20 juillet 2012

Fukushima : limites anthropologiques à la complexité et risque d'effondrement sociétal

 Pour http://uab.academia.edu

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Fukushima : limites anthropologiques à la complexité et risque d'effondrement sociétal
Dossier N°12 : Fukushima, fin de l’Anthropocène ? Entropia - ISSN 1954-2437 ( http://www.entropia-la-revue.org )

François Diaz Maurin *

 *Ancien ingénieur de l'industrie nucléaire en France et aux Etats-Unis. Chercheur à l'Institut des Sciences et  Technologies  Environnementales (ICTA), Université Autonome  de Barcelone, Espagne.  –  Contact :Francois.Diaz@uab.cat


Anthropocène, complexité et énergie

L'Anthropocène, c'est l'ère de l'appropriation grandissante par l'homme de l'ensemble dusystème terrestre et de ses attributs à l’œuvre depuis la révolution industrielle à la fin du XVIIIème siècle. Mais l'Anthropocène c'est aussi l'ère de la complexification de la société ausens culturel du terme. Selon l'historien et anthropologue américain Joseph Tainter (1988) la complexité culturelle d'une société se mesure par sa différentiation structurelle etorganisationnelle présentant plus d'éléments constitutifs (par exemple, de nouvellesinstitutions) et/ou plus de types d'éléments constitutifs (par exemple, de nouvelles fonction sau sein d'institutions existantes).

Dans la vision progressiste du développement des civilisations, le processus decomplexification est souvent considéré comme intentionnel, c'est-à-dire comme étant lerésultat de l'imagination de nos ancêtres et plus ou moins facilité par les circonstances dumoment (Tainter, 2011). Selon cette même vision progressiste, la complexification de la société a lieu par ce qu'elle le peut. De la même façon qu'une jeune pousse émerge de la terre lorsque toute les conditions de température, d'humidité, de nutriments et de rayonnement solaire sont réunies, la complexification de la société devient possible lorsque de plus grandes quantités de ressources naturelles sont disponibles et que le surplus énergétique (quantité d'énergie délivrée à la société par le secteur de production d'énergie et dissipée ensuite au seindes autres secteurs) croît.

La vision progressiste établit ainsi une relation linéaire de cause à effet entre énergie et complexité, considérant la première comme précédant la seconde et lui permettant d'émerger . Pourtant, de nombreuses civilisations avant nous, comme la Rome Antique ou la Mésopotamie Ancienne, ont bénéficié d'un niveau d'organisation structurelle – et donc d'une complexité – relativement avancé (Tainter, 1988).
Ces mêmes civilisations n'ont pour autant jamais bénéficié d'un surplus énergétique aussi important que celui dont notre « civilisation à haute énergie » (Smil, 2004) bénéfice depuis deux siècles.
L'ère de l'Anthropocène représente à ce titre une période unique – et très courte – dans l'histoire de l'humanité.
La relation linéaire de cause à effet entre énergie et complexité n'est donc pas suffisante pour expliquer le développement des civilisations anciennes . Pour comprendre toute l'ambiguïté de cette relation entre énergie et complexité, il faut d'abord étudier le rôle essentiel que joue la complexité dans la durabilité d'une société.

Selon Tainter (1988, 2004, 2011), qui a fait de cette question l'une de ses principales lignes de recherche, la complexité est un outil fondamental de résolution des problèmes rencontrés par une société etqui se dressent comme obstacles à son désir de continuité. Confrontée à de tels problèmes, la société développe alors de nouvelles technologies et institutions, ou ajoute des éléments constitutifs supplémentaires à celles déjà existantes, menant logiquement à sa complexification.
La durabilité d'une civilisation dépend ainsi de sa capacité à résoudre les problèmes qu'elle rencontre à l'aide de ce processus de complexification tout en étant capable d'en absorber les contraintes (coûts financiers, énergétiques, etc.) .

La relation entre énergie et complexité apparaît alors comme étant auto-catalytique, c'est-à-dire que la présence d'un surplus d'énergie permet à la complexité d'émerger (vision progressiste), complexité qui en retour produit de nouveaux types de problèmes qui n'existaient pas auparavant.
Or, résoudre de tels problèmes requière une complexification supplémentaire de la société et donc un surplus d'énergie d'autant plus grand. Energie etcomplexité sont ainsi imbriquées dans une relation de causalité à double sens (réciprocité) . L'existence d'un surplus d'énergie étant une condition sine qua non à l'émergence de la complexité, celui-ci joue donc le rôle de contrainte limitative à cette relation de réciprocité et donc in fine à l'évolution d'une société complexe. Ce point, pourtant essentiel, n'est pastoujours bien compris dans les discussions ayant trait à la durabilité. Cela vient du fait quevivre à l'ère de l'Anthropocène où l'énergie est à la fois bon marché et abondante nous donne l'impression (biaisée) que ce surplus d'énergie est quelque chose de tout à fait normal et d'immuable.

Rappelons-nous toutefois que ces périodes d'abondance énergétique ont été à la fois rares et de courte durée à l'échelle de l'histoire de l'humanité. Or , notre civilisation s'apprête à devoir affronter une double contrainte qui menace sa durabilité : la multiplication grandissante – et évidente – des problèmes et une crise énergétique globale réduisant sacapacité à résoudre ces problèmes.


