31 juillet 2012

RAPPORT DE LA COMMISSION INDEPENDANTE NOMMEE PAR LA DIETE SUR LA CATASTROPHE NUCLEAIRE DE FUKUSHIMA

Pour http://fukushima.over-blog.fr
le 23 Juillet 2012

English Report

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A la fin de son article, l’auteur suggère que ce remarquable rapport japonais, disponible en anglais, soit traduit dans son intégralité afin de pouvoir le diffuser largement en France. Je me joins à lui pour faire un appel aux lecteurs compétents : si vous souhaitez participer à la traduction anglais > français d’une partie de ce rapport, merci de me contacter et de signaler votre engagement en commentaire, en indiquant bien la numérotation des pages afin qu’il n’y ait pas de doublon. Dès que la totalité du rapport sera traduite, le blog de Fukushima l’éditera intégralement. Merci d’avance aux traducteurs ! Le travail exemplaire de cette commission doit servir de manière internationale, afin qu’une telle catastrophe nucléaire ne puisse plus jamais se reproduire !
Pierre Fetet


RAPPORT DE LA COMMISSION INDEPENDANTE NOMMEE PAR LA DIETE
 
SUR LA CATASTROPHE NUCLEAIRE DE FUKUSHIMA
 
(Résumé et commentaire)
 
 
 
par Jean-Marc ROYER
 
 
La commission indépendante nommée par la diète japonaise vient de mettre en ligne son premier rapport de 88 pages en anglais : de l’inouï, de l’inédit, du jamais vu ‒ à ma connaissance ‒ de la part d’une commission nommée par un parlement !
Il n’y avait qu’à traduire (ce que j’ai fait dans le fichier joint) en se tenant le plus près possible du texte, puis résumer et commenter, ce que je fais ci-dessous avec le renvoi à la pagination du texte original en anglais.
Ce premier rapport étonne et tranche avec le récent rapport de l’ASN française dont nous avions fait une synthèse récemment. Il étonne car à l’évidence il pointe les vrais dysfonctionnements et les responsabilités des uns et des autres, il tranche car il étudie en détail les malversations et le système de complicités étendues mises en place à tous les niveaux alors que l’ASN se contente, en utilisant la langue de bois, de constater, de quémander et de se plaindre. Je rappelle ici quelques points du rapport de l’ASN afin que chacun puisse juger des énormes différences d’approche.
 
 
RAPPORT DE L’ASN FRANCAISE
 
A - Inondations : La Règle de Conduite est déclinée avec des retards de plusieurs années, avec des « écarts » et de manière incomplète ou incohérente, en contradiction avec le Plan d’Urgence Interne ; les exercices annuels de simulation sont bâclés, ce qui augure mal du « lancement des actions appropriées dans les délais » en cas de nécessité ; l’ASN « Demande à l’exploitant de revoir toutes ses estimations (fournir le détail de la méthodologie et les justifications utilisées pour caractériser le modèle d’inondation retenue), de se prononcer lui-même sur l’adéquation des bâtiments à ces évaluations. » Par ailleurs, l’ASN se plaint du fait que les échéances convenues pour effectuer des travaux à la suite de « l’évènement du Blayais » ne sont pas respectées sans qu’aucune mesure compensatoire ne soit prise.
B - Séismes majeurs : De même, la règle en vigueur n’est pas respectée, l’instrumentation est insuffisante ou mal positionnée, son entretien et sa maintenance laissent à désirer, de même que sa qualification, son étalonnage et son réglage. De plus, les exercices ne sont pas réalisés et les opérateurs ne savent pas utiliser cette instrumentation sismique ou en interpréter les données en salle de commande ce qui les mettrait dans l’impossibilité de se faire une idée juste sur l’état du réacteur.
C - Perte de la source froide : Encore des « écarts au référentiel », des disparités dans le suivi des équipements, des « anomalies de maintenance ou d’essais périodiques » et l’ASN note dans son rapport que les dispositions proposées par EDF permettent de retarder la fusion du cœur mais pas nécessairement de l’éviter en quelques heures !
D - Perte des alimentations électriques : L’ASN relève là aussi des écarts sur la conformité, l’entretien et les contrôles périodiques qui affectent la robustesse des groupes électrogènes de secours et demande à EDF d’y remédier. Par ailleurs, « l’ASN constate que des « effets falaise » peuvent se produire, caractérisés par un délai du découvrement du cœur inférieur au délai prévu pour la mise en œuvre des moyens de la Force d’Action Rapide Nucléaire [24h] et recommande de mettre en œuvre sans délai les moyens proposés par EDF pour répondre à ces dangers ». Dans l’attente du déploiement progressif de dispositions qui prendra plusieurs années (sic), l’ASN prescrira la mise en place de dispositions provisoires dès 2012, telles que des groupes électrogènes mobiles.
E - Gestion des accidents graves : la disponibilité des moyens matériels nécessaires à la gestion de crise ne pouvant être garantie dans les situations extrêmes ; l'arrivée des astreintes étant impossible pendant les 24 premières heures suivant une situation de grande ampleur touchant tout le site ; les moyens de communication utilisés lors du gréement de l'organisation pouvant être défaillants ; la tenue aux situations extrêmes de l’instrumentation technique et environnementale nécessaire à la gestion de crise n’étant pas garantie, l’ASN, s’est bornée à considérer « qu’EDF n’a pas achevé l’analyse des points faibles de l’organisation en fonction de l’ampleur de la crise, et n’a pas évalué les conséquences des phénomènes dangereux liés à la dégradation des voies de communication et des canalisations dans les situations extrêmes » et va donc lui prescrire d’intégrer dans le « noyau dur » les éléments indispensables à la gestion de crise.
 
A la relecture du rapport de l’ASN, on voit clairement que les régulateurs français avaient fait le même diagnostic des causes de la catastrophe de Fukushima : une perte de toutes les alimentations électriques combinée à celle du refroidissement entraînant des effets cumulatifs – les fameux effets falaise – imparables. Mais surtout on constatera dans le rapport japonais que les similitudes ne s’arrêtent pas là !
 
 
LES CONSTATATIONS DE LA COMMISSION JAPONAISE
 
Le rapport de la commission montre que les installations de la centrale de Fukushima Daiichi n’étaient pas aptes à résister à un séisme, un tsunami et une catastrophe du type de ceux qui se sont produits le 11 mars 2011 pour de multiples raisons.
 
1) Une alimentation électrique externe très vulnérable
 
« Il y eût deux causes à la perte d'alimentation externe, toutes deux liées au séisme : il n'y avait pas de redondance diversifiée ni de résilience parasismique pour les alimentations électriques externes, et par ailleurs, le poste de transformation de Shin-Fukushima n'était pas résistant aux séismes, p 18. »
« Le système d'alimentation électrique était particulièrement fragile et a souffert d'un manque de redondance, de diversification et d'autonomie. Bien qu'il y ait un certain nombre de lignes électriques à l’extérieur de la centrale, il n'y avait que deux stations-source, lesquelles ont été mises hors service par le séisme, ce qui a provoqué une perte d'alimentation externe pour tous les réacteurs p 30. […] La ligne de secours de 66kV provenant du réseau de la Compagnie Tohoku Electric Power n’a pas pu alimenter le réacteur 1 en raison de connexions de modèles incompatibles » p 14.
 
