Facebook : Faut-il avoir peur ?
Facebook a été sans aucun doute le gros morceau de l'année 2007 sur Internet. Je trouve cette plateforme assez extraordinaire et elle a le mérite de faire émerger un nouveau type de communication, une communication many to many, un lifestream permanent de tous vos amis qui aggrége tous les flux que vous produisez et les diffusent à qui veut bien les lire. Je ne décrirais pas plus loin toutes ses fonctionnalités car certains l'ont déjà fait avant moi et je ne l'utilise pas assez pour toutes les connaître un tant soit peu que cela soit possible.
Il y a plusieurs mois j'ai tout de même renseigné mon profil histoire de ne pas mourir idiot sans entrer aucun contact et j'ai été étonné de recevoir pas mal d'invitations à se connecter avec des relations de travail (externe à ma société). Ce qui m'a le plus surpris est le mixte un peu étrange entre les photos personnelles (voir très personnelles) présentes dans les profils et la relation professionnelle que je peux entretenir avec ces personnes.
Autant ça me fait plutôt marrer de voir un pote torse nu en train de de danser sur une table parce que c'est un ami autant voir la même chose d'une relation de travail (d'une boite extérieure) est assez étrange... surtout lorsque c'est une femme !!
J'ai aussi remarqué la différence d'usage suivant le niveau de "connaissance" des utilisateurs par rapport à Internet. Les plus avancés utilisent Facebook comme un média de travail ultra efficace, montent les réunions à travers Facebook, font des sondages en ligne sur des sujets pointus, intègrent leurs flux Twitter, Blog, Flickr avec la photo et les commentaires liés aux slides de la conférence qu'ils sont en train d'assister. Il y a dans ce cas une véritable adéquation entre le profil des relations professionnelles et le contenu.
D'autres utilisateurs plus tournés vers le buzz web utilisent Facebook comme un véritable média d'information, de lancement de produits, d'idées, de campagnes,... des pros de la gestion de l'identité numérique ou tout au moins de l'image.
J'en arrive à me demander si les utilisateurs les moins avancés n'ont pas balancer leur contacts Outllook sur Facebook sans faire la distinction pro/perso et expose la photo du petit dernier à la clinique avec maman en chemise de nuit la mine ravagée par les 6h d'accouchement !! Cool !! Au moins ça fait un sujet de conversation avant la réunion de négociation histoire de détendre l'atmosphère !!!
Je pense sincèrement que certains ont un réel problème de la gestion de leur identité en ligne, le principe de mettre ses photos personnelles en ligne en accès libre ne me choque pas, chacun est libre de s'exposer comme bon lui semble, mais créer volontairement des liens avec des relations professionnelles sur du contenu personnel, parfois un peu limite, m'étonne.
Pour en avoir discuté avec certains utilisateurs (que je considère avoir une connaissance Internet peu avancée - ne pas le prendre ici comme péjoratif ni comme une tare !) qui sont paradoxalement des heavy users sur Facebook et je me suis aperçu qu'il y a une candeur assez extraordinaire dans le discours de mes interlocuteurs, un peu comme si nous vivions avec OuiOui aux pays des jouets ! Tout le monde est beau tout le monde est gentil : "Ah oui Facebook c'est vachement bien, c'est gratos tu peux tout faire avec, tu peux voir en temps réel ce que font tes potes,..." . Je pense qu'il y a un réel manque de connaissance des fonctionnement et des business models de ce genre de boite de la part de beaucoup et de l'utilisation des données personnelles.
Je ne remets pas en cause ici Facebook ni l'intérêt qu'y trouvent certains, mais plus le fait que beaucoup l'utilise "mal" (à mon avis).
Lorsque je vais plus loin avec eux et que je leur demande s'ils ont lu les conditions générales etc, etc... s'ils sont conscients que Facebook s'autorise notamment à rassembler les données sur eux à partir de n'importe quelle source (lire un résumé en français ici, très instructif), ils m'expliquent qu'ils ne savaient pas, qu'ils ne voyaient pas l'intérêt pour Facebook d'utiliser leurs données personnelles, etc, etc... depuis cette conversation certains ont d'ailleurs limité l'accès de leur profil à leur amis, comme quoi....
Une (vieille) étude conduite par MSN et Harris Interactive pose ce constat qui ne fera qu’augmenter : 1 personne sur 5 recherche le nom d’un collaborateur potentiel et 40% a déjà saisi son propre nom. La motivation est d’attester un parcours, connaître mieux son prochain… Cette tendance est tellement grandissante que Google envisage de créer un moteur nominatif pour les professionnels afin de les aider au recrutement ou partenariat. Une preuve visuelle des passions, entreprises précédentes… Le phénomène est d’autant plus important aux Etats-Unis, pas étonnant me diriez vous. Il se trouve que ce type de recherche est source d’espionnage à usage personnel et générateur de conflit (accès aux attendus jugements de divorce…). Plus d'info ici.
Tout cela pour arriver à la vidéo en haut de ce billet qui crie à la conspiration dans la bonne tradition des attentats 11 septembre perpétrés par la CIA, etc, etc,... je ne sais pas si cette vidéo relate la vérité sur les relations indirectes entre Facebook, la CIA, DARPA, IAO et d'autres mais si elle sert au moins à faire réfléchir les usagers d'Internet, surtout les très jeunes, non pas pour les dissuader d'utiliser Facebook ou tout autre service Web mais à continuer à les utiliser comme bon leur semble mais en réelle connaissance de cause. Je n'ai rien contre un certain exhibitionnisme (ce blog en étant une forme) mais que les gens soient conscients de ce qu'ils font et des conséquences potentielles, en espérant que ce billet y participe.
Surtout que nous n'en sommes qu'aux débuts...nous entrons dans une nouvelle ère et forme de communication interpersonnelle, loin du simple coup de fil de grand-mère où vie réelle, numérique, personnelle, professionnelle, vont s'entre-mêler.
Un mariage réel/numérique pour le meilleur et pour le pire où les gens qui parlerons du virtuel ne seront que ceux qui n'y auront aucune vie.
En effet cette vie numérique ne sera pas virtuelle mais bien réelle, où le flux ininterrompu de l'information et de la vie d'autrui se déversera dans nos terminaux fixes et mobiles.
Et comme le dit très bien Geert Lovink, théoricien des médias, lors d'un entretien à Libération : "les riches pourront cesser de communiquer. Ils auront leurs esclaves qui le feront pour eux. Les autres, ceux qui ne peuvent pas se permettre de ne pas répondre à leur téléphone portable, devront rester connectés et bloguer dans la colère, la peur et l’outrage. Etre en ligne sera leur statut de «nervosité morderne», comme dit Freud."
Bon en tant qu'humble blogueur comment dois-je le prendre ???
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