Fukushima, complexité et énergie nucléaire

Dans ce contexte de l'Anthropocène, l'énergie nucléaire est de loin le système de générationd'énergie le plus complexe jamais conçu par l'homme. Il tient sa complexité de la naturemême de cette source d'énergie à la fois très diluée à l'état primaire (minerai d'uranium) et trèsconcentrée lors de la génération des vecteurs énergétiques (chaleur puis électricité) directement utilisable par la société. Toute la difficulté de la production d'électricité à l'aide del'énergie nucléaire (fission) réside alors dans deux tâches suivantes : la concentration del'uranium depuis son état naturel à son état de combustible (processus amonts de production du combustible) suivis du contrôle de cette énergie fortement concentrée (centrale nucléaire et processus avals de gestion des déchets). Ces deux étapes impliquent la multiplication des processus industriels, des capitaux (financiers, humains et matériels), des décisions, et de laconnaissance scientifique indispensables pour faire fonctionner ce système énergétique. A titre de comparaison, l'exploitation des énergies renouvelables (rayonnement solaire, vent,marrées, etc.) qui sont également très diluées à l'état primaire ne requièrent que des efforts deconcentration de façon à obtenir un vecteur énergétique (électricité) directement utilisable par la société, ce qui leur donne un avantage considérable par rapport à l'énergie nucléaire enterme de compétitivité biophysique (basée sur des données énergétiques et physique, et non pas sur des données monétaires comme c'est le cas des études économétriques conventionnelles).

L'énergie nucléaire est sans doute la source primaire d'énergie qui illustre le mieux l'ère hautement complexe qu'est l'Anthropocène. Cependant, comme tout système complexe, l'énergie nucléaire est également un système fragile comme récemment illustré par les accidents de Fukushima.

Le 11 mars 2011, un violent séisme suivi d'un fort tsunami s’abattaient sur la côte Est du Japon mettant en péril 4 des 6 unités appartenant au site de production d'électricité de Fukushima-Daiichi. Plus précisément, ce sont trois cœurs de réacteur qui sont entrés en fusion partielle, ainsi qu'une piscine de stockage de combustible usagés d'un autre réacteur qui a subi un incendie (1) .

L'ensemble de ces événements a obligé les autorités japonaises à classer la catastrophe nucléaire d'accident majeur – le niveau maximum sur l'échelle de l'INES (niveau7) – toutefois plus d'un mois après le début des accidents. Il a d'ailleurs été largement admis que la gestion de la catastrophe nucléaire a démontré d'importantes lacunes que ce soit de la part de l'exploitant de la centrale TEPCO, des autorités japonaises ou de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (Brumfiel, 2011a) dont la principale conséquence a été le manque d'informations – parfois retenues intentionnellement (Taira et Hatoyama, 2011) – au sujet de l'état des réacteurs, de la situation sanitaire et de la radioactivité à l'échelle locale et globale.
Cette mauvaise gestion de crise montre également la fragilité de ce système dont les enjeux et conséquences sont pourtant globaux .

Pour prendre la mesure de la gravité de la catastrophe, il ne suffit pas de regarder les conséquences immédiates des accidents (radioactivité dans l'air et évacuation des populations) – qui ne sont que la partie emmergée de l'iceberg – mais bel et bien l'ensemble desconséquences sanitaires, économiques et sociales que ces accidents auront à long terme. Pour rendre la situation encore plus dramatique, les accidents ne peuvent pas encore à ce jour – l'article a été écrit en décembre 2011, soit près d'un an après le début des accidents – êtreconsidérés comme techniquement terminés et resteront actifs tant que les réacteurs ne seront pas complètement refroidis, ce qui est normalement prévu pour le début de l'année 2012 (Brumfiel, 2011b).

Compte tenu de l'ampleur de la catastrophe nucléaire de Fukushima, on est en droit – et même dans le devoir – de s'interroger sur les raisons d'une telle catastrophe. Qu'a-t-il permis la perte totale de contrôle sur ces centrales et qui en porte la véritable responsabilité ? Ces questions sont d'autant plus importantes puisqu'elles concernent la viabilité et la désirabilité de l'énergie nucléaire qui entend être une source d'énergie alternative dans un contexte de crise globale del'énergie. Pour répondre à cette question, je propose de discuter deux aspects : les phénomènes naturels qui ont provoqué les accidents de Fukushima et les méthodes employées pour estimer les risques liés à ces phénomènes.

A l'origine de la catastrophe nucléaire de Fukushima, il y a deux phénomènes naturels : un séisme et d'un tsunami. C'est la combinaison de ces deux phénomènes naturels – bien connus des géologues pour être dans certains cas couplés entre eux – qui est le plus souvent annoncée comme étant la cause des accidents. Or, les dernières expertises font état du fait que le séisme, seul, aurait été responsable des principaux dommages causés à la centrale et notamment au système de refroidissement d'urgence qui était déjà hors d'état de fonctionner avant que le tsunami n'inonde les pompes de ce même système – information retenue intentionnellement par TEPCO et délivrée aux institutions gouvernementales seulement 6 mois après le début des accidents (Taira et Hatoyama, 2011). A ce stade, qu'un séisme seul – pourtant pris en compte dans les études de risques – soit la cause principale d'une telle catastrophe nucléaire réduit d'autant plus le caractère de « jamais vu » utilisé pour décrire la catastrophe naturelle. Certes,le séisme lui-même était d'une magnitude inégalée dans la région, il n'en est pas moins qu'un séisme de magnitude supérieure à 9.0 a lieu tous les 6 ans environ dans le monde. Cela démontre les limites des études de risques vis-à-vis des phénomènes naturels, que ce soit au niveau de leur localisation, de leur amplitude et de leur récurrence.

Ce type de scénario – séisme et/ou tsunami – est bien connu et régulièrement pris en compte dans les calculs de sureté des installations nucléaires. Pourtant, malgré leur prise en compte dans le cas des réacteurs de Fukushima, cela n'a pas empêché d'aboutir à l'une des pires catastrophes nucléaires depuis le début de son développement. Cela signifie que les hypothèses prises au moment du développement de ces réacteurs dans les années 1970 ne furent pas suffisantes pour contenir les événements survenant en 2011 au large du Japon. Nous sommes ici en présence d'un scénario à faibles probabilités mais à grandes conséquences pour l'homme et pour l'environnement. Cette très grande sensibilité aux hypothèses critiques est caractéristique des projets complexes et représente leur fragilité. La fragilité de la sûreté des réacteurs nucléaires peut se résumer ainsi : l'énergie nucléaire est sûre jusqu'à ce qu'un accident survienne. L'exploitation de centrales nucléaires actuelles implique ainsi une inévitable situation de dualité en passant d'une sûreté totale à une situation de chaos juste par le fait que certaines hypothèses critiques peuvent être dépassées.