2) Une résistance au séisme totalement inadéquate
 
- « A la fin des années 1960, au moment du permis de construire, les recommandations pour la construction de la centrale étaient insuffisantes pour les réacteurs 1 à 3 ; la zone autour de la centrale était considérée comme n'ayant jamais connu un tremblement de terre. Basé sur cette évaluation, le niveau d'accélération au sol maximum a été fixé à 265 gal, un niveau remarquablement bas, p 27. »
- En 1981, la NSC émet une recommandation antisismique ;
- En 2006, vingt-cinq ans plus tard (!), la NISA en reprend la mise à jour et demande aux opérateurs de l’appliquer.
- En 2008, TEPCO émet un rapport intérimaire sur le seul réacteur N°5, conjecturant que sa résistance parasismique a été portée à 600 gals.
- En 2009 la NISA accepte ce rapport tout en sachant que seul le bâtiment du réacteur et sept des nombreux équipements de sécurité de celui-ci ont été « durcis ». Puis TEPCO soumet des rapports similaires à celui du réacteur N°5, mais décide unilatéralement de reporter la mise en place des mesures antisismiques à janvier 2016.
« TEPCO savait par ce rapport intermédiaire que de nombreux renforts étaient nécessaires pour répondre aux normes de la dernière recommandation, mais notre enquête a vérifié que TEPCO n’avait ajouté aucun renfort aux réacteurs 1 à 3 au moment du séisme du 11 mars. Bien que la NISA ait reconnu la nécessité des renforts et du « check-up antisismique », le régulateur a échoué dans son rôle de surveillance des travaux de TEPCO, p 27. »
- « Dans leurs analyses et leurs évaluations après l'accident, TEPCO et la NISA ont confirmé que quelques-unes des pièces de sécurité importantes de la tuyauterie du réacteur N°5 n’étaient pas aux normes de sécurité antisismiques au moment du tremblement de terre. […] La Commission estime que cette même conclusion est valide pour les réacteurs N°1 à 3, qui sont beaucoup plus âgés que le réacteur N°5. La section 2 de ce rapport comprend des détails montant que le séisme enregistré à Fukushima Daiichi a dépassé les hypothèses de la dernière recommandation. Il est clair que des mesures antisismiques de renfort n'étaient pas en place au moment du séisme du 11 Mars p 27. »
 
Japon : le séisme de juillet 2007 plus fort que prévu pour la centrale !
Le violent séisme qui a endommagé le 16 juillet 2007 le complexe nucléaire de Kashiwazaki-Kariwa, dans le centre du Japon, était 2,7 fois plus fort que la limite maximale prévue par les constructeurs de la centrale, affirme dimanche le quotidien Mainichi Shimbun. Selon le journal, la compagnie exploitante, TEPCO, a mesuré une accélération au sol de 993 Gals de la roche située sous la centrale au moment du séisme, alors que Kashiwazaki-Kariwa était prévue pour supporter une accélération maximale de 370 Gals. Toujours d'après le Mainichi Shimbun, 8 des 17 centrales nucléaires du Japon ont été édifiées selon la même estimation d'accélération maximale du sol, et les normes de construction devront sans doute être durcies.
Philippe Jamet, membre de l’ASN, était présent dans la délégation de l’AIEA qui a rendu son rapport en août 2007. Rapport en PDF : http://bit.ly/f5cIkb page iii.
 
 
3) L’absence de contre-mesures aux tsunamis
 
a) « Des synergies » de toutes natures et à tous les niveaux pour minorer les risques
- « La NISA n’a publié aucune information sur ses évaluations ou ses instructions de réexamen des hypothèses utilisées dans la conception des moyens de défense vis-à-vis des tsunamis. La NISA n'a pas non plus conservé ces dossiers (!). […]
- La méthode utilisée par la Société japonaise des ingénieurs civils était obscure et entachée [de partialité en faveur des opérateurs…]. La NISA l’a acceptée comme une norme sans examiner sa validité. […]
- TEPCO a tenté de justifier une faible probabilité d’occurrence d’un tsunami et a utilisé les résultats d'un processus de calcul biaisé pour ignorer la nécessité de contre-mesures […]. Plutôt que d’étudier les faits connus et la mise en œuvre rapide des mesures, TEPCO a eu recours à des tactiques dilatoires, comme la présentation d'autres études scientifiques et le lobbying p 27 et 28. »
b) La perte de toutes les alimentations AC/DC et du refroidissement comme horizon prévisible
- « La construction de la centrale de Fukushima Daiichi qui a débuté en 1967 [il y a 45 ans], était basée sur la connaissance sismologique de cette époque-là. Comme la recherche a continué au fil des ans, les chercheurs ont souligné à plusieurs reprises la grande probabilité de tsunamis dont les niveaux dépasseraient les hypothèses formulées au moment de la construction, ainsi que la possibilité d'endommagement du cœur dans l’éventualité de tels tsunamis. TEPCO a négligé ces avertissements, et les faibles marges de sécurité qui existaient étaient loin d'être suffisantes pour faire face à une telle situation d'urgence. Depuis 2006, les autorités réglementaires et TEPCO ont échangé des informations sur la possibilité d'une panne totale d'électricité résultant de tels tsunamis. Ils étaient également conscients du risque de dommages au cœur des réacteurs à la suite d'une panne des pompes d'eau de mer si l'ampleur d'un tsunami s’avérait être supérieure à l'évaluation faite par la Société japonaise des ingénieurs civils p 27. »
- « Les hypothèses concernant une panne totale (Station Black-Out) ne comprenaient pas la perte de la puissance en courant continu, mais c'est exactement ce qui s'est passé p 30. […] Le tsunami a inondé et totalement détruit les générateurs diesel de secours, les pompes primaires du circuit de refroidissement , le système de câblage électrique et l'alimentation en courant continu pour les réacteurs 1, 2 et 4, ce qui a entraîné la perte de toute source d’énergie — sauf au réacteur 6, alimenté par un générateur diesel de secours initialement dédié à la production du froid » p 14.
c) Le tsunami n'a pas uniquement endommagé les alimentations électriques
- « Le tsunami a aussi détruit ou emporté des véhicules, des machineries lourdes, les réservoirs de fuel et de gravier. Il a détruit des bâtiments, des installations et d'autres machines. L'eau de mer du tsunami a inondé toute la zone de bâtiments et a même atteint les équipements de haute pression des tranches 3 et 4, ainsi que la piscine commune de refroidissement [des assemblages usés]. Après que l'eau se soit retirée, les débris suite à l'inondation ont été éparpillés sur tout le site de la centrale, ce qui a entravé tout déplacement. Les plaques d'égout et de caniveaux avaient disparu, laissant des trous béants dans le sol » p 14. 
 
4) Des contre-mesures aux accidents graves (AG) non conformes aux standards internationaux
 
a) Des opérateurs qui s’affranchissent de toute contrainte régulatrice
- « Dès le début, les opérateurs ont été autorisés à fixer des contre-mesures aux AG de manière autonome […]. » Ce qui a été validé par la NSC en 1991. « Permettre la mise en œuvre autonome a également laissé aux opérateurs la possibilité de négocier les conditions d’application via la Fédération des compagnies électriques (FEPC). Cela fut particulièrement vrai après 2010, […] avec deux perspectives :
i) éviter ou minimiser le risque de poursuites potentielles ;
ii) éviter des prescriptions de mise en conformité qui pourraient interférer avec la production des réacteurs. Encore une fois, cela signifie qu'aucune mesure n’a été préparée contre les accidents graves comme celui qui a eu lieu à compter du 11 mars […] » p 28.
 
b) Sécurité : de graves lacunes organisationnelles
- « Les manuels de gestion détaillée des accidents graves n'étaient pas à jour, les schémas et les documents décrivant les procédures d'évacuation étaient incomplets ou manquants. La priorité n’avait pas été suffisamment axée sur les simulations et la formation aux situations d’urgence. La perte des fonctions de la salle de contrôle, de l'éclairage et des communications, la lutte pour livrer des équipements et des matériaux dans une centrale jonchée de débris, tout cela fût encore plus difficile à vivre à cause des répliques continues [durant trois mois]. Cela non plus n’avait pas été anticipé. Cela est symptomatique des problèmes institutionnels de TEPCO » p 30.
 
