15 avril 2012

Pourquoi l’empire Murdoch se déleste d’un joyau devenu trop pesant

Par Jean-Claude Sergeant
 octobre 2011
Pour http://www.monde-diplomatique.fr

 Il arrive que l’arbre révèle la forêt. En juillet 2011, les Britanniques, scandalisés, découvraient la nature des pratiques journalistiques de l’hebdomadaire « News of the World ». Mais cette dérive en éclairait d’autres : concentration de la propriété des médias, marchandisation de l’information, connivences politiques. Une conception de la presse qu’incarne à lui seul le magnat Rupert Murdoch.


Ce fut l’enquête de trop. Le 5 juillet 2011, News Corp., le troisième empire médiatique mondial, propriété de M. Rupert Murdoch (dont les cinquante-trois mille employés œuvrent sur quatre continents), vacille (1) : la révélation qu’un journaliste de News of the World, principal tirage de la presse dominicale britannique (deux millions sept cent mille exemplaires), a eu accès à la messagerie vocale de Milly Dowler, petite fille de 13 ans assassinée en 2002, provoque un sursaut d’indignation parmi le public. Les Britanniques apprennent que le piratage a également concerné les boîtes vocales de familles de militaires tués en Afghanistan. Si ce type d’intrusion dans la vie privée de personnalités à forte notoriété était connu depuis longtemps, le recours à ce mode d’immixtion dans l’intimité des simples particuliers frappés par l’affliction dépasse les bornes de l’acceptable, déjà largement repoussées par la presse populaire du pays.

Cible de l’indignation, News of the World. Hebdomadaire racheté par M. Murdoch en 1969 et premier jalon de sa carrière médiatique au Royaume-Uni, ce titre se fait très vite une spécialité de la révélation tapageuse de scandales, de malversations et de trafics mis au jour par une équipe de journalistes passés maîtres dans l’art du travestissement et de l’infiltration.

Cette ligne éditoriale conduit la rédaction à alimenter ses sujets par des moyens illicites : hier les clichés pris au zoom dans des lieux réputés privés, aujourd’hui le piratage des communications déposées dans les boîtes vocales. En 2006, leurs intrusions dans la messagerie des princes Harry et William avaient valu quelques mois de prison à deux des collaborateurs du journal : Clive Goodman et Glenn Mulcaire.

Reconnaissant sa responsabilité professionnelle, le directeur de la rédaction, Andy Coulson, décide de démissionner. Non sans affirmer que ce genre de pratique n’était le fait que d’un journaliste dévoyé et qu’il n’avait, personnellement, jamais cautionné le piratage de boîtes vocales comme méthode d’investigation. Mais ce brevet autodécerné d’éthique journalistique ne convainc guère : en mars 2003, Rebekah Brooks, alors directrice de la rédaction du Sun, premier tirage de la presse britannique et propriété de M. Murdoch depuis 1969, avait admis que des membres des services de police avaient été rétribués, dans le passé, en échange d’informations. Pour sa part, Coulson avait affirmé que, si les journalistes sous sa direction avaient pour consigne de respecter les lois, ils étaient prêts à les transgresser au nom de l’intérêt public.

On doit à l’opiniâtreté du Guardian d’avoir maintenu sa vigilance sur l’affaire du piratage des messageries téléphoniques. Ultime défenseur des positions sociales- démocrates avec The Independent et, accessoirement, le Daily Mirror, le quotidien et son complément dominical The Observer se sont constamment opposés à l’emprise croissante de M. Murdoch sur les médias et la vie politique britanniques. En septembre 2010, Nicholas Davies y rapporte le témoignage d’un ancien journaliste de News of the World corroborant celui de cinq autres membres de la rédaction interviewés par le Guardian : les pratiques délictueuses du dominical s’avèrent routinières.

Certains parlementaires laissent alors entendre que leurs propres messageries ont été visitées à leur insu. M. John Prescott, par exemple : l’ancien numéro deux du gouvernement de M. Anthony Blair (aujourd’hui pair du Royaume) se dit convaincu d’avoir été l’objet de l’attention clandestine de News of the World lorsque sa liaison avec une collaboratrice avait été rendue publique en 2006. Quand il était chargé des finances du pays (1997-2007), M. Gordon Brown avait également été la cible des professionnels du piratage téléphonique employés par News of the World. En jeu dans cette affaire : l’atteinte à la liberté d’expression conférée aux parlementaires par la Déclaration des droits (Bill of Rights) de 1689 et l’inviolabilité de l’ensemble de leurs communications en vertu de la doctrine que le travailliste Harold Wilson (2) avait instituée pour protéger les relations entre les parlementaires et leurs mandants.