L'implication des hypothèses de calculs comme source profonde des accidents de Fukushima – les deux événements naturels n'étant que les facteurs déclencheurs – fait donc indéniablement porter la responsabilité sur l'industrie nucléaire en charge de ces calculs, et sur les autorités de régulation en charge de leur validation. Plus largement ce sont les méthodes probabilistes utilisées pour évaluer les risques liés à ce type de phénomènes – naturels ou non – qui peuvent être critiquées. On peut se demander en effet si la conception de telles centrales est faite en pleine connaissance des risques encourus. La réponse est de toute évidence négative, puisque de telles études sont affectées par la présence inévitable de « véritable ignorance » – ou « incertitude » – que l'on doit différencier de la simple « indétermination probabiliste » (Knight, 1921 ; Diaz Maurin, 2011b). Le physicien Richard P. Feynman, lauréatdu prix Nobel de physique, disait à ce sujet en 1963 qu' « il est d'une importance primordiale, afin de faire progresser [la science], que nous reconnaissions cette ignorance et ce doute » (Feynman, 1998). Cela s'applique également au domaine de la technologie et donc de l'énergie nucléaire pour laquelle il est essentiel de reconnaître la présence d'ignorance et d'en identifier les sources. Or, l'une des principales sources est l'ignorance systémique affectant l'ensemble des études de risques indépendamment du type de réacteur nucléaire – à la conception aussi avancée soit-elle
(2) – et de sa localisation (Diaz Maurin, 2011b).

De telles études de risques conventionnelles basées sur des calculs probabilistes ne peuvent donc pas – et ne devraient pas – être utilisées dans des situations où la présence d'ignorance est avérée, comme dans le cas de la sûreté nucléaire. Et si c'est encore le cas, compte tenu de la présence inévitable d'ignorance – comme lorsque l'on mène un projet à large échelle pour la première fois – il n'est pas recommandé de seulement se baser sur l'avis de « l'expert » qui n'a pas plus de raison d'être immunisé contre l'ignorance que n'importe quelle autre personne.

La présence de « véritable ignorance » pose donc la question de la désirabilité de l'énergie nucléaire pour laquelle on ne peut connaître les risques encourus. Poursuivre l'expérience à grande échelle de l'énergie nucléaire, d'une part, tout en refusant d'admettre les sources d'ignorance évidentes, d'autre part, démontre une certaine fermeture d'esprit loin de la sagesse et de l'imagination que requière la gestion de la crise énergétique globale qui représente sans doute la plus grande menace de l'ère de l'Anthropocène.

En effet, rien n'indique que la transition énergétique et sociétale impliquant une diminutionrapide de la qualité de l'énergie – et donc de la quantité disponible pour la société – se passenécessairement sans heurts vis-à-vis de l'organisation sociétale actuelle (Smil, 2008, 2010 ;Tainter, 2004). Il semble même très probable que la transition énergétique s'accompagne d'un« effondrement sociétal » global.


Risque d'effondrement sociétal

La notion d'effondrement sociétal est familière des lecteurs d'Entropia qui lui a consacré sonnuméro 7 avec un dossier intitulé L'Effondrement : et après ?

Toutefois, ce terme n'y était pas clairement défini. Par effondrement sociétal j'entends ici la perte rapide de la complexité sociale, politique et économique (Tainter, 2004). Ce type d'effondrement est un phénomène récurrent de l'histoire des civilisations et a été synonyme de leur déclin. Un tel effondrement sociétal, selon Tainter, apparaît lorsque la résolution des problèmes n'est plus possible par l'usage du processus de complexification de la société décrit précédent. Or, même si l'on admet la thèse de Tainter à savoir que l'énergie n'est pas la cause première de l'effondrement des civilisations anciennes mais bel et bien leur incapacité à poursuivre dans la résolution des problèmes par le recours à toujours plus de complexité, on doit néanmoins se rappeler que la complexification d'une société n'est possible que parce qu'un surplus d'énergie croissant est disponible. C'est à ce titre que la crise énergétique globale – de par le déclin du surplus énergétique qu'elle impliquera – représente un véritable risque d'effondrement sociétal.

La question n'est alors plus de savoir si un effondrement de notre société est possible – l'histoire nous a montré que oui – ou de savoir ce qu'il y aura après l'effondrement – compte tenu de notre ignorance vis-à-vis de cette question et du caractère auto-évolutif et non planifiable d'une société – mais la question est avant tout autre chose de connaître les implications d'un tel processus d'effondrement, et notamment de savoir s'il est désirable, évitable et, si tel n'est pas le cas, de savoir comment s'y préparer.

La désirabilité d'un processus dépend de l'équilibre entre coûts engendrés et bénéfices escomptés. Or, il est clair que dans le cas d'un processus d'effondrement sociétal l'humain n'est pas disposé à accepter les coûts d'une telle transition d'autant plus que les bénéfices escomptés sont tout sauf certains – il est en effet impossible de prédire l'après effondrement qui est affecté par la présence d'ignorance. Si l'effondrement sociétal n'est donc pas un processus de transition désirable pour notre société, est-il encore évitable ?

