16 mars 2010

« Jaffa, la mécanique de l’orange », un film d’Eyal Sivan

Jaffa, histoire d’un symbole

par Marina Da Silva

Jaffa, l’une des plus anciennes villes du monde, était aussi l’une des villes les plus prospères et les plus peuplées de Palestine. Avec ses orangeraies déployées à perte de vue, elle fournissait du travail, depuis la cueillette du fruit jusqu’à sa préparation pour l’exportation, non seulement aux Palestiniens mais à des ouvriers venus d’Egypte, de Syrie, du Liban.

En 1948, plus de 4 000 bombes tombent sur Jaffa. Sur les 85 000 Arabes qui y vivaient, il ne va plus en rester que 3 000. Le gouvernement israélien confisque les orangeraies et s’approprie l’orange de Jaffa, qui est devenue le symbole des produits de la colonisation.

Pour nous raconter cette « mécanique de l’orange » et le recouvrement de Jaffa, Eyal Sivan met à l’écran une foule d’images et de représentations et donne la parole à de nombreux interlocuteurs palestiniens et israéliens, historiens, écrivains, chercheurs, ouvriers… Un travail remarquable autour d’un fonds d’archives, photographies, peintures, vidéo, et de témoignages percutants.

On y voit d’abord, dans les années 1920, Arabes et Juifs travailler ensemble dans une relation qui a été extirpée des deux mémoires. Les Juifs ne possédaient alors que 7 ou 8 % des terres et les paysans palestiniens, qui transmettaient leur savoir-faire, étaient loin d’imaginer que dans le sillage de leurs élèves viendraient leurs colonisateurs.

La rupture est intervenue avec l’arrivée des kibboutzim : « Pour eux, nous étions des traîtres », indique un agriculteur israélien qui se souvient : « Ils voulaient imposer le travail juif. Mais l’idéal était une chose, la réalité une autre : Ils pelaient au soleil. » Leur peau claire et leur incapacité à travailler la terre ne les empêcheront pas de persister. La colonisation sera méthodique et rigoureuse, donnée à voir avec documents et images d’avant 1948 en abondance.

Le début de la photographie remonte à 1839 et Khalil Khaed est le premier photographe palestinien à avoir immortalisé les Palestiniens dans les champs d’agrumes et leur relation charnelle à la terre. Puis les Israéliens vont effacer la présence arabe et imposer leurs propres représentations. « On s’est d’abord approprié l’image et après la terre », précise une historienne israélienne : « Les Juifs veulent donner une vision européenne de la Palestine : l’Orient vu de l’Occident. » Avec la peinture aussi, les colons se veulent dans la continuation de l’orientalisme. Ils se travestissent en celui qu’ils viennent remplacer. Le discours de la « terre arabe mal exploitée et peu fertile » se met en place. La propagande sioniste a recours à une iconographie très organisée et contrôle totalement les images produites pour échafauder le mythe d’une terre à l’abandon où ils viennent introduire la modernité. « Le cliché selon lequel la colonisation apporte le progrès ! », souligne Elias Sanbar. Et qui va se décliner dans des images de la bonne santé dans le travail, les chants, les danses, les femmes radieuses, émancipées et en short... C’est le réalisme socialiste à l’israélienne, le rêve colonial qui produit les oranges que l’Orient envoie à l’Occident.

L’orange va devenir un symbole de l’idéologie sioniste. « L’Israël des oranges, c’est un Israël sans Arabes », résume un historien. Dès 1948, les Israéliens déposeront la marque Jaffa. Près de 5 millions de caisses par an seront produites jusqu’en 1970. Les investissements en budgets publicitaires sont considérables : « Jaffa est aux fruits ce que Coca-Cola est à la boisson. » En devenant une marque, la « Jaffa » a effacé la ville de Jaffa, absorbée aujourd’hui par Tel-Aviv.

Jaffa, la mécanique de l’orange, un film d’Eyal Sivan, durée : 90 minutes.