Les membres du Parlement se montrent d’autant plus sourcilleux à cet égard qu’ils ont subi, deux ans plus tôt, la mortifiante révélation de leur laxisme en matière de notes de frais, que le Daily Telegraph s’est fait un plaisir de révéler jour après jour à partir de sources dont certaines auraient été rémunérées. Les parlementaires saisissent-ils cette occasion d’épingler un organe de presse, si peu recommandable soit-il, pour tenter de rétablir leur intégrité aux yeux du public ? Dans les rangs travaillistes, de surcroît, nul n’a oublié le camouflet infligé par la direction du Sun : choisir le jour du discours de clôture de M. Brown au congrès travailliste de septembre 2009 pour annoncer son soutien aux conservateurs, après avoir, plus ou moins fidèlement, apporté son appui au « New Labour » depuis 1997.

L’opposition comprend vite que le scandale offre la possibilité de reprendre l’initiative. M. Edward Miliband, le nouveau chef du Labour, sait sa crédibilité fragile. Il ne tarde pas à remettre en cause la décision du premier ministre David Cameron, qui, au lendemain des élections de mai 2010, avait fait de Coulson son directeur de communication. Les stratèges conservateurs étaient persuadés que cet expert de la presse populaire serait capable de contrebalancer l’effet potentiellement répulsif auprès de l’électorat des origines patriciennes de l’équipe conservatrice aux commandes (3). Mais avait-il été judicieux de confier ce poste à un homme dont M. Cameron ne pouvait pas ignorer l’implication, au moins tacite, dans les pratiques délictueuses qui avaient cours, sous son autorité, à News of the World ?

En outre, l’affaire du piratage des messageries vocales intervient au moment où M. Murdoch cherche à acquérir les 61 % du capital de British Sky Broadcasting (BSkyB) qu’il ne détient pas encore. Principal opérateur de télévision à péage, la chaîne compte aujourd’hui onze millions d’abonnés et dégage un chiffre d’affaires supérieur au montant de la redevance qui alimente la British Broadcasting Corporation (BBC), environ 3,5 milliards de livres sterling, soit environ 4 milliards d’euros. BSkyB, produit de la fusion en 1990 de SkyTV, contrôlé par M. Murdoch, et du consortium British Satellite Broadcasting, conçu par les principaux opérateurs privés de télévision britanniques, offre aux abonnés un bouquet d’environ cent cinquante chaînes, essentiellement de sport et de cinéma, dont l’une, Sky News, spécialisée dans l’information en continu, pose problème. Est-il acceptable que le groupe News Corp., qui contrôle déjà 35 % du marché de la presse nationale par l’intermédiaire de sa filiale News International, soit autorisé à mettre la main sur une chaîne d’information (quelle que soit la faiblesse de sa part d’audience) ?

Par l’entrée dérobée du jardin 

 

En décembre 2010, l’affaire semble réglée. Le ministre chargé des médias, M. Jeremy Hunt, décide de ne pas soumettre l’offre de M. Murdoch à l’appréciation de la commission des monopoles, traditionnellement responsable de l’évaluation des risques de constitution de positions monopolistiques. En échange, il obtient l’engagement de M. Murdoch d’extraire Sky News du bouquet BSkyB et d’en confier la gestion à une structure indépendante. Compte tenu des révélations de juillet 2011 relatives aux pratiques de News of the World, certains s’interrogent : M. Murdoch présente-t-il toutes les qualités de respectabilité requises par le régulateur de l’audiovisuel — Office of Communications (Ofcom) pour que lui soit confiée l’exploitation de la licence de BSkyB ? Des parlementaires évoquent le précédent de 1981 qui avait permis à M. Murdoch d’acquérir les titres du groupe Times Newspapers, avec l’assentiment de Mme Margaret Thatcher, sans que le ministre du commerce de l’époque en réfère, comme il aurait dû le faire, à la commission des fusions et des monopoles. A compter de cette époque, avec 35 % de la diffusion de la presse, M. Murdoch avait pu peser sur la vie politique du pays.

La mobilisation des parlementaires travaillistes et libéraux-démocrates, soutenue par certains titres de Fleet Street (4) et renforcée par les reportages du New York Times, a conduit à de spectaculaires résultats. En janvier 2011, Coulson remet sa démission au premier ministre. Quelques mois plus tard, M. Murdoch renonce à son projet de rachat de BSkyB. Le 7 juillet, M. James Murdoch — son fils, responsable des opérations de News Corp. en Europe — annonce la fermeture de News of the World, entraînant la mise à pied de ses deux cents journalistes et employés. C’est la fin de l’un des plus anciens titres de la presse nationale britannique, fondé en 1843 — mais qui ne représente, ainsi que le dira par la suite M. Murdoch, que 1 % des revenus du groupe. De leur côté, les plus hauts responsables de la Metropolitan Police (Scotland Yard) reconnaissent leurs manquements dans la conduite de l’enquête concernant les pratiques illicites de News of the World : elle s’était limitée au seul journaliste Goodman et à son informateur, au domicile desquels onze mille pages de notes, identifiant environ quatre mille victimes potentielles, avaient été saisies mais étaient restées inexploitées. Dans un entretien au Daily Telegraph (5), le numéro deux de Scotland Yard, M. John Yates, concède que, focalisée sur les menaces terroristes, la police n’avait certainement pas mobilisé les moyens nécessaires pour poursuivre l’enquête engagée en 2006, d’autant que le service s’en tenait alors au principe selon lequel ne tombent sous le coup de la loi que les captations de messages téléphoniques qui n’ont pas été entendus par leurs destinataires. M. Yates est finalement acculé à la démission (le 18 juillet) dans la foulée de son supérieur hiérarchique, M. Paul Stephenson, dont l’engagement comme conseiller d’un ancien directeur adjoint de News of the World, lui-même entendu dans le cadre de la nouvelle enquête ouverte en janvier 2011 sur les pratiques du journal, venait d’être révélé.

