12 décembre 2013

Tritium à la mer : L’AIEA encourage Tepco à rejeter l’eau radioactive à l’océan

Source : http://www.vivre-apres-fukushima.fr
05/12/2013
English : IAEA recommends discharging Fukushima radioactive water to the sea

Tepco se trouve avec d’énormes quantités d’eau radioactive qui vont croissant et dont il ne sait que faire.


conf de presse de l'AIEA
Juan Carlos Lentigo, à G, chef de l’équipe d’experts de l’AIEA pendant une conférence de presse à Tokyo le 4 Déc. (image Akira Hatano- Asahi)

L’AIEA, après une visite sur place recommande d’envisager de rejeter cette eau radioactive à la mer. Bien sur, ce serait après « traitement » de décontamination et de façon « contrôlée ».
Mais ils avouent quand même qu’ils ne savent pas retenir le Tritium.
A supposer que la décontamination pour les autres substances radioactives soit efficace, ce serait donc de l’eau tritiée qui finirait dans la poubelle collective « océan Pacifique ».

Un article en anglais de l’Asahi Shimbun

Allison Macfarlane, à la tête de la NRC, l’autorité de sûreté nucléaire américaine, en visite au Japon, a déclaré de même que l’eau partiellement décontaminée par ALPS, mais contenant toujours beaucoup de tritium, devrait être rejetée en mer, après avoir été diluée, car il n’y a pas d’autre solution.

Note:

- Tepco laisse filer déjà chaque jour à l’océan quelque 400m3 d’eaux contaminées, de façon incontrôlée.
- Rejeter à la mer, c’est tous les riverains et habitants du Pacifique, tous les poissons et autres habitants de l’océan qui vont en être contaminés. Progressivement la contamination va s’étendre à l’ensemble des mers.L’industrie nucléaire, incapable de gérer ses déchets en est toujours au stade de « l’océan poubelle »; et ce sont les populations qui vont en subir les conséquences.


Qu’est-ce que le Tritium ?
Le tritium est l’isotope radio actif de l’Hydrogène (symbole: 3H ou T)
Comme l’hydrogène « normal », il s’unit à l’oxygène et forme ainsi une eau radioactive sous différentes formes.
Pur, il est très radioactif.
Dans l’environnement on le trouve sous une forme très diluée dans l’eau normale appelée eau tritiée.
Il se désintègre en émettant un rayonnement Beta- , de faible énergie
Sa demi-vie est de 12,32 ans (il faut donc 120 ans pour qu’il ne persiste plus que 1/1000 de la radioactivité initiale).
Il est rare dans l’environnement naturel
Il est fabriqué et émis dans l’environnement par:
  • les explosions d’armes nucléaires
  • l’industrie nucléaire: les centrales, la fabrication des armes atomiques et surtout les centres de retraitement des combustibles
    Ses usages:
  • en premier lieu: « améliorer le rendement des armes thermonucléaires »
  • il est un élément de base des réacteurs ITER
  • traceur en biologie, exploration pétrolière, gaz de schiste etc…
Comme l’eau normale, l’eau tritiée diffuse très facilement partout dans l’environnement et dans tous les êtres vivants;
Comme l’organisme ne le distingue pas de l’hydrogène normal, le tritium s’incorpore dans tous les tissus animaux et végétaux.
Il est difficile à stocker, il traverse aciers et béton.
Il n’existe pas de méthode industrielle pour le piéger; ce qui fait que la totalité du Tritium fabriqué par l’industrie nucléaire est libérée dans l’environnement…(ASN)

Les infos dont on parle peu n°48 (30 Novembre 2013)

Source : http://www.agenceinfolibre.fr



Infos internationales


Économie


Santé / environnement

30 novembre 2013

Et la frontière devint un marché prospère et militarisé...

Par Elisabeth Vallet
29/11/2013
Source : http://blog.mondediplo.net
English : And the border became a thriving market and militarized ...


Septembre 2013. Enclave espagnole de Melilla (nord du Maroc).

L’assaut est donné juste avant l’aube, le plus violent depuis 2007. Une fois encore, une fois de plus, des migrants se sont jetés contre la barrière frontalière qui sépare le Maroc de Melilla dans l’espoir de pénétrer l’espace Schengen. Le lendemain, une centaine sont passés et viennent grossir les rangs de ceux qui sont déjà retenus dans cette petite enclave de 80 000 habitants, dans des camps en large surcapacité.

Au même moment, à Ceuta, d’autres migrants tentaient la même manœuvre, mais en passant par la mer, à la nage. Les deux petites enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sont désormais une des principales portes d’entrée de l’Union européenne pour les migrants qui arrivent de presque partout en Afrique. Et depuis 2011, le « ressac » provoqué par les révoltes arabes a accru la pression aux frontières de l’espace Schengen. Et crispé les Etats européens.

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© Chappatte. Avec l’aimable autorisation de l’auteur. Dessin paru dans la "NZZ am Sonntag", Zürich - www.globecartoon.com
 
Alors que la mondialisation atténue les frontières, les Etats riches sont paradoxalement en train de les réaffirmer. Face à des flux qu’ils pensent ne pas pouvoir maîtriser, ils dressent des murs dans l’urgence. Des murs pour rassurer leurs populations qui y voient une manière de canaliser les flux de migrants. Des murs qui, dans un univers où l’on veut « éliminer les risques », permettent en apparence de répondre à un enjeu de sécurité auquel l’Etat-prescripteur ne croit pouvoir répliquer que de manière unilatérale et asymétrique.

Lire « Voyage aux marges de Schengen », Le Monde diplomatique, avril 2013 Les murs reflètent le besoin qu’ont les Etats de se « sanctuariser » (comme l’Inde, l’Arabie saoudite ou encore la Chine dont les tendances à s’emmurer s’affirment de plus en plus) ou de redéfinir leur souveraineté (comme la Russie qui a annoncé — en septembre 2013 — la construction d’une double barrière le long de sa frontière… avec la Norvège !). Dans ce contexte, la frontière devient alors un objet qu’il faut surveiller, filmer, bétonner, blinder, armer.

Du risque à la menace 

 

Le mur cristallise le contraste entre deux espaces : celui de la sécurité et celui du risque. De fait, il devient le moyen de répondre à un enjeu classique (pression migratoire) devenu une question de sécurité (menace terroriste), alors que cet enjeu pourtant très localisé (le long de la frontière) prend des accents nationaux (la frontière est intégrée dans la dimension sécuritaire nationale).

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Le mur à Jérusalem
Photo : Elisabeth Vallet, 2010. 
Or depuis 2001, deux « menaces » — les flux migratoires et les mouvements de groupes terroristes — ont fini par se confondre et se superposer dans les discours légitimant l’érection de nouveaux murs — y compris dans des Etats dits démocratiques. Ainsi en va-t-il d’Israël le long des 240 kilomètres de sa frontière avec l’Egypte, le long de la frontière jordanienne (depuis janvier 2012 et confirmé par l’annonce d’une nouvelle barrière en octobre 2013), de la frontière libanaise et, bien entendu, dans les territoires occupés.
De son côté, l’Inde, après celle réalisée pour s’isoler du Pakistan, en achève une deuxième autour du Bangladesh pour limiter la contrebande, l’immigration et l’« éventualité terroriste », et en amorce une troisième (semble-t-il) le long de sa frontière avec la Chine.

L’Espagne figure également au tableau des démocraties fortifiées : le Maroc (qui a construit graduellement depuis 1981, un mur de sable — Berm — au Sahara occidental pour isoler le front Polisario), voit son territoire marqué par deux barrières érigées en 1998 et triplées après 2005 autour des enclaves espagnoles de Melilla et de Ceuta pour empêcher le passage des migrants.

De leur côté, les Etats-Unis poursuivent la construction de la barrière de 930 kilomètres qui les sépare déjà du Mexique — même si l’administration Obama a décidé de suspendre, en mars 2010, le programme trop onéreux de « frontière virtuelle ».

La Grèce a achevé, en janvier dernier, un mur le long de sa frontière avec la Turquie pour, là aussi, « freiner » le passage des migrants. Enfin, la Bulgarie vient d’approuver la construction d’une nouvelle barrière frontalière sur 30 kilomètres le long de sa frontière avec la Turquie.