Eyal Sivan, opposant à la politique israélienne, a refusé que le film soit projeté au Forum des images dans le cadre de la campagne internationale de célébration du centenaire de Tel-Aviv (qui bénéficiait du soutien du gouvernement israélien). Le film sera visible en salles en avril 2010 dans les cinémas Utopia (Toulouse, Avignon, Montpellier, Saint-Ouen-l’Aumône) et aux 3 Luxembourg (Paris).

Une version de 52 minutes sera également diffusée le 28 mars à 21 h 30 et le 2 avril à 23 h 50 sur France 5.



La Nouvelle-Zélande surfe sur un web bis

Publiée par Antoine Duvauchelle

Le ministère de l'Intérieur néo-zélandais vient de reconnaître que le filtre Internet était maintenant opérationnel et déjà utilisé par deux FAI locaux : Maxnet et Watchdog. Pour Thomas Beagle, porte-parole de l'association Tech Liberty, « c'est un triste jour pour la Nouvelle-Zélande ».

Pour le gouvernement, il n'y a pas matière à polémiquer. Le ministère de l'Intérieur poursuit la promotion de son système auprès des FAI, et tente de calmer le jeu en rappelant les raisons de sa décision : « Le filtre digital agit contre l'exploitation des enfants, et donne aux fournisseurs d'accès les moyens d'empêcher leurs clients d'accéder à ces sites illégaux, par inadvertance ou volontairement. Il aidera à sensibiliser au problème mondial de l'exploitation sexuelle des enfants. »

Le problème, c'est qu'il semblerait que les deux FAI n'aient pas prévenu leurs clients qu'une partie du trafic était détournée vers le système gouvernemental pour être filtrée. Le ministère de l'Intérieur refuse de dire quels autres fournisseurs d'accès adopteraient le filtre, et réclame le droit à négocier en secret. Selon Tech Liberty, Telstra Clear, Telecom et Vodafone ont annoncé rejoindre le groupe des FAI filtreurs, tandis qu'Orcon, Slingshot et Natcom s'y refusent.

David Zanetti, porte-parole de Tech Liberty pour les questions techniques, craint « que le système réduise la stabilité d'Internet en Nouvelle-Zélande. C'est un point de défaillance unique, qui introduit un objectif nouveau et tentant pour les hackers, et qui va provoquer des problèmes avec les applications Internet modernes en détournant le trafic. »

Pour l'association, le gouvernement néo-zélandais instaure un régime de censure arbitrairement en choisissant de bloquer ce qu'il veut sans référence à la loi préexistante. Pire, selon Thomas Beagle, la liste de ce qui est filtré est gardée secrète, en contradiction avec le reste de la législation sur la censure, qui prévoit que les décisions d'interdiction soient publiées.

Tech Liberty pourrait voir un espoir dans la récente annonce du gouvernement américain, par la voix d'Hillary Clinton : « Ceux qui perturbent le flux d'informations libres dans le monde sont une menace pour notre économie, notre gouvernement, et notre société civile. » Elle a ajouté que les Etats-Unis étaient prêts à aider les gens à contourner les systèmes de filtrage.

Cette actualité risque en tout cas de relancer les polémiques sur les systèmes de filtrage actifs dans le monde. L'Australie a déjà le sien depuis 2008, et la France s'y met doucement avec Loppsi. Cette loi qui concerne la gestion de la police et de la gendarmerie pour la période 2009-2013, a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale en février dernier. Elle prévoit elle aussi - entre autres - de lutter contre la pédo-pornographie sur la Toile en appliquant un système de filtre par les FAI.