Dans l’espoir de contenir la propagation d’une crise politico-médiatique, qui allait contraindre le premier ministre à écourter son voyage en Afrique, News International publie dans la presse nationale un mea culpa sous le titre « Putting right what’s gone wrong » (« réparer les erreurs »). Il est assorti d’engagements concernant l’indemnisation des victimes d’intrusions pratiquées par le journal et la volonté du groupe de collaborer avec les enquêteurs de Scotland Yard et la commission de la Chambre des communes chargée de faire la lumière sur ces dérives.

A partir du 15 juillet, News Corp. fait profil bas. Ce jour-là, Brooks démissionne de News International. Elle en était devenue directrice générale en 2009. M. Les Hinton, responsable de la société jusqu’en 2005, l’imite. Pourtant, il dirige alors le groupe Dow Jones (racheté en 2007), qui édite le Wall Street Journal. Quatre jours plus tard, le magnat consent à comparaître, en compagnie de son fils James et de Brooks, son héritière spirituelle, devant la commission de la Chambre des communes réunie spécialement pour établir les responsabilités dans l’affaire du piratage des messageries pratiqué par News of the World. On retiendra des trois heures d’audition l’image d’un Murdoch affaibli et amnésique, s’exprimant par monosyllabes et convenant, tel le loup se faisant ermite, qu’il ne s’était jamais senti aussi « humble », pour ne pas dire humilié. Quant au fond, rien de bien nouveau : regrets, promesses de remettre de l’ordre dans les affaires du groupe et de punir, comme ils le méritent, les coupables, quand ils seront connus.

On aurait voulu croire à la prophétie de Polly Toynbee, chroniqueuse au Guardian, qui écrivait en 2006 : « L’homme politique qui aura le courage d’affronter Murdoch sera peut-être surpris de s’apercevoir que ce n’est, après tout, qu’un tigre de papier (6). » Mais l’homme qui comparaît le 19 juillet devant un petit nombre de parlementaires, plus ou moins affûtés, ne fait pas mystère de vouloir continuer à peser sur les destinées du groupe, passagèrement chahuté sur les marchés. Si les actions de News Corp. perdent 18 % entre les 4 et 18 juillet, elles reprennent 6 % à la suite de l’audition des Murdoch père et fils, tandis qu’à Londres celles de BSkyB s’apprécient de près de 3 %. Les enquêtes en cours au Royaume-Uni et aux Etats-Unis conduiront-elles à restructurer l’empire Murdoch et à marginaliser son fondateur, ainsi que le souhaitent un certain nombre d’actionnaires influents ? Rien n’est moins sûr.

Cette crise politico-médiatique aura été salutaire à plusieurs titres. D’abord parce qu’elle a permis de souligner la proximité du pouvoir politique avec les médias et, particulièrement, du Parti conservateur avec les dirigeants de News International. Les relations amicales qui s’étaient nouées entre le couple Cameron et Brooks au cours de réunions dans leurs résidences de week-end ont été détaillées par la presse. Lors de son audition, M. Murdoch rappelait, d’un souffle, qu’il avait rendu visite au premier ministre à Downing Street, par l’entrée dérobée du jardin, peu de temps après les élections de mai 2010.

Cette connivence n’est pas, bien entendu, le fait des seuls conservateurs. Sans remonter au début du xxe siècle, qui a vu Lloyd George, alors premier ministre, subventionner le rachat du Daily News pour défendre sa politique, il suffit de rappeler le voyage qu’effectua M. Blair en Australie en juin 1995 pour y rencontrer M. Murdoch et ses collaborateurs. Il y était accompagné de M. Alastair Campbell, son conseiller médias, ancien journaliste politique au Daily Mirror, qui, une fois chargé de la communication de M. Blair, fit de la gestion de ses relations avec les médias un redoutable instrument de pouvoir. On lui prête l’obsession de prévoir ce qui fera la « une » du Sun du lendemain et de vouloir contribuer à la rédiger. Le 6 juillet 2011, M. Christopher Bryant, ancien secrétaire d’Etat aux affaires européennes de M. Brown, dénonçait, à la Chambre des communes, la servilité des dirigeants politiques vis-à-vis des médias : « Nous dépendons d’eux, nous recherchons leurs faveurs, nous faisons dépendre notre vie et notre mort politiques de ce qu’ils écrivent et de ce qu’ils montrent. Et, quelquefois, cela signifie que nous manquons de courage pour dénoncer les dérives. »

L’affaire aura donc mis au jour l’arrogance d’un groupe de presse qui s’estimait en mesure d’assurer la victoire électorale au parti qu’il décidait de soutenir. On se souvient du brevet d’efficacité que s’autodécernait le Sun au lendemain de la défaite des travaillistes en 1992 en publiant en première page : « It’s the Sun wot won it ! » C’est le Sun qui a gagné ! »). Son soutien n’aura toutefois pas permis aux conservateurs d’obtenir la majorité absolue espérée aux élections de 2010.