5) Le déroulement de la catastrophe
 
a) Les enseignements du BRGM [1] sur le séisme du 11 mars
Pour bien comprendre ce qui s’est passé le 11mars (avec les informations dont nous disposons à ce jour), il faut lire les documents publiés par le BRGM qui stipulent que :
- le 11 mars, les appareils des réseaux KNet et KikNet de la National Research Institute for Earth Science and Disaster Prevention japonaise ont enregistré « des accélérations au sol de 1300 gals [2]dans la préfecture de Fukushima et des accélérations supérieures à 1000 gals dans de larges secteurs côtiers, en particulier dans la région de la centrale nucléaire de Fukushima »,
- Que, chose exceptionnelle celles-ci ont duré entre 2 et 3 minutes avec un plateau de 100s environ ;
- Que, par ailleurs, il n’y a pas eu 1 mais 2 forts séismes à ce moment-là (p 6). De plus, des répliques et des séismes induits se sont produits quotidiennement pendant 3 mois.
Nous avions appris de la bouche du Pr Hideki Shimamura interviewé par la ZDF [3] que le maxima antisismique adopté lors de la construction des centrales semble se situer entre 450 et 600 gals et uniquement pour les bâtiments réacteurs (moins pour les canalisations et les autres bâtis). Ce que la commission de la Diète valide. Quand TEPCO parle de cette question, il semble s’abriter, comme d’habitude, derrière des variables supplémentaires, une tactique qui semble se généraliser : il s’agit d’introduire à l’infini des facteurs de complexification non contestables surtout par les profanes, à savoir les fréquences - ou plus exactement les périodes - de ces accélérations au sol. Toute structure bâtie à effectivement une « fréquence de résonnance » spécifique mais voici une première réponse, claire, du BRGM page 7 :
- Les périodes rapportées aux vitesses d’accélération au sol « ont également été analysés par nos collègues japonais. Ces fréquences sont distribuées « entre 0,5 s et 20 s environ. Cette singularité pourrait être en partie à l’origine les dommages observés. En effet, elles couvrent « de fait la gamme des périodes propres à des structures très différentes en termes de taille ou de typologie de constructions depuis les grandes structures de type gratte‐ciel (période propre de plusieurs secondes) jusqu’aux maisons traditionnelles en bois (période propre inférieure à 0.5 s), en passant par des petits immeubles (période propre de l’ordre de 1 s).
Pour résumer, d’après le BRGM, tous les bâtiments ont été durement éprouvés puisqu’ils ont eu à faire face à :
- Deux séismes majeurs compris dans une excursion de 2 à 3 minutes ;
- Des accélérations au sol très élevées, atypiques car balayant tout le spectre des fréquences, des répliques durant 3 mois ; aucune contre-mesure à tout cela n’avait été prévu à la construction de Fukushima Daiichi, ni ensuite d’ailleurs.
 
b) L’enchaînement probable des évènements
1 « L'arrêt d’urgence fonctionnel, ou SCRAM [4], est entré en service dans les réacteurs 1, 2 et 3 immédiatement après le début de l'activité sismique p 14. [… Ensuite] De fortes secousses sur les installations ont débuté 30 secondes après le SCRAM et la centrale a été durement secouée pendant plus de 50 secondes. […] On pense que le mouvement au sol était assez fort pour causer des dommages à certaines fonctions clés de sécurité » p 31.
2 « La perte de l'alimentation de secours A dans le réacteur N°1 pourrait ne pas avoir été causée par les inondations ».
3 « Les condenseurs d'isolement (systèmes A et B2) de l'unité 1 ont été fermés automatiquement à 14h52, mais l'opérateur de l'unité 1 a arrêté manuellement les deux IC 11 minutes plus tard. […] Ils ont arrêté les IC pour vérifier si le liquide de refroidissement s'échappait des IC ou d’autres tuyauteries parce que la pression du réacteur baissait rapidement. […] 
Plusieurs employés des fournisseurs de TEPCO qui travaillaient au quatrième étage du bâtiment du réacteur N°1 au moment du séisme ont identifié une fuite d'eau sur cet étage qui abrite deux grandes cuves pour le condenseur d'isolation (IC) et les tuyauteries de cet IC. […] 
Une perte de réfrigérant provenant d'une fissure dans la tuyauterie […] a pu se produire sans être précisément identifiable pour les opérateurs. […] Incontrôlé pendant 10 heures, des dizaines de tonnes de liquide de refroidissement auraient été perdus, conduisant à un endommagement ou une fusion du cœur » p 31.
4 « Il n'existe aucune preuve de l'ouverture de la vanne de sécurité (SR) au réacteur N°1 […] par contre, ce document est disponible pour le réacteur N°2. Nous avons constaté que le bruit de l'ouverture du clapet de sécurité SR du réacteur N°2 a été entendu à la salle de contrôle centrale et dans le réacteur, mais aucun employé travaillant au réacteur N°1 n’a entendu le bruit de l'ouverture de la soupape SR. Il est donc possible que la soupape soit restée fermée au réacteur N°1 » p 31.
5 La commission conclut : « dans ce cas, un APRP [5] local causé par le mouvement sismique pourrait avoir eu lieu dans l'Unité 1 » p 31.
 
6) TEPCO et toutes les autorités attribuent la catastrophe au Tsunami
 
a) Des simulations douteuses [6]
- « Mitsuhiko Tanaka [7] dans l'édition de Septembre de Kagaku (Sciences) publié par Iwanami Shoten, critique l'analyse de simulation par ordinateur réalisée par TEPCO, qui a été jointe au rapport du gouvernement japonais soumis à l'AEIA. Il émet l'hypothèse que toute la tuyauterie de la centrale de Fukushima a été endommagée par le tremblement de terre avant le tsunami, ce qui a conduit à une perte d'eau de refroidissement des réacteurs. Le défaut majeur dans l'analyse de TEPCO, d’après Tanaka, c’est que les temps [des changements de niveaux d'eau et des variations de pression dans la cuve] utilisés dans la simulation par ordinateur étaient clairement différents des temps réels mesurés lorsque l'accident s’est produit. Le résultat de l'analyse de TEPCO c’est que les sources d'énergie électrique ont été perdues après le tsunami » […].
- « Le 28 octobre 2011, Kansai Electric Power Co. a présenté à la NISA l'évaluation du premier stress-test du réacteur N° 3 de la centrale nucléaire d’Oi. L'évaluation a montré que le réacteur serait capable de résister à un tremblement de terre qui serait 1,8 fois plus fort que ce que la norme anti sismique le prévoit. » [Un accroissement de magnitude de 1 correspond à une multiplication par 30 de l'énergie et par 10 de l'amplitude du mouvement. Un séisme « 2 fois plus puissant » correspondrait à une augmentation de magnitude d’environ 0,2 point ce qui est dérisoire par rapport à la magnitude 9,1 atteinte le 11 mars 2011.] « Le 14 novembre, les experts ont été autorisés à exprimer leurs points de vue en réponse à l'évaluation des stress-tests du réacteur N° 3 d’Oi. Hiromitsu Ino, professeur émérite à l'Université de Tokyo, qui est spécialisé dans les matériaux métalliques, a déclaré : « C’est une erreur de lier la reprise des opérations à des stress-tests. L’accident nucléaire de Fukushima démontre qu’il y avait des défauts dans les inspections de sécurité. Si les stress-tests sont menés sans réviser tout d’abord ces procédures, cela mènera à la confusion dans les évaluations de sécurité. » Ino a eu une autre suggestion : « Afin de vérifier l'efficacité des stress-tests, ceux-ci devraient être effectués à Fukushima, centrale où l'accident s'est produit ». Dans ce contexte de doutes sérieux quant à l’hypothèse de TEPCO, l’opinion commune c’est que quelque chose ne va pas dans la logique de reprise des opérations car celles-ci sont basées sur des calculs en chambre ».
 
b) Séisme ou tsunami comme cause de l’accident ?
- « Si le tremblement de terre du 11 Mars est considéré comme le principal coupable de l’accident nucléaire de Fukushima, cela veut dire que d'autres centrales nucléaires sont également vulnérables aux tremblements de terre importants. […] Il est nécessaire d'envisager également la possibilité que la tuyauterie principale de la centrale de Fukushima ait été endommagée par le tremblement de terre avant même que le tsunami ait frappé la centrale. Une telle théorie entrave sérieusement les plans d'autres compagnies d'électricité décidées à reprendre les opérations dans leurs centrales nucléaires après la mise en œuvre de mesures pour faire face à la possibilité d'un tsunami majeur. Par exemple, Chubu Electric Power Co. envisage de reprendre les opérations à la centrale nucléaire de Hamaoka après la construction d'une digue côtière. […] Si [on] en arrivait à prendre en considération la possibilité que le tremblement de terre a été la principale cause de l'accident nucléaire de Fukushima [… cela rendrait] encore plus difficile la reprise des opérations dans les centrales. C’est une des raisons pour laquelle TEPCO et d'autres compagnies électriques, insistent sur le fait que seul le tsunami est responsable de l’accident nucléaire de Fukushima ».
- « Nous concluons que TEPCO a été trop rapide à avancer le tsunami comme cause de l'accident nucléaire et à nier que le séisme n’ait causé aucun dommage » p 17 du rapport de la commission.
 