Tout porte à croire que le processus d'effondrement sociétal soit déjà engagé même s'il n'est pas encore évident. Par exemple, le fait que certains pays renoncent à tenter de résoudre certains des problèmes auxquels ils font face (retrait du Protocole de Kyoto par le Canada, arrêt du financement des recherches européennes sur les effets à long terme de la radiation,etc.) semble illustrer l'arrêt du processus de résolution des problèmes utilisé depuis le début de l'ère de l'Anthropocène – et même au cours de l'expansion des civilisations anciennes. Il semble donc difficile de pouvoir éviter un processus d'effondrement sociétal déjà engagé ça et là, et ce, d'autant plus que le contexte à venir de crise énergétique y est très favorable. L'effondrement sociétal sera donc très probablement une réalité signant effectivement la fin del'Anthropocène. Toutefois, si la fin de l'Anthropocène est quelque chose de désirable à de multiples aspects sociaux et environnementaux, on ne pourrait en aucun cas s'en réjouir lorsque l'on sait qu'il sera précédé d'un tel processus d'effondrement sociétal caractérisé par une modification brutale du métabolisme énergétique aux conséquences négatives pour l'humain voire même pour l'environnement (par exemple par l'exploitation des ressources fossiles non conventionnelles). L'humain va donc devoir assurer une certaine gestion de crise ou plutôt une « gestion de l'effondrement ». La véritable question posée devient donc : L'Effondrement : comment ?

L'un des leviers de la « gestion de l'effondrement » est la réaffectation de l'utilisation des énergies conventionnelles de façon à accompagner la transition vers une société soutenable basée sur d'autres formes d'énergie qui soient renouvelables. Cette transition, bien que longue, implique d'engager dès maintenant nos sociétés dans une discussion sur les options énergétiques qui apparaissent comme viables et désirables. Ceci est important pour que les« dernières » ressources fossiles (de qualité) ne soient plus vues comme le support de notre société moderne actuelle mais bel et bien comme le support des alternatives tant énergétiques que sociétales .


Conclusion

Aujourd'hui, à l'ère de l'Anthropocène, le recours à l'énergie nucléaire pour la production d'électricité est de loin le système énergétique le plus complexe jamais entrepris par l'homme. Or, les accidents de Fukushima ont démontré l'incapacité de l'humanité à contrôler ce système complexe. Plus spécifiquement, la présence systémique – c'est-à-dire à tout niveau – de véritable ignorance pose la question de la désirabilité d'une telle source d'énergie. En effet, dans un contexte de crise énergétique globale étant déjà affecté par de l'incertitude, il ne serait pas judicieux d'ajouter de l'incertitude supplémentaire en faisant le choix d'une source d'énergie alternative que l'on ne peut prédire – et donc contrôler – totalement. C'est en cela que l'humanité ne semble donc plus capable de poursuivre son expansion telle que nous la connaissons depuis deux siècles en recourant au même mécanisme de complexification de lasociété. Cette nouvelle catastrophe nucléaire pourrait ainsi marquer la fin de cette ère, ou tout au moins « le début de la fin ».

Pourtant, fin de l'Anthropocène ne signifierait pas nécessairement – et fort heureusement – fin de l'humanité mais ouverture sur une nouvelle ère plus simple et plus durable, celle d'une co-évolution entre l'homme et son environnement. Toutefois, pour réaliser avec succès cette transition sociétale il est important de comprendre les implications de la crise énergétique globale à venir de manière à s'engager dans une transition la plus informée possible.

Pour ce faire, cela nécessite un nouveau pacte de société visant à discuter la question de soutenabilité de manière informée à l'aide des scientifiques devant accepter l'existence de l'ignorance et du doute. Enfin, un tel pacte de société nécessite d'être démocratique et participatif impliquant un processus de négociation entre les différents acteurs sociaux puisque rien n'a jamais été aussi incertain qu'aujourd'hui.



(1) Il est important de préciser qu'ils s'agit bien de 4 accidents distincts du point de vue de la sûreté nucléaire (études de risques), et ce, bien que la cause initiatrice et que la centrale nucléaire soient les mêmes (DiazMaurin, 2011a).

(2) A ce titre, l'empressement de l'industrie nucléaire au lendemain des accidents de Fukushima pour annoncer à la population que les nouveaux réacteurs « auraient résisté à une telle situation » ne fait que repousser le seuil d'incertitude sans régler pour autant le problème de fond qu'est la présence d'incertitude. De plus, de telles déclarations sont complètement hors sujet puisque aucun de ces « nouveaux réacteurs » n'est en fonctionnement à l'heure actuelle dans le monde et il faudra attendre encore plusieurs dizaines d'années avant qu'ils représentent une part significative de la production d'électricité de la filière nucléaire – si toutefois ils étaient commandés, financés et finalement construits ce qui est de moins en moins envisagés dans les paysdéveloppés – et donc avant que l'on puisse les prendre en considération dans les discussions relatives à lasûreté nucléaire.



Références

Brumfiel G. (2011a) International atomic energy agency gets new safety remit.
 Nature News Blog
. URL http://blogs.nature.com/news/2011/09/iaea_gets_new_safety_remit.html

Brumfiel G. (2011b) Fukushima's reactor cores still too hot to open.
 Nature News
.doi:10.1038/news.2011.525

Diaz Maurin F. (2011a) Fukushima: Consequences of systemic problems in nuclear plantdesign.
 Economic & Political Weekly
, 46(13):10–12.

Diaz Maurin F. (2011b) Sobre la viabilidad de la energía nuclear: Implicaciones de losaccidentes de Fukushima-Daiichi.
 Ecología Política
41:106–111.

Feynman R.P. (1998)
The meaning of it all: thoughts of a citizen-scientist
. Basic Books.

Knight, F.H. (1921)
 Risk, uncertainty and profit.
Library of Economics and Liberty.

Smil V. (2010)
 Energy transitions: history, requirements, prospects
, Praeger Publishers.

Smil V. (2008)
 Energy in Nature and Society: General Energetics of Complex Systems
. TheMIT Press, Cambridge, MA.

Smil V. (2004) World History and Energy. In
 Encyclopedia of Energy
6:549–561, C.Cleveland, Ed., Elsevier: Oxford.

Tainter J. (2011) Energy, complexity, and sustainability: A historical perspective.
 Environmental Innovation and Societal Transitions
, 1:89-95.

