3 décembre 2011

Katanga Business

http://www.katanga-lefilm.com 
Réalisé par Thierry Michel
(2009 , 2h 00min)

La province du Katanga, située au sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC), est l'une des plus riches régions du monde. Elle produit du cuivre et du cobalt, mais aussi de l'uranium et d'autres minerais stratégiques. Pourtant, la population du Katanga continue de vivre dans une pauvreté extrême, tandis que des multinationales et les mafias du monde entier s’y implantent à toute vitesse au rythme des guerres, des rébellions et de la récente stabilisation politique.

Les anciennes mines, creusées par les Belges au début du XXe siècle, et qui constituèrent la puissante Union Minière du Haut Katanga durant la période coloniale, sont en pleine réhabilitation. Elles étaient quasi abandonnées après trois décennies de prédations et de mauvaise gestion suite à leur nationalisation par le Président Mobutu en 1967.

Aujourd’hui, de nouvelles mines sont creusées dans toute la province pour exploiter au plus vite ces minerais indispensables au développement technologique des pays occidentaux, et de l’Asie. Les minerais de ce nouvel eldorado sortent en grande partie frauduleusement du pays, à destination principale de la Chine, en manque crucial de matières premières.

Ce film, à travers le portrait de personnages clés de la nouvelle révolution industrielle du Katanga, montrera sur une durée longue et plusieurs périodes de tournage, comment les grandes sociétés multinationales se font une guerre sans merci au fil de recapitalisations et de prises de participation. Il suivra également le parcours de creuseurs artisanaux menacés de disparaître à cause de l'industrialisation.

Hommes politiques, capitaines d'industries, ingénieurs, nouveaux colons, creuseurs artisanaux, travailleurs salariés seront les personnages principaux de cette parabole sur la mondialisation qui prendra la forme d’un thriller économico-politique sur fond de violence sociale. Les archives du passé colonial belge permettront de mieux saisir les racines et les fondations historique de cette province dont le malheur fut d’être trop riche, et qui fit si souvent la une de l'actualité, des bombes de Hiroshima à l'assassinat de Lumumba.

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1 décembre 2011

Kenya : Vivre à Dadaab, le plus grand camp de réfugiés au monde

Ecrit parOnnik Krikorian
(Tous les liens pointent vers des pages en anglais) Publiée sur la page Flickr d'Oxfam, une photographie aérienne du plus grand camp de réfugiés au monde se trouvant  à Dadaab (Kenya), illustre l'ampleur du problème des migrations forcées. Le camp abrite 450 000 réfugiés, la plupart ayant fui la sécheresse et la guerre civile qui dure depuis 1991 en Somalie. 1 500 nouveaux réfugiés arrivent chaque jour.
Espérant trouver un répit face à la guerre, à la famine et aux catastrophes naturelles, 75% de l'ensemble des réfugiés résideraient dans des pays limitrophes au leur, provoquant parfois une autre crise humanitaire qui menace de peser sur les ressources des gouvernements nationaux et des organisations internationales.


Une vue aérienne de Dadaab, le plus grand camp de réfugiés au monde © Oxfam International

Non contente d'utiliser Internet pour faire circuler l'information et les images de la situation à Dadaab sur Twitter et sur Flickr, l'organisation humanitaire internationale Oxfam a également publié sur YouTube un journal vidéo de Scarlett Johansson, actrice américaine et ambassadrice d'Oxfam.





Bien sûr, la situation à Dadaab est tellement critique qu'Oxfam n'est pas la seule organisation internationale présente au camp. Amy Burke, une travailleuse humanitaire, met régulièrement à jour le blog de Lutheran World Relief (Aide Humanitaire Mondiale de l'église luthérienne)

Refugiés à Dadaab © Lutheran World Relief
La sécheresse la plus sévère de ces 60 dernières années a conduit des millions de personnes au bord de la famine. Leurs semis ont péri, de même que leurs bêtes. Démunis de tout moyen de subsistance, des dizaines de milliers d'entre eux se sont rassemblés ici à Dadaab, au Kenya, formant le plus grand camp de réfugiés au monde.
Récemment, les médias ont annoncé que le choléra se propageait à nouveau dans le camp. Amy Burke en avait souligné le risque début novembre.
Les pluies sont sur le point de commencer.
Cela peut sembler une belle issue pour les réfugiés d'Afrique de l'est qui ont été victimes d'une grande sécheresse dans la corne de l'Afrique l'an passé. Tandis que les pluies vont apporter le renouveau et un regain de vie, elles vont aussi apporter de nombreuses maladies d'origine hydrique. On estime le nombre de résidents de Dadaab susceptibles de tomber malades du fait de ces épidémies à environ 75 000.
Les témoignages tels que celui de Amy Burke sont cruciaux pour véhiculer l'information en dehors du camp lorsque l'attention médiatique s'est tarie.
Dadaab ne fait plus la une. La lutte est silencieuse. Seule la crise demeure.
Alors que la sécheresse en Afrique de l'est et la migration de centaines de milliers de personnes vers le camp de réfugiés surpeuplé de Dadaab ne font plus la une des journaux, la nature de la situation est toujours extrêmement préoccupante.
Les réfugiés sont des personnes à part entière, et non juste d'envahissantes statistiques. Chacun des 400 000 réfugiés résidant à Dadaab est une personne avec une vraie vie et de vrais besoins, mais souvent, on rejette l'idée de ces personnes et de leur détresse, pensant que l'on n'y peut rien.