7) Les conclusions de la commission parlementaire indépendante
 
a) Les estimations et les questions (gênantes) de la commission
- « L’accident nucléaire de Fukushima Daiichi ne peut pas être considéré comme une catastrophe naturelle. Nous concluons que l'accident était clairement d'origine humaine. Il aurait pu et aurait dû être prévu et empêché. De plus, ses effets auraient pu être atténués par une réponse plus efficace » p 9. « Nous croyons que les causes profondes étaient les systèmes organisationnels et réglementaires qui ont couvert des décisions et des actions erronées, plutôt que des questions relatives à la compétence d'un quelconque individu » p 16.
- « L'opérateur (TEPCO), les organismes de réglementation (NISA et NSC [8]) et l'organisme gouvernemental de promotion de l'industrie nucléaire (METI), ont tous échoué à correctement définir les exigences de sécurité les plus élémentaires, tels que l'évaluation de la probabilité d'un accident, la préparation à contenir les effets d’un tel désastre, et l'élaboration de plans d'évacuation du public dans le cas d'un relâchement important de radionucléides » p 16.
- « Comment est-il devenu habituel de résister à la pression réglementaire et de dissimuler les petits accidents ? » p 9. « Par exemple, lorsque les risques de tsunami étaient évoqués, TEPCO ne les examinaient que du point de vue de ses propres intérêts : cela pouvait-il se traduire par un arrêt des réacteurs ou affaiblir leur position dans d'éventuelles poursuites juridiques ? » p 20. 
- « Comment un tel accident a-t-il pu se produire au Japon, une nation qui a une telle préoccupation de sa réputation d'excellence en ingénierie et en technologie ? » p 9. « L’accident nucléaire de Fukushima a été le résultat (i) d'une collusion entre le gouvernement, les organismes de réglementation et l’opérateur, et (ii) de la gestion défectueuse desdites parties » p 16. Plus globalement, « l'énergie nucléaire est devenue une force échappant au contrôle de la société civile. Sa régulation a été confiée à une bureaucratie gouvernementale engagée dans sa promotion » p 9.
 
b) La catastrophe aurait pu être encore plus grave
« De nombreux niveaux de sécurité ont été violés simultanément, tandis que l’alimentation électrique des quatre réacteurs était perdue. S'il n'y avait pas eu certains événements fortuits — tels que le fonctionnement heureusement pérenne du RCIC [9] du réacteur 2, l’éclatement de son panneau de soufflage ad hoc et le relâchement de pression qui s’en est suivi, la rapidité avec laquelle les sous-traitants ont nettoyé l’épave — les réacteurs 2 et 3 auraient été dans une situation encore plus précaire ». […]
« La Commission conclut que la situation a continué à se détériorer parce que le système de gestion de crise du Kantei [10], des régulateurs et des autres organismes responsables n'ont pas fonctionné correctement. Les limites définissant les rôles et les responsabilités des uns et des autres étaient problématiques, en raison de leurs propres ambiguïtés » p 18.
 
c) La confusion dans l’évacuation des résidents
- « Certaines personnes ont été évacuées vers des zones [à forts rayonnements] et ont ensuite été laissées sur place, ne recevant plus aucune nouvelle consigne d'évacuation avant le mois d’Avril […] parce que les informations de surveillance n'avaient pas été fournies. […] Le gouvernement n’a pas sérieusement mis en place des programmes pour aider les citoyens à comprendre la situation et à se faire leur propre opinion. Il a échoué par exemple à expliquer les risques liés aux irradiations pour différents couches de la population comme les nourrissons et les jeunes ou les personnes particulièrement vulnérables aux effets des radiations ». […]
- « La Commission conclut que la confusion dans l'évacuation des résidents découle de la négligence des régulateurs, de l'échec persistant à mettre en œuvre les mesures adéquates contre une catastrophe nucléaire, ainsi que d'un manque d'action des gouvernements précédents et des régulateurs sur la gestion des crises. Le système de gestion de crise qui existait pour le Kantei et les régulateurs devait protéger la santé et la sécurité du public, mais il a échoué dans cette fonction ». […]
- « Il n'y a pas de fin prévisible aux activités de décontamination et de restauration qui sont essentiels pour la reconstruction des communautés » p 19.
 
d) En l’absence de contre pouvoirs, les bureaucraties complices ont rendu la catastrophe inévitable
- « Il y eût de nombreuses opportunités de prendre des mesures préventives avant le 11 Mars. L'accident s'est produit parce que TEPCO n'a pas pris ces mesures et que la NISA et la commission de sûreté nucléaire (NSC) n’ont pas réagi. Ils ont aussi intentionnellement reporté la mise en place des mesures de sécurité, ou pris des décisions basées sur l'intérêt de leur organisation, et non pas dans l'intérêt de la sécurité publique » p 16.
« Du point de vue de TEPCO, la nouvelle réglementation aurait interféré avec l'exploitation des centrales et affaibli leur position dans d'éventuelles poursuites judiciaires. Ce fut une motivation suffisante pour s'opposer énergiquement à de nouvelles règles de sécurité et pour renvoyer les négociations avec les régulateurs vers la Fédération des compagnies électriques (FEPC). Les régulateurs auraient dû prendre une position forte pour le bien du public, mais ils ont échoué à le faire. Comme ils s’étaient fermement convaincus eux-mêmes à l'idée que les centrales nucléaires étaient sûres, ils étaient réticents à créer de nouveaux règlements » p 17.
- « Cette illusion [de toute puissance] a été renforcée par la mentalité collective de la bureaucratie japonaise, pour laquelle le premier devoir de tout bureaucrate individuel est de défendre les intérêts de son organisation. Poussé à l'extrême, ce bureaucratisme a conduit à placer les intérêts de l'organisation avant le devoir primordial de protéger la population » p 9. Mais il y a plus :
- « Nous avons trouvé la preuve que les organismes de réglementation posaient des questions explicites sur les intentions des opérateurs à chaque fois qu'il était question de mettre en œuvre un nouveau règlement. Par exemple, la NISA a informé les opérateurs qu'ils n'avaient pas besoin d'examiner une situation de panne totale (SBO) parce que la probabilité en était faible et parce que d'autres mesures étaient en place. La NISA a ensuite demandé aux opérateurs de rédiger un rapport qui donnerait la justification appropriée à expliquer pourquoi cette mise en œuvre n'était pas nécessaire. Afin d'obtenir la preuve de cette collusion, la commission a été forcée d'exercer son droit législatif pour obtenir de telles informations de la NISA, après que celle-ci ait refusé de répondre à plusieurs demandes » p 16. « Sans l'enquête menée par cette commission, la plupart des faits révélant la collusion entre les régulateurs et les autres acteurs n'auraient jamais été dévoilés […]. Leur indépendance vis-à-vis des politiques, des ministères pro-nucléaires et des opérateurs a été une parodie p 20. Ils ont effectivement trahi le droit de la nation à être à l’abri d'accidents nucléaires » p 16.
 