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Toujours plus de murs dans un monde sans frontières : nombre de murs frontaliers, 1945-2012
Données compilées par Élisabeth Vallet et la Chaire Raoul-Dandurand avec l’appui d’une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. 
Alors que l’annonce par la Turquie, en septembre et octobre 2013, de la réalisation d’un mur frontalier en deux points de sa frontière avec la Syrie mobilise les notables kurdes des villes affectées, les discours de légitimation des murs se nourrissent de deux types d’arguments :

- Le premier met l’accent sur le fait de freiner ou d’empêcher le passage des migrants. C’est le cas des frontières entre :
  • Ceuta, Melilla et Maroc
  • Turkménistan et Ouzbékistan
  • Ouzbékistan et Afghanistan
  • Chine et Corée du Nord
  • Emirats Arabes Unis et Oman
  • Brunei et la Malaisie
  • Inde et Bangladesh
  • Grèce et Turquie
  • Turquie et Syrie
- Le second est axé sur la prévention du terrorisme ou des trafics (drogue, armes, métaux précieux, êtres humains). C’est le cas des frontières entre :
  • Iran et Pakistan
  • Égypte et Gaza
  • Ouzbékistan et Kirghizstan
  • Israël et Palestine
  • Brunei et Malaisie
  • Thaïlande et Malaisie
  • Arabie Saoudite et Yémen
  • Irak et ses voisins
Mais cette « classification » n’est pas aussi tranchée, puisque Washington par exemple, justifie aussi l’existence de son mur avec le Mexique par la lutte contre le narcotrafic. Ce double argumentaire est aussi valide en Asie centrale ou aux frontières de l’Inde.

L’émergence d’une industrie de la frontière blindée 

 

Répondre à cet éventail d’objectifs (surveiller et fermer la frontière) exige l’utilisation de technologies élaborées et complexes, lesquelles ont favorisé l’émergence d’un nouveau marché international de la sécurité. Ainsi, le blindage de la frontière, qui s’appuie sur la convergence du civil et du militaire, s’est traduit, avec la fin de la guerre froide, par une mutation du complexe militaro-industriel vers l’industrie de la sécurité.

Il n’y a donc rien de surprenant au fait de trouver, à quatre kilomètres à l’ouest du point d’entrée de Mariposa à Nogales (Arizona), la brigade d’ingénierie de l’armée de l’air : venue d’Alaska, elle y a été déployée pour construire une route de patrouille. Cette manœuvre présentait deux avantages pour la défense américaine : d’une part la brigade appuyait de facto les travaux du département de la sécurité intérieure (Homeland Security) et d’autre part, ce déploiement permettait de former les soldats sur des terrains similaires à ce qu’ils pouvaient trouver, par exemple, en Afghanistan. Le recyclage de plaques de métal datant de la guerre du Golfe, et fournies par l’armée à titre gracieux, témoigne aussi de cette « fusion » entre le militaire et le civil.

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Nogales, Sonora.
Photo : Élisabeth Vallet, 2011. 
La fusion des univers militaire et sécuritaire est particulièrement patente dans la zone frontalière. Il est logique que la « fortification » frontalière les rassemble : la technologie duale est ainsi au cœur du dispositif. Les exemples abondent.

Israel Aerospace Industries (IAI), à travers l’un de ses sous-traitants, a adapté des technologies militaires au mur, comme celle par exemple du « Plug-in Optronic Payload », constitué de caméras thermiques de haute sensibilité capables de faire le point à quelques kilomètres de distance.

Elbit et ses sous-traitants développent des dispositifs électroniques de détection et des caméras de surveillance LORROS, des véhicules téléguidés terrestres déployés le long du mur israélien sur les routes de surveillance, et le TORC2H system. Kollsman (filiale de Elbit Systems qui est l’une parmi les quelques centaines d’entreprises israéliennes à exporter dans ce domaine) fait partie du consortium agencé autour de Boeing qui travaille à équiper la frontière mexicaine.

De fait, les Israéliens sont présents sur plusieurs marchés, comme en Inde pour les drones et les radars, et en qualité de sous-traitants de certains consortiums, dans les Etats du Golfe. Et toute la technologie des drones et de la robotisation des armées trouve sa traduction dans la « recherche et développement » menée tant en Israël qu’aux Etats-Unis sur la surveillance à distance de la frontière.

Fort de ses 19 milliards de dollars annuels, le marché mondial du « frontalier militaire » est le fruit de la fin de la guerre froide, venu opportunément remplacer le déclin des dépenses militaires et de l’acquisition de systèmes d’armes. Devant ces bouleversements géopolitiques, les industries de défense ont alors dû repenser leurs marchés et leurs objectifs : la « privatisation des marchés de défense » autrefois monopolistiques a facilité la mutation du complexe militaro-industriel.

Des résultats mitigés 

 

Mais voilà, les murs n’entravent pas vraiment les flux. Les migrants ne renoncent pas. Ils contournent, utilisent des routes migratoires plus longues, plus dangereuses, sur lesquelles la mortalité est bien plus importante.

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Toujours plus de morts au pied du mur
Esquisse cartographique de Philippe Rekacewicz, extraite de l’exposition « Cartes en colères » présentée à la maison des métallos à Paris en octobre 2012. Ce document s’appuie sur les méticuleuses recherches du géographe Olivier Clochard, membre du réseau Migreurop. 
Le corollaire de cette logique est le développement d’une véritable industrie des tunnels, comme par exemple entre l’Egypte et Gaza ou encore sous la ville de Nogales (à cheval sur la frontière de l’Arizona et de Sonora au Mexique). Le sous-sol est « troué comme du gruyère » et finit par poser de véritables problèmes de sécurité : en 2010, un bus s’était enfoncé dans le sol devenu meuble, juste en face du poste frontalier.

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« Traverser » la frontière en voiture à Yuma...
Source : US Border Patrol, 2012. 
Les murs multiplient les effets pervers : comme aux Etats-Unis, où ils vont jusqu’à pérenniser l’implantation durable des travailleurs saisonniers qui renoncent à suivre le rythme des migrations pendulaires de peur de ne pouvoir revenir : fermer la frontière, c’est s’assurer d’obtenir l’effet inverse de ce que les autorités recherchent, puisque cela « fixe » les populations sur place. La construction de murs ne résout rien : elle ne fait que poser une chape de plomb sur un problème qui demeure entier.

Lorsque l’Inde a décidé de construire un mur le long de sa frontière bangladaise, elle l’a fait pour trois raisons :

- Stopper les flux migratoires (arguant d’une pression accrue du voisin « surpeuplé »).
- Enrayer le trafic (la contrebande).
- Prétendument freiner la « menace islamique » (le Bharatiya Janata Party a instrumentalisé la barrière en agitant la menace de l’islam radical).

Pour autant, elle n’a pas réglé les difficultés économiques de son voisin, elle n’a pas empêché le passage d’immigrants sans papiers (ils sont 10 à 20 millions de Bangladais en Inde) et elle n’a pas non plus bridé la montée de la xénophobie. Les barbelés et le béton d’une barrière de 5 mètres de hauteur ne sont qu’un simple voile sécuritaire. Le Bangladesh est engagé dans un rapport asymétrique avec l’Inde.

À la frontière mexicano-américaine, à Nogales, les migrants évitent les zones clôturées de la frontière pour s’aventurer dans le désert, à la merci de leurs passeurs, de la déshydratation, et des brigands. Au Maroc, les migrants attendent en périphérie des enclaves le bon moment pour passer. Lorsqu’ils réussissent, ils sont souvent ramenés de force de l’autre côté... Ils tentent alors leur chance en parcourant des dizaines de kilomètres à travers le désert pour passer par la mer via les Canaries. Mais cette route est infiniment plus dangereuse.

Puisque les murs ne suffisent pas, les Etats-prescripteurs se lancent aussi dans une surenchère de fortifications, considérant qu’il est devenu indispensable de les doubler d’un ensemble de systèmes plus sophistiqués, incluant d’autres barrières, des avions et des drones, des centres de détention publics ou privés, des agents frontaliers, des structures de communication, du renseignement...

