Convoqués par les députés américains pour s'expliquer sur leurs activités en Chine, les représentants de Yahoo, Google, Microsoft et Cisco ont passé une sale journée hier, mercredi 15 février. Depuis quelques mois, ces groupes sont accusés de se plier à la censure chinoise et aux ordres de Pékin pour être en mesure de fournir leurs services dans le pays.
Attaqués tant par les démocrates que les républicains, les dirigeants de ces sociétés se sont vus reprocher d'être «des agents de la répression», d'accepter «une collaboration nauséabonde avec un régime répressif». «Le Congrès veut (...) une vraie volonté [de votre part] de s'opposer aux exigences d'un régime totalitaire», a exigé Tom Lantos (Démocrate, Californie), le coprésident du comité des droits de l'homme du Congrès.
Les représentants de Yahoo et Cie ont subi un flot de reproches pendant trois longues heures avant de pouvoir se justifier. Le directeur juridique de Yahoo, Michael Callahan, a reconnu que des «questions profondes et troublantes» ont été soulevées au sein du groupe lorsqu'il a fourni aux autorités chinoises les informations nécessaires à l'identification d'un cyberdissident. Depuis, il a été condamné à 10 ans de prison. Mais il a souligné que Yahoo devait se conformer aux demandes officielles des autorités judiciaires dans les pays où elle exerce son activité.
Une proposition de loi en préparation
Selon le représentant de Microsoft, malgré les efforts de la Chine pour censurer certains contenus, les internautes de ce pays ont quand même accès à des informations utiles. «Donc si l'on se base uniquement sur des critères relatifs aux droits de l'homme et à la liberté d'expression, Microsoft pense qu'il doit continuer à fournir ses services en Chine.»
Reporters sans Frontières, qui était également invité à témoigner devant les parlementaires américains, a appelé à la mise en place d'une législation, si les acteurs rechignent à s'autoréguler. Une proposition de loi est d'ailleurs en cours de rédaction aux États-Unis et devrait être présentée dans tous les prochains jours au Parlement.
Selon les documents obtenus par CNET News.com, le texte interdit aux sociétés américaines de filtrer leurs résultats de recherche ou de fournir des détails sur ses utilisateurs à certains gouvernements, sans l'approbation du ministère américain de la Justice. Il imposerait également à ces mêmes sociétés de nouvelles restrictions sur les produits qu'elles peuvent exporter vers des pays sensibles comme la Chine.
Des mesures que certains considèrent plus comme un nouveau protectionnisme américain plutôt que comme une réelle volonté de défendre la liberté d'expression en Chine.
Avec Estelle Dumout, pour ZDNet.fr
Par Declan McCullagh, CNET News.com
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