Le deuxième effet bénéfique concerne l’assainissement des relations entre les services de police et les médias. Il est apparu à l’occasion des investigations conduites depuis l’émergence de l’affaire de News of the World que les enquêteurs de Scotland Yard n’avaient guère poussé leur travail initial pour ne pas embarrasser le groupe Murdoch. A en croire un ancien responsable du service de presse de la Metropolitan Police passé à la rédaction du Mail on Sunday : « Il y a [à Scotland Yard] une réelle admiration pour la façon dont le journal [News of the World] a mené à bien des opérations clandestines qui ont permis de traduire en justice des criminels notoires. Il en résulte une proximité entre le Yard et tous les titres de News International (7). » Le pantouflage de policiers à la retraite dans les rédactions de Fleet Street facilite naturellement l’accès aux sources policières mais conduit à s’interroger sur la capacité des services à conserver leur liberté d’action dans les affaires impliquant les organes de presse, problème déontologique qu’il appartient à une commission parlementaire d’éclairer.

Reste, enfin, la question centrale de la régulation de la presse qui a été mise en cause après qu’à deux reprises la Press Complaints Commission (PCC) — instance d’autorégulation mise en place en 1991 — eut classé sans suite les plaintes relatives aux intrusions pratiquées par News of the World. Plus fondamentalement, se trouve au cœur du débat le problème de la protection de la vie privée inscrite à l’article 3 du code déontologique de la PCC, lequel proscrit explicitement l’interception des communications téléphoniques et la captation de courriels (article 10).

Que cette instance soit financée par les éditeurs de journaux et qu’une partie substantielle de ses membres soit issue des rédactions pose nécessairement un problème, déjà identifié par la commission Calcutt, chargée entre 1990 et 1993 de réfléchir au moyen de renforcer l’autonomie de l’organisme. Dans son ultime rapport (8), sir David Calcutt recommandait l’abolition de la PCC — qui, estimait-il, n’avait pas fait la preuve de son indépendance — et son remplacement par un tribunal spécialisé ayant pouvoir d’imposer la publication de rectificatifs et d’excuses ainsi que de sanctionner financièrement les éditeurs récalcitrants. « Tout système de régulation doit comporter une forme de sanction », insistait sir David, qui préconisait en outre l’adoption par le législateur d’un texte protégeant la vie privée, notamment contre les incursions des journalistes.

En 1995, le gouvernement — celui de M. John Major — rejetait les recommandations de la commission, estimant que l’instauration d’un système de contrôle réglementé serait interprétée comme une forme de censure par les éditeurs de journaux, qu’il fallait naturellement ménager.

S’agissant de la création d’un droit au respect de la vie privée, le gouvernement faisait valoir, à l’appui de sa décision de ne pas retenir cette recommandation, que les atteintes étaient en fait plus limitées que ne le laissaient supposer quelques affaires excessivement médiatisées et que, en outre, une telle protection irait à l’encontre de la capacité d’enquête de la presse. Enfin, le gouvernement reprenait à son compte l’idée selon laquelle le concept de vie privée était d’une telle complexité qu’il valait mieux ne pas tenter de le définir (9).

« J’en ai assez de tous ces snobs... » 

 

La tempête déclenchée par l’affaire de News of the World a incité le chef de file travailliste et le dirigeant libéral-démocrate Nicholas Clegg, numéro deux du gouvernement, à réclamer une refonte du mode de régulation de la presse, demande à laquelle s’est rallié M. Cameron : le 15 juillet, il a nommé une commission dirigée par un magistrat unanimement respecté, sir Brian Levenson. Composée de six membres, dont deux journalistes, cette commission, qui a toute latitude pour recevoir les témoignages sous serment des personnes qu’elle aura décidé d’entendre, aura fort à faire. Chargée, au premier chef, de préconiser un nouveau mode de régulation de la presse écrite, elle a également reçu pour mandat de se pencher sur l’éthique professionnelle de la presse audiovisuelle, notamment de la BBC, fort critiquée par les conservateurs pour sa couverture de l’affaire de News of the World, et sur le fonctionnement des réseaux sociaux.

La presse n’a pas tardé à réagir, voyant déjà se profiler derrière cette réforme annoncée un contrôle qui n’ose pas dire son nom : « La classe politique britannique, s’estimant libérée du joug de Murdoch, pourrait renforcer la réglementation. Il deviendrait alors plus difficile de gagner de l’argent dans le secteur des médias », s’alarmait l’hebdomadaire The Economist le 23 juillet.