Les dollars de la frontière 

 

La construction des barrières est particulièrement onéreuse. De l’expropriation à sa réalisation, le coût de construction du mur aux Etats-Unis oscillait (selon un rapport du Government Accountability Office de 2008) entre 1 et 4,5 millions de dollars par kilomètre. Il est même monté, pour la région de la réserve naturelle des montagnes Otay et du côté de Smuggler Gutch près de San Diego, à 6,4 millions de dollars par kilomètre. En Israël, le coup initialement prévu de 1 million de dollars par kilomètre est maintenant proche de 2 millions de dollars. L’Union européenne de son côté a contribué à hauteur de 250 millions d’euros à la réalisation de la clôture de barbelés autour de Ceuta, et avait déjà financé 75% de la première barrière entre 1995 et 2000.

Au même moment, le Maroc a englouti environ 40% de son PIB dans la construction du Berm au Sahara, composé d’un mur de 2 700 kilomètres assorti de quatre murs intérieurs de 2 mètres de haut, et équipé de technologies sophistiquées de surveillance.

Et les coûts sont encore plus élevés lorsque la technologie devient inopérante. Ainsi la « Secure Border Initiative » aux États-Unis s’est soldée par un fiasco total. A défaut de pouvoir couvrir la totalité de la frontière mexicaine avec sa « barrière virtuelle de haute technologie », elle a péniblement couvert 85 kilomètres, en engouffrant au passage près d’un milliard de dollars, avant que le département du Homeland Security ne se décide à y mettre un terme (les câbles des tours de surveillance électronique ne résistaient pas à la chaleur, tout comme cela avait été le cas en 1997 avec le Integrated Surveillance Intelligence System). Le programme qui a pris le relais (Arizona Border Surveillance Technology Plan), fondé sur des drones et des radars mobiles, dont le coût est évalué à 1,5 milliards de dollars, pourrait lui aussi très vite déraper, faute de contrôle effectif.

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Souscription publique de l’État d’Arizona pour prolonger le mur frontalier
Source : https://www.buildtheborderfence.com...
 
Pour faire face à ces coût très élevés, l’Etat d’Arizona a fait une levée de fonds en ligne pour construire une barrière le long de 320 kilomètres de frontière. Echec total : il n’a même pas recueilli de quoi construire le premier kilomètre — il lui fallait 2,8 millions de dollars — l’Etat a annoncé le 6 novembre 2013 qu’il en suspendait la réalisation.

Enfin, le coût d’entretien est également très élevé. Ainsi, le Customs and Border Protection aux Etats-Unis évalue qu’il lui faut 6,5 milliards de dollars pour s’assurer du fonctionnement de la barrière existante pour les vingt prochaines années, expliquant du même souffle qu’ils ont dû réparer les dégradations liées à 4 037 effractions constatées en 2010 pour un coût total de 7,2 millions de dollars.

Israël a prévu la réfection (pour un montant qui pourrait aller jusqu’à 130 millions de dollars) de la barrière de 130 km qui longe la frontière syrienne et l’installation d’entraves additionnelles (rouleaux de barbelés, creusage de fossés, monticules) et de senseurs. Tout cela parce que, conçue il y a quatre décennies et ayant souffert du rude climat du plateau du Golan, elle ne correspond plus, selon les autorités israéliennes, aux « enjeux de sécurité contemporains ».

Un marché en expansion 

 

Le marché de la frontière combine la construction d’infrastructures, de systèmes d’armes, de renseignement, ainsi que des composantes terrestres, marines et aériennes comme les radars et les drones, un ensemble d’éléments qui appartiennent — encore aujourd’hui — à la sphère du militaire.

Hal Rogers — président républicain de la commission des appropriations à la Chambre des représentants — adopte même une définition plus extensive du complexe « sécuritaro-industriel », puisqu’il inclut les entreprises privées qui sont chargées de construire, d’entretenir et d’approvisionner les centres de détention, mais aussi les fournisseurs (alimentaires, textiles par exemple) des agents frontaliers, les compagnies de transports qui fournissent des moyens de locomotion (aériens et terrestres) pour expulser les immigrants, les entreprises locales.

Ce marché est d’une telle ampleur que les petites entreprises sont éclipsées de facto des appels d’offre, à moins qu’elles ne s’allient à un chef de file qui prend alors la tête d’un consortium, comme ce fût le cas de Boeing puis de EADS avec General Dynamics aux Etats-Unis, de Cassidian dans le cadre du programme de drones frontaliers Talarion.

À l’inverse, les Etats-contracteurs sont parfois tenus d’élaborer des accords avec leurs voisins, de façon à pouvoir peser plus lourd dans le processus d’appel d’offres face à ces grands ensembles militaro-sécuritaro-industriels. Or ce sont presque toujours les mêmes acteurs qui remplissent le rôle de chef de file : EADS, BAE Systems (Royaume Uni), DRS Technologies and la Raytheon Corp.(USA), LG Electronics (Corée du Sud), Thales (France) et une flopée de sous-traitants internationaux (dont beaucoup sont israéliens).

C’est ainsi que les grandes industries de défense ont trouvé, dans la fortification des frontières, un nouveau marché lucratif autour duquel elles se sont réorganisées, recyclant l’expertise acquise au cours de la guerre froide et bénéficiant de la privatisation du marché de la frontière et de la sécurité.

Malgré la contraction des budgets de sécurité, une décennie après le 11-Septembre, en pleine crise économique, les débouchés demeurent importants. En atteste l’ampleur que prend le marché saoudien, qui représente actuellement, selon le Homeland Security Research, le plus gros marché frontalier, pour un montant allant au-delà des 20 milliards de dollars sur les dix prochaines années, et qui pourrait doubler d’ici 2015 en raison de l’effet des révoltes arabes sur la « perception d’insécurité » des dirigeants saoudiens.
Pour preuve, le Saudi Guard Development Program qui inclut la réalisation par EADS, le long de la frontière saoudienne, de près de 5 000 kilomètres de système électronique et de détection (avec 225 stations radars reliées à un centre de commandement, 400 postes frontières et baraquements, la formation de 20 000 gardes frontaliers, la fourniture de 20 avions et hélicoptères et de drones, ainsi que le système de communication ACROPOLE développé pour la police française), tandis que le long de la frontière avec l’Irak, s’élève une barrière de 2,5 mètres de haut, décomposée en trois sections (la première est faite de barbelés, la deuxième d’équipements de détection et la troisième relie le tout aux centres de commandement).

Preuve en est également la relance, en avril 2013 et dans la foulée de la destitution du président yéménite, de la construction d’une barrière entre le Yémen et l’Arabie saoudite, longue de 1 800 kilomètres, amorcée en 2003 et interrompue en 2004. Et, pour ne citer que le deuxième marché en importance après le marché saoudien, le Homeland Security a ouvert une série d’appel d’offres qui dépasse le milliard de dollars au cours des douze derniers mois, et ce simplement pour permettre une surveillance constante de la frontière américaine.

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Le monde emmuré
source : Theo Deutinger, TD Architects. 
Même si la carte réalisée par Theo Deutinger d’après le livre de Peter Sloterdijk (In the World Interior of Capital : Towards a Philosophical Theory of Globalization, Polity Press, 2013) comporte quelques omissions (un certain nombre de murs n’apparaissant pas), elle traduit bien l’idée développée par Mike Davis, d’une « grande muraille de la civilisation ».

Alors que le centre de gravité des relations internationales semble se déplacer vers des BRICS avides de sécurité (et qui ont les moyens de la financer), lesquels pays développent un « complexe de l’emmurement », le mouvement ne paraît pas devoir ralentir. Et au cours de la seule année 2013, le rythme des annonces de nouveaux murs frontaliers ne fait que s’accélérer.

Pour autant, le complexe sécuritaro-industriel n’est pas l’unique vecteur de l’essor des murs : bien avant le 11-Septembre, les Etats avaient commencé à penser au « système mur » pour leurs frontières alors qu’ils étaient confrontés au mouvement — anxiogène — toujours plus puissant et rapide de la mondialisation.
Dans le même temps, les industries de défense avaient amorcé leur reconversion avant même la fin de la guerre froide. Il n’en fallait pas plus pour que, face à la perception d’une menace asymétrique, la « barrière frontalière » devienne la panacée, autant pour l’industrie que pour les Etats.