Une crise tombée dans l'oubli © Lutheran World Relief
C'est peut-être pour cette raison qu'Amy Burke a aussi dressé un tableau plus humain de la vie dans le camp, mettant en perspective les récits personnels qui,  pour beaucoup à l'extérieur, peuvent être considérés comme des exemples de bravoure et de courage.
Ambiya vivait en Somalie avec sa fille, sa mère et sa grand-mère. En raison de l'aggravation de la sécheresse et de la famine qui se répandait à travers son pays, elle durent fuir en quête d'un endroit plus sûr. Cependant, son état ne lui permettait pas de partir et après 18 jours à ne rien manger ou presque, une Ambiya de 20 ans donna naissance à son fils Hamza.
Devenir mère n'est pas chose facile : s'assurer que l'enfant est en bonne santé, en sécurité et que ses besoins sont satisfaits est une responsabilité à plein temps. Sachant que cette tâche est déjà stressante en soi, imaginez quitter votre pays natal, marcher pendant au moins une semaine, perdre toutes vos possessions matérielles à cause de la sécheresse et arriver dans un nouvel endroit pour commencer une nouvelle vie avec pour tout bagage les vêtements que vous avez sur le dos.
Sans plus tarder, le jour où elle a donné naissance, Ambiya s'en est allée avec son nouveau-né, sa fille, sa mère et sa grand-mère pour entreprendre le long voyage à pied de la Somalie au Kenya. […] Pour la plupart des réfugiés, le seul but est de survivre au voyage, un espoir lointain et bien souvent inatteignable. Pour Ambiya, le but était que toute sa famille arrive saine et sauve à Dadaab, et en particulier son nouveau-né d'un jour.
[…] Prendre du recul par rapport à son histoire et à son exploit pose le problème de transformer Ambiya en un personnage de fiction. Ambiya est une personne bien réelle qui a lutté pendant ce qui est sans doute l'étape la plus difficile de sa vie. Elle représente une pure détermination. Son combat est bien réel et il est emblématique de la façon dont l'amour et la force d'une mère vont au-delà de la logique et de l'instinct de survie pour témoigner de l'amour et du sacrifice de soi.

Réfugiés en Afrique de l'est: la force de l'amour © Lutheran World Relief
Amy Burke décrit également les communautés formées par les réfugiés et leurs efforts pour gagner leur vie:
Les réfugiés qui auparavant étaient artisans, couturiers, agriculteurs etc, ont trouvé des moyens d'utiliser leur savoir-faire et ils échangent leurs savoir-faire au sein de leurs nouvelles communautés à Dadaab.
L'aide humanitaire demeure un élément essentiel à la survie des résidents de Dadaab, mais des marchés ont commencé à se développer, qui permettent aux réfugiés de trouver des moyens de satisfaire leurs besoins.
Le commerce y est florissant, ceux qui ont encore la chance de posséder des bêtes vendent du lait et du fromage, les tailleurs à qui il reste quelques bouts de tissu fabriquent des vêtements, les vanniers reprennent leurs activités et quiconque a les moyens de s'acheter des graines cultive un jardin et vend des légumes etc.
Les marchés ont permis d'accroître les revenus individuels, d'élargir une communauté et de faciliter l'accès à certaines ressources. Avec l'afflux récent de personnes et de nouveaux biens à échanger, les marchés sont en plein essor, créant à Dadaab une petite économie de marché interne.
Natasha Elkington, productrice multimédia chez Reuters, a aussi filmé une vidéo sur la vie dans le camp ayant le même objectif.
Je voulais voir si je pourrais raconter leur histoire d'un point de vue différent, en montrant leur vie quotidienne au lieu de se fixer sur leurs corps décharnés et leurs yeux gonflés.
[…]
[…] Beaucoup d'enfants se meurent à Dadaab. Et puis il y a ceux qui, même s'ils habitent le plus ancien camp de réfugiés au monde, vivent pleinement leur enfance. Ils jouent, ils vont à l'école, s'occupent de leurs frères et sœurs, et vont chercher de l'eau pour leur famille. Je voulais incorporer tous ces aspects de la vie des enfants de Dadaab dans ce projet.


Selon le Haut Commissaire aux Réfugiés des Nations Unies (HCR), le nombre de réfugiés s'élève à présent à environ 43,7 millions dans le monde, le chiffre le plus élevé depuis 15 ans. Le nombre de personnes déplacées dans leur propre pays a aussi augmenté et se chiffrait à 27,5 millions fin 2010.



 Italiano
· Kenya: Dadaab, il campo profughi più affollato del mondo
srpski· Kenija: Život u Dadaabu, najvećem izbegličkom centru na svetu
Español· Kenia: La vida en Dadaab, el mayor campo de refugiados del mundo
Svenska· Kenya: Livet i Dadaab, världens största flyktingläger
English· Kenya: Life in Dadaab, the World's Largest Refugee Camp

29 novembre 2011

La Commission Trilatérale contrôle le gouvernement Obama

Par Patrick Wood
pour http://www.voltairenet.org


Español  English 

L’oligarchie US défend ses intérêts de classe et garde le contrôle du pouvoir politique à l’échelle nationale en s’appuyant sur des sociétés secrètes telles que les Skull & Bones ou des clubs sélects comme le Council on Foreign Relations (CFR). Au plan international, elle utilise des groupes élitistes, par exemple le groupe de Bilderberg qui cherche à intégrer à son projet les oligarchies d’autres pays pour l’émergence d’une gouvernance mondiale. Notre collègue Patrick Wood explique comment fonctionne la Commission Trilatérale, une autre pièce de ce système complexe, dont le rôle a récemment été remis en lumière avec la nomination du chef de sa section Europe, Mario Monti, comme Premier ministre italien.


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Kissinger à la Maison-Blanche pour coordonner avec Obama les travaux de la Trilaterale, à gauche George Shultz
Maison Blanche, 20 mai 2009.
Pendant ses dix premiers jours de sa présidence, Barack Obama a nommé onze hauts fonctionnaires issus de la Commission trilatérale à des postes clés de son administration, introduisant ainsi une puissante force extérieure dans le leadership de son gouvernement, mais avec un agenda de base qui porte plutôt préjudice aux citoyens des États-Unis.
Outre ces nominations, Obama a appelé à la Maison-Blanche plusieurs membres illustres de la Commission trilatérale, dont Zbigniew Brzezinski, son principal conseiller en politique extérieure. Brzezinski est cofondateur de la Commission (1973) avec David Rockefeller.



