- Le président états-unien Barack Obama accueilli par son homologue ghanéen John Atta Mills, le 10 juillet 2009 à Accra. (photo Xinhua).
Le G8 de L’Aquila (Italie) terminé, sur le thème « Afrique et sécurité alimentaire », le président Obama est parti pour Accra, capitale du Ghana, où il a prononcé, le 11 juillet, un discours fondé sur l’idée que les Africains sont responsables pour l’Afrique et doivent être aidés à développer leurs propres capacités économiques en assurant la démocratie [1]. Il n’est pas arrivé les mains vides : c’est lui, dit-on à la Maison-Blanche, qui a persuadé le G8 d’attribuer 20 milliards de dollars, distribués en trois ans, pour la « sécurité alimentaire » dans le monde. Les « Grands de la Terre » et les aspirants à ce grade, se présentent ainsi comme des bienfaiteurs, promettant de destiner à la lutte contre la faim, en une année, ce qu’ils dépensent en armées et armements en deux jours. Les pays du G8 élargi totalisent en effet plus de 80 % de la dépense militaire mondiale qui a dépassé les 1 500 milliards de dollars annuels, dont plus de la moitié est constituée par la dépense états-unienne.
Il n’y a donc pas lieu de s’étonner si, en Afrique, les États-Unis ont fondé leur politique sur l’instrument militaire. L’administration Bush a créé un commandement spécifique pour le continent, l’AfriCom [2], qui a ses deux sous-commandements en Italie : le US Army Africa, dont le quartier général est à la Caserne Ederlé de Vicence, et le commandement des forces navales AfriCom, situé à Naples. Le quartier général de Vicence opère sur le continent africain avec des « petits groupes », mais il est prêt pour des opérations de « riposte aux crises » avec la 173ème brigade aéroportée. Le commandement de Naples s’occupe des opérations navales : parmi celles-ci l’ « Africa Partnership Station », dont la mission est le déploiement de navires de guerre le long des côtes de l’Afrique occidentale, avec, à bord, du personnel provenant aussi d’autres pays, y compris des officiers italiens et français. À travers les programmes d’entraînement et de manœuvres, l’AfriCom prend appui sur les élites militaires pour amener le plus grand nombre de pays africains dans la sphère d’influence états-unienne.
Dans ce cadre, le rôle du Ghana est important. Ses officiers se sont formés au Centre d’études stratégiques pour l’Afrique, institué par le Pentagone, et dans divers programmes de l’US Army, en particulier l’Acota, à travers lequel ont été entraînés 50 000 soldats et instructeurs africains. L’armée de terre et la marine US ont aussi eu accès aux bases militaires et ports du pays. Le Ghana contribue ainsi à la « sécurité » du Golfe de Guinée, d’où provient une part croissante du pétrole importé par les USA (15 %, qui devraient monter à 25 % en 2015). En même temps, les forces armées du Ghana sont utilisées pour des opérations de « maintien de la paix » non seulement au Soudan (Darfour) [3], au Congo et dans d’autres pays africains, mais aussi au Liban, au Kosovo, et jusqu’en Géorgie. De façon parallèle, la présence économique s’est accrue au Ghana, où elle a cependant une forte concurrence chinoise. Comme en informe le département d’État, la découverte de grosses réserves pétrolières dans les fonds marins a attiré au Ghana de nombreuses compagnies états-uniennes, pendant que d’autres opèrent dans les secteurs minier et agricole. Le pays est riche en or, diamants, bauxite, manganèse, dont il est un des plus grands exportateurs. C’est aussi un des principaux exportateurs de cacao, produit par un million et demi de petites et moyennes entreprises agricoles. L’agriculture ghanéenne n’assure pourtant pas l’autosuffisance alimentaire. Et comme l’exploitation des ressources agricoles du pays est contrôlée par les multinationales, le bilan commercial du Ghana est en forte perte. Obama, dans son discours, n’a pas dit comment il pourrait être rééquilibré.
par Manlio Dinucci*permalink
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