Howard Zinn est mort

jeudi 28 janvier 2010

Militant politique puis universitaire militant, Howard Zinn n’a jamais redouté de s’engager au service des Américains, dont il a écrit l’histoire « par en bas », mémoire du peuple plutôt que mémoire des Etats. Radical, pacifiste, Zinn voyait « dans les plus infimes actes de protestation les racines invisibles du changement social ». Pour lui, les héros des Etats-Unis n’étaient ni les Pères fondateurs, ni les présidents, ni les juges à la Cour Suprême, ni les grands patrons, mais les paysans en révolte, les militants des droits civiques, les syndicalistes, tous ceux qui s’étaient battus, parfois victorieux, parfois non, pour l’égalité. Son Histoire populaire des Etats-Unis, publiée en 1980, a été lue par des millions d’Américains et traduite presque partout dans le monde, y compris tardivement en France (éditions Agone). Elle constitue une lecture irremplaçable.

Ses articles dans Le Monde diplomatique :

  • « Que faisons-nous en Irak ? »
    par Howard Zinn, août 2005.
    Pas un jour, en Irak, sans que l’on annonce des morts : des militaires de la coalition, mais aussi des diplomates et surtout des civils innocents. Cette guerre apporte le chaos dans la région ; elle est aussi une guerre contre le peuple américain.
  • « L’ultime trahison » (H. Z.), avril 2004.
    L’envoi de jeunes hommes et femmes à l’autre bout du monde, en plein cœur d’un pays étranger [l’Irak], et bardés des armes les plus terrifiantes ne les mettant pourtant pas à l’abri d’actes de guérilla qui les laisseront aveugles ou infirmes, ne constitue-t-il pas l’ultime trahison commise par le gouvernement américain à l’encontre de la jeunesse ?
  • « “Un pouvoir que nul ne peut réprimer” » (H. Z.), janvier 2004.
    Le Prix des amis du « Monde diplomatique » a été remis, le 1er décembre 2003, à Howard Zinn pour son livre « Une histoire populaire des Etats-Unis », diffusé à plus d’un million d’exemplaires outre-Atlantique. Dans le discours prononcé à cette occasion, l’auteur a détaillé son projet intellectuel.
  • « Au temps des “barons voleurs” » (H. Z.), septembre 2002.
    Les nombreux scandales financiers en 2002 aux Etats-Unis ont rappelé à certains Américains la période de la fin du XIXe siècle marquée par la dictature économique et sociale des « barons voleurs ». Dans un livre majeur alors traduit en France et dont Le Monde diplomatique a publié des bonnes feuilles, Howard Zinn consacre un chapitre à cette période.
  • « La légalisation de l’injustice » (H. Z.), juillet 1976.
    Il est communément admis aux Etats-Unis que pouvoir politique et richesse sont inégalement répartis entre les citoyens. Par contre, la conviction y est largement répandue que l’égalité devant la loi constitue l’un des principes fondamentaux du système américain. Mais la richesse et le pouvoir étant inégalement répartis, la justice peut-elle prétendre assurer l’égalité alors que les autres composantes sociales ne l’assurent pas ?

Sur notre site

  • « Une histoire du peuple des Etats-Unis »
    par Pierre Dommergues, avril 1980.
    A People’s History of the United States est une histoire du peuple, par le peuple, pour le peuple. C’est aussi la première synthèse qui propose, à partir des centaines d’études spécialisées, une vision d’ensemble de la politique intérieure et étrangère des Etats-Unis, du débarquement de Christophe Colomb en 1492 à l’embarquement dans l’austérité de l’année 1980.

Dans notre boutique :

  • L’impossible neutralité. Autobiographie d’un historien et militant, un livre de Howard Zinn (à commander sur notre boutique en ligne).
    Howard Zinn a été de toutes les luttes depuis les années 1950. Son Histoire populaire des Etats-Unis (Agone) a été un immense succès. Ici, l’objectif reste le même : remettre le plus grand nombre, le peuple, avec son quotidien et ses idéaux, à sa place d’acteur principal de l’histoire.