^Kissinger, l’ex-Secrétaire d’État étasunien est la véritable cheville ouvrière de l’oligarchie US.
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La Commission trilatérale a une grande responsabilité dans l’état actuel du monde. Elle fut constituée en 1973 comme un forum mondial de « penseurs », devenus les artisans du tournant multinational pris par le capitalisme dans le sens d’une radicalisation du courant de pensée keynésien le plus classique de l’économie : rôle de l’État, intensification de l’exploitation mondiale du travail, hégémonie militaire mondiale des pays les plus riches de la planète et de leurs compagnies transnationales.
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Henry Kissinger avec Sarah Palin, John McCain, Hillary Clinton et George Bush Jr.
La Trilatérale est une sorte de grand parti politique mondial. D’après son site Web, elle fut créée par des personnalités du Japon, de l’Union européenne, et d’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) dans le but de promouvoir et de construire une coopération plus étroite entre les principales régions démocratiques et industrialisées du monde [en opposition au camp socialiste de l’époque] pour partager les responsabilités dans la direction d’un système international élargi.
Selon sa liste officielle, la Commission trilatérale compte 424 membres, dont 87 seulement sont États-uniens. Ainsi, au cours de ses deux premières semaines à la Maison-Blanche, le nombre de représentants gouvernementaux désignés par Obama constitue 12 % de la représentation des États-Unis à la Commission. Il entretient bien d’autres liens avec la Trilatérale, comme par exemple la présence en qualité de membre permanent de William Jefferson Clinton, le mari de la Secrétaire d’État, Hillary Clinton. Voici les onze personnes désignées par Obama :
- Tim Geithner, secrétaire au Trésor
- Susan Rice, ambassadrice auprès des Nations unies
- le général James L. Jones, conseiller à la Sécurité nationale
- Thomas Donilon, conseiller pour les questions de Sécurité nationale
- Paul Volker, président de la Commission pour la reprise économique
- L’amiral Dennis C. Blair, directeur du Renseignement national
- Kurt M. Campbell, secrétaire d’État adjoint pour l’Asie et le Pacifique
- James Steinberg, Député secrétaire d’État
- Richard Haass, envoyé spécial du Département d’État
- Dennis Ross, envoyé spécial du Département d’État
- Richard Holbrooke, envoyé spécial du Département d’État
L’administration Obama et la Commission trilatérale entretiennent bien d’autres liens. À titre d’exemple, signalons que le groupe informel de conseillers du secrétaire au Trésor, Tim Geithner, réunit les membres de la Commission : E. Gerald Corrigan, banquier et ancien président de la Réserve fédérale ; Paul Volker, aujourd’hui à la tête pensante de la relance économique d’Obama ; Alan Greenspan, le dernier responsable de la Réserve fédérale, et Peter G. Paterson, éminent banquier et investisseur.
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Frais émoulu de l’Université, Geithner se mit immédiatement au service du « trilatéraliste » Henry Kissinger, aux bureaux Kissinger & Associates. Un autre membre de la Commission trilatérale, le général Brent Scowcroft, un commerçant devenu banquier, fut conseiller officieux d’Obama et mentor de l’actuel secrétaire à la Défense Robert Gates. Robert Zoelick, ancien secrétaire au Commerce et actuel président de la Banque mondiale nommé sous l’administration G.W. Bush, est lui aussi membre de la Commission.
Le site Web signale : « La Commission trilatérale est composée de près de 400 noms illustres du monde des affaires, des médias, des universités, des services publics (à l’exception des ministres de cabinets nationaux actuels), des syndicats et d’autres organisations non gouvernementales des trois régions. Trois présidents (un dans chacune des trois régions du monde susmentionnée), des présidents régionaux, un vice-président et des directeurs constituent la direction de la Commission Trilatérale, en collaboration avec un Comité exécutif incluant une quarantaine d’autres membres ».
Depuis 1973, la Commission trilatérale se réunit régulièrement en séances plénières pour discuter de manifestes politiques élaborés par ses membres. Les politiques sont débattues jusqu’à obtention d’un consensus. Les membres regagnent leurs pays respectifs pour appliquer ou faire appliquer les politiques ainsi approuvées par consensus. L’objectif initial du groupe était l’instauration d’un « Nouvel ordre économique international » [ce qu’on appelle aujourd’hui la mondialisation]. Son discours actuel encourage une « coopération plus étroite entre les régions industrialisées démocratiques dominantes du monde, qui assument des responsabilités partagées dans la conduite d’un système international élargi ».
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Prix Nobel de la Paix (comme Obama), Henry Kissinger est impliqué dans plusieurs génocides.
Depuis l’administration Carter, les membres de la Commission trilatérale ont exercé leur influence à de hauts postes contrôlés par le gouvernement des États-Unis : six des huit derniers présidents de la Banque mondiale ; les présidents et les vice-présidents des États-Unis (à l’exception d’Obama et de Biden) ; plus de la moitié de l’ensemble des secrétaires d’État des États-Unis ; et les trois quarts des secrétaires à la Défense.
Durant la période 2009-2012, l’agenda de la Commission reposera sur deux grandes convictions. Premièrement, la Commission trilatérale est appelée à jouer un rôle plus important que jamais pour préserver la direction partagée des pays riches dans un système international élargi. Deuxièmement, la Commission « élargira son cadre pour refléter des changements plus vastes dans le monde ». Ainsi, le Groupe japonais s’est transformé en Groupe Asie-Pacifique, qui inclut des membres venus de Chine et d’Inde, tandis que des personnalités du Mexique ont rejoint le Groupe Amérique du Nord (Canada et États-Unis). Et le Groupe Europe continue d’augmenter avec l’élargissement de l’Union européenne.