Tainter J. (2004) Energy and sociopolitical collapse. In
 Encyclopedia of Energy
5:529–543, C.Cleveland, Ed., Elsevier: Oxford.

Tainter J. (1988)
The collapse of complex societies.
New Studies in Archaeology. CambridgeUniversity Press, New York.

Taira T., Hatoyama Y. (2011) Nationalize the Fukushima Daiichi atomic plant.
 Nature
480:313–314.


© F. Diaz Mauri

Le Paraguay repris en main par l’oligarchie

Par Gustavo Zaracho
le 19 Juillet 2012
pour http://www.monde-diplomatique.fr

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Le 4 juillet dernier, l’hebdomadaire brésilien Veja — le plus influent d’Amérique latine — dénonçait une « tentative de coup d’Etat au Paraguay » : pas celle, réussie, ayant conduit à la destitution du M. Fernando Lugo, le 22 juin dernier (1) ; mais celle, ratée, du président vénézuélien Hugo Chávez qui aurait tenté de faire renverser le « nouveau président », M. Federico Franco. Une opération « honteuse », proclamait la « Une » de la revue (2), qui semble ignorer que le renversement de M. Lugo a été condamné par plusieurs organismes de défense des droits de l’homme (dont la Fédération internationale des ligues de droits de l’homme [FIDG] et la Commission interaméricaine des droits de l’homme [CIDH])…

Malgré le soutien des grands médias privés de la région, le Paraguay se trouve isolé : seuls Taiwan et le Vatican reconnaissent pleinement le nouveau gouvernement. Le Marché commun du Sud (Mercosur) et l’Union des nations d’Amérique du Sud (Unasur) ont écarté le Paraguay de leurs enceintes en attendant le rétablissement de l’ordre démocratique : retour au pouvoir de M. Lugo ou nouvelles élections (prévues en 2013). L’activité commerciale commence à faiblir et la population craint une monté en flèche du prix des produits de base.

Moins de préoccupations du côté de l’oligarchie, qui a désormais repris l’intégralité du contrôle de l’administration. M. Lugo a été remplacé par son vice-président, M. Franco. Membre du Parti libéral radical authentique (PLRA, droite), ce dernier avait œuvré à la création de la vaste alliance ayant remporté le scrutin présidentiel d’avril 2008 ; il s’était néanmoins très vite employé à provoquer la destitution du président (3). Le PLRA a d’ailleurs quitté la coalition au pouvoir juste avant le 22 juin, de façon à se rallier aux autres partis politiques en vue de la destitution du président.

Les bénéficiaires du coup d’Etat se comptent en premier lieu parmi les grands cultivateurs de soja et les multinationales céréalières, dont Monsanto, Cargill et Rio Tinto Alcan : leurs porte-parole plus ou moins officiels font leur entrée au gouvernement :

– Le nouveau ministre de l’économie, M. Manuel Ferreira, conseillait hier l’Union des corporations de la production (UGP), un puissant lobby rassemblant les grands cultivateurs de soja et les représentants de l’agrobusiness.

– Le Service national de santé végétale et de semences (Senave) — qui régule et contrôle l’utilisation de pesticides et le type de semences autorisées dans le pays — sera désormais piloté par M. Jaime Ayala, qui dirige une société distribuant des pesticides (4). La première mesure du nouveau gouvernement a d’ailleurs été d’autoriser les (rares) semences génétiquement modifiées encore interdites sous la présidence Lugo.

– M. Francisco Rivas (PLRA) se maintient au ministère de l’industrie, dont M. Diego Zavala, avocat et lobbyiste de la société canadienne Rio Tinto Alcan a été nommé vice-ministre. Tous deux défendent l’installation de l’entreprise minière au Paraguay, contre l’avis de l’ancien vice-ministre des mines et de l’énergie comme de la Commission nationale des entités hydroélectriques du ministère des affaires étrangères (5), qui dénonçaient la perspective de dégâts environnementaux conséquents et l’aberration du tarif subventionné concédé à la société. Avec l’arrivée au pouvoir, de MM. Rivas, Zavala et Franco — lequel avait accepté l’invitation de la multinationale pour visiter du 24 au 26 octobre 2010 (6) ses installations au Canada —, l’avenir s’annonce plus rose pour Rio Tinto Alcan : le gouvernement semble déterminé à signer un accord dans les plus brefs délais.

Du côté des médias privés locaux, contrôlés par des groupes économiques favorables au coup d’Etat et peu entravés par une conception trop exigeante de la déontologie, les articles interrogeant la destitution de M. Lugo sont rares. Ceux qui font référence à la mobilisation de la population pour exiger son retour, encore plus. Seuls les médias publics — la Télévision publique et la Radio Nationale du Paraguay — les ont évoquées. Ils ont par la suite fait l’objet de pressions, d’actes de censure et plusieurs journalistes ont été licenciés pour des raisons politiques. Fátima Rodríguez, de la télévision publique, a ainsi été remerciée : le nouveau ministre de la Communication, M. Martin Sannemann, lui reprochait son engagement contre le coup d’Etat — n’avait-elle pas été aperçue regardant des photos de manifestants anti-Franco sur son ordinateur ? Les manifestations contre le gouvernement se succèdent néanmoins, et les dirigeants politiques qui ont voté le limogeage de M. Lugo éprouvent les plus grandes difficultés à se déplacer sans faire l’objet de protestations populaires (7).

La répression que craignent les partisans de M. Lugo et tous ceux qui défendent l’ordre démocratique aurait-elle débuté ? Le 16 juillet, lors d’une marche contre les coupes budgétaires que vient d’annoncer le nouveau gouvernement dans les programmes sociaux, la police a chargé contre les manifestants. Une jeune artiste, Irene Codas, a été grièvement blessée. Environ trois cents personnes travaillant dans différents programmes sociaux mis en place par le gouvernement Lugo ont été licenciées. Auprès de la Commission parlementaire de l’Union Européenne présente dans le pays depuis lundi dernier, elles ont dénoncé ce qu’elles considèrent comme une forme de persécution politique (8).