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Un monde sanctuarisé
Esquisse cartographique de Philippe Rekacewicz, extraite de l’exposition « Cartes en colères » présentée à la maison des métallos à Paris en octobre 2012. 
Car les murs frontaliers sont avant tout des murs d’argent : ils séparent les riches des pauvres, le Nord du Sud, les « élus » des exclus. Ils constituent également un luxe que seuls les Etats les plus riches peuvent se permettre : ils représentent bien plus une thérapie collective nationale que des ouvrages de défense au sens classique du terme.

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Etats-Unis, deux frontières, deux réalités : au nord avec le Canada...
Cultus Lake, Colombie Britannique - Photo : Élisabeth Vallet, 2010. 
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... Au sud avec le Mexique
Nogales, Sonora - Photo : Élisabeth Vallet, 2011. 
Quelques ouvrages, quelques liens pour aller plus loin
- Wendy Brown, Murs. Les murs de séparation et le déclin de la souveraineté étatique, Les Prairies Ordinaires, 2009.
- Michel Foucher, L’obsession des frontières, Perrin, 2007.
- Reece Jones, Border Walls : Security and the War on Terror in the United States, India and Israel, Zed Books, 2012.
- Philippe Rekacewicz, Frontières, migrants et réfugiés (Études cartographiques), exposition présentée aux Carrefours de la pensée au Mans en 2007 et partiellement reprise dans l’exposition « Cartes en colères », présentée à la Maison des Métallos à Paris en 2012.
- The Border-Industrial Complex Goes Abroad par Todd Miller, 19 novembre 2013.
- Le marché juteux de la surveillance des frontières par , El Watan, 18 novembre 2013.

Elisabeth Vallet est professeure associée au département de géographie et directrice scientifique de la Chaire-Raoul-Dandurand, université du Québec à Montréal (UQAM). Elle dirige l’antenne québécoise du programme de recherches « Borders in Globalization » de l’Université de Victoria au Canada.

Qu'est ce que le salafisme ?

Source : http://ddc.arte.tv
11/2013

Le salafisme est une doctrine idéologique à la fois médiatisée et méconnue. Le Dessous des Cartes fait le point sur cet islam fondamentaliste qui rejette l’influence occidentale, et s’interroge sur ses évolutions récentes, au lendemain des révolutions arabes, alors qu’un nouvel espace politique s’est ouvert au Maghreb et au Machrek.





Passion arabe. Journal, 2011-2013
Gilles Kepel
Éditions Gallimard
03/2013
Présentation de l’éditeur
Le 17 décembre 2010, à Sidi Bouzid, une ville du centre de la Tunisie, Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, s'immole par le feu et embrase le monde arabe. Les régimes de Ben Ali, Moubarak, Kadhafi sont précipités dans les flammes, et l'incendie porte à Bahreïn, au Yémen et jusqu'en Syrie. En deux ans, les révolutions ont abattu des dictatures, mais fréquemment porté au pouvoir les Frères musulmans.
Le salafisme prolifère, nourri du désenchantement de jeunes et de déshérités dont la pauvreté s'est accrue. Et al-Qaida, qu'on croyait enterrée, resurgit de la Syrie au Mali. Que sont devenues la liberté, la démocratie, la justice sociale revendiquées par les "printemps arabes" ? Quel est le rôle des pétromonarchies du Golfe dans l'arrivée au pouvoir des partis islamistes ? Pourquoi le conflit entre sunnites et chiites est-il en train de détourner l'énergie des révolutions, tandis que la Syrie s'enfonce dans des souffrances inouïes ? Gilles Kepel, familier du monde arabe depuis quatre décennies, est retourné partout – Palestine, Israël, Egypte, Tunisie, Libye, Oman, Yémen, Qatar, Bahreïn, Arabie saoudite, Liban, Turquie, Syrie – et a rencontré tout le monde – salafistes et laïcs, Frères musulmans et militaires, djihadistes et intellectuels, ministres et fellahs, diplômés-chômeurs et rentiers de l'or noir.
De ce périple, il a rapporté un journal. Ecrit sur le vif puis enrichi au cabinet de travail, il capte en quatorze chapitres conçus comme autant de stations les déchirements intimes de ces sociétés. La passion de l'auteur y rend compte en écrivain, par la violence et les épreuves, et parfois l'espérance, d'une incoercible Passion arabe.

À propos de l’auteur
Membre senior de l'Institut universitaire de France, Gilles Kepel a écrit sur le monde arabe et l'islam contemporains une douzaine d'ouvrages qui ont reçu un écho international. Il a aussi fondé la collection Proche-Orient aux PUF, qui accueille en priorité les travaux de jeunes chercheurs. On peut lire sur le site du Monde des livres la chronique que fait Christophe Ayad du livre Passion arabe.

Le salafisme d'aujourd'hui. Mouvements sectaires en Occident
Samir Amghar
Éditions Michalon
09/2011
Présentation de l’éditeur
Depuis les attentats du 11-Septembre, les pouvoirs publics s'inquiètent de l'influence du salafisme en Europe et en Amérique du Nord. Ce mouvement fondamentaliste ne saurait pourtant se réduire à ses dérives terroristes. Il est désormais une référence pour une partie des musulmans qui vivent en Occident, puisqu'il propose une réponse aux questions morales, sociales et politiques que se posent les populations d'origine immigrée.
À la complexité du monde moderne, aux incertitudes morales et identitaires, aux difficultés sociales et économiques des quartiers de relégation, le salafisme oppose la voie des pieux ancêtres, ces premiers disciples du Prophète qui connurent un destin hors du commun. Ce n'est pas le moindre de ses paradoxes que de se prêter à une lecture générationnelle : en s'engageant dans l'étude du Coran et de l'arabe classique, les jeunes salafis prennent l'ascendant sur leurs pères illettrés, et fondent ainsi une nouvelle identité sociale.
Cette enquête passionnante, menée sur deux continents à la lumière des travaux de Max Weber sur les sectes, reconstitue l'univers social et idéologique des groupes salafistes, en analysant leurs techniques de mobilisation et leur travail de socialisation auprès des jeunes. Stéphanie Le Bars, pour le journal Le Monde, en propose sa lecture.

À propos de l’auteur
Docteur en sociologie de l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris, Samir Amghar est actuellement chercheur post doctoral au Centre d’études et de recherches internationales de l’université de Montréal. Il a, entre autres, co-édité European Islam : The Challenges for Public Policy and Society, édité en 2007 par le Centre for European Policy Studies. Samir Amghar fut, comme spécialiste, auditionné par la Mission d’information sur la pratique du port du voile intégral sur le territoire national lors de la séance de l'Assemblée nationale du mercredi 4 novembre 2009.

Généalogie de l'islamisme
Olivier Roy
Éditions Hachette. Collection Plurielle
01/2011
Présentation de l’éditeur
L'islamisme est une idéologie qui veut faire de l'islam et du respect intégral de la charia un modèle politique alternatif à la démocratie. Il va donc bien au-delà d'un simple fondamentalisme religieux. Ce livre en montre les origines, en restitue la filiation avec les idéologies tiers-mondistes, et en présente les principaux courants contemporains. Bien accueilli par les plus déshérités, l'islamisme n'en est pas moins un échec dans ses tentatives de réalisation positive : d'où l'évolution de certains vers un mouvement purement protestataire. voire terroriste. Dans sa préface, Olivier Roy revient sur les attentats du 11-Septembre, le mouvement de Ben Laden et l'Afghanistan. pour donner à comprendre les chemins de cette extrême radicalisation.

A propos de l’auteur
Agrégé de philosophie, spécialiste de l'Asie centrale contemporaine et de l'islam politique, auteur de nombreux ouvrages, directeur d'études à l'EHESS, Olivier Roy est détaché à l’Institut européen de Florence en tant que directeur du programme Méditerranée. Il explique, pour la revue Thema, en quoi l'islam et la laïcité sont une fausse opposition : à lire sur sur le site du CNRS.