Charles Perron, cartographe de la « juste » représentation du monde

par Federico Ferretti

Il y a cent ans mourait Charles-Eugène Perron (1837-1909), le principal dessinateur des cartes de la Nouvelle Géographie universelle (NGU) [1] d’Elisée Reclus. On sait par les rares études qui lui ont été consacrées [2] qu’il n’était pas qu’un simple exécutant : c’était aussi un intellectuel brillant, militant très investi dans la cause anarchiste, épris de justice et passionné par sa discipline. La géographie contemporaine a remis au goût du jour le concept de « justice spatiale » dont l’objet est de réduire, voire éliminer les discriminations sociales nées d’une injuste organisation spatiale des sociétés (partage inégal des richesses et des accès aux services fondamentaux), ce qui implique d’imaginer des politiques territoriales alternatives [3]. Les géographes « engagés » de la fin du XIXe siècle avaient déjà réfléchi à une approche semblable, notamment avec l’idée de « géographie sociale » (représentation du monde dans un idéal de justice).

L’ignorance, voilà le vice social organique !

Charles Perron est d’abord formé à l’art par son père, peintre sur émail, avant de rejoindre l’école d’art de Genève. Entre 1857 et 1861 il part travailler en Russie. « Il est probable qu’il ait acquis pendant cette période une bonne connaissance de la Russie tsariste, peut-être est-il même entré en contact avec les jeunes apologistes du nihilisme [4], explique Peter Jud dans un article qui lui est consacré. A partir des années 1860, Charles Perron travaille à Genève comme peintre et photographe. Il fréquente assidûment la nombreuse colonie des réfugiés russes, et devient bientôt le référent suisse de Michel Bakounine (en 1868, Bakounine adhère à la Ligue de la paix et de la liberté comme membre de la section centrale de Genève où il se lie aussitôt avec Charles Perron) [5].

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Perron et Bakounine
(Itinéraire, 14-15, p. 66)

Au cours de la décennie suivante, Charles Perron sera l’un des principaux représentants en Suisse, avec James Guillaume, de la composante antiautoritaire de la Première Internationale. Au congrès de Saint-Imier en 1872, cette organisation signe l’acte de naissance du mouvement anarchiste organisé.

Dans l’engagement politique de Charles Perron, il y a une forte composante pédagogique. En 1868, il publie un pamphlet, « De l’obligation en matière d’instruction », où il affirme la nécessité de l’instruction libre et gratuite pour la libération sociale et la fin de l’exploitation. « L’ignorance, voilà le vice social organique, la cause première du désordre ! C’est là qu’il faut frapper, et frapper fort ; car si l’on fait disparaître cette lèpre, la vraie, la dernière révolution sera accomplie », assène-t-il [6]. Ce texte anticipe le mouvement de la pédagogie libertaire, qui verra, parmi ses animateurs, les géographes Elisée Reclus et Pierre Kropotkine. En 1876, c’est avec Elisée Reclus, exilé après la Commune de Paris, que Charles Perron constitue à Vevey, en Suisse, une section internationaliste, qui publie le journal Le Travailleur, le premier qui souhaite la création d’écoles libertaires et d’université populaires, où la géographie trouvera bientôt une place prépondérante.

Aux origines de la cartographie thématique

A Vevey, ils s’attèlent aussi à une autre tâche. Les deux géographes consacrent en fait l’essentiel de leur énergie à la rédaction de la Nouvelle Géographie universelle (NGU), un ouvrage qui comptera à terme 19 volumes et plus de 17 000 pages. Charles Perron signe plus de 3 000 cartes en noir et blanc sur 6 000 et une cinquantaine de grandes tables en couleurs. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les éditeurs d’ouvrages géographiques commencent à porter une attention toute particulière aux illustrations cartographiques. Elisée Reclus est l’un des premiers géographes, sinon le premier, qui pense et conçoit l’iconographie en parfaite symbiose du texte comme en témoigne sa correspondance de travail. Il demande à ses cartographes de suivre des indications très précises : les cartes doivent être simples, les toponymes clairs et peu nombreux, il faut éviter toutes les formules abrégées et les symboles obscurs non compréhensibles.