« Le premier ministre, écrivait le Daily Telegraph deux jours plus tôt, a déclaré qu’il ne voulait pas réglementer la presse. Il ne souhaite pas non plus le maintien du système d’autorégulation par l’intermédiaire de la PCC. Il veut un organisme indépendant, mais celui-ci sera inévitablement sous-tendu par la réglementation et ouvrira la porte à des contrôles législatifs qui iront à l’encontre de la liberté d’expression que M. Cameron dit vouloir préserver. »

Les conclusions de la commission Levenson ne sont pas attendues avant la fin 2012. D’ici là, le gouvernement aura eu connaissance du rapport d’une autre commission mise en place en mars 2011, chargée de préparer un éventuel projet de loi définissant les droits des citoyens britanniques — British Bill of Rights — qui aménagerait la loi relative aux droits de l’homme adoptée en 1998, dont l’article 8, analogue à celui de la convention européenne des droits de l’homme, protège la vie privée des individus. C’est par le biais de cet article que les magistrats britanniques ont eu progressivement tendance à privilégier le respect de la vie privée au détriment de la liberté d’informer garantie par l’article 10.
Selon M. Cameron, une telle évolution constituait une dérive qu’il importait de corriger : « Les magistrats utilisent la convention européenne des droits de l’homme pour promouvoir une sorte de loi protégeant la vie privée, sans que le Parlement ait son mot à dire. Il convient de réfléchir et de nous demander si c’est ainsi qu’il faut procéder (10). »

Si ce nouveau Bill of Rights voyait le jour, il devrait nécessairement définir de façon précise l’essence de la vie privée ainsi que le champ d’application de la liberté d’informer, laissant inévitablement aux magistrats le soin d’arbitrer les cas problématiques : ceux-ci ne pourront être résolus que par référence à une stricte définition de l’intérêt public qui seul autoriserait un empiétement dans le domaine de la vie privée (11). Par rapport à la situation dans laquelle la loi relative aux droits de l’homme de 1998 invite les magistrats, en son article 12.4, à donner priorité à la liberté d’informer dans les cas d’incertitude, on ne voit guère le progrès qu’apporterait ce nouveau texte. A moins que la commission ne se rallie à l’opinion de sir Harry Woolf, magistrat très impliqué dans les affaires de presse, qui estimait en 2002 que « les tribunaux ne doivent pas oublier que, si les journaux ne publient pas les informations qui intéressent le public, on publiera moins de journaux, ce qui ira à l’encontre de l’intérêt public (12) ». Source à laquelle s’abreuve la logique de marchandisation de l’information, cette vision des choses épousait parfaitement celle de M. Murdoch : « J’en ai assez de tous ces snobs qui nous expliquent que mes journaux sont mauvais, a expliqué le magnat. De ces snobs qui lisent des journaux que personne n’a envie de lire [et qui] s’estiment fondés à imposer leur goût au reste de la société (13). »

La crise consécutive à la révélation des pratiques de News of the World, dont l’hebdomadaire n’avait d’ailleurs pas le monopole, a permis de prendre conscience de la nocivité de certains modes de fonctionnement de la presse britannique, notamment populaire, et de s’engager dans la réforme de son système de régulation. Plus profondément, elle aura suscité une réflexion sur la quasi-promiscuité entre pouvoir politique et médias qui permettra, sans doute pour un temps, de restaurer la primauté du politique par rapport aux priorités des rédactions les plus populistes. Cet étonnant déballage pourrait avoir un impact sur la gestion de l’empire Murdoch s’il est prouvé que les agissements délictueux de l’une de ses filiales, en l’occurrence News International, ont eu une incidence sur la conduite du groupe. Il n’est pas sûr, en revanche, que cette crise, qui touche aux rouages de la démocratie, ait sensibilisé en profondeur une opinion publique plus attentive à la dégradation de son pouvoir d’achat et aux violences urbaines qu’à la mise à nu de celui qui prétendait en être l’interprète.


Jean-Claude Sergeant
Professeur émérite à l’université Paris-III (Sorbonne nouvelle). Auteur de l’ouvrage Les Médias britanniques, Ophrys-Ploton, Paris, 2004. 
 
 
(1) Lire «  M. Rupert Murdoch, empereur des médias  », Le Monde diplomatique, janvier 1999.
(2) Premier ministre de 1964 à 1970 et de 1974 à 1976.
(3) Le premier cabinet de M. Cameron comptait dix-huit millionnaires sur vingt-neuf membres.
(4) Désignation métonymique de la presse britannique dans son ensemble (à partir du nom de la rue où étaient installés les principaux titres avant leurs déménagements).
(5) «  John Yates : Phone hacking investigation was a “cock up”  », The Daily Telegraph, Londres, 9 juillet 2011.
(6) «  This is a good time to strike at the monstrous power of the media  », The Guardian, Londres, 1er décembre 2006.
(7) Chester Stern, «  Getting cosy with the Yard  », The Guardian, 7 septembre 2010.
(8) Department of National Heritage, Review of Press Self-Regulation , Stationery Office Books, Londres, janvier 1993.
(9) Privacy and Media Intrusion : The Government’s Response to the House of Commons National Heritage Select Committee  », Stationery Office Books, juillet 1995.
(10) «  Celebrities would lose super-injunctions in Bill of Rights plan  », The Daily Telegraph, 27 avril 2011.
(11) «  Editors tangle with the zip code  », The Guardian, 2 mai 2011.
(12) Rapporté par Joshua Rozenberg, Privacy and the Press, Oxford University Press, 2004, p. 56.
(13) Cité dans le documentaire «  Murdoch 1er  », diffusé par Canal+ le 9 juillet 1997.

