de certaines maladies : cancers, immunodéficience, mutations génétiques, stérilité."

[...]

"Le coût de l'uranium appauvri est insignifiant, car il est disponible dans des proportions illimitées. Aux États-Unis il est quasiment fourni gratuitement aux firmes qui fabriquent les armes."



[...]

"Depuis 1945, il y a eu plus de 2049 explosions nucléaires expérimentales, dont plus de la moitié ont dispersé à tous les vents leurs dangereux produits de fissions, leur métal radio activé par l'action des neutrons et les neufs dixième de leur charge, dont le plutonium 239 qui a une demi-vie de 24 000 ans."



[...]

"Dès la fin des années 40, on commença à régler la question des déchets radioactifs en les rejetant à la mer, jusqu'à l'interdiction totale en novembre 1993."



[...]

Maurice Tubiana, expert OMS : "L'inquiétude qui se manifeste à propos de l'évacuation des déchets atomiques est absolument hors de proportion avec l'importance du problème, et il y a de fortes raisons de penser que la crainte des retombées radioactives dérive partiellement d'une association symbolique entre les déchets radioactifs et les excréments naturels."



[...]

"Quelques semaines après la fin de la guerre d'Algérie, les Français inauguraient une nouvelle technique de tir en souterrain, dans le flanc d'une montagne (le Tan Afela, situé dans le sud de l'Algérie). Pour rehausser l'événement, les militaires avaient convié deux ministres du général de Gaulle, Pierre Messmer et Gaston Palewski, qui entouré de 2000 hommes allaient assister à ce formidable spectacle d'une montagne ébranlée par le choc brutal de l'explosion. Ce fut, hélas, la catastrophe imprévue. La montagne de Tan Afela s'ouvrit sous les yeux incrédules des assistants. Un énorme nuage noir s'échappa du flanc de la montagne et se mit à obscurcir le ciel au-dessus de la foule des spectateurs. Ce fut la panique générale." (NDLR : Gaston Palewski, succombera à une leucémie en 1986).



[...]

"Avec 46 tirs aériens, la Polynésie et les archipels voisins ont subi l'équivalent de 675 Hiroshima."

[...]

"La Polynésie fait partie des États du Pacifique Sud qui ont le plus fort taux de mortalité par cancer de cette région."



[...]

"Le 6 août 1975, le gouvernement de Giscard d'Estaing accorda le monopole de la construction des centrales nucléaires à Framatome Creusot Loire, c'est-à-dire au groupe Schneider.

"En épousant en 1952, la petite fille du baron Charles Schneider, Valéry Giscard d'Estaing avait lié sa famille à un des plus puissants groupes européens de la finance et de l'industrie, le groupe Empain-Schneider."



"En janvier 1976, Westinghouse se retira de la présidence de Framatome et c'est le CEA qui l'y remplaça. C'est alors un cousin de Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Giscard d'Estaing qui fut chargé de lier l'activité du CEA à celle de Framatome.

"Jacques Giscard d'Estaing était directeur depuis 1975 de la société des mines d'uranium de l'Aïr, à Arlit, dans le nord-est du Niger, la Sommaïr. Il participait au conseil d'administration de la Comuf dans le sud du Gabon. Depuis 1974, il était en relation avec sa majesté l'empereur Bokassa de Centrafrique, pour la mise en exploitation du gisement d'uranium de Bakouna. Il était aussi directeur financier du CEA."

[...]

"C'est par un putsch que la nucléocratie a imposé l'atome civil et militaire à la France, la nucléarisation à tout le pays. Ce putsch n'a pas renversé la République. Il a vidé la démocratie française de sa substance."

[...]

"Ils sont aujourd'hui de plus en plus nombreux ceux qui ont compris que l'énergie nucléaire est obsolète, qu'elle n'aurait jamais dû être utilisée comme source d'énergie et qui luttent pour un monde apaisé, respectueux des êtres humains et de leur environnement."

Quelques informations complémentaires :

En 1959, quelques années après le début de l'explosion des cancers en Occident, l'OMS signe un accord avec l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique qui lui interdit de publier un document ayant un rapport avec le nucléaire, sans qu'il ait été, au préalable, validé par l'AIEA. Aujourd'hui l'OMS prétend que le tabac est responsable de 90 % des cancers des poumons. Si on prend l'exemple du Danemark, le nombre de fumeurs aurait du donc être multiplié par 12 entre 1945 et 2000, selon les théories de l'OMS. Or au contraire le nombre de fumeurs, comme dans la majorité des pays occidentaux, a été divisé par deux en 50 ans, on aurait donc du assister à une division par deux et non une multiplication par douze du nombre de morts par cancer du poumon sur une tranche d'âge fixe, c'est-à-dire sans biais du à l'allongement de l'espérance de vie. Cette mascarade de l'OMS dure depuis 1959 et a été consolidée avec la conférence de Richard Doll en 1967 (voir notre article à ce sujet).