Les premières collaborations de Charles Perron avec Elisée Reclus, depuis le deuxième volume, coïncident avec une importante innovation technique pour la production des cartes : l’emploi du procédé Gillot, qui permet de les envoyer directement à l’imprimeur, sans passer par le graveur à Paris. Pour Elisée Reclus, cela signifie garder le plein contrôle de l’iconographie malgré son éloignement.

Charles Perron se lance des défis toujours plus incertains, et tente de trouver une solution à l’un des problèmes les plus difficiles de la cartographie : représenter la troisième dimension. « L’instrument alors employé pour le tracé des lignes sur pierre ou sur métal ne pouvait servir sur le papier. Je dus trouver autre chose. Je fis faire l’outil qui est aujourd’hui entre les mains de tous les cartographes. Il se compose d’une simple règle en acier rayée sur le bord comme le sont les décimètres et contre laquelle se meut une équerre à angle modifiable, munie d’un ressort qui, glissant sur la règle, déclique en passant sur chaque millimètre. L’angle plus ou moins ouvert de l’équerre, joint au nombre de millimètres parcourus entre chaque arrêt de celle-ci permet de rapprocher ou d’éloigner d’une quantité quelconque les traits des grisés [7]. »

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Charles Perron au travail

Les cartes de Charles Perron ont peu à voir avec la « géographie mathématique », c’est-à-dire que la localisation géodésique et l’uniformité topographique ne sont pas leurs premiers soucis : elles sont un soutien au texte et se présentent souvent sous la forme de ce qu’aujourd’hui on appellerait une « carte thématique ». Cartes physiques, statistiques, historiques, cartes de la population sont alors employés pour accompagner l’exposé des thématiques sociales. Pour ne citer que quelques exemples parmi des centaines, la carte de l’accroissement de Londres illustre parfaitement le texte sur les grandes villes contemporaines et la carte des densités démographiques de l’Eurasie sert à Elisée Reclus pour son discours sur le développement comparé des civilisations de l’Orient et de l’Occident.

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Densité de population en Asie, (NGU, vol. VI, p. 17)

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Evolution spatiale de Londres (NGU, vol. IV, p. 503)

N’oubliez pas que la terre est ronde…

Dans les années 1890, Elisée Reclus quitte la Suisse et achève son ouvrage. Les archives montrent que sa collaboration avec Charles Perron se poursuit pour le projet du Grand Globe à l’échelle de 1:100 000 (127,5 mètres de diamètre), que Reclus projette de construire pour l’Exposition universelle de 1900 (lire « Elisée Reclus, le géographe qui n’aimait pas les cartes », de Federico Ferretti, et « Le monde sans la carte » de Béatrice Collignon).

Aujourd’hui, les géographes critiquent souvent les cartes pour leur « européocentrisme », ou parce qu’elles déforment injustement, selon la projection, les proportions des continents. Avec le fameux globe d’Elisée Reclus, pas de risque : « d’abord, le globe l’emporte sur la carte par le caractère de vérité, nous dit-il. Il représente la planète dans sa véritable structure, se module exactement sur les vrais contours, tandis que les cartes, d’autant plus fausses qu’elles s’appliquent à une partie plus considérable de la surface planétaire, ne peuvent que tromper le lecteur sur les dimensions relatives des régions différentes [8] ». Elisée Reclus, comme ses maîtres Carl Ritter et Alexandre de Humboldt, défend le principe de l’unité terrestre et dénonce l’insuffisance de la carte plane comme solution pour la représenter.