Mise à jour de Patrick Wood (d’August Review.com)

La question de l’« influence indue » nous interpelle, lorsque l’on constate le nombre de membres de la Commission trilatérale nommés à des postes élevés au sein de l’administration Obama. Ils ont la mainmise sur des domaines liés à nos besoin nationaux les plus urgents : crise financière et économique, sécurité nationale et politique extérieure.
Le conflit d’intérêts est flagrant. Avec 75 % des membres non-US, quelle influence cette écrasante majorité continue-t-elle d’exercer sur les 25 % restant ? Par exemple, lorsque Chrysler s’est placé sous la protection et le contrôle de la loi états-unienne sur les faillites dans le cadre du plan de sauvetage de l’administration Obama, un accord a été conclu à la hâte avec le groupe italien Fiat pour sauver cette compagnie. La personne désignée pour conclure l’accord fut le secrétaire au Trésor ou ministre des Finances Timothy Geithner, membre de la Commission trilatérale. Seriez-vous surpris si on vous disait que le président de Fiat, Luca di Montezemolo, est lui aussi un membre de la Commission ? Le Congrès aurait dû interdire ce partenariat au moment où il a été suggéré.
Beaucoup des membres européens de la Commission trilatérale sont aussi de hauts dirigeants de l’Union européenne. À quelles oscillations politiques et économiques sont-ils soumis par la branche états-unienne ?
Si on faisait un sondage sur la question, la grande majorité des ressortissants US diraient que les affaires des États-Unis leur appartiennent, et qu’ils doivent se fermer à toute influence étrangère dictée par des programmes non étasuniens. Mais l’immense majorité des citoyens US n’a pas la moindre idée de ce qu’est la Commission trilatérale, et encore moins de l’énorme pouvoir qu’elle a usurpé depuis 1976, quand Jimmy Carter a été le premier membre de la Trilatérale élu président des États-Unis.
À la lumière de la crise financière actuelle sans précédent, les « trilatéralistes » seraient voués à l’exécration s’ils lisaient les déclarations de Zbigniew Brzezinski (cofondateur de la Commission avec David Rockefeller) consignées dans son livre paru en 1971 intitulé « Entre deux âges : le rôle de l’Amérique à l’ère technotronique ». Brzezinski signalait : « La nation-État, en tant qu’unité fondamentale de la vie organisée de l’homme, a cessé d’être la principale force créatrice : les banques internationales et les corporations transnationales sont [à présent] les acteurs et les architectes au sens que prenaient autrefois ces termes appliqués à la nation-État ». [Autrement dit, il a jeté au placard les concepts de base d’État-nation, de souveraineté des pays et du rôle de l’État dans la société, pour défendre la vision d’un monde gouverné par les banques et les corporations transnationales].
C’est exactement ce à quoi nous assistons dans toutes les sphères. Les banques et les corporations mondiales sont des cercles qui se resserrent autour de la nation-État, y compris les États-Unis. Elles n’ont aucun respect pour aucun processus, ni pour le Congrès, ni pour la volonté des peuples.
Pourquoi ont-elles maintenu les citoyens US dans l’ignorance sur un sujet qui ébranle les fondations mêmes de notre pays ?

La Trilatérale contrôle les grands médias

La réponse est simple : on compte parmi les patrons des grands médias de nombreux membres de la Commission trilatérale, et ils peuvent détourner les informations pertinentes mais dérangeantes. Parmi ces décideurs figurent :
- David Bradley, président d’Atlantic Media Company.
- Karen Elliot House, ex-vice-président senior de Dow Jones & Company, et éditrice du Wall Street Journal, qui appartient à Rupert Murdoch.
- Richard Plepler, coprésident de HBO.
- Charlie Rose, de PBS, Service public de radio et télévision des États-Unis.
- Fareed Zakaria, rédacteur du Newsweek
- Mortimer Zuckerman, président de l’U.S. News & World Reports.
Il existe beaucoup d’autres connexions avec la haute direction des médias, résultant de l’appartenance ou de la participation aux leviers de commande des transnationales et de l’actionnariat commun. Pour plus d’information, consulter mon livre publié originalement en 1978 « Trilaterals Over Washington », disponible [en anglais] en format électronique et gratuitement sur www.AugustReview.com. Ce site contient aussi beaucoup d’articles qui traitent divers aspects de l’hégémonie de la Commission trilatérale aux Etats-Unis et dans le monde.
Sources :
« August Review.com », 30 janvier 2009, « Obama : Trilateral Commission Endgame », par Patrick Wood.
Etudiant chercheur Sarah Maddox.
Tuteur : Peter Phillips, Université d’Etat de Sonoma.
Patrick Wood (August Review.com) / Réseau Voltaire / Projet censuré.

Fissions au cœur du nucléaire français

Par Tristan Coloma
octobre 2011 
pour http://www.monde-diplomatique.fr

L’explosion d’un four sur le site nucléaire de Marcoule (Gard), le 12 septembre, a fait un mort et quatre blessés. Après la catastrophe humaine et écologique de Fukushima en mars, l’accident propulse l’atome au cœur de la campagne présidentielle française : cette industrie, à la rentabilité incertaine, divise les candidats. Une page se tournerait-elle en France, pays le plus nucléarisé du monde par rapport au nombre d’habitants – et qui, de Golfech à Tricastin, avait jusqu’ici fait de l’énergie atomique le pilier stratégique de son indépendance ?


Après les « Dégage ! » des révoltes arabes, les « Nucléaire : Non merci ! » balaient le monde et pourraient bien en révolutionner le paysage énergétique. En Inde comme en Chine, de violentes manifestations ont lieu contre les projets de construction de centrales. L’Allemagne a annoncé sa sortie du nucléaire d’ici à 2022, imitée par la Suisse, qui a décidé d’abandonner l’atome. Les Etats-Unis ont gelé leur programme. Les Italiens, par voie référendaire, ont dit « non » au développement du nucléaire sur leur territoire (1). Les Turcs, quant à eux, s’opposent à la volonté de leur gouvernement de développer l’électronucléaire. En France, au-delà du débat technologique, c’est un choix de société que le pays le plus nucléarisé du monde — cinquante-huit réacteurs pour soixante-cinq millions d’habitants — pourrait être amené à faire en 2012. A en croire le ministre de l’énergie, M. Eric Besson, « le grand référendum sur le nucléaire, ce sera l’élection présidentielle (2) ». En effet, M. Nicolas Sarkozy souhaite réaffirmer le choix de l’atome, qui fournit 74,1 % de l’électricité nationale.

