Anonymat garanti, promet la police nationale du département... La fin justifie-t-elle les moyens ?
Sous pression, la police nationale doit améliorer au plus vite ses résultats afin de faire baisser les chiffres de la délinquance. L'objectif a été clairement affiché au plus haut niveau de l'Etat, Nicolas Sarkozy regrettant presque de ne plus être ministre de l'Intérieur...
Alors comment faire à moyens équivalents ? La police nationale du département de l'Essonne s'est creusé la tête et pense avoir trouvé la solution. Certaines villes surveillent leurs habitants à l'aide de caméras de surveillance, dans l'Essonne on appelle à la délation grâce à Internet.
Un site dédié vient d'être lancé. "Aidez la police nationale dans son action au service des citoyens. Vous pouvez transmettre vos renseignements (témoignage, photos, vidéos) à l'adresse suivante...". "Confidentialité garantie" assure le communiqué placardé dans des mairies et commissariats du département.
"Police d'une autre époque"
Appel à témoignage ou à civisme pour les uns, cette initiative ressemble plus à une incitation à la délation pour les autres, qui y voient le retour des pratiques nauséabondes d'une certaine police de l'Etat français pendant l'Occupation.
Car ce genre d'appel attire impitoyablement tous les frustrés, les jaloux, les faux témoignages et les calomnies. Mais pour la police départementale, appeler à la délation par email, "c'est vivre avec son temps" (sic).
"Pourquoi la police ne pourrait pas recevoir des informations par mail alors que tout le monde en reçoit (...) Est-ce qu'on aurait dit qu'il ne faut pas que la police utilise le téléphone parce qu'il va y avoir de la délation ?" ose affirmer Jean-Claude Borel-Garin, directeur départemental de la sécurité publique dans l'Essonne. "Il s'agit d'être plus réactifs, ce n'est pas de la délation".
Même les syndicats de police rejettent cette pratique. "C'est une police d'une autre époque et je ne vois pas comment nos collègues pourront faire et trier les bonnes ou mauvaises informations ainsi recueillies", a déclaré à l'AFP Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance police nationale.
Du côté des politiques, les avis divergent. Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), maire de Yerres et connu pour ses positions conservatrices estime que"c'est une bonne initiative si c'est bien encadré". Cadre qui justement n'a pas été précisé par la police départemental...
Gérald Hérault, maire (PS) de Montgeron, craint de son côté "des effets pervers". Evoquant la loi du silence qui régnerait dans certains quartiers, Georges Tron, le député-maire (UMP) de Draveil, estime, lui, qu'il est "normal que les gens puissent témoigner sans représailles".
Les corbeaux n'ont pas fini de faire parler d'eux...
1 commentaire:
haile!! zig haile!
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