e) A l’origine de la catastrophe, quel type de structure sociale ?
- « Dans l'ensemble, la Commission a rencontré une ignorance et une arrogance impardonnables chez toute personne ou tout organisme s'occupant de l'énergie nucléaire. Nous avons rencontré du mépris pour les évolutions internationales et la sécurité publique » p 21.
- « Les règlements existants sont principalement orientés vers la promotion de l'énergie nucléaire, et non vers la sécurité, la santé publique et le bien-être. La responsabilité sans équivoque que les opérateurs doivent assumer lors d’une catastrophe nucléaire n'a pas été précisée. Il n’y avait également pas de directives claires sur les responsabilités des parties dans le cas d'une situation d'urgence » p 20.
- « La question sous-jacente concerne la structure sociale qui a engendré cette neutralisation de la réglementation, et le cadre organisationnel, institutionnel et juridique qui a permis aux individus de justifier leurs propres actions, de les cacher quand cela était gênant, sans laisser de traces, afin d'éviter toute responsabilité » p 21.
 
Quelques recommandations de la commission
 
- « Mettre en place un système de commissions d'enquête indépendantes p 23 et mener des enquêtes régulières et des audits exploratoires sur les organismes de réglementation, les universitaires et les intervenants [… avec] des experts indépendants ayant une vision globale ». […] 
- « TEPCO doit subir une spectaculaire réforme d'entreprise, incluant la gestion des risques, la gouvernance et la diffusion des informations — la sécurité étant la seule priorité ».
- « Tous les opérateurs doivent accepter un organisme désigné par la Diète comme une autorité de surveillance de tous les aspects de leurs opérations, incluant la gestion des risques, la gouvernance, les normes de sécurité, avec le droit d’enquêter sur place » p 22.
- « Le processus de décision [du régulateur] doit être indépendant des actionnaires des compagnies » p23.
 
QUELQUES COMMENTAIRES
 
1. Ce qu’il y a de frappant lorsque l’on compare ce rapport avec celui de l’ASN (Cf. la synthèse que nous en avions faite), c’est que toutes les remarques faites après la lecture de celui-ci sont également valables pour le Japon. Qu’on en juge par ce rappel des titres :
- « Il n’y a pas une seule installation qui ne fasse l’objet d’une remarque d’inspection ou d’une recommandation importante. »
- « Depuis la conception, l'accident majeur n'a jamais été pris en compte. »
- « Le nucléaire français "au bord de la falaise" ! »
- « Silence, on MOX ! Une gestion " statistico-probabiliste " du risque bien pratique … »
- « Les centrales nucléaires : des Macro-Systèmes Techniques intrinsèquement dangereux. »
- « De multiples conséquences supportées par les populations du monde entier. »
Une conclusion s’impose donc : si cet inventaire est identique à celui que la commission japonaise a dressé, c’est avant tout qu’il s’agit des mêmes « macro-systèmes techniques » qui posent les mêmes problèmes et que les travers induits par la gestion libérale sont eux aussi identiques.
 
2. Grâce à un de ses commissaires, Philippe Jamet, qui faisait partie de la délégation de l’AEIA au Japon [11], l’ASN a vite compris comment et pourquoi la catastrophe était survenue [12]. Elle a surtout compris que toutes les instances de contrôle et de régulation avaient failli. D’où le contenu de son rapport de janvier 2012 : il fallait à tout prix montrer que ce n’était pas le cas en France. Mais a-t-elle pour autant été plus ferme à l’égard d’EDF dans le passé ? Vu les déplorations restées à ce jour sans résultats, on peut en douter. D’ailleurs, étant donné la puissance économique des opérateurs en général, n’est-ce pas la même histoire du pot de fer contre le pot de terre qui est destinée à se répéter partout, ad vitam aeternam, ici aussi bien que là-bas, a quelques nuances près ?
 
3. Là-bas, pas plus qu’ici, la possibilité d’un accident majeur n’a été prise en compte à la conception : le sentiment d’infaillibilité, de toute puissance, non seulement rend « arrogant », mais amène à penser comme allant de soi que l’ensemble de l’appareil d’Etat collabore « au grand œuvre nucléaire ». Or, là-bas comme ici le nucléaire a été adopté après-guerre pour « laver une défaite » historique majeure et refouler des évènements dont le deuil n’a pas été fait. Là-bas comme ici, les réacteurs ont été construits sur les failles de la mémoire. Là-bas comme ici la survenue d’un accident majeur a largement bénéficié d’un consensus politique, administratif, industriel, scientifique, économique qui a permis, en l’absence de contre-pouvoirs suffisants, toutes sortes de complicités. Que cela mette en cause la vie et la santé des populations fût le cadet de leurs soucis.
 
4. C’est la commission qui le dit : « Ils ont effectivement trahi le droit de la nation à être à l’abri d'accidents nucléaires » p 16. A ce stade, peut-on encore parler d’un « village nucléaire » circonscrit ? Ne s’agit-il pas plutôt de toute une société gangrénée par le chancre nucléaire depuis des lustres ? Et comme pour Hiroshima et Tchernobyl « le secret de la famille nucléaire » ne réside-t-il pas dans la complicité de crimes contre l’Humanité ? On sait la puissance des liens qu’engendrent les connivences basées sur le crime. C’est là un des liens majeurs à dénouer.
 
5. Reste notre travail comme citoyens du monde. Le texte de la commission parlementaire japonaise devrait être diffusé partout dans le monde et en particulier ici, à nos parlementaires français et européens. Or nous n’avons traduit que 31 pages sur 88. Nous faisons donc un appel aux bonnes volontés : il suffirait de quatre personnes traduisant une douzaine de pages chacune pour le rendre plus facile à lire en France… Nos édiles doivent savoir ce qu’est une étude réellement indépendante et nos concitoyens doivent pouvoir se rendre compte des origines de toute catastrophe nucléaire, c’est même une des conditions pour en empêcher la survenue.
 
Jean-Marc ROYER, juillet 2012
 
 
1 Bureau de Recherches géologiques et Minières établissement public français de référence dans le domaine des sciences de la Terre.
 
2 Les effets d’une secousse sismique ne s’évaluent pas seulement selon son gradient de puissance mais aussi selon bien d’autres facteurs dont « l’accélération au sol » mesurée en m/s2 (comme toute accélération), ici dénommée « gal », en référence à Galilée.
 
3 http://www.internationalnews.fr/article-le-mensonge-de-fukushima-reportage-allemand-30-vostf-104215356.html, Date : 7 mars 2012, T : 25’13’’.
 
4 Safety Control Rod Axe Man arrêt rapide d'un réacteur nucléaire par l'insertion des barres de commande dans le cœur.
 
5 APRP : accident de perte de réfrigérant primaire. En anglais : LOCA, loss of coolant accident.
 
6 Extraits d’un article d’AKIRA SATO, publié dans l’Asahi Shimbun Weekly, http://ajw.asahi.com/article/0311disaster/fukushima/AJ201112060052
 
7 Membre de la commission de la Diète, ancien ingénieur nucléaire qui a travaillé à la conception de la cuve du réacteur N° 4 de Fukushima.
 
8 Commission de sûreté nucléaire du Japon, un organisme gouvernemental, qui supervise les régulateurs et les opérateurs.
 
9 Reactor core isolation cooling system : une pompe d'alimentation en eau à haute pression destinée au refroidissement d'urgence.
 
10 Le bâtiment abritant à la fois le bureau officiel du Premier ministre et sa résidence. Par extension, le Cabinet du Premier ministre. Dans ce rapport, « Kantei » renvoie le plus souvent à son groupe de travail ad hoc au 5ème étage, qui était responsable de la réponse du gouvernement à l'accident.
 