Une exception française ? Longtemps la filière nucléaire fut organisée par l’Etat dans une logique de coopération entre Electricité de France – Gaz de France (EDF-GDF), alors opérateur et donneur d’ordre unique, et ses fournisseurs. A présent la concurrence fait rage entre les protagonistes, entreprises géantes désormais plongées dans les eaux bouillonnantes du marché international : Areva, numéro un mondial de la conception de chaudières nucléaires et de la fourniture de combustible ; Alstom, premier acteur mondial de l’équipement associé (turbines) ; EDF, premier producteur d’électricité nucléaire. L’électricien est aussi opérateur, c’est-à-dire que l’entreprise vend l’énergie qu’elle produit, et architecte ensemblier — ceci recouvre la maîtrise de la conception, la construction et l’exploitation de son parc de centrales électriques.
A cette liste, il convient d’ajouter le groupe issu de la fusion entre GDF, privatisé fin 2007, et Suez, exploitant de centrales nucléaires en Belgique — une opération que ses futurs dirigeants présentaient comme « une étape importante dans la préparation de l’ouverture complète des marchés européens de l’énergie ». Par le jeu de ces nouvelles alliances, EDF et GDF, entreprises originellement associées dans un « duopole étatique », se retrouvent concurrentes. Paradoxe : il est de l’intérêt supérieur de l’Etat de venir en aide à une filière dont les acteurs rêvent pourtant de s’émanciper de la tutelle publique.

Il n’en a pas toujours été ainsi. En France, le choix du nucléaire n’est pas le pacte de Faust avec le diable, mais celui de Charles de Gaulle avec l’atome. Le 18 octobre 1945, deux mois après l’explosion des bombes atomiques américaines à Hiroshima et Nagasaki, le général ordonna la création du Commissariat à l’énergie atomique (CEA). Sa mission ? Effectuer des « recherches scientifiques et techniques en vue de l’utilisation de l’énergie atomique dans les divers domaines de la science, de l’industrie et de la défense nationale ». A cette époque, le nucléaire a avant tout une vocation militaire. Vue de Paris, la bombe atomique est l’arme ultime pour consolider son statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. En parallèle, le CEA devra aussi développer cette technologie à des fins civiles.
Dès 1952, la France expérimente l’électronucléaire et inaugure une première vague de centrales qui adoptent la technique uranium naturel - graphite - gaz. Dans le même mouvement, le 8 décembre 1953, le président américain Dwight D. Eisenhower lance devant l’Assemblée générale des Nations unies le programme Atoms for Peace, ouvrant la porte à l’application commerciale de l’énergie nucléaire.

Regroupant les industriels Schneider, Merlin Gerin et Westinghouse, la Franco-américaine de constructions atomiques (Framatome) adopte en 1958 les réacteurs à eau pressurisée. Ce programme décollera après la guerre israélo-arabe de 1973 : dès l’automne, les cours du pétrole quadruplent brutalement, provoquant le premier choc pétrolier. L’indépendance énergétique et un kilowattheure bon marché deviennent de grandes causes nationales ; l’idée s’impose qu’en France, « si on n’a pas de pétrole, on a du nucléaire ! ». C’est le lancement de l’ère atomique, sous la tutelle de Pierre Messmer, premier ministre de Georges Pompidou. N’ayant jamais saisi les parlementaires pour débattre de l’avenir énergétique, Messmer laisse entendre que la stratégie du « tout nucléaire » n’est pas contestable.

La sécurité menacée 

 

Dans les rangs de l’opposition, d’ailleurs, le choix du premier ministre est plébiscité. Côté syndicats, la Confédération générale du travail (CGT), majoritaire chez EDF, adoube le programme. Les communistes se rallient d’autant plus facilement que, à travers la défense des entreprises nationalisées, ils entrevoient la perspective d’une création massive d’emplois publics et le développement d’un modèle social ambitieux où les ouvriers auraient l’impression de participer au progrès de leur pays, fédérant en réseaux « des hommes au service des hommes ». Le Parti socialiste avance des propos plus nuancés sur cette énergie, mais ne s’opposera jamais à l’option nucléaire. De l’avis de M. Valéry Giscard d’Estaing, « ce choix n’a jamais été remis en cause par les gouvernements successifs — notamment pendant les deux septennats du président Mitterrand — parce qu’il n’existe pas d’alternative (3)  ! ». Et, quelques années plus tard, comme se souvient Mme Michèle Rivasi, eurodéputée écologiste et fondatrice de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), le premier ministre socialiste Lionel Jospin craignait des soubresauts dans le gouvernement lorsqu’il était question de l’industrie atomique : « Il ne fallait pas toucher à ce secteur. Lionel Jospin n’avait qu’une seule hantise : que cela déclenche une révolution syndicale qui aurait paralysé le pays. C’était une inquiétude à caractère social. Les stratégies énergétiques en revanche n’intéressent pas les politiciens (4). »

Le pouvoir politique ne serait-il qu’une particule élémentaire face au lobby nucléaire ? Pour Mme Rivasi, c’est un état de fait : « A l’Assemblée, on peut carrément parler d’un tabou nucléaire, il n’y a pas de débat. Pourtant l’Etat détient plus de 80 % d’EDF et d’Areva, donc c’est l’affaire des députés que de s’intéresser à la manière dont est utilisé l’argent public. »

Incontestablement, l’électronucléaire peut avancer un certain nombre de réussites dans le demi-siècle écoulé : l’indépendance énergétique, le fait qu’il soit faiblement émetteur de dioxyde de carbone (CO2), des coûts de production stables dans le temps. Selon un proche de M. François Roussely, ancien patron d’EDF, « les dirigeants politiques n’ont pas traité la question énergétique car il n’y avait pas d’urgence à remettre en question cette voie qui bénéficiait d’une acceptation sociétale forte. Contrairement à beaucoup de nos voisins, nous n’étions pas confrontés à des tensions sur la fourniture d’électricité. Il faut dire que depuis vingt ans il y a une rente nucléaire partagée entre l’Etat et les citoyens, lesquels paient en moyenne l’électricité 30 % moins cher par rapport aux autres Européens ». Comme le rappelle une source proche du dossier qui souhaite rester anonyme, « l’automobile, la défense et le nucléaire sont les trois dernières filières industrielles françaises ; cette dernière est la seule où l’Etat est partie prenante, en tant qu’actionnaire majoritaire ».