Voyages au coeur de la planète islam. Diversité des sociétés musulmanes
Wendy Kristianasen
Éditions du Cygne
09/2011
Présentation de l’éditeur
Les révolutions arabes ont confirmé un paradoxe apparent : les revendications exprimées sont démocratiques dans leurs aspirations ; les mouvements islamistes demeurent une force importante dans les sociétés. Pendant de nombreuses années pourtant, nous avons été inondés d'informations sur « l'exception arabe », « la menace islamiste », « la guerre contre le terrorisme », « le choc des civilisations », l'islamisme. Les images succédaient aux images, mais ce flot d'informations, au lieu d'éclairer, créait la confusion et ne permettait pas de percevoir les changements profonds qui se produisaient dans le monde musulman. En lisant cette série d'articles écrits de 1993 à nos jours, on perçoit non seulement l'ampleur des changements du monde musulman et des musulmans eux-mêmes, mais aussi leurs causes profondes. Loin de toute explication culturaliste, les débats à l'intérieur de ces sociétés, à l'intérieur même des mouvements islamistes, témoignent des bouleversements en cours. De l'Iran au Maroc, de l'Égypte à l'Algérie en passant par la Palestine, nous verrons que les sociétés musulmanes sont très diverses et loin d'être homogènes... même si, partout, les femmes luttent pour leurs droits et ceux de leurs enfants.

À propos de l’auteur
Wendy Kristianasen est journaliste, spécialiste du Proche-Orient et du monde musulman. Elle est depuis vingt ans correspondante du Monde diplomatique et dirige depuis quatorze ans les éditions anglophones du magazine.
Les éditions du Cygne éditent les publications de l'institut bruxellois Medea qui œuvre depuis quinze ans à faire connaître le monde arabe, ses particularités et ses opportunités. Son but est de promouvoir les synergies et le dialogue entre deux régions voisines et complémentaires. Moyen-Orient 2012. Bilan géopolitique est coordonné par Sébastien Boussois, créateur du CCMO, Cercle des chercheurs sur le Moyen-Orient.

Vers un nouvel ordre du monde
Gérard Chaliand, avec la collaboration de Michel Jan
Éditions du Seuil
04/2013
Présentation de l’éditeur
Finalement, la domination absolue de l'Occident, européen puis américain, n'aura duré que deux siècles. Un nouvel ordre du monde s'élabore sous nos yeux, dont la crise actuelle, jointe à l'essor de l'Asie, révèle les traits. Mais contrairement à certaines idées reçues, la période que nous traversons n'a pas commencé avec la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide. Elle trouve sa source dix ans plus tôt, en 1979, quand surviennent la révolution khomeyniste, le deuxième choc pétrolier et le grand tournant initié par le dirigeant chinois Deng Xiaoping.
Deux facteurs majeurs expliquent la recomposition géopolitique actuelle : l'évolution de la démographie globale, qui voit l'Occident reculer par rapport au reste de la planète, et la mondialisation de l'économie, qui voit les pays dits émergents accéder aux premiers rangs. En analysant le parcours et les évolutions des grandes puissances, ce livre propose deux dimensions de lecture du monde contemporain, l'une dynamique, l'autre analytique.
D'une part, un récit, vif et informé, des grands événements qui façonnent notre globe et déterminent son avenir ; d'autre part, une approche plus synthétique de la nouvelle puissance, la Chine. C'est dans la conjugaison de ces deux axes que se dessinent les contours du monde de demain.

 À propos des auteurs
• Écrivain politique et poète, Gérard Chaliand est avant tout un homme de terrain, spécialiste reconnu des conflits armés. Il a contribué au renouveau de la géopolitique et a enseigné à l'Ena, à l'École de guerre et dans de grandes universités américaines. Gérard Chaliand propose dans le numéro d'automne 2013 de la revue Long Cours son analyse de l’un des ressorts, longtemps occulté, des conflits du Moyen-Orient : la « guerre froide » que se livrent les représentants des deux principaux courants de l’islam, les sunnites et les chiites. Il a récemment traduit trois poètes ottomans, ouvrage intitulé Je n'ai pas trouvé de chemin menant au monde, aux éditions de l'Aube, en poche.
• Sinologue réputé, membre du groupe de réflexion et d'intelligence stratégique Asie 21, Michel Jan a écrit les chapitres consacrés à la Chine.

Long cours n°5
Ouvrage collectif, sous la responsabilité éditoriale de Tristan Savin
09/2013
"Quand on s’intéresse à l’actualité internationale, à son déroulement chaotique, comment négliger l’importance de l’islam ? Trop souvent ramené à sa manifestation la plus violente – le terrorisme –, il relève pourtant, dans sa version politique moderne, d’une réalité plus complexe, héritière de l’Histoire, sujette aux aléas de la géostratégie et tributaire des velléités des puissances en présence, à la fois religieuses et financières. On ne peut appréhender la situation actuelle sans prendre en compte tous ces facteurs…."  Tristan Savin, rédacteur en chef.
Pierre-André Hervé, pour Les Clés du Moyen-Orient, donne à lire les notes d'une lecture attentive et enthousiaste du dossier de ce numéro. Par ailleurs, le site des Clés du Moyen-Orient propose, dans un texte de Mélodie Le Hay, de revenir aux prémisses de la politisation de l'islam dont l'une des figures marquantes fut, au début du siècle dernier, Hassan al-Banna.

Moyen-Orient n° 13. Islam et Démocratie
Ouvrage collectif
Éditions Aerion
01/2012
Encore une édition très complète à laquelle ont participé des auteurs tels qu'Olivier Roy, Charles Saint-Prot, Samir Amghar ou encore Omar Saghi. L'éditorial est en ligne sur le site.

Qantara n° 89. Les années Nasser. Une histoire du panarabisme.
11/2013
Le numéro d'automne de Qantara, "le magazine des cultures arabe et méditerranéenne" de l'Institut du monde arabe, consacre un dossier spécial à l'histoire du panarabisme intitulé Les années Nasser. Une histoire du panarabisme.
Le site de la revue propose à la lecture l'éditorial de ce numéro.

22 novembre 2013

Documentaire : Une vie de cochon

Documentaire d'Olivia Mokiejewski
Dans la collection "L'Emmerdeuse" incarnée par Olivia Mokiejewski.
Réalisé par Yann L'Hénoret et Olivia Mokiejewski.
Produit par Nilaya productions et France Télévisions

Source : http://www.france2.fr

« Les cochons ! Ils sont tout roses, si attachants avec leurs grands yeux. Et ils sont partout dans nos assiettes. Ils sont tellement présents que j’ai voulu connaître la face cachée de ma tranche de jambon. C’est l’histoire triste et vraie d’un système devenu absurde où il n’y pas de coupable mais dont nous sommes tous responsables. Un monde où les hommes et les animaux sont devenus des machines.

Il y a des moments où il faut être une emmerdeuse. » Olivia Mokiejewski Après s’être intéressée à la recette du Coca- Cola, l’emmerdeuse a décidé de se pencher sur le hamburger des Français, le jambonbeurre. On en consomme chaque jour plus de 2 millions. Il faut dire que quand on n’a pas beaucoup le temps de cuisiner, comme elle, le jambon c’est pratique, bon et pas cher. Le porc est d’ailleurs la viande la plus consommée en France et dans le monde. Le jambon blanc fait partie des dix produits les plus vendus de la grande distribution. L’image que nous vend l’industrie est celle d’un produit simple, sain et authentique dans laquelle le cochon n’apparaît jamais. D’ailleurs il y a 1,2 milliard de cochons sur terre et pourtant, on ne les voit jamais.

Olivia Mokiejewski a voulu savoir ce qu’il se cachait derrière cette tranche de jambon et son déguisement champêtre. Elle a tenté de suivre le parcours d’un cochon de l’élevage jusqu’à l’assiette. Et ça n'a pas été simple. La filière porcine est l’une des plus discrètes du secteur agroalimentaire. Et pour ne rien arranger, elle traverse une grave crise qui touche de plein fouet la Bretagne, la région du cochon. Cependant, certains acteurs de la filière (éleveurs, salariés d’abattoirs) qu’on entend rarement, et qui dénoncent ce manque de transparence, ont accepté de témoigner. Comment sont élevés les cochons ? A quoi ressemble le quotidien de ceux qui nous nourrissent ? Pourquoi estil si difficile de filmer dans une usine de jambon ? Quel est impact de notre consommation du « toujours moins cher » ? L’emmerdeuse a voulu regarder sa tranche de jambon droit dans « les yeux ».