11 Cité dans la conférence de presse de l’ASN du 28 juin 2012 (39’15’’) ; voir sa bio éloquente qui est passée par la DAM du CEA : http://bit.ly/eJLjAp
 
12 A preuve : toutes les décisions de fin juin 2012, sans exceptions, se rapportent à la catastrophe de Fukushima. http://www.asn.fr/index.php/Les-actions-de-l-ASN/La-reglementation/Bulletin-Officiel-de-l-ASN/Decisions-de-l-ASN/Decision-n-2012-DC-0274-de-l-ASN-du-26-juin-2012
 
 
 
________________
 
A lire également sur le même sujet
 
 
Fukushima: Une enquête indépendante et critique
(Daniel Eskenazi - Le Temps)
 
Fukushima : le rapport qui change tout
(Michel de Pracontal - Mediapart)
 
 
 
Photo d’entête : Tomohiro Ohsumi, AFP

Qui se bat en Syrie ?

Par Thierry Meyssan
le 24 Juillet 2012
pour http://www.voltairenet.org

English Version


Alors que la presse occidentale présente l’Armée syrienne libre comme une organisation révolutionnaire armée, Thierry Meyssan affirme depuis plus d’un an qu’il s’agit au contraire d’une formation contre-révolutionnaire. Selon lui, elle serait progressivement passée des mains des monarchies réactionnaires du Golfe à celle de la Turquie, agissant pour l’OTAN. Une telle affirmation à contre-courant requiert une démonstration argumentée…


Depuis 18 mois, la Syrie est en proie à des troubles qui n’ont cessé d’augmenter jusqu’à devenir un vaste conflit armé ayant déjà causé la mort d’environ 20 000 personnes. S’il y a consensus sur ce constat, les narrations et les interprétations divergent au-delà.

Pour les États occidentaux et leur presse, les Syriens aspireraient à vivre à l’occidentale dans des démocraties de marché. Suivant les modèles tunisien, égyptien et libyen du « printemps arabe », ils se seraient soulevés pour renverser leur dictateur Bachar el-Assad. Celui-ci aurait réprimé les manifestations dans le sang. Alors que les Occidentaux auraient souhaité intervenir pour faire cesser le massacre, les Russes et les Chinois, par intérêt ou par mépris de la vie humaine, s’y seraient opposés.
Au contraire, pour tous les États qui ne sont pas vassalisés par les USA et pour leur presse, les États-Unis auraient lancé une opération contre la Syrie qu’ils planifiaient de longue date. D’abord par le truchement de leurs alliés régionaux, puis directement, ils auraient infiltré des bandes armées qui ont déstabilisé le pays, sur le modèle des Contras du Nicaragua. Cependant ceux-ci n’auraient trouvé qu’un très faible soutien intérieur et auraient été mis en déroute pendant que la Russie et la Chine aurait empêché l’OTAN d’anéantir l’armée syrienne et de renverser ainsi l’équation régionale.
Qui dit vrai ? Qui se trompe ?

Les groupes armés en Syrie ne défendent pas la démocratie, ils la combattent

 

En premier lieu, l’interprétation des événements syriens comme un épisode du « printemps arabe » est une illusion car ce « printemps » n’a pas de réalité. C’est un slogan publicitaire pour présenter positivement des faits hétéroclites. S’il y a bien eu une révolte populaire en Tunisie, au Yémen et au Bahrein, il n’y en a pas eue, ni en Égypte, ni en Libye. En Égypte, les manifestations de rue se sont limitées à la capitale et à une certaine bourgeoisie, jamais, absolument jamais, le peuple égyptien ne s’est senti concerné par le spectacle télégénique de la place Tahrir [1]. En Libye, il n’y a pas eu de révolte politique, mais un mouvement séparatiste de la Cyrénaïque contre le pouvoir de Tripoli, puis l’intervention militaire de l’OTAN qui a coûté la vie à environ 160 000 personnes.
La station libanaise NourTV a connu un vif succès en diffusant une série d’émissions d’Hassan Hamade et Georges Rahme intitulée « Le printemps arabe, de Lawrence d’Arabie à Bernard-Henri Lévy ». Les auteurs y développent l’idée que le « printemps arabe » est un remake de la « révolte arabe » de 1916-1918 orchestrée par les Britannique contre les Ottomans. Cette fois, les occidentaux ont manipulé les situations pour renverser une génération de leaders et imposer les Frères musulmans. De fait, le « printemps arabe » relève de la publicité mensongère. Désormais, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Égypte, et Gaza sont gouvernés par une confrérie qui d’un côté impose un ordre moral, et de l’autre soutient le sionisme et la capitalisme pseudo-libéral, c’est-à-dire les intérêts d’Israël et des Anglo-Saxons. L’illusion s’est dissipée. Certains auteurs, comme le Syrien Said Hilal Alcharifi raillent désormais le « printemps otanien ».
Deuxièmement, les dirigeants du Conseil national syrien (CNS) comme les commandants de l’Armée syrienne libre (ASL) ne sont aucunement des démocrates, au sens qu’ils seraient favorables à « un gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », suivant la formule d’Abraham Lincoln reprise dans la Constitution française.

Ainsi, le premier président du CNS fut l’universitaire parisien Burhan Ghalioun. Il n’était aucunement « un opposant syrien persécuté par le régime » puisqu’il venait et circulait librement dans son pays. Il n’était pas non plus un « intellectuel laïque » comme il le prétend, puisqu’il était le conseiller politique de l’Algérien Abbassi Madani, président du Front islamique du salut (FIS), aujourd’hui réfugié au Qatar.

Son successeur, Abdel Basset Syda [2], n’est entré en politique qu’au cours des derniers mois, et s’est immédiatement affirmé comme un simple exécutant des volontés états-uniennes. Dès son élection à la tête du CNS, il s’est engagé non pas à défendre la volonté de son peuple, mais à appliquer la « feuille de route » que Washington a rédigé pour la Syrie : The Day after.

Les combattants de l’Armée syrienne libre ne sont pas plus des militants de la démocratie. Ils reconnaissent l’autorité spirituelle du cheikh Adnan al-Arour, un prêcheur takfiriste, qui appelle à renverser et à tuer Bachar el-Assad non pour des motifs politiques, mais uniquement parce qu’il est de confession alaouite, c’est-à-dire hérétique à ses yeux. Tous les officiers identifiés de l’ASL sont sunnites et toutes les brigades de l’ASL portent des noms de figures historiques sunnites. Les « tribunaux révolutionnaires » de l’ASL condamnent à mort leurs opposants politiques (et pas seulement les partisans de Bachar el-Assad) et les mécréants qu’ils égorgent en public. Le programme de l’ASL est de mettre fin au régime laïque installé par le Baas, le PSNS et les communistes au profit d’un régime confessionnel sunnite pur.




Le conflit syrien a été prémédité par les Occidentaux

La volonté occidentale d’en finir avec la Syrie est connue et elle suffit largement à expliquer les événements actuels. Rappelons ici quelques faits qui ne laissent aucun doute sur la préméditation des événements [3].
La décision de faire la guerre à la Syrie a été prise par le président George W. Bush lors d’une réunion à Camp David, le 15 septembre 2001, juste après les attentats spectaculaires de New York et Washington. Il était prévu d’intervenir simultanément en Libye pour montrer la capacité d’action sur un double théâtre d’opération. Cette décision a été attestée par le témoignage du général Wesley Clark, ex-commandeur suprême de l’OTAN, qui y était opposé.




Dans la foulée de la chute de Bagdad, en 2003, le Congrès a adopté deux lois donnant instruction au président des États-Unis de préparer une guerre contre la Libye et une autre contre la Syrie (le Syria Accountability Act).

En 2004, Washington a accusé la Syrie de cacher sur son sol les armes de destruction massive que l’on ne parvenait pas à trouver en Irak. Cette accusation a fait long feu lorsqu’il a été admis que ces armes n’avaient jamais existé et n’étaient qu’un prétexte pour envahir l’Irak.