La pérennité du nucléaire s’explique aussi par une certaine inertie politique. C’est la « dépendance au sentier » : les choix technologiques initiaux d’une nation sont rarement remis en question par crainte de perdre l’amortissement et les rendements croissants des investissements de départ. Or, comme l’expliquent Daniel Kübler et Jacques de Maillard, professeurs de science politique, « une technologie ayant un avantage de départ peut être adoptée durablement par les acteurs économiques, alors que sur le long terme elle a des effets nettement moins efficients que des technologies concurrentes (5) ».
Le coût global du nucléaire reste encore obscur, alors que plane le risque d’un accident majeur dont les conséquences seraient à la charge des contribuables. Mais la principale inconnue concerne le stockage des déchets et le démantèlement des installations. En France, la Cour des comptes estimait en 2003 que le montant minimum de la déconstruction des cinquante-huit réacteurs nucléaires serait de 39 milliards d’euros. De son côté, le Royaume-Uni prévoit, pour démanteler ses quinze réacteurs, de mobiliser... 103 milliards d’euros.

La gestion de ces coûts, qui en France incombe à EDF, inquiète la Cour des comptes. L’entreprise publique, qui a provisionné 16 milliards d’euros en vue du démantèlement, en aurait perdu 2,2 en raison de placements boursiers risqués. Mais, pour EDF, tout problème a une solution : « La chute des marchés financiers en 2008 a impacté négativement la valeur de ces actifs, et, compte tenu de cette baisse et de la forte volatilité des marchés, il a été décidé en septembre 2008 de suspendre les allocations aux portefeuilles d’actifs dédiés jusqu’à ce que les conditions des marchés soient stabilisées (6). » Moins d’argent provisionné, moins de pertes ! De plus, EDF a utilisé une partie des provisionnements pour se développer à l’étranger, notamment en achetant des concurrents. En théorie, de tels investissements devraient dégager des bénéfices suffisants pour faire face aux démantèlements de centrales. Le 17 mai, soucieux de la situation, le premier ministre François Fillon a adressé à M. Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, une lettre de mission relative aux « coûts de la filière nucléaire, y compris ceux relatifs au démantèlement des installations et à l’assurance des sites ». Car EDF est une entreprise très endettée dont les choix stratégiques parfois désastreux pèsent sur le contribuable ou l’usager.

EDF estime le coût complet du nucléaire français, de la construction au démantèlement, à 46 euros par mégawattheure (MWh). C’est 48 % de plus que le prix de revient de base de l’électricité nucléaire (30,90 euros/MWh) tel qu’il a été évalué par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Et le coût de l’électricité produite par le réacteur de nouvelle génération EPR devrait s’élever à plus de 80 euros/MWh (7). De quoi nuancer fortement les propos de M. Sarkozy, pour qui cette technologie s’avérerait la moins chère. Ce ne serait d’ailleurs pas sa première approximation en la matière : lors d’un débat télévisé tenu entre les deux tours de l’élection présidentielle, en 2007, face à Mme Ségolène Royal, le futur chef de l’Etat n’avait pas brillé par sa connaissance du secteur. Les adversaires s’étaient transformés en duettistes aux partitions statistiques erronées.

Des centrales, sinon le choc des civilisations 

 

Mais, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le nucléaire ne peut être compétitif que si l’on en attend un rendement annuel faible, de l’ordre de 5 % (8). Avec les ouvertures de capital d’EDF et d’Areva, il est peu probable que les actionnaires ne demandent pas un meilleur rendement. De plus, le vieillissement du parc ne présage rien de bon. EDF a prévu d’investir 20 milliards d’euros afin de prolonger d’au moins dix ans l’activité de ses centrales. Et l’accident de Fukushima risque d’alourdir la facture : la Deutsche Bank estime à 9 milliards d’euros le coût du renforcement de la sécurité des réacteurs français d’ici à 2015.
Plus que du soutien médiatique du président de la République, le secteur de l’énergie a besoin de l’argent de l’Etat pour exister. Et, en la matière, le démantèlement de la filière publique n’est pas fait pour rassurer les usagers. On est loin des principes édictés par le Conseil national de la Résistance lors de la création d’EDF et de GDF. Avant que la Constitution de 1958 ne leur donne naissance, la IVe République avait jeté les fondations des établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) avec une gestion tripartite (Etat, personnel, usagers), dans un contexte d’après-guerre où l’électrification du territoire était considérée comme une mission régalienne. Depuis la loi du 9 août 2004, EDF est devenue une société anonyme. L’entreprise peut désormais ouvrir son capital. Mais vouloir associer réduction des coûts pour augmenter les dividendes des actionnaires et haut niveau de sécurité conduit à une aporie. Selon M. Thierry Le Pesant, ancien membre du Centre international de recherche sur l’environnement et le développement (Cired), « une des premières leçons que l’on peut tirer de la catastrophe de Fukushima est que la dérégulation du secteur de l’énergie n’est pas sans effets sur la sécurité de l’exploitation du nucléaire civil pour la production d’électricité : course à la productivité, sous-investissement chronique, manque d’équipements, perte de compétences, pressions croissantes, recours aux sous-traitants et aux sous-traitants des sous-traitants ».