Charles Perron, ainsi que Paul Reclus, font partie de la grande équipe chargée de réaliser le globe. Tout le monde s’y met avec passion et enthousiasme. A Edimbourg, l’urbaniste Patrick Geddes se voit confier la réalisation du relief de l’Ecosse. Charles Perron se réserve la création du relief de la Suisse. « Quel beau fragment de notre globe sera la Suisse ! Votre Suisse (…) sera le gros morceau d’attaque [9]. » L’échelle du cent millième permet de représenter les hauteurs à la même échelle que les longueurs : une montagne de mille mètres correspond à un centimètre de relief, dimension déjà perceptible à la vue et au toucher. Charles Perron écrit :« Les autres producteurs de reliefs de l’époque exagèrent, en général, la hauteur des montagnes pour les faire mieux voir et, partant de l’idée de représenter la terre sous son aspect vrai, l’abandonnent aussitôt [10]. » Il prescrit des règles bien plus strictes :

  1. Les reliefs ont pour objet de montrer la configuration du sol telle qu’elle est.
  2. Ils ne doivent admettre aucune des conventions en usage dans les cartes de géographie.
  3. Rien ne doit y être représenté qui ne soit à l’échelle.
  4. Les reliefs représentant tout ou partie de l’écorce terrestre doivent en avoir la courbure exacte.
  5. Les reliefs doivent être construits selon des procèdes mécaniques assez précis pour que l’exactitude mathématique en soit la résultante.
  6. Les reliefs rentrent dans le domaine des sciences exactes où l’art ne doit intervenir qu’en seconde ligne [11].

Autant dire que rien n’est laissé au hasard. Charles Perron se munit d’un instrument ingénieux, un pantographe qu’il fabrique lui-même, pour graver les hauteurs sur des surfaces en bois ou carton pressé. Du Grand Globe, qui hélas ne verra jamais le jour (par manque de financement), ne sera fabriqué que le relief de la Suisse. Présenté à l’Exposition de Paris de 1900, ce fragment d’œuvre gagnera la médaille d’or !

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Le Relief de la Suisse travaillé par Charles Perron, (Genève, muséum d’histoire naturelle)

Des cartes pour le peuple !

C’est du côté de la pédagogie que se tournent les recherches scientifiques et les orientations politiques de Charles Perron, qui ne rêve que de « justice sociale », c’est-à-dire de la transformation libertaire et égalitaire de la société qu’Elisée Reclus, dans son ouvrage L’Homme et la Terre, lie à la « géographie sociale ». « La lutte des classes, la recherche de l’équilibre et la décision souveraine de l’individu, tels sont les trois ordres de faits que nous révèle l’étude de la géographie sociale et qui, dans le chaos des choses, se montrent assez constants pour qu’on puisse leur donner le nom de lois [12]. »

Elisée Reclus quitte Genève, et Charles Perron, plus social et pédagogique que jamais, souhaite mettre à la disposition du public les nombreuses cartes laissées par son collègue. Il s’engage dans un projet de « musée cartographique » qui finit par ouvrir ses portes en 1907, puis publie un catalogue descriptif, ainsi qu’une histoire générale des mappemondes. « Je voudrais réussir à faire comprendre, explique-t-il, au moins en partie, l’importance que des musées cartographiques pourraient avoir pour les études scientifiques comme pour l’instruction publique. Il ne suffit pas de connaître l’existence de vieux documents cartographiques : il faudrait que, comme les tableaux dans les galeries d’art, ils fussent accessibles à tous [13]. » Le catalogue contient des notes didactiques et des commentaires écrits de manière simple et claire afin que le savoir géographique soit autant que possible à la portée de tout le monde [14]. Plus de six cents personnes visitaient chaque année le Musée Cartographique, qui hélas, fermera en 1920 [15].

Les archives cartographiques de Charles Perron et Elisée Reclus sont conservées à la bibliothèque de Genève. Ce précieux matériel est réparti en trois catégories.

La première, ce sont les sources, c’est-à-dire des documents de tout genre consultés pour la rédaction de la NGU, dont une bonne partie était exposée au musée. Il s’agit de nombreuses cartes historiques, telles que reproductions des cartes de l’Antiquité et du Moyen Age, des recueils de cartes topographiques que les Etats européens produisaient à l’époque, des cartes russes et asiatiques collectées par des collaborateurs de la NGU comme Pierre Kropotkine et Léon Metchnikoff.

La deuxième, c’est celle des dessins originaux de Charles Perron, souvent annotés et corrigés par Reclus.