Agences de notation, les nouveaux maîtres du monde

Documentaire de François Rabaté
Date de sortie : 2012 | Durée : 52 mn

Après Standard & Poor's en début d'année, la deuxième agence de notation Moody's, basée aux Etats-Unis, vient de dégrader la France. Le 19 novembre 2012, pour la seconde fois, le triple A a été perdu. Le 5 août 2011, coup de tonnerre : les Etats-Unis étaient dégradés par Moody's. Mais les agences de notation demeurent auréolées de mystère pour le grand public. Seuls leurs noms sont familiers. Qui sont-elles au juste, que font-elles concrètement ? Une mission de sénateurs français enquête sur les agences de notation entre Paris, Londres et Bruxelles. A New York, dans le quartier de Wall Street, puis à Pékin auprès de l'agence de notation Dagong, les investigations se poursuivent.


“Reconstruction” en Haïti: Luxueux hôtels, ateliers de misère et dérèglementation pour l’élite étrangère du monde des affaires

Par Julie Lévesque
09/2013
Source :  http://www.mondialisation.ca
English : Haiti “Reconstruction”: Luxury Hotels, Sweat Shops and Deregulation for the Foreign Corporate Elite


haiti girl-displacement-camp
Photo: Une fillette dans un camp de déplacés en janvier 2013 – Swoan Parker

« La communauté internationale est tellement désorientée qu’elle laisse les Haïtiens diriger Haïti » Luigi R. Einaudi, diplomate de carrière étasunien, membre du Council on Foreign Relations et ancien secrétaire général adjoint de l’Organisation des États américains.

L’auteure et avocate haïtienne des droits humains Ezili Dantò a entendu ce commentaire choquant de Luigi R. Einaudi en 2004, alors qu’Haïti s’apprêtait à célébrer ses 200 ans d’indépendance avec son premier président élu démocratiquement, Jean-Bertrand Aristide. Outre ses efforts visant à augmenter le salaire minimum et d’autres mesures sociales favorisant la majorité des Haïtiens dans l’extrême pauvreté, Aristide envisageait la nationalisation des ressources de son pays, un geste se traduisant par plus d’argent pour les Haïtiens, moins pour les transnationales. Un mois plus tard, au nom de la « communauté internationale », Aristide a été renversé dans un coup d’État orchestré par les États-Unis, la France et le Canada.
Aujourd’hui, la « communauté internationale » dirige à nouveau Haïti, de manière coloniale, comme elle l’a toujours fait.

On peut le voir en comparant la très lente reconstruction des abris et de l’infrastructure de base pour la majorité des Haïtiens avec le boom des hôtels de luxe pour les étrangers, parfois grâce à des fonds provenant de l’aide humanitaire, laquelle, nous disait-on, devait assurer les besoins essentiels des Haïtiens.
Comme d’habitude, l’aide humanitaire est allée en grande partie aux entreprises, agences gouvernementales et organismes non gouvernementaux (ONG) des pays donateurs. L’« aide internationale » est un stratagème capitaliste bien connu visant à développer des marchés dans l’hémisphère Sud pour les entreprises du Nord. Certes, cette « aide » profitera aux Haïtiens, mais seulement aux plus puissants, à savoir ceux au pouvoir et la riche élite du secteur privé. « Haïti est ouverte aux affaires » et les hôtels de luxe accueilleront les hommes d’affaires afin qu’ils puissent établir leurs ateliers de misère dans un environnement somptueux.


Photo  : Légende originale – « En 2011, les Nations Unies et Oxfam ont promis qu’un nouveau système de citernes et de kiosques fournirait bientôt aux résidents de l’eau provenant de l’agence étatique de l’eau. Deux ans plus tard, les robinets sont toujours à sec [voir photo]. Les résidents achètent l’eau à 5 gourdes (environ 12 cents US) le seau de vendeurs privés ou des comités qui gèrent les quelques « réservoirs » d’eau qui fonctionnent encore et datent des premiers jours du camp. Au début, l’eau et la nourriture étaient gratuites, et les agences fournissaient des emplois « argent contre travail », ainsi que des fonds de démarrage pour les futurs entrepreneurs. (Reconstruction’s Massive Slum Will Cost “Hundreds Of Millions” Reconstruction’s Massive Slum Will Cost “Hundreds Of Millions” Haiti Grassroots Watch, 17 juin 2013.)

« Plusieurs nouveaux hôtels de luxe en Haïti »
Il y a un an, le Clinton-Bush Haiti Fund a investi de l’argent de l’aide humanitaire dans un hôtel cinq étoiles, alors que 500 000 Haïtiens vivaient toujours dans des camps de déplacés :


Photo (droite) : Hôtel Royal Oasis, Pétionville, Haïti

Dans le cadre de la « reconstruction » du pays, le Clinton Bush Haiti Fund a récemment investi 2 millions de dollars dans l’hôtel Royal Oasis, un complexe de luxe construit dans une zone métropolitaine frappée par la pauvreté et « pleine de camps de déplacés abritant des centaines de milliers de personnes ». (Julie Lévesque, HAITI: Les dons aux victimes du séisme investis dans un hôtel cinq étoiles, Mondialisation.ca, 10 juillet 2012.)

Aujourd’hui, alors que 300 000 Haïtiens vivent toujours dans des camps, un « nouvel hôtel Marriott s’élevant parmi les décombres en Haïti vient de recevoir un appui financier considérable de 26,5 millions de l’International Financial Corporation (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale :

Marriott International et le géant des télécommunications Digicel ont commencé à construire l’hôtel l’an dernier et celui-ci devrait ouvrir ses portes en 2015. Haïti compte plusieurs nouveaux hôtels luxueux depuis le séisme du 12 janvier 2012. Les chaînes espagnole Occidental Hotels & Resort et étasunienne Best Western ont toutes deux ouvert des hôtels dans les six derniers mois à Pétionville, une banlieue de Port-au-Prince.Une autre chaîne espagnole, NH Hotels ouvrira également un nouveau El Rancho à Pétionville dans les prochains mois.
Les représentants de l’IFC affirment que la construction du Marriott créera environ 300 emplois et 200 emplois permanents une fois en opération. Marriott Hotels & Resorts sera en charge de l’hôtel en vertu d’un accord de gestion à long terme.

À l’heure actuelle, les investissements de l’IFC en Haïti se chiffrent à environ $78,5 millions de dollars. Le pays peine à se redresser plus de trois ans après la destruction quasi-totale de son économie par le tremblement de terre. Les investissements visent à créer des emplois, l’accès à des infrastructures de base et des opportunités de revenus pour les Haïtiens, affirme l’IFC.
« Haïti possède les conditions fondamentales nécessaires à une croissance économique durable, dont une force de travail compétitive et une proximité aux grands marchés, ainsi que des attractions touristiques et culturelles uniques », a déclaré Ary Naim, représentant de l’IFC pour Haïti. Cet appui financier à long terme à cette infrastructure importante confirme notre engagement et notre confiance en l’avenir d’Haïti. (Jacqueline Charles New Marriott under construction in Haiti getting financial boost, Miami Herald, 3 juillet 2013)


Photo : Best Western Pétionville, Haïti.

Il reste à démontrer comment un hôtel de luxe situé dans une riche banlieue peut aider les 300 000 déplacés et les Haïtiens les plus pauvres à « avoir accès à des infrastructures de base ». Par ailleurs, les emplois créés n’iront pas à ceux qui en ont le plus besoin. Il est fort peu probable qu’un hôtel de luxe dans la banlieue cossue de Pétionville engage beaucoup d’Haïtiens démunis et souvent illettrés, parlant uniquement créole, afin de travailler pour de riches étrangers. Ces Haïtiens constituent la « force de travail compétitive » et se retrouvent dans des ateliers de misère et des mines. En réalité, « force de travail compétitive » et « proximité aux grands marchés » signifient « main d’œuvre bon marché pour les États-Unis ».
Sur son site web, l’IFC affirme que ses investissements sont « axés sur l’aide à la reconstruction d’Haïti et la reprise de la croissance par des investissements et des services consultatifs dans des secteurs prioritaires tel que l’industrie du vêtement, les infrastructures, les télécommunications, le tourisme et la finance ». En plus des 26,5 millions alloués au Marriott, l’IFC a investi 7,7 millions dans l’hôtel Oasis, également situé à Pétionville. (IFC Investment Generation in Haiti)

En tout, presque la moitié des investissements de l’IFC ont aidé à construire des hôtels luxueux dans une riche banlieue, où réside l’élite haïtienne.