Pour M. François Soult, un haut fonctionnaire, « l’ouverture du capital implique de rémunérer des actionnaires privés et donc d’améliorer les résultats de l’entreprise. Pour cela, il faut augmenter le chiffre d’affaires, et donc les tarifs ». Et M. Daniel Paul, député communiste de Seine-Maritime, d’ajouter : « L’Europe a voulu faire sauter le monopole des opérateurs historiques. Lorsque EDF-GDF a été démantelé, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’industrie, avait fait une promesse de Gascon en annonçant qu’il ne privatiserait pas GDF (9). Maintenant qu’Areva a subi une ouverture de capital, l’entreprise va-t-elle être privatisée elle aussi ? La dérégulation du marché de l’électricité, c’est du perdant-perdant pour l’usager devenu client. Pour l’instant, le consommateur est sauvé par la régulation du tarif de l’électricité assurée par la CRE, mais seulement jusqu’en 2015. »

L’application des décrets européens a abouti à une proposition très discutée à l’Assemblée : le projet de loi Nouvelle organisation du marché de l’énergie (NOME). Il vise à forcer le passage du secteur privé vers le contrôle de la distribution de l’électricité, en réduisant la part des prix réglementés. Parmi les conséquences attendues : une forte hausse des prix fixés par l’Etat, qui les rapprochera de ceux du marché et permettra à GDF-Suez, Poweo ou encore Direct Energie de gagner des parts dans la fourniture d’électricité aux particuliers et aux entreprises (10). « La loi Nome rend possible la dérégulation du prix de l’électricité via l’obligation faite à EDF de mettre à la disposition de ses concurrents 25 % de sa production nucléaire ; le gouvernement ne peut s’y opposer, explique M. Paul. Une fois, un commissaire européen m’a pris à partie en ces termes : “Soit vous acceptez la loi Nome et l’ouverture du marché de l’électricité, soit on vous impose une privatisation d’une partie du parc nucléaire français.” »
De fait, en dépit de l’ouverture totale de son marché intérieur en 2006, sur l’injonction de Bruxelles, la concurrence reste très marginale en France, puisque 95 % des consommateurs sont restés fidèles aux tarifs réglementés (11). Aussi, la Commission européenne estime manquer d’informations pour valider le tarif de gros fixé par l’Etat pour la revente de l’électricité nucléaire d’EDF à ses concurrents. La CRE préconisait une fourchette de 36 à 39 euros le MWh (12), « clairement en dessous » du prix finalement retenu par le gouvernement français — 40 euros au 1er juillet 2011, puis 42 euros à partir du 1er janvier 2012.
Dans ces conditions, pas question pour la Commission d’abandonner les procédures pour aide d’Etat et pour infraction à la législation européenne lancées contre la France. De plus, le secteur du nucléaire est gourmand en capitaux, et le changement de statut d’EDF annule la garantie de l’Etat sur sa dette, considérée par les services européens de la concurrence comme une aide illégale.

De même, Areva a un fort besoin de liquidités car ses activités nécessitent des apports capitalistiques très importants. Le groupe est présent dans tous les secteurs du nucléaire, adoptant une « stratégie Nespresso » (vendre la machine bon marché et dégager sa marge avec les capsules), selon le mot de l’ancienne dirigeante emblématique et fondatrice d’Areva, Mme Anne Lauvergeon. 80 % des revenus sont issus des activités d’extraction dans les mines d’uranium et de la fabrication du combustible, qui nécessite des investissements lourds (5 à 7 milliards d’euros par an). Le traitement et le recyclage des déchets sont des activités rentables, mais sans croissance. Reste la fabrication et l’entretien des réacteurs. Là, les retards sur les chantiers s’accumulent et les devis explosent. Le cas du chantier de l’EPR à Olkiluoto en Finlande est représentatif : il coûtera deux fois plus cher que prévu (6 milliards d’euros) pour une mise en service annoncée en 2013 au lieu de 2009. Si bien qu’en juin 2010 le groupe, pourtant public, lesté d’une dette de 6 milliards d’euros, a vu sa note abaissée de deux crans à BBB+ par Standard & Poor’s. L’occasion pour l’Etat de ressortir des cartons un vieux projet : la recapitalisation d’Areva. Celle-ci a eu lieu le 10 décembre 2010, mais pas au niveau escompté (seuls 965 millions d’euros ont été levés, contre 2 à 2,5 milliards d’euros attendus).
Au final, seul le fonds souverain du Koweït (Kuwait Investment Authority, KIA) a investi à hauteur de 4,82 % (600 millions d’euros). Faute d’autres propositions, l’Etat a dû monter au capital pour grossir l’enveloppe. De plus, les Koweïtiens ont posé une condition : la conversion des certificats d’investissement — sortes d’actions sans droit de vote mis en place à l’époque du « ni privatisation ni nationalisation » par François Mitterrand en 1988 — en actions boursières. Une garantie pour KIA, qui peut ainsi céder sa participation sans trop de difficultés s’il le souhaite. Et l’eurodéputé socialiste Vincent Peillon de s’alarmer : « N’importe qui peut acheter ! Des groupes privés deviennent actionnaires de l’opérateur français chargé de construire les centrales et d’en assurer la maintenance (13). »

La manœuvre n’ayant pas permis de renforcer assez solidement la structure financière d’Areva, l’Elysée a proposé qu’EDF entre au capital. Pourtant, d’après une source proche du dossier, « le destin ne commande pas qu’EDF soit un actionnaire de référence d’Areva à long terme : si les clients [EDF ne représente que 25 % du chiffre d’affaires d’Areva] deviennent actionnaires de leurs fournisseurs, c’est un capitalisme transformé ». Dans cette filière où les contrats se chiffrent en milliards d’euros, la bataille entre tous les acteurs est acharnée.