L’OFCE exigera la transparence sur les conflits d’intérêts

Par http://www.monde-diplomatique.fr
jeudi 29 mars 2012

Quelques semaines après la parution d’une enquête consacrée à la collusion entre économistes et institutions financières privées dans les colonnes du Monde diplomatique, l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) vient d’adopter une nouvelle charte déontologique. L’organisation — un centre de prévision, de recherche et d’évaluation des politiques publiques créé au sein de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) — exigera désormais de ses collaborateurs qu’ils révèlent leurs conflits d’intérêts.

« Un expert peut-il, “en toute indépendance”, prôner la dérégulation financière quand il occupe simultanément un poste d’administrateur dans un fonds d’investissements ? », interrogeait Le Monde diplomatique en mars 2012, après avoir observé que « nombre d’universitaires invités par les médias pour éclairer le débat public (...) sont rétribués par des banques ou de grandes entreprises ».
Le 3 janvier dernier, la prestigieuse Association américaine d’économie (American Economic Association, AEA) avaient déjà annoncé des mesures, annonçant qu’elle exigerait dorénavant de ses auteurs qu’ils identifient « les “parties intéressées”  (1leur ayant versé une rémunération financière importante, c’est-à-dire d’un montant total supérieur ou égal à 10 000 dollars [environ 7 600 euros] au cours des trois dernières années ». Une décision à laquelle l’OFCE semble avoir été sensible.

Désormais, indique le communiqué de l’OFCE (daté du 28 mars 2012), les auteurs proposant un article à l’organisation devront « faire état de toute somme perçue (salaire, honoraires, remboursements de frais) et de tout avantage en nature reçu au cours des trois années précédant la soumission d’un montant supérieur à 2000 euros provenant d’une partie intéressée à l’article soumis ». Mais les contributeurs devront également mentionner leurs « fonctions, rémunérées ou gracieuses, au sein d’organisations ou institutions privées ou publiques dont l’objet est en rapport avec le sujet de l’article soumis ». L’OFCE précise que « ces informations figureront le cas échéant sur la première page de l’article publié, à côté des affiliations académiques de l’auteur(e) ». Elle avertit : « Dans l’hypothèse où il apparaîtrait après coup qu’un(e) auteur(e) aurait failli à son devoir de transparence tel que défini ci‐dessus, la Revue de l’OFCE se réserve le droit de retirer l’article concerné et de rendre cette décision publique. »
De telles dispositions rompent avec le fonctionnement routinier des principaux médias français, où les économistes Daniel et Elie Cohen, Jacques Mistral, Olivier Pastré ou Christian Saint-Etienne sont régulièrement identifiés par leurs seuls titres « universitaires », sans que soient évoquées leurs fonctions — éminentes — au sein d’entreprises directement impliquées dans la dynamique économique et financière dont ils se disent les observateurs neutres.

On attend donc l’annonce de décisions similaires de la part des deux associations françaises d’économistes (l’Association française de sciences économiques [AFSE] et l’Association française d’économie politique [AFEP]), du Centre d’observation économique et de recherches pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises (Coe-Rexecode, proche du patronat français), sans parler des directions éditoriales des grands médias français — à commencer par les chaînes de télévision et les radios de service public. Le Monde diplomatique ne manquera pas de suivre les avancées de leurs réflexions dans ce domaine.
Réagissant aux critiques dont font l’objet les « économistes à gage » depuis, notamment (2), que Jean Gadrey a exposé les données du problème sur son blog le 21 septembre 2009, M. Jean-Hervé Lorenzi – conseiller du candidat du parti socialiste à la présidentielle, M. François Hollande, et invité régulier de France Inter, de LCI et des grands quotidiens – s’insurge contre des « dénonciations publiques au pire sens du terme, celui des feuilles de choux des années trente où se trouvent mêlés inexactitudes, vérités tronquées, amalgames et sous entendus bien peu ragoûtants ». Selon lui, « c’est le fait d’être modérés que l’on nous reproche, d’accepter la rigueur, de tenter, selon nos sensibilités à chacun, de rester proche d’un keynésianisme régulé. (...) Cela suffit, sans doute, pour faire de nous des agents du Grand Capital ».
M. Lorenzi est administrateur de PagesJaunes, d’Associés en finance, de l’Association française des opérateurs mobiles (Afom), de BNP Paribas-Assurance. Il est par ailleurs censeur d’Euler-Hermes, membre des conseils de surveillance de la Compagnie financière Saint-Honoré, de BVA, du Groupe Ginger et conseiller du directoire de la Compagnie financière Edmond de Rothschild Banque.