La Banque mondiale, un outil impérial




L’IFC fait partie du Groupe de la Banque mondiale. La Banque mondiale a été la cible de critiques pour des initiatives comme le Projet national de développement communautaire participatif (PRODEP). À la suite d’une enquête de huit mois, Haiti Grassroots Watch a conclu que PRODEP « a contribué à miner un État déjà faible, a endommagé le « tissu social » haïtien, a mis en œuvre ce que l’on pourrait appeler une « réingénierie politique et sociale », a soulevé des questions de gaspillage et de corruption […] a contribué à renforcer le statut de « république d’ONG » d’Haïti […] a abîmé les systèmes de solidarité traditionnels et a même, dans certains cas, accru le pouvoir des élites locales. (World Bank “success” undermines Haitian democracy, Haiti Grassroots Watch, 20 décembre, 2012)

Récemment, en mai 2013, Alexandre Abrantes, l’envoyé spécial de la Banque mondiale en Haïti, a annoncé que « la Banque mondiale appuie le gouvernement haïtien dans l’amélioration des structures entourant l’industrie minière, incluant des dispositions légales, largement considérées comme inadéquates pour les besoins actuels ». (Daniel Trenton, World Bank says its helping Haiti draft mining legislation, The Gazette, 17 mai 2013)

Pour Ezili Dantò, les États-Unis et la Banque mondiale ne font que réécrire la constitution haïtienne au profit des compagnies minières :

Oxfam, la Banque mondiale et d’autres faux philanthropes [sont] impliqués dans la protection des intérêts du 1 % en réécrivant les lois minières d’Haïti […]
L’Article 36-5 de la Constitution haïtienne stipule :
« Le droit à la propriété ne s’applique pas aux littoraux, aux sources, aux rivières, aux cours d’eau, aux mines et aux carrières. Ils font partie du domaine public de l’État. »
La loi haïtienne actuelle ne permet pas le forage sans la signature d’une convention minière. Toutefois, la compagnie Newmount des États-Unis a obtenu une « dérogation », sans même qu’elle soit approuvée par la législature fantoche haïtienne. Martelly l’a signée en violation de la Constitution haïtienne. (Ezili Dantò, Haiti: US to Re-Write Haiti Constitution to Better Service the One Percent, Black Agenda Report, 2 juillet 2013)

Les ressources minérales haïtiennes à elles seules ont été estimées à 20 milliards de dollars. « Les investisseurs étasuniens et canadiens ont dépensé plus de 30 millions ces dernières années en forage exploratoire et autres activités minières connexes en Haïti. » (Trenton, op. cit.)

La lente reconstruction, la main-d’œuvre esclave et la tromperie de l’aide internationale 


Photo  : Camp Jean-Marie Vincent janvier 2013. AP/Dieu Nalio Chery

Contrairement à la croissance rapide de l’industrie des hôtels de luxe, les efforts de reconstruction font face à de nombreux délais et à divers obstacles financiers. En juin dernier, un rapport du Government Accountability Office (GAO) des États-Unis a critiqué l’USAID (l’Agence des États-Unis pour le développement international) pour son manque de transparence, de multiples délais, des dépassements de coûts et la réduction d’objectifs. Le rapport met en évidence un paradoxe frappant : bien que les sommes allouées aux abris aient presque doublé, le nombre d’habitations à construire a été étonnamment réduit de 80 % :

En 2010, seulement quelques mois après le séisme dévastateur en Haïti, les États-Unis adoptaient des mesures allouant 651 millions de dollars à l’USAID afin d’appuyer les efforts de secours et de reconstruction. Trois ans plus tard, seulement 31 pour cent de ces fonds ont été dépensés, alors que les délais s’allongent et les objectifs sont révisés à la baisse […] Le rapport critique également l’USAID pour son manque de transparence […]

Le GAO a conclu que des estimations inexactes ont mené à une hausse des sommes dédiées aux abris, lesquelles sont passées de 59 millions à 97 millions de dollars, alors qu’au même moment, le nombre de construction d’habitations prévu était réduit de plus de 80 %, passant de 15 000 à 2649. Si le coût d’une maison complétée était estimé à l’origine à 10 000 dollars, le coût réel a dépassé les 33 000 dollars. L’USAID a octroyé plus de 46 millions pour le logement à des entrepreneurs. Entre-temps, environ 300 000 personnes vivent toujours dans des camps plus de trois ans après le séisme. En tout, la communauté humanitaire a seulement construit 7000 nouvelles habitations, soit environ 40 % de ce qui est planifié à l’heure actuelle [...]
De plus, le rapport du GAO critique les investissements étasuniens en appui au Parc industriel Caracol. Randal C. Archibold du New York Times rapporte :

Une portion importante de l’argent de l’Agence pour le développement international, 170,3 millions de dollars, est allée à une centrale électrique et un port pour un parc industriel au nord d’Haïti. Ce projet constituait la pièce maîtresse des efforts de reconstruction des États-Unis et a été fortement encouragé par le département d’État et l’ancien président Bill Clinton [...]

Bien que l’agence d’aide ait complété la centrale électrique en deçà du budget, la construction du port, l’élément crucial pour le succès à long-terme du parc industriel, affiche deux ans de retard. Le rapport indique que cela est « dû en partie au manque d’expertise de l’USAID dans la planification portuaire en Haïti », ce qui rend maintenant le projet vulnérable à des dépassements de coûts. (GAO Report Critical of USAID in Haiti, Bolsters Calls for Increased Oversight, Center for Economic and Policy Research, June 26, 2013)

Les délais et dépassements de coûts potentiels liés à la construction du port essentiel au parc Caracol s’expliquent facilement par le fait que l’USAID ait alloué 72 millions à sa planification et sa construction, malgré son cruel manque d’expertise. L’USAID n’a pas construit de structure semblable dans les 40 dernières années :

Bien qu’elle n’ait construit aucun port au monde depuis 1970, l’USAID a alloué 72 millions pour en construire un, selon le rapport du GAO publié la semaine dernière. Le port a pour but d’appuyer le Parc industriel Caracol (PIC), financé par la Banque Interaméricaine de Développement et un investissement de 170 millions de dollars des États-Unis pour l’infrastructure connexe. On a fait du PIC le projet phare de la reconstruction entrepris par la communauté internationale en Haïti. Même en mettant de côté les critiques sur l’endroit choisi, le type d’emplois et l’impact environnemental du PIC, le « succès » du projet dans son ensemble tient au nouveau port […]

Comme l’USAID n’avait aucune expertise interne en construction portuaire, la mission a été confiée à des entrepreneurs privés. HRRW rapportait en janvier 2012 que l’on avait octroyé un contrat de 2,8 millions de dollars à MWH Americas pour mener une étude de faisabilité sur une infrastructure portuaire au nord d’Haïti. L’étude devait être complétée en mai 2012. MWH Americas avait déjà été critiquée pour son travail en Nouvelle Orléans. Le Times-Picayune avait rapporté que durant plus de deux ans MWH avait opéré en vertu d’un contrat alloué de manière douteuse, lui ayant permis de surfacturer la ville à maintes reprises même si le travail traditionnel de reconstruction sous sa supervision prenait du retard. (USAID’s Lack of Expertise, Reliance on Contractors Puts Sustainability of Caracol in Doubt, Center for Economic and Policy Research, 2 juillet 2013)

Ces exemples illustrent parfaitement ce qu’est l’« aide internationale ». Ezili Dantò explique:

Les ONG mettent en œuvre les politiques impériales en Haïti en échange de « financement caritatif » — ce qui signifie qu’ils blanchissent l’argent des dons et celui des contribuables étasuniens et se les mettent dans les poches. Les politiques impériales des États-Unis en Haïti visent à détruire l’économie locale et manufacturière, à exproprier les ressources naturelles et à élargir le marché haïtien pour leurs monopoles subventionnés de Wall Street.