Mais le coup d’Etat aurait-il été possible si le pouvoir de M. Lugo ne s’était pas avéré si faible ? En dépit d’une vingtaine de tentatives de destitution depuis 2008, ses partisans n’avaient pas — semble-t-il — anticipé une telle situation. En outre, M. Lugo n’a jamais souhaité miser sur une alliance forte avec les organisations populaires, les fédérations paysannes ou les partis de gauche. Ceux-ci l’avaient d’ailleurs trouvé plus qu’hésitant dans la mise en œuvre de la réforme agraire, promise lors de la campagne présidentielle de 2008. Mais malgré les critiques adressées au gouvernement de M. Lugo, la gauche, les mouvements sans terres et les groupes progressistes se sont rassemblées au sein du Front de défense de la démocratie (FDD), qui organise la mobilisation au sein du pays et à l’étranger.

Alors que le printemps démocratique de l’Amérique latine — qui semblait avoir mis un terme aux années de dictatures militaires et de régimes néolibéraux et autoritaires — semble menacé, faudra-t-il se contenter de déclarations du type de celle de l’Union européenne, qui exprime timidement sa « préoccupation », bien loin de la condamnation (quasi-) unanime des pays sud-américains (9) ?

(1) Lire «  Coup d’Etat au Paraguay  », La valise diplomatique, 23 juin 2012.
(2) Duda Teixeira, «  O golpe fracassado de Chávez no Paraguai  », Veja, São Paulo, 4 juillet 2012.
(3) Lire François Musseau, «  Coup d’Etat rampant au Paraguay  », Le Monde diplomatique, mars 2010.
(6) «  Río Tinto desea invertir US$ 2.500 millones  », ABC Color, Asunción, 6 novembre 2010.
(7) Voir la vidéo publiée par le site E’A le 9 juillet 2012 : http://ea.com.py/video-asi-fue-escr...
(9) Lire le communiqué (PDF) de l’Union européenne du 23 juin 2012.


Données de la drogue

Par
le 10 Juillet 2012
pour http://owni.fr

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Les Nations Unies viennent de publier leur rapport annuel sur la drogue dans le monde. Des milliers de données un peu arides. Alors que le débat sur le cannabis en France fait régulièrement l'actualité, Owni a décidé de concocter une carte interactive avec les data exploitables en relation avec l'économie de la dope dans le monde.

Plan de pavot

Le 28 juin, les Nations Unies rendaient public leur rapport mondial sur la drogue [PDF/EN]. Des kilos de data dans le corps du texte et d’autres dans des tableurs PDF pas très lisibles. Owni a voulu constituer une base de données sur les drogues à partir du rapport 2012 de l’ONU mais aussi du précédent1. À l’issue du recueil des données, nous avons pu construire un Top 10 des pays qui ont saisi le plus de drogues (en quantité) pour l’année 2010 (rapport 2012). Une carte interactive pour visualiser les frontières les moins perméables, à l’heure où même François Hollande est sollicité pour légaliser le cannabis.

 

Saisies

 

Les rapports des Nations Unies présentent un défaut : leurs données ont été récoltées par réponse à des questionnaires envoyé, sur la base du volontariat. Parfois les pays n’ont pas répondu, d’autres fois ils ont été très exhaustifs. Nous avons lu les trois derniers rapports dans leur intégralité et construit au fur et à mesure le tableau disponible ici. Si beaucoup d’infos circulent sur la consommation de drogues, rares sont les analyses se focalisant sur les saisies et sur les zones géographiques où est interceptée la drogue. Or, les données les plus complètes sont celles des saisies par pays. Nous les avons privilégiées pour bâtir cette carte interactive :




Dans le Top 10 des pays qui saisissent le plus de colis/comprimés/poudre, le trio de tête est formé par le Mexique en pôle position, suivis de près par les États-Unis et la Bolivie. À eux trois, ils représentent plus de 5000 tonnes de saisies de drogues pour l’année 2010. Amphétamines, herbe et méthamphétamines culminent pour le Mexique (avec, en 2009, la “saisie” de 191 laboratoires). Les États-Unis ont une saisie de prédilection en plus de celle identiques au Mexique : l’héroïne avec 3,5 tonnes récupérées en 2010. Et 1931 tonnes d’herbe. Suivent l’Iran avec un “petit” 429 tonnes (principalement de l’opium) et 384 tonnes pour l’Espagne (cannabis seul).

L’Afghanistan, absent du Top 10 des saisies – les données ne sont pas renseignées pour l’année 2010- mérite qu’on s’y attarde puisqu’il fait partie de la cohorte d’États avec l’Iran, le Pakistan et l’Ouzbékistan – entre autres – qui sont engagés officiellement dans la lutte contre le narcotrafic, avec les encouragements de l’ONU. Et avec sa position de leader sur le marché de l’opium (90% du marché mondial), le pays cumule entre 1518 et 3518 tonnes de saisies, toutes drogues confondues. Le porte parole de l’OTAN, Carsten Jacobson, expliquait en début d’année dans les colonnes du Monde diplomatique :
Le trafic de stupéfiants a été un facteur clé de financement pour les insurgés, mais cette source de revenus diminue [...] Les opérations anti-drogue perturbent avec succès les capacités des insurgés à transformer l’opium en héroïne. Nous continuerons à étrangler leurs revenus générés par la vente de drogues illicites en 2012

Drogues de synthèse, MDMA/ecstasy

En isolant les drogues une par une dans ce même classement des pays les plus “saisisseurs”, le cannabis est le plus intercepté dans ce même trio États-Unis, Mexique et Bolivie. De la même façon, les drogues de synthèse sont saisies majoritairement par les États-Unis et le Mexique, puis l’Iran dans une moindre mesure.