Le 16 février 2012, dans Les Echos, il co-signait avec M. Patrick Artus – responsable de la recherche de la banque Natixis – une tribune intitulée « Réconcilier la finance et la société ». Déplorant que « les opinions publiques, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, dans la zone euro, ont une vision extrêmement négative de la finance et des banques », les auteurs expliquaient (en partie) ce sentiment par un « défaut d’information et des biais d’analyse ».

Un peu plus tôt, dans un livre intitulé Droite contre gauche ? Les grands dossiers qui feront l’élection présidentielle (Fayard, 2012), M. Lorenzi et son co-auteur Olivier Pastré (président de la banque tunisienne ImBank) invitaient leurs lecteurs à « renoncer aux illusions sur l’Etat protecteur », à « faire enfin le pari audacieux en faveur du marché » et, surtout, à éviter de « porter des jugements trop hâtifs » sur l’industrie bancaire.

Dans l’entretien qu’il accorde au site slate.fr, M. Lorenzi met ses détracteurs au défi « de trouver dans mes interventions écrites et orales de ces dernières années, le moindre mot qui pourrait faire apparaître un conflit d’intérêt »...

(1) Les «  parties intéressées  » sont définies comme «  tout individu, groupe ou organisation concerné, financièrement, idéologiquement ou politiquement par le contenu de l’article  ».
(2) On citera également l’enquête de François Ruffin, dans le cadre de l’émission «  Là-bas si j’y suis  » (France Inter, 2 et 3 janvier 2012) et le documentaire Les Nouveaux chiens de garde (Jem Productions, 2012).

LA FABLE DU LITHIUM ET DE LA BOLIVIE


DL : DF , BF , GS , OR

Très riche en ressources naturelles, la Bolivie n’a pas tiré bénéfice de leur exploitation, devenant l’un des pays les plus pauvres de l’Amérique du Sud. Après son arrivée au pouvoir, le président Evo Morales dévoile la présence sur le sol bolivien du plus grand gisement mondial de lithium, métal hautement stratégique. Mythe ou réalité ?