L’élite économique a fait des milliards et des milliards de dollars avant que « les humanitaires étasuniens au grand cœur » n’ajoutent à leurs coffres les 9 milliards de dollars provenant du blanchiment de l’argent de l’aide humanitaire amassé après le séisme et octroyé en grande partie à des groupes étasuniens.
Les ONG et leurs cohortes hollywoodienne, médiatique et académique jouent les pompiers pour le gouvernement étasunien qui joue au pyromane en Haïti et dans l’hémisphère Sud. Les frimeurs professionnels du complexe industrialo-caritatif, jouent un jeu sournois. Par exemple, « The Center for Economic and Policy Research (CEPR) a analysé les 1,5 milliard de dollars promis après le séisme du 12 janvier en Haïti et a conclu que l’argent qu’il avait pu retracé était, “en grande partie”, allé directement aux compagnies et organisations étasuniennes, dont plus de la moitié dans la seule région de Washington ». (Ezili Dantò, op. cit.).

« Les Haïtiens gagnent moins aujourd’hui qu’à l’époque de la dictature de Duvalier »
Le gigantesque Parc industriel Caracol a été inauguré en mars 2013 en présence du président Martelly, « de diplomates haïtiens et étrangers, du puissant couple Clinton, de millionnaires et d’acteurs, tous présents pour célébrer le cri de ralliement du gouvernement : “Haïti est ouverte aux affaires” ». (The Caracol Industrial Park: Worth the risk? Haiti Grassroots Watch, 7 mars 2013)

Caracol a été promu comme une façon de décentraliser le pays et créer, potentiellement, entre 20 000 et 65 000 emplois. Un an plus tard, les résultats sont loin des attentes :

Un an après son ouverture, seulement 1388 personnes travaillent dans le parc […] De plus, les recherches de HGW basées sur un échantillon de travailleurs ont conclu qu’à la fin d’une journée de travail, il ne reste à la majorité d’entre eux que 57 gourdes, soit 1,36 $ US, après avoir payé pour leur transport et leur nourriture avec leur salaire minimum de 200 gourdes (4,75 $ US).
HGW a par ailleurs appris que la plupart des fermiers chassés de leurs terres pour laisser la place au parc sont toujours sans terre.

« Avant, Caracol était le grenier du département du Nord-Est », a affirmé Breüs Wilcien, l’un des fermiers expulsés de la zone de 250 hectares. « À l’heure actuelle, il y a une pénurie de certains produits dans les marchés locaux. Nous sommes ici dans la misère. » (Ibid.)

La destruction de la souveraineté alimentaire dans l’hémisphère Sud est une pratique courante de l’hémisphère Nord, mise en œuvre par le biais d’organisations internationales comme la Banque mondiale et le FMI. Le but consiste à garder le Sud dépendant du Nord et à créer des marchés pour l’exportation, que l’on appelle frauduleusement « aide alimentaire » pour les séances de photos et pour camoufler l’intention réelle : le dumping.

Il est évident qu’en plus de fournir une main d’œuvre esclave aux industries du vêtement des États-Unis et d’autres pays, le Parc industriel Caracol a contribué à réduire davantage ce qu’il reste de l’agriculture locale en Haïti, éradiquée au fil des ans par la politique étrangère barbare des États-Unis. Un rapport de 2010 du Council on Hemispheric Affairs a conclu que le « sauveur » d’Haïti, l’ancien « président Bill Clinton ainsi que d’autres résidents de la Maison-Blanche [ont condamné] Haïti à une pauvreté endémique avec leur politique intéressée d’exportation de riz ». (Leah Chavla, Bill Clinton’s heavy hand on Haiti’s vulnerable agricultural economy: The American rice scandal, Council on Hemispheric Affairs, 13 avril 2010.)

Group photo with factory employees
Photo: Remarquez que les travailleurs qui gagnent moins de 5 dollars par jour ne sourient pas. M. Clinton est le seul qui sourit. Légende originale : L’ancien président et envoyé spécial en Haïti, Bill Clinton, sourit alors qu’il est accueilli par des travailleurs de l’industrie du vêtement au Parc industriel Caracol en Haïti, lundi le 22 octobre 2012. Le parc industriel au nord du pays devrait créer jusqu’à 65 000 nouveaux emplois. Ce parc est une initiative conjointe de 300 millions de dollars des gouvernements haïtien et étasunien, et de la Banque Interaméricaine de développement. (Clintons visit Haiti to inaugurate new industrial park, The Bee. Picture: Carl Juste, Miami Herald.) 

Experte d’Haïti, Isabeau Doucet souligne :

Dans les années 1950, l’agriculture représentait  90 pour cent des exportations haïtiennes. Aujourd’hui, 90 pour cent des exportations proviennent du domaine du vêtement, alors que plus de la moitié de la nourriture du pays est importée.

Haïti et les États-Unis ont conclu des accords préférentiels de libre-échange – appelés HOPE (Haitian Hemispheric Opportunity through Partnership Encouragement Act, 2006), HOPE II (2008) et HELP (Haiti Economic Lift Program, 2008) – dans le cadre d’un effort visant à développer l’industrie du vêtement en Haïti. Pour ce faire, on a donné aux vêtements « Made in Haïti » une étiquette se voulant humanitaire, socialement responsable et bonne pour le « développement » du pays, tout en donnant un accès hors taxe aux marchés étasuniens.

Selon une étude de 2011 de l’American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations (AFL-CIO, principal regroupement syndical aux États-Unis), le coût de la vie à Port-au-Prince est estimé à 29 dollars par jour. Deux cents gourdes pour un quart de travail de huit heures équivaut à un sixième du salaire de subsistance estimé. Le coût de l’aller-retour au travail et d’un repas modeste peut facilement s’élever à 120 gourdes pour un travailleur. En réalité, les Haïtiens gagnent moins aujourd’hui qu’ils ne gagnaient sous la dictature de Duvalier. Les salaires ont à peine augmenté et valent maintenant la moitié de leur pouvoir d’achat de 1984. (Isabeau Doucet, Made in Haiti, Dumped in Haiti: Slave Labor and the Garment Industry, The Dominion, 10 juillet 2013.)

Expulsés de la ville et abandonnés sur un terrain vague

Alors que l’industrie du tourisme croît rapidement, des Haïtiens ont été expulsés de la ville et abandonnés sur un terrain vague dans un camp nommé Corail-Cesselesse, également connu sous le nom de « Canaan », « Jerusalem » et « ONAville ». Ce camps en périphérie de Port-au-Prince pourrait « devenir le bidonville le plus vaste et le plus coûteux du pays, où il n’y a pas de travail et l’eau est difficile à trouver :
En 2011, l’ONU et Oxfam ont promis qu’un nouveau système de citernes et de kiosques fournirait bientôt aux résidents de l’eau en provenance de l’agence étatique de l’eau. Deux ans plus tard, les robinets sont toujours à sec. Les résidents achètent de l’eau à 5 gourdes le seau (environ 12 cents US) de vendeurs privés ou des comités qui gèrent les rares réservoirs d’eau toujours fonctionnels et datant des premiers jours du camp, lorsque l’eau et la nourriture était gratuites, et que les agences fournissaient des emplois « argent contre travail » et des fonds de démarrage pour les entrepreneurs en devenir.


Photo : Annexe de l’hôtel de ville de Croix-des-Bouquets, Canaan.

Aujourd’hui toutes les grandes agences ont abandonné le camp Corail et ses 10 000 résidents. Claironnant leur succès et affirmant avoir préparé une « transition » aux élites locales, l’OIM [Organisation internationale pour les migrations], l’ARC [American Refugee Committee] et Vision mondiale se sont toutes désengagées (Vision mondiale appuie cependant toujours l’école Corail qu’elle a construite). (Reconstruction’s Massive Slum Will Cost “Hundreds Of Millions”, 17 juin 2013.)

La communauté internationale n’aide pas à reconstruire Haïti. Elle y renforce le colonialisme avec ses compagnies qui utilisent la population haïtienne comme main-d’œuvre esclave afin d’augmenter leurs profits. La différence saisissante entre la lente reconstruction favorisant les Haïtiens comparativement à la croissance rapide de l’industrie des hôtels de luxe démontre qu’en Haïti, c’est l’étranger d’abord. Malheureusement, la «suprématie blanche » et l’esclavage se portent toujours très bien dans la Perle des Antilles.

Julie Lévesque
  Texte publié initialement en anglais: Haiti “Reconstruction”: Luxury Hotels, Sweat Shops and Deregulation for the Foreign Corporate Elite

Julie Lévesque
est journaliste et chercheure au Centre de recherche sur la mondialisation


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