La troisième regroupe toutes les épreuves imprimées, où les annotations d’Elisée Reclus témoignent du très étroit contrôle qu’il exerçait sur les illustrations de ses livres. On peut citer en exemple la carte en couleurs de la mer Noire.

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Epreuve annotée de la carte de la mer Noire pour la NGU
(Bibliothèque de Genève, département des cartes et plans)

« Pointe à redresser, comme en général tous les contours. Les contours de la mer Noire sont trop inexactement simplifiés [16]. » Ce n’est pas seulement un souci de perfection extrême : pour Elisée Reclus, le monde est trop complexe pour que les cartes ne se permettent de le banaliser.

Aujourd’hui, les conservateurs de la bibliothèque tentent de convaincre les pouvoirs publics de la nécessité de valoriser ce patrimoine de milliers de cartes parmi lesquelles les « disques globulaires », cartes de métal recourbé descendants directs des « reliefs », qu’Elisée Reclus construisit à Bruxelles dans les dernières années de sa vie. « Parce que, écrivait-il à Charles Perron, il n’en reste pas moins vrai que la Terre est ronde et que les cartes devraient logiquement l’être aussi [17]. »

Federico Ferretti est Doctorant à l’université de Bologne et à l’université de Paris 1 Panthéon - Sorbonne, UMR 8504 Géographie-Cités, Epistémologie et Histoire de la Géographie (EHGO).

Notes

[1] Elisée Reclus, Nouvelle Géographie Universelle, Hachette, Paris, 1876-1894, 19 volumes.

[2] Peter Jud, Elisée Reclus und Charles Perron, Schöpfer der « Nouvelle Géographie Universelle », Zürich, 1987 ; Federico Ferretti, Il mondo senza la mappa : Elisée Reclus e i geografi anarchici, Zero in Condotta, Milano, 2007 ; voir aussi le site raforum.info/reclus/

[3] Frédéric Dufaux, Sonia Lehman-Frisch, Sophie Moreau, Philippe Gervais-Lambony, « Avis de naissance », Justice spatiale, 1 (2009), jssj.org

[4] Peter Jud, « Charles Perron », Itinéraire, 14-15, 1998, p. 69.

[5] James Guillaume, L’Internationale. Documents et souvenirs, Paris, Lebovici, 1985, p. 71.

[6] Charles Perron, De l’obligation en matière d’instruction, Imprimerie Vaney, Genève, 1868, p. 9.

[7] Jean Brunhes, Paul Girardin, « Conceptions sociales et vues géographiques : la vie et l’œuvre d’Elisée Reclus », Revue de Fribourg, 37, 1906, p. 362.

[8] Elisée Reclus, Projet de construction d’un globe terrestre à l’échelle du cent-millième, Paris, Edition de la Société Nouvelle, 1895, pp. 3-4.

[9] Bibliothèque de Genève (dorénavant BGE), Dép. des Manuscrits, Ms. Suppl. 119, lettre d’Elisée Reclus à Charles Perron, 1er décembre 1895.

[10] Charles Perron, « Exposition de quelques reliefs cartographiques nouveaux et explications à ce sujet », Le Globe, 33, 1894, p. 127.

[11] Peter Jud, 1987, op. cit., p. 166.

[12] Elisée Reclus, L’Homme et la Terre, vol. I, Paris, Librairie Universelle, 1905, p. IV.

[13] Charles Perron, Une étude cartographique. Les Mappemondes, Paris, Ed. de la Revue des Idées, 1907, p. 44.

[14] Charles Perron, Catalogue descriptif du Musée cartographique, Genève, Imprimerie Romet, 1907, p. 5.

[15] Marianne Tsioli Bodenmann, « Cartes et Plans », in Patrimoines de la Bibliothèque de Genève.

[16] BGE, Département des Cartes et Plans, Collection Charles Perron.

[17] BGE, Département des Manuscrits, Ms. Suppl. 119, lettre d’E. Reclus à Ch. Perron, 9 nov. 1902.

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