Lectures

La Cordillère des Andes, demeure des dieux - Rituels et prières des Indiens Kallawayas (Bolivie)
Ina Rösing et Pierre Erny Jérôme Do Bentzinger
Les Indiens Kallawayas de Bolivie, implantés dans une région de haute montagne, au cœur de la Cordillère des Andes, sont réputés en Amérique du Sud pour être des guérisseurs ambulants ayant recours aussi bien aux plantes médicinales qu'à des prières et à des rites qui exigent une large manipulation de symboles. Leur art s'inscrit dans une "cosmovision" selon laquelle des êtres invisibles – dieux, esprits bienveillants et malveillants – peu personnifiés sont présents derrière les manifestations de la nature quelles qu'elles soient : montagnes, sources, lacs, roches, foudre. Tout lieu est un lieu saint auquel il faut témoigner attention et respect. Ces entités accordent leurs faveurs et leur protection aux hommes à condition qu'en retour, ceux-ci soient généreux en offrandes selon un principe de réciprocité qui régit toute l'existence. Ina Rösing, née en 1942, a dirigé l'Institut d'anthropologie culturelle à la faculté de médecine d'Ulm, en Allemagne. Elle est aussi fondatrice, à Ulm, de l'Institut für Transkulturelle Forschung. Pierre Erny, né en 1933, est professeur émérite de l'université de Strasbourg, spécialisé en ethnologie de l'éducation et en anthropologie religieuse. Pierre Erny propose ici une présentation d'ensemble de l'œuvre de l'ethnologue allemande, Ina Rösing.
Voyage au Pérou et en Bolivie (1875-1877)
Par Charles Wiener, préfacé par Pascal Riviale Ginkgo
Charles Wiener (1851-1913) occupe une place particulière parmi les explorateurs du XIXe siècle. Né en Autriche et installé avec sa famille à Paris, Charles Wiener s'intéresse très tôt aux civilisations précolombiennes. C'est donc à l'âge de 24 ans qu'il entreprend son premier voyage dans les Andes, prélude à une longue carrière d'explorateur et de diplomate au service de la France. Entre 1875 et 1877, il arpente ainsi le Pérou et la Bolivie à la recherche des civilisations précolombiennes, que l'on ne connaissait que fort peu à l'époque. Voyage au Pérou et en Bolivie, publié en 1880, nous livre de passionnantes informations sur les régions traversées et sur les populations rencontrées. Ce récit associe de manière originale la description savante et l'aventure au sens propre du terme (courses-poursuites à cheval, attaques de bandits de grands chemins, duels au revolver). On y apprend aussi comment, trente-cinq ans avant sa découverte officielle, Wiener tenta de localiser et d'explorer une cité mystérieuse dont il avait entendu parler : Machu Picchu. Aujourd'hui réédité avec la plupart des superbes illustrations d'origine, Voyage au Pérou et en Bolivie est un précieux témoignage sur le monde latino-américain à l'aube de l'ère industrielle. Il est accompagné d'une introduction de Pascal Riviale, docteur en histoire, spécialiste de l'histoire des voyages en Amérique latine et de l'histoire des collections américaines de France.
La Bolivie - Histoire constitutionnelle et ambivalence du pouvoir exécutif
René Garcia, avec une préface d’Harvey Claflin Mansfield L'Harmattan / Collection : Inter-National
Depuis le début du XXIe siècle, la Bolivie connaît des changements historiques importants. L'élection d'Evo Morales, premier président indien en Amérique latine, et les changements constitutionnels qui ont accompagné ce processus ont redessiné le paysage institutionnel de ce pays. Pour comprendre ces bouleversements, il faut avoir une interprétation globale de l'histoire constitutionnelle de la Bolivie. La question centrale qui se pose au moment de la naissance du constitutionnalisme bolivien est celle – implicite dans la pensée de Simon Bolivar – de la conciliation entre la légitimité démocratique et la nécessaire puissance de l'État. Cet ouvrage revient aux origines théoriques du pouvoir exécutif à partir de l'étude du cas bolivien. Ce livre est l'un des premiers à étudier l'ensemble de l'histoire constitutionnelle de la Bolivie à travers la notion d'ambivalence du pouvoir exécutif. Comme le dit Harvey C. Mansfield dans sa préface : "Le texte qui suit est un modèle d'analyse rigoureuse en science politique". Jean-René Garcia, titulaire d'un doctorat en droit (université Sorbonne Nouvelle Paris 3) est chercheur au Credal/CNRS. Ayant vécu plusieurs années en Amérique latine, il a été chercheur associé à l'université de la Cordillera, à La Paz, en Bolivie, et a publié plusieurs articles sur la Bolivie. Membre du cabinet du ministre de l'Éducation nationale et de la Recherche en 2006-2007, puis membre du cabinet du ministre de l'Intérieur en 2007, il est actuellement conseiller du président de l'Institut des Amériques.
La Bolivie d'Evo - Démocratique, indianiste et socialiste ? Points de vue du Sud
Sous la responsabilité éditoriale du Centre tricontinental Syllepse / Collection Alternatives Sud - Volume 16 - N° 3/2009
Habituellement épinglé comme l'un des pays les plus pauvres de l'hémisphère occidental en dépit de ses importantes richesses naturelles, la Bolivie affiche aujourd'hui l'image d'un État engagé dans une dynamique historique de refondation de ses structures économiques, sociales et institutionnelles. Priorités du gouvernement d'Evo Morales : la récupération de la souveraineté nationale, la redistribution sociale des revenus, la reconnaissance de la diversité culturelle et la revalorisation de la démocratie. Trop conciliant ou pragmatique pour les uns, centralisateur ou inefficace pour d'autres, son nationalisme de gauche, son idéal socialiste aux accents indianistes effraie avant tout l'élite blanche des riches régions orientales de la Bolivie ainsi qu'une certaine communauté internationale. Renégociation des contrats d'exploitation des hydrocarbures avec les multinationales, refonte complète de la Constitution nationale, nouvelles répartitions agraires... la liste des acquis s'allonge. Mais un projet aussi "populaire" peut-il s'inscrire dans la durée ?
Volt ! La voiture électrique sauvera-t-elle le monde ?
Serge Enderlin Le Seuil / Collection : Essais (H.C.)
Les électrons remplaceront-ils l'essence pour alimenter les moteurs de nos voitures ? Présentée comme une solution “verte” idéale pour sauver la planète menacée par le réchauffement climatique, la voiture électrique fait l'objet depuis quelques années d'une sorte de consensus : avec elle, nous ne renoncerons pas à notre mobilité individuelle, nous n'émettrons plus de CO2. Tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pas si vite ! D'où viendra le courant “propre" pour recharger les batteries ? Qui sont les acteurs de cette mutation ? Quels sont leurs objectifs réels ? Comment s'assurer, en effet, qu'il ne s'agit pas d'une fausse piste, comme l’a été celle des biocarburants ? L'histoire de l'énergie est peuplée de rêves brisés, de percées technologiques illusoires : ne faut-il pas y regarder de plus près ? C’est ce qu’a fait Serge Enderlin, parcourant les lieux où se dessine peut-être cet avenir idéal. De Detroit, capitale sinistrée de l'automobile, à Shenzhen, laboratoire de l'excellence chinoise, en passant par Tel-Aviv et les hauteurs de l'altiplano bolivien où se trouvent de gigantesques réserves de lithium, le métal stratégique de demain, ce carnet de route, précis et alerte, fait aussi la part belle aux portraits de ceux qui y croient ou pas. Serge Enderlin est grand reporter, journaliste indépendant, spécialiste des rapports de forces géopolitiques et énergétiques. Ses reportages sont publiés et diffusés dans plusieurs pays d’Europe. Il est l'auteur d’Un monde de brut, sur les routes de l'or noir, avec Serge Michel et Paolo Woods (Seuil, 2003) et de L'après-pétrole a commencé (Seuil, 2009).

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