La forte présence des États-Unis et du Mexique n’est pas une surprise. La découverte récente de tunnels aux frontières des deux pays – pour transporter le tout – peut expliquer les saisies nombreuses aux entrées et sorties de tunnels (230 mètres de long et 1,3 mètres de haut pour le dernier découvert).
Dans les data des rapports se trouvent aussi de petites perles, notamment en poids des saisies. On peut espérer vivement que les 12 kilos d’amphétamine saisis en Nouvelle-Zélande en 2010 aient été saisis en une seule fois. Même chose pour les 63 kilos d’ectasy au Royaume-Uni en 2009. Inutile de faire déplacer beaucoup de monde pour des petites prises.

 

Panda

 

Les barons de la drogue ne roulent pas en Fiat Panda, c’est bien connu. À l’inverse des producteurs, qui, eux, sont les plus lésés de la chaîne de trafic, et dont la production (feuilles de coca, pavot à opium etc.) ne leur rapporte qu’une part ridicule du gâteau final. Tout au long du trajet qu’effectue la drogue du pays producteur au pays consommateur, les intermédiaires, qu’ils soient grossistes ou détaillants, s’en mettent plein les poches. Exemple avec les opiacés en Afghanistan en 2009 : alors que le marché global était estimé à 68 milliards de dollars, seuls 440 millions sont revenus aux producteurs afghans, pourtant principaux fournisseurs de pavot à opium. Les trafiquants afghans ont empoché 2,2 milliards et les Talibans près de 155 millions. Si les drogues de synthèse et le cannabis sont majoritairement consommés dans leurs aires de production, la cocaïne produite en Amérique du Sud est principalement à destination de l’Amérique du nord (marché de 37 milliards de dollars) et de l’Europe (33 milliards de dollars).
En Europe, ces dix dernières années, le nombre d’usagers de cocaïne a doublé et est passé de 2 millions en 1998 à 4,1 millions en 20082.En 2009, la cocaïne a été consommée par une vingtaine de millions de personnes dans le monde (entre 14,2 et 20,5 millions) pour un marché global de 85 milliards de dollars. Des chiffres considérables pour une économie souterraine comparable en termes de valeur à celle des armes ou du pétrole. Sur ces 85 milliards, 84 ont été empochés par les trafiquants.
Il faut savoir que si les producteurs perçoivent une piètre rémunération au regard du butin final, le volume de leur production revendu à la sortie de l’exploitation n’est pas égal au volume déversé sur les marchés. Si un producteur vend 100 tonnes de feuilles de coca pour qu’elles soient transformées, c’est deux voire trois fois ce volume qui arrivera à destination. Tout au long de l’acheminement du pays producteur au pays consommateur, la drogue va perdre en pureté. En Afrique par exemple, qui tend à devenir un territoire de transit de plus en plus important pour les drogues mondiales, la cocaïne sud-américaine est coupée et divers adultérants (produits de coupe ou diluants) y sont ajoutés afin d’obtenir plus de poudre à moindre coût. Ce stratagème se répète jusqu’à ce que la cargaison arrive à destination. Ce qui explique en partie la différence de valeur entre la matière première et la matière finie.

Récolte de feuilles de coca en Bolivie

Mais si la culture de la coca est en partie autorisée en Bolivie sous la loi 1008, aux Etats-Unis, on lutte à coups de billets verts. Alors que le marché de la cocaïne et de l’héroïne est estimé à 45 milliards de dollars aux Etats-unis, le gouvernement projette d’injecter 26 milliards de dollars en 2013 dans un vaste projet de lutte anti-drogues. Le gouvernement états-unien participe aussi activement, et depuis longtemps, à la lutte anti-drogues dans des pays d’Amérique du sud, comme la Colombie à laquelle ils vont remettre une enveloppe de 155 millions en 2013. Une lutte en amont pour une cocaïne colombienne qui compte pour 90 % de la cocaïne disponible aux Etats-Unis.
Loin devant ces chiffres impressionnants, le marché du cannabis est le plus important au monde. De 125 à 203 millions personnes ont consommé du cannabis au moins une fois en 2010. Mais là où il se différencie des autres drogues c’est que le cannabis n’est pas seulement consommé dans la plupart des pays, il y est aussi cultivé. Et si la culture est avant tout locale, l’Afghanistan est aujourd’hui sur les talons du Maroc pour la production de résine de cannabis. Le cannabis y est d’ailleurs devenu plus lucratif que la culture du pavot à opium. Ainsi, en 2010, le revenu brut d’un foyer producteur de cannabis était de 9 000 dollars alors qu’il n’était “que” de 4 900 dollars pour le pavot à opium.

 

Méthodo

 

Le bilan après compilation des données dans un tableau3 vient surtout de la méthodologie utilisée pour collecter les données par les Nations unies. Sous forme de questionnaires, les États ont été invités à répondre aux questions. Libres à eux de le faire. Ou pas.

Plants de cannabis

Mais les Nations unies se défendent :
Le marché des drogues illicites a des dimensions mondiales et requiert de coordonner les réponses sur une même échelle. Dans ce contexte, le rapport mondial sur les drogues a pour but de tenter de comprendre le problème des drogues illicites et contribuer à plus de coopération internationale pour le combattre / lutter contre.
Data Publica a publié hier les résultats d’une étude réalisée en France sur la consommation de drogues des jeunes de 17 ans par région4 . L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), en partenariat avec la Direction du Service National a sondé un échantillon de jeunes participant à la journée Défense et citoyenneté, anciennement journel d’appel et de préparation à la défense (JAPD). Un peu plus de 27 000 jeunes ont répondu sur leur façon de consommer la/les drogue(s). À toutes les échelles, le marché de la drogue et l’impact sur les populations posent question. Une occasion d’ouvrir les données concernant la drogue, sa culture et sa consommation.