En 2005, après l’assassinat de Rafik Hariri, Washington a tenté d’entrer en guerre contre la Syrie, mais n’y est par parvenu car elle a retiré son armée du Liban. Les États-Unis ont alors suscité des faux témoignages pour accuser le président el-Assad d’avoir commandité l’attentat et ils ont créé un tribunal international d’exception pour le juger. Mais ils ont en définitive été contraints de retirer leurs fausses accusations après que leurs manipulations aient été mises à jour.

En 2006, les États-Unis ont commencé à préparer la « révolution syrienne » en créant le Syria Democracy Program. Il s’agissait de créer et de financer des groupes d’opposition pro-occidentale (comme le Mouvement pour la Justice et le Développement). Au financement officiel du département d’État s’est ajouté un financement secret de la CIA via une association californienne, le Democracy Council.

Toujours en 2006, les États-Unis ont sous-traité à Israël une guerre contre le Liban, dans l’espoir d’y impliquer la Syrie et de pouvoir intervenir. Mais la rapide victoire du Hezbollah a fait échouer ce plan.

En 2007, Israël a attaqué la Syrie, bombardant une installation militaire (Opération Orchard). Mais là encore, Damas a gardé son sang-froid et ne s’est pas laissé entraîné dans la guerre. Des vérifications ultérieures de l’Agence internationale de l’énergie atomique ont montré qu’il ne s’agissait pas d’un site nucléaire, contrairement à ce qui avait été affirmé par les Israéliens.

En 2008, lors de la réunion que l’OTAN organise annuellement sous le titre Groupe de Bilderberg, la directrice de l’Arab Reform Initiative, Bassma Kodmani, et le directeur de la Stiftung Wissenschaft und Politik, Volker Perthes, exposèrent brièvement au Gotha américano-européen les avantages économiques, politiques et militaires d’une possible intervention de l’Alliance en Syrie.

En 2009, la CIA a mis en place des outils de propagande à destination de la Syrie comme la chaîne BaradaTV, basée à Londres, et OrientTV basée à Dubai.

À ces éléments historiques, ajoutons qu’une réunion s’est tenue au Caire, la seconde semaine de février 2011, autour de John McCain, Joe Lieberman et Bernard-Henry Lévy, des personnalités libyennes comme Mahmoud Jibril (alors numéro 2 du gouvernement de la Jamahiriya) et des personnalités syriennes comme Malik al-Abdeh et Ammar Qurabi. C’est cette réunion qui donna le signal des opérations secrètes qui débutèrent à la fois en Libye et en Syrie (le 15 février à Benghazi et le 17 à Damas).

En janvier 2012, les départements US d’État et de la Défense constituèrent le groupe de travail The Day After. Supporting a democratic transition in Syria qui rédigea à la fois une nouvelle constitution pour la Syrie et un programme de gouvernement [4].

En mai 2012, l’OTAN et le CCG mirent en place le Working Group on Economic Recovery and Development of the Friends of the Syrian People, sous co-présidence allemande et émiratie. L’économiste syro-britannique Ossam el-Kadi y élabora un partage des richesses syriennes entre les États membres de la coalition, à appliquer le « jour d’après » (c’est-à-dire après le renversement du régime par l’OTAN et le CCG) [5].

Révolutionnaires ou contre-révolutionnaires ?

 

Les groupes armés ne sont pas issus des manifestations pacifiques de février 2011. Ces manifestations dénonçaient en effet la corruption et réclamaient plus de libertés, tandis que les groupes armés —nous l’avons vu plus haut— ressortent de l’islamisme.

Au cours des dernières années, une terrible crise économique a frappé les campagnes. Elle était due aux mauvaises récoltes, qui ont été à tort appréhendées comme des malheurs passagers alors qu’elles étaient la conséquences de changements climatiques durables. À cela se sont ajoutées des erreurs dans la mise en œuvre de réformes économiques qui ont désorganisé le secteur primaire. Il s’en est suivi un fort exode rural auquel le gouvernement a su faire face, et une dérive sectaire de certains paysans que le pouvoir a négligé. Dans de nombreuses régions, l’habitat rural n’était pas concentré en villages, mais dispersé sous forme de fermes isolées, personne n’a mesuré l’ampleur du phénomène jusqu’à ce que ses adeptes se regroupent.

En définitive, alors que la société syrienne incarne le paradigme de la tolérance religieuse, un courant takfiriste s’est développé en son sein. Il a fourni la base des groupes armés. Ceux-ci ont été richement financés par les monarchies wahhabites (Arabie saoudite, Qatar, Sharjjah).

Cette manne a suscité le ralliement de nouveaux combattants parmi lesquels on trouve des parents de victimes de la répression massive du sanglant coup d’État manqué des Frères musulmans, en 1982. Leur mobile est souvent moins idéologique que personnel. Il ressort de la vendetta.

De nombreux voyous et repris de justice appâtés par l’argent facile se sont ajoutés : un « révolutionnaire » est payé 7 fois le salaire moyen.

Enfin, des professionnels ayant combattu en Afghanistan, Bosnie, Tchétchénie ou Irak ont commencé à affluer. Au premier rangs desquels les hommes d’Al Qaida en Libye, conduits par Abdelhakim Belhaj en personne [6]. Les médias les présentent comme des jihadistes, ce qui est inapproprié, l’islam ne concevant pas de guerre sainte contre des coreligionnaires. Ce sont avant tout des mercenaires.

La presse occidentale et du Golfe insiste sur la présence de déserteurs dans l’ASL. C’est certain, mais il est par contre faux qu’ils aient fait défection après avoir refusé de réprimer des manifestations politiques. Les déserteurs en question rentrent presque toujours dans les cas que nous avons précédemment cités. Au demeurant, une armée de 300 000 hommes a forcément parmi elle ses fanatiques religieux et ses voyous.

Les groupes armés utilisent un drapeau syrien à bande verte (au lieu de la bande rouge) et à trois étoiles (au lieu de deux). La presse occidentale le qualifie de « drapeau de l’indépendance », car il était en vigueur au moment de l’indépendance du pays, en 1946. En réalité, il s’agit du drapeau du mandat français qui resta en vigueur lors de l’indépendance formelle du pays (1932 à 1958). Les trois étoiles représentent les trois districts confessionnels du colonialisme (alaouite, druze et chrétien). Utiliser ce drapeau, ce n’est certainement pas brandir un symbole révolutionnaire. Au contraire, c’est affirmer vouloir prolonger le projet colonial, celui de l’Accord Sykes-Picot de 1916 et du remodelage du « Moyen-Orient élargi ».

Au cours des 18 mois d’action armée, ces groupes armés se sont structurés et plus ou moins coordonnés. En l’état actuel,la grande majorité sont passés sous commandement turc, sous le label Armée syrienne libre. De fait, ils sont devenus des supplétifs de l’OTAN, le quartier général de l’ASL étant même installé sur la base aérienne de l’OTAN à Incirlik. Les islamistes les plus durs ont formé leurs propres organisations ou ont rejoint al-Qaida. Ils sont sous le contrôle du Qatar ou de la branche sudeiri de la famille royale saoudienne [7]. De facto, ils sont rattachés à la CIA.

Cette constitution progressive, qui part de paysans pauvres pour se terminer avec un afflux de mercenaires, est identique à ce que l’on a connu au Nicaragua lorsque la CIA organisa les Contras pour renverser les sandinistes, ou que l’on avait connu à Cuba lorsque la CIA organisa le débarquement de la Baie des cochons pour renverser les castristes. Précisément, c’est de ce modèle que les groupes armés syriens se revendiquent aujourd’hui : en mai 2012, les Contras cubains ont organisé à Miami des séminaires de formation à la guérilla contre-révolutionnaire pour leurs homologues syriens [8].