Liste des maladies « radio-induites » dans le manuel US 2003 des radiations ionisantes :

- Cancer du poumon
- Cancer de la trachée
- Cancer des bronches
- Cancer de la thyroïde
- Cancer de l'estomac
- Cancer du sein
- Cancer de l'œsophage
- Cancer du colon
- Cancer du pancréas
- Cancer des glande salivaires
- Cancer de la vessie
- Cancer des os
- Cancer primitif du foie
- Cancer du rein
- Cancer de l'ovaire
- Cancer du rectum
- Cancer de l'intestin grêle
- Cancer du pharynx
- Cancer des voies biliaires
- Cancer de la vésicule biliaire
- Cancer du bassinet, de l'uretère, et de l'urètre
- Cancer de la prostate
- Carcinome broncho-pulmonaire (une maladie pulmonaire rare)
- Tumeurs bénignes du cerveau et du système nerveux central
- Leucémies sauf leucémie lymphoïde chronique
- Myélome multiple
- Cataracte sous capsulaire postérieure
- Nodule thyroïdien non malin
- Adénome parathyroïdien Tumeurs malignes du cerveau et système nerveux central
- Lymphomes autre que Hodgkin


Soixante millions de morts depuis 1945

Le Soir (Belgique) du 12 février 2003
Par Christophe Schoune

Une étude internationale révise à la hausse les effets du nucléaire et propose des normes plus drastiques

C’est une solide dose de poil à gratter que quarante-six scientifiques viennent de glisser dans la boîte aux lettres de diverses institutions internationales, dont la Commission européenne. Le premier rapport [1] du Comité européen sur les risques de radiations remet en cause les normes et méthodes d’évaluation qui ont prévalu jusqu’à présent en matière de radioprotection.


Sollicitée et financée par le groupe Verts européens, il y a cinq ans, l’élaboration de cette étude a été coordonnée par le chimiste anglais Chris Busby et a rassemblé une palette d’experts «indépendants» du monde entier. Nous avons développé une méthodologie qui remédie aux manquements bien connus de la commission internationale de protection contre les rayonnements (CIPR), expose Chris Busby, cheville ouvrière de l’étude. Le modèle du CIPR a une base physique datant de la découverte de l’ADN. Comme tous les modèles, elle est de nature mathématique, réductrice et simpliste. Bref dépassée.


Historiques, ces modèles prennent pour base d’analyse la quantité de cancers et de leucémies constatés suite à l’explosion d’Hiroshima en 1945. Une relation linéaire trop simple, estiment les experts, qui déplorent l’absence de prise en compte de facteurs liés à l’exposition interne (ingestion et inhalation de particules) à la base de nombreux cancers, notamment aux abords des usines de retraitement de plutonium, en Russie. Mais les cancers ne sont pas les seules affections visées, pointe l’étude, qui évoque les mutations de l’ADN induites par la catastrophe de Tchernobyl, en 1986.



Afin de revoir l’évaluation des risques lors des expositions aux rayonnements ionisants (essais nucléaires, pollution historique, proximité de centrales), l’étude a créé de nouveaux facteurs de pondération dits de « danger biophysique » ou de « danger lié la biochimie de l’isotope ». En appliquant ces principes aux données officielles des Nations Unies, l’impact sur la santé humaine d’une faible irradiation chronique est multiplié par soixante. Si bien que le total des morts par cancers est estimé à quelque 61,6 millions depuis 1945, contre 1,1 million selon les sources officielles. Le nombre de cancers est pour sa part évalué à 123,2 millions contre 2,3. L’étude estime en outre que les radiations ont induit une importante mortalité infantile et fœtale (3,4 millions).


Conséquence «logique» pour ces experts : il importe de réduire la dose maximale de rayonnement admissible à 0,1 millisievert (contre 1 mSv actuellement) pour chaque être humain. Cela fait quinze ans que je collecte et j’analyse l’impact des radiations à faible dose, commente le biologiste russe Alexey Yablokov, coauteur de l’étude. Ces données m’ont convaincu que les standards internationaux ont jusqu’à présent reflété davantage les intérêts de l’industrie nucléaire que le souci réel de la santé humaine. Ce rapport est une bonne base pour créer un nouveau Comité mondial sur les risques des radiations !


Un vecteur politique, donc. Les Verts européens déclarent vouloir utiliser les résultats de cette étude afin de renforcer les normes européennes. Le Parlement s’est prononcé en ce sens, il y a quatre ans. Mais il avait été désavoué par le Commission. Du poil à gratter, disait-on ?

[1] Euradcom

Pour aller plus loin sur le nucléaire : Info Nucléaire.

Pour aller plus loin sur les liens entre l'OMS et l'AIEA : L'OMS et le Nucléaire.

Pour télécharger : l'article