Merci à Paule D’atha (Julien Goetz, Marie Coussin et Nicolas Patte), Camille Gicquel et Thomas Deszpot
Photographies sous licences Creative Commons par Fraidbouaine, Alexodus, Joaokedal et Grumpy-Puddin, édition par Ophelia Noor pour Owni
  1. Le Guardian s’est aussi servi du dernier rapport []
  2. Source : rapport des Nations unies, 2012 []
  3. Le tableau est disponible ici []
  4. Au cours de nos recherches, nous avons aussi croisé Priceofweed, une application qui permet à tous les consommateurs d’indiquer avec précision le prix de l’herbe qu’il achète. Autre façon d’utiliser le crowdsourcing. []

Facebook invite à la délation

Par
le 17 Juillet 2012
pour http://owni.fr

English Version


Mark Zuckerberg a fait le rêve d’une communauté parfaite et compte sur le social reporting – "signalement social" – pour le réaliser. Lancée en 2011, l’opération consiste à faire des membres de Facebook les petits rapporteurs des violations des conditions générales d’utilisation du réseau. Depuis quelques jours, ils doivent confirmer l'identité de leurs amis utilisant un pseudonyme. Une seule exigence affichée pour cette armée mexicaine : la transparence.

Se reposer sur la bonne volonté des membres pour aider Facebook à rester transparent est une chose. Forcer les utilisateurs à dénoncer leurs petits camarades en est une autre. C’est pourtant ce que propose Facebook dans l’ une des ses nouvelles fonctionnalités récemment décriées en France : quelques personnes ont été sommées de confirmer l’identité de leurs amis utilisant un pseudonyme. Des cas isolés qui illustrent tout de même le manque de discernement de l’entreprise, mettant sur le même plan les dangers d’une publication d’informations dangereuses ou de contenus contraires aux bonnes moeurs et l’utilisation de pseudonymes.
On ne badine pas avec la sécurité chez Facebook. Le réseau traque les contenus haineux, pédophiles, racistes, et plus globalement, toute utilisation frauduleuse des profils, de l’usurpation d’identité au piratage de compte. Lorsque l’entreprise a présenté l’année dernière le signalement social, comme « un outil innovant permettant aux utilisateurs de signaler un abus non seulement à Facebook mais aussi directement à leurs amis, ces derniers pouvant aider à résoudre les problèmes », elle a officialisé un nouveau rôle pour ses membres : celui de chien de garde.

L’utilisateur est alors considéré comme l’un des piliers de la sécurité et se devra d’aider les équipes dans leur recherche. Qu’il se rassure, il pourra remplir les objectifs de sa mission en toute discrétion, puisque ” la personne signalée n’est pas informée de l’identité de l’utilisateur qui a fait le rapport “. Selon un porte-parole de Facebook France, le signalement social est un outil efficace et même nécessaire, qui complète pleinement le travail de l’entreprise :
Les internautes utilisent Facebook pour rester en contact avec leurs amis et leur famille, pour savoir ce qu’il se passe dans le monde et pour partager et exprimer ce qui importe à leurs yeux. Ils tireront le meilleur du site en utilisant leur véritable identité. Cela permet un environnement plus sécurisé et digne de confiance pour tous les utilisateurs.
C’est pourquoi Facebook essaie constamment d’améliorer la sécurité de ses utilisateurs, en mettant à jour certains outils ou en développant de nouvelles fonctionnalités. Afin de lutter contre les faux comptes, Facebook a mis en place un système de signalement social qui permet entre autre aux utilisateurs de signaler les faux comptes sur Facebook.
Pour gérer ces signalements, Facebook a une équipe dédiée qui s’occupe spécifiquement des questions de fausse identité. Cette équipe lit les remarques qui lui sont envoyées, vérifie les signalements d’éventuels faux profils et agit en conséquence.
En réalité, derrières ces louables intentions se cache une réalité beaucoup plus simple : le réseau, dépassé par sa popularité, cherche à faire des économies. En 2010, alors que Facebook ne comptait “que” 500 millions de membres (plus de 900 millions aujourd’hui), les plaintes pour contenus contraires aux politiques générales d’utilisation du site étaient enregistrées par seulement deux équipes, l’une basée en Californie, l’autre en Irlande. En 2012, deux nouvelles équipes au Texas et en Inde sont venues compléter l’effectif mais elles ne semblent pas suffisantes pour assurer une modération globale.



 Done is better than perfect !

 

Ces méthodes sont pourtant typiques de Mark Zuckerberg qui applique une seule et même devise à l’ensemble de son travail « Done is better than perfect ». Le tâtonnement permanent du jeune milliardaire ne semble pas réjouir les utilisateurs de Facebook aux États-Unis, où les lois régulant la vie privée sont moins contraignantes que les textes européens : 25% d’entre eux avouent entrer de fausses informations sur leur profil afin de protéger leur identité contre 10% en 2010. Les dérives du social reporting n’inquiètent cependant pas encore les associations de défense des libertés numériques telle l’Electronic Frontier Foundation (EFF) car Facebook n’a pas encore officialisé cette fonctionnalité. Mais même les violations ponctuelles des libertés peuvent nuire aux utilisateurs.
Pire encore, cette obsession de la transparence pousse l’entreprise à employer des mesures radicales, peu efficaces mais permettant de mieux contrôler ses ouailles, comme la surveillance des messageries privées. La chasse aux pervers et aux profils dangereux devient une priorité qui prévaut sur le respect de la vie privée et des libertés.
Facebook va tenter de faire son mea culpa en intégrant le Global Network Initiative, un groupe de travail composé d’entreprises, d’investisseurs, d’associations de défense des libertés et de chercheurs et spécialisé dans la protection des libertés d’expression et de la vie privée dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, qui compte déjà dans ses rangs Google, Microsoft et Yahoo. Mais l’on ne sait toujours pas ce que Facebook compte y trouver et encore moins quelles seront les garanties pour les utilisateurs. Une opacité qui remet en cause la bonne volonté affichée de l’entreprise qui exige encore une fois de faire ce qu’elle dit mais pas ce qu’elle fait.

Photo par Camille Chenchai (CC-byncnd) via flickr

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