En 2003, Alstom est dirigé par M. Patrick Kron, un proche de M. Sarkozy. Le groupe, qui connaît une grave crise financière (14), tente de fusionner avec Areva. Trois ans plus tard, c’est au tour de M. Martin Bouygues, l’un des meilleurs amis du chef de l’Etat et premier actionnaire d’Alstom, dont l’entreprise fournit le béton des centrales. « Quand Nicolas Sarkozy est arrivé à l’Elysée, dit un de ses proches, il avait en tête un rapprochement entre Areva et Bouygues, actionnaire d’Alstom. Ça a beaucoup pollué le dossier (15). » Certains ont eu l’impression d’assister à une offre publique d’achat (OPA) du clan du Fouquet’s (16) sur l’atome. Car un autre personnage était invité au soir de l’élection de M. Sarkozy : M. Henri Proglio. Dès son arrivée à la tête d’EDF en novembre 2009, l’ancien président-directeur général de Veolia a une cible : Mme Lauvergeon. Il l’emportera, le 16 juin 2011, quand le chef de l’Etat choisira de ne pas reconduire celle-ci à la tête d’Areva — il lui préférera M. Luc Oursel. Derrière ce duel, « c’est un changement de management nucléaire en France, analyse M. Yves Cochet, député de Paris (Europe Ecologie – Les Verts). Ce sont les commerçants, les gestionnaires comme M. Proglio qui prennent la présidence des grandes entreprises, plutôt que des ingénieurs comme Mme Lauvergeon. »

Ces rivalités ont eu des conséquences directes sur les performances françaises sur les marchés étrangers. Leur point d’orgue ? La perte du marché de la construction de quatre EPR à Abou Dhabi au profit du groupe coréen Kepco. Un drame qui permet à l’Elysée d’arguer que la dirigeante historique d’Areva, Mme Lauvergeon — ancienne « sherpa » de François Mitterrand, un temps pressentie pour entrer au gouvernement en 2007, et dont le refus avait envenimé ses relations avec l’Elysée —, n’a pas su convaincre.
M. Sarkozy a décidé de remettre de l’ordre dans la filière. Il a tout d’abord créé en 2008 le Conseil de politique nucléaire (CPN), qui a décidé le 27 juillet 2010 de mettre en place un partenariat stratégique entre EDF et Areva. De plus, sur recommandation du rapport Roussely, l’Elysée a tranché : le chef de file de l’équipe de France du nucléaire sera EDF. Une décision qui fait grincer des dents le directeur du Centre de géopolitique de l’énergie et des matières premières, M. Jean-Marie Chevalier : « Qu’EDF soit le chef de file dans certains cas, pas de problème, mais pas de façon générale. Vous imaginez un peu la position d’E.ON (17) qui voudrait construire un EPR au Royaume-Uni, il faudrait qu’il passe par EDF ? ça n’a pas de sens. C’est comme si British Airways passait par Air France pour commander des Airbus. »
L’Etat a fait payer à la direction d’Areva l’inadaptation de son modèle. Car la vente de grands équipements nucléaires est un enjeu capital pour maintenir l’avance technologique française et réduire le déficit de la balance commerciale.

Le 6 février 2009, lors de sa visite sur le chantier de l’EPR à Flamanville, M. Sarkozy déclarait ainsi qu’« il y a le monde à conquérir en matière d’énergie, et la France, qui n’a pas de pétrole et qui n’a pas de gaz, doit devenir exportatrice ». Sa volonté est avant tout de défendre une industrie de « grands champions ». Il s’applique assidûment à promouvoir l’industrie nucléaire civile française à chacun de ses déplacements. « Les chefs d’Etat ont toujours été des transporteurs d’intérêts privés, mais à ce niveau-là et sur une technologie aussi périlleuse, c’est absolument inédit », estime Mme Marie-Christine Blandin, sénatrice du Nord (Europe Ecologie – Les Verts) siégeant à l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Avant d’ajouter : « Le summum étant l’offre nucléaire faite en 2007 à Kadhafi, que [le président français] cherche maintenant à minorer. » Pour le président de la République, le nucléaire civil est un outil géostratégique au Maghreb et au Proche-Orient. Le 29 avril 2008, à la tribune du Forum économique tuniso-français, à Tunis, sa démonstration était simple. Si on prive les pays en développement de la technologie du nucléaire civil, assenait-il, « on construit le choc des civilisations ».
Tristan Coloma
Journaliste.
(1) Lire Denis Delbecq, « Comment Fukushima rebat les cartes du nucléaire », Le Monde diplomatique, juillet 2011.
(2) Le 11 avril 2011, pendant l’émission « Mots croisés » sur France 2.
(3) Le Monde, 25 mars 2011.
(4) Sauf mention contraire, les citations proviennent d’entretiens avec l’auteur.
(5) Daniel Kübler et Jacques de Maillard, Analyser les politiques publiques, Presses universitaires de Grenoble, 2009.
(6) Extrait du prospectus relatif au placement privé d’obligations à long terme auprès d’investisseurs institutionnels, EDF, janvier 2009.
(7) « Annual nuclear energy outlook 2011 », US Energy Information Administration, Washington, DC, décembre 2010.
(8) « Projection des coûts de production de l’électricité : édition 2010 », Agence internationale de l’énergie – Organisation de coopération et de développement économiques, mars 2010.
(9) Le 6 avril 2004, devant l’Assemblée nationale.
(11) Au 31 mars 2011, d’après l’« Observatoire des marchés », une publication de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), 1er trimestre 2011.
(12) Selon les prévisions de la CRE, les tarifs réglementés devraient bondir de 7,1 % à 11,4 % dès cette année et continuer d’augmenter de 3,1 % à 3,5 % par an de 2011 et à 2015.
(13) « Mots croisés », France 2, 11 avril 2011.
(14) Surmontée grâce à l’intervention transitoire de l’Etat en 2004, remplacé par Bouygues comme actionnaire de référence.
(15) Le Point, Paris, 6 janvier 2011.
(16) D’après le nom du restaurant parisien où M. Sarkozy a célébré sa victoire à la présidentielle, en 2007.
(17) Exploitant d’électricité allemand.

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