Les méthodes de la CIA sont partout les mêmes. Ainsi les Contras syriens ont concentré leur action militaire d’une part sur la création de bases fixes (mais aucune n’a tenu, même pas l’Émirat islamique de Baba Amr), puis sur le sabotage de l’économie (destruction des infrastructures et incendie des grandes usines), enfin sur le terrorisme (déraillement de trains de passagers, attentats à la voiture piégée dans des sites fréquentés, assassinat de leaders religieux, politiques et militaires).

Par conséquent, la partie de la population syrienne qui pouvait avoir de la sympathie pour les groupes armés au début des événements, pensant qu’ils représentaient une alternative au régime actuel, s’en sont progressivement désolidarisés.

Sans surprise, la bataille de Damas a consisté à faire converger vers la capitale les 7 000 combattants dispersés dans le pays et des armées de mercenaires en attente dans les pays limitrophes. Des dizaines de milliers de Contras ont tenté de pénétré le pays. Ils se sont déplacés simultanément en nombreuses colonnes de pick-up, préférant traverser les déserts que prendre les autoroutes. Une partie d’entre eux a été stoppée par des bombardements aériens et a du rebrousser chemin. D’autres après s’être emparés de postes-frontière sont parvenus à la capitale. Il n’y ont pas trouvé le soutien populaire escompté. Au contraire, ce sont les habitants qui ont guidé les soldats de l’Armée nationale pour les identifier et les déloger. Au final, ils ont été contraints de battre en retraite et ont annoncé qu’à défaut de prendre Damas, ils prendraient Alep. Au demeurant, cela montre qu’ils ne sont ni des Damascènes en révolte, ni des Alepains, mais des combattants itinérants.


Infiltration de Contras via le désert près de Dera
 
L’impopularité des groupes armés doit être comparée avec la popularité de l’Armée régulière et des milices d’auto-défense. L’Armée nationale syrienne est une armée de conscription, c’est donc une armée populaire, et il est impensable qu’elle puisse servir à une répression politique. Depuis peu, le gouvernement a autorisé la constitution de milices de quartiers. Il a distribué des armes aux citoyens qui se sont engagés à consacrer chaque jour 2h de leur temps pour défendre leur quartier, sous encadrement militaire.

Des vessies pour des lanternes

 

En son temps, le président Reagan rencontra quelques difficultés pour présenter ses Contras comme des « révolutionnaires ». Il créa pour cela une structure de propagande, le Bureau de la diplomatie publique, dont il confia la direction à Otto Reich [9]. Celui-ci corrompit des journalistes dans la plupart des grands médias US et ouest-européens pour intoxiquer le public. Il lança entre autres une rumeur selon laquelle les sandinistes disposaient d’armes chimiques et risquaient de les utiliser contre leur propre peuple. Aujourd’hui la propagande est dirigée depuis la Maison-Blanche par le conseiller de sécurité nationale adjoint chargé des communications stratégiques, Ben Rhodes. Il applique les bonnes vieilles méthodes et a ressorti contre le président el-Assad la rumeur des armes chimiques.

En collaboration avec le MI6 britannique, Rhodes a réussi a imposer comme principale source d’information des agences de presse occidentales une structure fantôme : l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les médias n’ont jamais questionné la crédibilité de cette signature, alors même que ses affirmations ont été démenties par les observateurs de la Ligue arabe et par ceux des Nations Unies. Mieux, cette structure fantôme, qui n’a ni locaux, ni personnel, ni expertise, est également devenue la source d’information des chancelleries européennes depuis que la Maison-Blanche les a convaincues de retirer leur personnel diplomatique de Syrie.




En attendant le direct, le correspondant d’Al-Jazeera Khaled Abou Saleh téléphone à sa rédaction. Il prétend que Baba Amr est bombardé et organise les bruitages. M. Abou Saleh était invité d’honneur de François Hollande à la 3e Conférence des Amis de la Syrie.
 
Ben Rhodes a également organisé des spectacles pour journalistes en mal d’émotions. Deux tours operators ont été mis sur pied, l’un au cabinet du Premier ministre turc Erdogan et le second au cabinet de l’ex-Premier ministre libanais Fouad Siniora. Les journalistes qui le souhaitaient étaient invités à entrer illégalement avec des passeurs en Syrie. On offrait durant des mois un voyage depuis la frontière turque dans un village témoin situé en montagne. On pouvait y réaliser des séances photos avec des « révolutionnaires » et « partager le quotidien des combattants ». Puis, pour les plus sportifs, on pouvait depuis la frontière libanaise aller visiter l’Émirat islamique de Baba Amr.

Fort étrangement, nombre de journalistes ont observé eux-mêmes d’énormes falsifications, mais ils n’en ont tiré aucune conclusion. Ainsi, un célèbre reporter-photographe a filmé les « révolutionnaires » de Baba Amr brûler des pneus pour dégager de la fumée noire et faire accroire à un bombardement du quartier. Il a diffusé ces images sur Channel4 [10], mais a continué à affirmer qu’il avait été témoin du bombardement de Baba Amr relaté par l’Observatoire syrien des Droits de l’homme.

Ou encore, le New York Times a relevé que des photos et vidéos transmises par le service de presse de l’Armée syrienne libre et montrant de valeureux combattants étaient des mises en scène [11]. Les armes de guerre étaient en réalité des répliques, des jouets pour enfants. Le quotidien a néanmoins continué à croire en l’existence d’une armée de déserteurs de près de 100 000 hommes.



Lecture d’une déclaration de l’Armée syrienne libre. Les fiers « déserteurs » sont des figurants qui portent des armes factices.

Selon un schéma classique, les journalistes préfèrent mentir que reconnaître qu’ils se sont fait manipuler. Une fois bernés, ils participent donc consciemment au développement du mensonge qu’ils ont découvert. Reste à savoir si vous, lecteurs de cet article, préférerez aussi fermer les yeux ou si vous déciderez de soutenir le peuple syrien contre l’agression des Contras.


Notes

[1] La place Tahrir n’est pas la plus vaste du Caire. Elle a été choisie pour des raisons de marketing, le mot Tahrir se traduisant dans les langues européennes par Liberté. Ce symbole n’a évidemment pas été choisi par les Égyptiens, car il existe plusieurs mots en arabe pour désigner la Liberté. Or, Tahrir indique la Liberté que l’on reçoit, pas celle que l’on acquiert.

[2] La presse occidentale a pris l’habitude d’orthographier le nom de M. Syda en ajoutant un « a », en « Sayda », de manière à éviter la confusion avec la maladie du même nom. Ndlr

[3] Le terme « préméditation » s’emploie normalement en droit criminel. En matière politique, le terme adéquat est « complot », mais l’auteur s’est abstenu de l’utiliser car il suscite une réaction hystérique de la part de ceux qui s’appliquent à faire croire que la politique occidentale est transparente et démocratique. Ndlr

[4] « Washington a rédigé une nouvelle constitution pour la Syrie », Réseau Voltaire, 21 juillet 2012.

[5] « Les « Amis de la Syrie » se partagent l’économie syrienne avant de l’avoir conquise », par German Foreign Policy, traduction Horizons et débats, Réseau Voltaire, 14 juin 2012.

[6] « L’Armée syrienne libre est commandée par le gouverneur militaire de Tripoli », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 décembre 2011.

[7] Pour plus de détails, lire « La Contre-révolution au Proche-Orient », par Thierry Meyssan, Komsomolskaïa Pravda/Réseau Voltaire, 11 mai 2011.

[8] « L’opposition syrienne prend ses quartiers d’été à Miami », par Agence Cubaine de Nouvelles, Jean Guy Allard, Réseau Voltaire, 25 mai 2012.

[9] « Otto Reich et la contre-révolution », par Arthur Lepic, Paul Labarique, Réseau Voltaire, 14 mai 2004.

[10] « Syria’s video journalists battle to telle the ’truth’ », Channel4, 27 mars 2011.

[11] “Syrian Liberators, Bearing Toy Guns”, par C. J. Chivers, The New York Times, 14 juin 2012.

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